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Joseph Lambert


Ch. Grosdidier
2004 
Lambert (Joseph), duc d'Emyrne [Imerina], aventurier né à Redon en 1824, mort à Moheli (Comores) le 22 septembre 1873. A vingt-deux ans, son mariage avec la veuve d'un planteur le place à la tête d'une des plus grosses fortunes de l'île Maurice.  Il se livre au négoce dans toute la région, et exploite en particulier une mine de houille en pays Sakkalava (alors indépendant du trône de la capitale), à l'ouest de Madagascar. Il fonde en 1855 la Compagnie maritime de la mer des Indes, qui fait faillite deux années plus tard, accusée d'implications dans des affaires de traite négrière. Mais entre-temps, un des navires de sa compagnie a accepté de ravitailler une garnison de la reine de Madagascar, Ranavalo, bloquée à Fort-Dauphin par un soulèvement de tribus. Cette aide vaut à Lambert d'être l'un des rares Européens admis à la cour de Tananarive, avec Lastelle et Jean Laborde.

Là il se lie d'amitié avec le dauphin, le très francophile prince Rakoto;  une amitié qui l'amène à échanger avec lui un serment de fraternité. Rakoto souhaiterait voir la France établir son protectorat sur Madagascar. Lambert est anobli, et il devient l'ambassadeur secret du prince Rakoto auprès de l'empereur des Français. Mais à cette époque , la France et l'Angleterre sont engagées du même côté dans la guerre de Crimée. Napoléon III  met  comme condition au protectorat l'adhésion de l'Angleterre. Le ministre anglais Lord Clarendon ne donne pas son accord, et la mission de Lambert se solde par un échec.

Lorsque Joseph Lambert rentre à Madagascar, un groupe de conspirateurs, les priants, auxquels sont mêlés Jean Laborde et tous les Français, décide alors de porter par la force Rakoto sur le trône. Le complot est découvert;  Lambert et les autres émissaires français sont expulsés. Pendant  trois ans,  les chrétiens indigènes sont poursuivis et massacrés.

Sous l'impulsion de l'amiral Fleuriot de Langle, Lambert tourne alors ses activités vers les Comores, à Mohéli, où il fait signer à la reine Djoumbe Fatima une convention qui le rend maître de toutes terres de l'île pour les mettre en valeur. Mais le projet ne démarre pas, car Ranavalo meurt le 18 août 1861. Le prince héritier, Rakoto, devenu roi sous le nom de Radama II, rappelle aussitôt Laborde et Lambert à Tananarive.

Lambert obtient du nouveau roi de vastes concessions de terrains, forêts et mines, et Radama II l'envoie en ambassade à Paris, à Londres et à Rome. Le duc d'Emyrne - titre qui lui est alors conféré - contribue grandement à l'établissement des missions françaises dans le pays. On peut croire à une ère nouvelle, quand éclate dans la capitale, en mai 1863, une révolution conduite par les anciens partisans de Ranavalo que les réformes de Radama ont froissé ou lésé, et que les Anglais ont excité en sous main à la rébellion. Radama, ayant refusé de retirer les concessions faites aux étrangers, est étranglé le 12 mai 1863. 

Malade et déjà presque ruiné, Lambert revient alors  à Mohéli, où il avait jadis lié des liens intimes avec la reine de l'île, Djoumbe Fatima. Il meurt à ses côtés quelques années plus tard. (Christophe Grosdidier, 2004).



En librairie - Christophe Grosdidier, Djoumbe Fatima, reine de Moheli, L'Harmattan, 2004 (roman historique).
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Dictionnaire biographique
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