 |
Liard (Louis),
philosophe et administrateur né à Falaise (Calvados) le 22
août 1846. Il fit ses études au collège de Falaise
(1854-64) et vint les achever au lycée Charlemagne à Paris.
Élève de l'École normale supérieure (1866),
il en sortit premier agrégé de philosophie en 1869 et débuta
aussitôt dans le "cours de morale" au lycée
de Mont-de-Marsan ,
passa au lycée de Poitiers
(avril 1871), prit sa licence ès sciences naturelles (1873), soutint
ses thèses de doctorat ès lettres (1874) et fut, la même
année, chargé du cours de philosophie à la faculté
des lettres de Bordeaux. Il y eut un vif succès et devint titulaire
en décembre1876. Conseiller municipal et adjoint au maire, il fut,
comme délégué à l'instruction publique et aux
beaux-arts (1877-80), chargé d'organiser la faculté de médecins
de Bordeaux et de présider à la construction des facultés
des sciences et des lettres. Les aptitudes administratives qu'il montra
dans cette fonction le firent nommer recteur de l'académie de Caen
(27 novembre 1880) et en octobre 1884, il succéda à Albert
Dumont dans la direction de l'enseignement supérieur au ministère
de l'instruction publique.
En philosophie pure, Liard a subi surtout
l'influence de Lachelier, son maître,
puis celle de Kant et de Renouvier,
mais en réagissant d'une manière personnelle, qui porte la
marque d'une forte culture scientifique et que caractérise principalement
le sentiment des droits de la science. De là, deux tendances également
fortes qu'il tache de concilier dans la Science positive et la Métaphysique,
l'une qui l'inclinerait vers ce mécanisme absolu qui est au fond
de toute la science moderne, l'autre qui le porte vers le pur moralisme
stoïcien.
Finalement, il admet le dualisme de l'esprit et de la volonté, des
axiomes de la raison pure et des axiomes de la raison pratique, et la supériorité
de l'impératif catégorique sur les principes abstraits, celle
de l'action sur la spéculation. Liard, déjà homme
d'action par tempérament, l'est donc devenu sans peine par réflexion.
Son oeuvre, comme administrateur, telle qu'il l'a retracée lui-même
dans ses derniers ouvrages, offre une remarquable unité. Elle a
consisté à dégager de mieux en mieux, à formuler
philosophiquement et à réaliser par une série de mesures
fortement concertées, l'idée entrevue par ses prédécesseurs,
la constitution en France d'un enseignement vraiment supérieur,
très libre, quoique largement doté par l'État, et
donné par des universités autonomes, organes essentiels à
la fois de la découverte scientifique et de l'éducation nationale.
(H.
M.)
 |
En
bibliothèque - Liard a écrit
: Des Définitions géométriques et des définitions
empiriques (Paris, 1873, in-8; 2e éd.,1888, in-12) et De
Democrito philosopho (id., 1873, in-8), ses thèses de doctorat;
la Science positive et la Métaphysique, ouvrage couronné
par l'Académie des sciences morales (prix Bordin) (Paris, 1879,
in-8; 2e éd., 1883 ; 3e éd., 1893) ; les Logiciens anglais
contemporains (1880, in-12; 4e éd., 1892, ouvrage traduit en
allem.) Descartes (Paris, 1881, in-8) ; Logique (1884, in-42
; 3e éd., 1890) ; l'Enseignement supérieur en France (1888-94,
2 vol. in-8) ; Universités et Facultés (1890, 12).
Il faut ajouter divers articles publiés dans la Revue des Deux
Mondes, la Revue philosophique et la Grande Encyclopédie. |
|
|