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Mathilde,
impératrice d'Allemagne ;
reine d'Angleterre ,
née en 1102, morte à Rouen le
10 septembre 1167. Fille de
Henri Ier
d'Angleterre
et de la princesse anglaise Mathilde (Maud), elle fut mariée à
l'empereur Henri V, dès 1110,
à Utrecht. Devenue veuve (1125), elle
fut déclarée par son père héritière
de la Normandie et de l'Angleterre; il lui fit prêter le serment
par ses grands et la maria à Godefroy Plantagenet,
fils du comte d'Anjou
(1126). Elle lui donna bientôt un fils, Henri (1132). Quand son père
mourut, elle trouva un compétiteur en Étienne de Blois, fils
d'Adèle, soeur de son père, qui fut couronné roi d'Angleterre
par l'archevêque de Canterbury (22 décembre 1135). Mathilde
profita de l'anarchie de file où le roi était en lutte avec
les évêques et une partie des barons pour tenter un débarquement
et s'établir à Bristol .
Malgré l'appui des villes, Étienne fut battu devant Lincoln
et fait prisonnier (février 1141). Mathilde fut couronnée
reine d'Angleterre à Winchester
par le légat, mais irrita la population par sa dureté; la
femme d'Étienne groupa ses partisans à Londres, le frère
de Mathilde, Gloucester, fut pris et on dut l'échanger contre Étienne
(novembre 1142). La lutte continua, avec des alternatives diverses, et
finit par un compromis qui assura à Henri, fils de Mathilde, la
succession au trône (1453). (A.-M. B.). |
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Mathilde de
Toscane (La grande comtesse), née en 1046, morte en 1115. Son
père, Boniface II le Pieux; descendait d'une famille allemande,
établie depuis longtemps en Toscane ,
et qui, restée constamment dévouée aux empereurs,
avait été largement récompensée par eux. Lui-même
avait persévéré dans cette fidélité,
jusqu'à ce que Henri III, jaloux de
la puissance de son feudataire et envieux de ses richesses, eut attenté
à sa liberté et à sa vie. Lorsqu'il mourut (1052),
il possédait la Toscane, Reggio, Modène, Parme, Ferrare,
une partie de la Lombardie et les duchés de Spolète et de
Camerino. Il laissait trois enfants en bas âge, Frédéric,
Béatrice et Mathilde. Les deux premiers moururent en 1055 et l'héritage
advint à Mathilde, alors âgée de neuf ans.
Mathilde avait pour tutrice Béatrice,
sa mère, remariée à Godefroi de Lorraine; dont le
frère, Frédéric, fut élu pape par l'influence
de Hildebrand et prit le nom d'Etienne IX (1057-58). On dit que ce pape,
conseillé par Hildebrand, avait formé le projet de réunir
tout le royaume d'Italie
entre les mains de Godefroi, qui l'aurait ensuite légué à
Mathilde; mais il mourut huit mois après son élection. Godefroi
n'en resta pas moins attaché, presque jusqu'à la fin de sa
vie, à la cause que défendait Hildebrand. Mathilde apprit
à lutter pour elle, avec sa mère et son beau-père,
et elle prit part aux combats qui empêchèrent l'antipape'
Honorius
II de s'emparer complètement de Rome et de s'y établir
(1064). Lorsque les États de l'Église
furent envahis par Richard de Capoue, Mathilde aida à le repousser;
malgré les négociations secrètes que son beau-père
entre tenait avec lui (1066). Après la mort de Godefroi (1069),
elle épousa par procuration son beau-frère Godefroi le Bossu.
ils ne s'étaient rencontrés qu'en 1072; elle le perdit en
1076, sans le pleurer; parce qu'il avait pris part à la conspiration
des Cenci. Sa mère étant morte la
même années elle s'attacha à la personne de Hildebrand,
devenu Grégoire VII, le suivant partout
et l'entourant de soins qui fournirent ample matière d'accusations
aux adversaires de ce pape.
Dès lors, l'histoire de Mathilde
est inséparable de l'histoire de Grégoire
VII et de celle de ses successeurs : Victor III; Urbain Il, Pascal
Il. Ce fut dans sen château de Canossa
que Henri IV subit l'humiliante pénitence
que l'on sait (1077). Bientôt après, quand l'empereur, pour
se venger, tenta de semparer du pape, ce fut dans ce château que
Mathilde lui assura un refuge. Elle ne cessa jamais de le soutenir, malgré
plusieurs défaites et la dévastation de ses propres domaines.
Elle agit de même en faveur des successeurs de Grégoire VII;
et sa part fut si grande et si puissante en leur défense, qu'on
a pu dire avec vraisemblance que c'est à elle que la papauté
doit son triomphe; et que sans elle la lutte aurait eu un tout autre dénouement,
ou, comme l'écrit l'abbé L. Tosti (La Contessa Mathilda
ed i romani pontefici; Florence; 1859), sans elle, "Dieu aurait
dû faire un grand miracle pur sauver la papauté des serres
du pouvoir impérial."
En 1089, pour obéir au pape, non
tam pro incontinentia quam pro romani pontificis obedientiae (Berthold
de Constance, Chronicon ab anno MLIII ad annum MC; Francfort, 1585),
Mathilde avait contracté un second mariage avec Welf
V, fils de Welf IV, ennemi acharné de l'empereur. Elle fit dissoudre
ce mariage en 1095, pour impuissance, motif d'une casuistique singulièrement
subtile de la part d'une femme que ses admirateurs présentent comme
vouée à la virginité. On a attribué la cause
réelle de ce divorce à là mésintelligence résultant,
entre les époux, de ce que Mathilde avait caché à
son mari la donatien de ses biens qu'elle avait faite au Saint-Siège,
ou de ce que Urbain Il, qui avait promis à Welf la rétrocession
de ces biens, n'avait pas tenu sa promesse. Cette donation avait eu lieu
pour la première fois en 1077; elle fut renouvelée par un
acte qui porte la date de 1102, mais qui est considéré comme
apocryphe par plusieurs historiens. (E.-H. Vollet). |