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L'île de Java

7° 29' S, 110° 0'E
Java (Pulau Jawa) est une grande île de l'Indonésie, la quatrième des îles de la Sonde pour l'étendue (après Bornéo, Sumatra, Sulawesi), mais la première pour la population et la richesse. Elle est placée entre l'océan Indien au Sud, la mer de Java qui la sépare de Bornéo au Nord, le détroit de Bali qui la sépare de Bali à l'Est, le détroit de la Sonde qui la sépare de Sumatra à l'Ouest. 

Elle s'allonge de l'Ouest à l'Est sur une longueur de 1000 km; sa largeur varie de 75 à 193 km entre Djokjakarta (Yokyakarta) au Sud et le cap Bugel au Nord. Elle a une superficie de  127 714 km²  - autour de 132 500 km² en y comprenant les îlots voisins et l'île de Madura (4520 km²) qui s'y rattache. C'est, avec 135 millions d'habitants (soit plus de 1000 hab./km²), l'île la plus peuplée  et la plus densément peuplée de l'Indonésie (55% de la population totale).
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Carte de Java.
Carte de Java.

Géographie physique

La côte septentrionale est basse, plate, précédée d'îlots nombreux, creusée d'anses peu profondes; l'ancre mord aisément sur la vase du fond; elle renferme plusieurs bons mouillages et s'est acquis ainsi au long de l'histoire une importance prépondérante au point de vue commercial. La côte méridionale est abrupte et d'accès difficile, avec deux ports seulement. Les principales îles voisines de Java sont : à l'Ouest, Pulau Panaitan (l'île du Prince), celles de Krakatoa effondrée en 1883, Madura et Bali (ou Tunda) à l'Est; les îles Nusa Barung et Nusa Kambangan avec ses grottes vénérées, au Sud.

Les montagnes.
Java est très montueux, surtout à l'Ouest et au centre. Le long du rivage septentrional s'étend une large plaine d'alIuvions; au Sud de celle-ci se dressent les montagnes, offrant d'admirables paysages très variés et embellis par la végétation tropicale. Cette région montagneuse est formée de calcaires tertiaires percés d'un grand nombre de volcans éteints ou en activité. Les massifs calcaires forment au Sud une muraille qui n'est interrompue qu'en peu d'endroits par des dépressions (baie de Pelabuanrattu, extrémité orientale); on les appelle, dans la partie orientale Gunong Kidul, mont du Sud. Dans la région septentrionale de Java, les montagnes sont généralement isolées, sauf dans la chaîne de Pandâng. Les massifs trachytiques, porphyriques et les volcans encore actifs constituent les plus hautes montagnes de l'île et en déterminent la physionomie. Ils sont tantôt isolés, tantôt groupés, séparés par des cols et des plaines d'altitude variable, dont leurs déjections ont recouvert le sol. On compte 45 volcans. Deux groupes principaux se rencontrent : l'un à l'Ouest, comprenant 14 cratères, l'autre à l'Est, renfermant le point culminant de l'île (3676 m). 

On rencontre d'abord à 60 km au Sud de Jakarta le Salak (2000 m), puis vers l'Est, le Ghedek surmonté de trois cônes (3030 m), le Tikorai (2808 m), le Papandayang, près de la côte Sud, dominant la fameuse Vallée de la Mort jonchée d'ossements d'animaux asphyxiés par ses exhalaisons d'acide carbonique; à l'Est, le Galoungoung, terrible par la fréquence de ses éruptions; entre celui-ci et le Gountour (1982 m.) au Nord, également actif, dort au fond d'un cratère de 2000 m de tour le lac Blanc (Telaga Rodas) aux eaux blanchies par l'alun et le soufre; plus loin le Slamat ou Gédé (3427 m) dont les deux cratères fument sans cesse, le plateau de Dieng (1850 m), le Soumbing (3328 m), le Merbabou (3106 m), le meurtrier Merapi (2911 m) encore actifs; plus à l'Est, le Lawou (3236 m), le Walisang (3367 m), le Kawi (2920 m), l'Ardjouno (3333 m), le Bromo ou Tanggher (2577 m), éteint aujourd'hui avec son cirque de 25 km de tour et de 2000 m d'altitude. Sur ses pentes, on récolte le meilleur tabac de Java; le Smerou est le plus haut de tous (3676 m). 

« L'île entière est pour ainsi dire criblée de passages par lesquels les vapeurs souterraines peuvent se dégager; aussi la pression de ces vapeurs ne devient jamais assez forte pour amener jusqu'à la bouche des volcans des laves en fusion qui puissent s'écouler par les cratères ou par des fissures ouvertes dans le flanc de la montagne. On ne trouve actuellement dans Java aucune coulée de cette nature comparable à celles du Vésuve, de l'Etna et des volcans de l'Islande. Les volcans n'y rejettent, avec une quantité incroyable de vapeur d'eau et de vapeurs acides, que des débris fragmentaires et des cendres. C'est sans doute parce que les appareils volcaniques sont si rapprochés qu'à Java les tremblements de terre sont purement locaux. » 
Les volcans les plus dangereux sont le Galoungoung, le Gountour et le Merapi; le plus actif est le Lamongan. Les lacs sulfureux sont assez nombreux au fond d'anciens cratères; de même les solfatares, les volcans de boue, les mollettes. Les plus fameux cataclysmes furent l'effondrement du Ringghit (1556), qui fit périr 10,000 personnes; l'éruption du Papandayang en 1772 (3000 morts), celle du Galoungoung en 1822 (4000 morts, 115 villages détruits), le tremblement de terre de 1867 et surtout l'engloutissement du Krakatoa qui fit périr plus de 50,000 personnes. Les principales plaines sont celles de Bandung à l'Ouest, Surakarta au centre, Madiyoun, Kediri, Malang à l'Est.

L'hydrographie.
L'humidité de l'atmosphère explique l'abondance des cours d'eau. Ils n'ont pas grand développement et ne sont guère navigables, mais l'île est admirablement arrosée. La chaîne méridionale ne laisse de place aux vallées que du côté Nord. Le principal fleuve est le Bengawan, descendu du Merapi, qui coule vers l'Est, passe à Surakarta et finit en face de l'île de Madura; il a 260 km de long et se grossit du Madioun. Il faut encore citer : le Brantas qui naît à l'Ouest du Smeru, traverse la plaine de Malang, Kediri et finit près de Surabaya; le Taroun près de Jakarta; le Manok dans le Lunbagan; sur le versant méridional on peut nommer le Tandoui, le Progo et le Serayou. Il n'y a pas de lac considérable. On compte plus de 80 sources minérales, généralement sulfureuses; plusieurs renferment de l'iode, du pétrole, etc.

Le climat de Java.
Le climat est tropical, mais la différence d'altitude y introduit une grande variété. Le trait fondamental est l'alternance régulière de la saison des pluies et de la saison sèche, suivant le régime des moussons. La saison pluvieuse dure de novembre à avril; les pluies sont amenées par la mousson d'Ouest et du Nord-Ouest qui commence vers la fin d'octobre; elles débutent par de terribles orages et s'abattent en véritables trombes durant les mois de janvier et février. La saison sèche dure de mai à octobre et est soumise au régime des vents du Sud et du Sud-Est; les pluies et orages y sont rares et de faible importance; le mois d'août est le plus sec. La saison humide est la plus agréable et la plus saine a cause de la moindre chaleur et de la pureté de l'air; durant la saison sèche, on souffre de la chaleur, des vents desséchants et du malaise de la végétation. 

La température détroit naturellement avec l'altitude; on distingue quatre zones. La zone inférieure ou torride de la mer, à 650 m d'altitude, a une température moyenne annuelle de 27,5 °C; dans la plaine maritime, de 23 °C vers 600 m d'altitude; à Jakarta, la température est à peu près constante (+25 °C); il n'y a guère plus d'un degré de différence entre la moyenne du mois le plus chaud (mai) et celle du plus froid (janvier); la plus haute température n'atteint pas +34 °C, la plus basse ne descend pas au-dessous de +19 °C. La chute d'eau annuelle dépasse 2 m. La température est plus élevée à Semarang qu'à Jakarta; la moyenne est de +28 °C à Buitenzog; un peu plus haut, elle est de +25 °C. L'alternance des moussons et celle des brises de terre et de mer est régulière dans la zone torride : c'est aussi dans celle-là que sévissent les miasmes paludéens. 

La zone moyenne ou tempérée s'étend de 650 m à 1450 m, et la température moyenne y décroît avec l'altitude depuis +23 °C jusqu'à +18 °C. Les hautes plaines de Preang sont la région type pour cette zone leur température moyenne est un peu supérieure à +20 °C. Les changements de saisons sont moins marqués que dans la plaine. 

La troisième zone est celle des nuages, qu'on appelle aussi zone fraîche; on y comprend les pays situés entre 1450 m et 2400 m, notamment le plateau de Dieng; la température décroît de +18 °C à +13 °C; à Dieng elle est de +15 °C. Cette zone est baignée par les nuages qui l'enveloppent d'un épais brouillard et y déposent une abondante humidité; le vent du Sud-Est y souffle d'un bout à l'autre de l'année. 

Au-dessus s'étend la zone des hauts sommets ou zone froide, où la moyenne varie de +13 °C à +8 °C; la température. peut s'abaisser au-dessous de zéro sur les sommets déboisés, à cause du rayonnement nocturne, mais il ne neige jamais. La pluie est très rare, les nuages s'élevant rarement jusqu'à cette zone.

La splendeur de la végétation tropicale s'étale aussi bien sur les pentes des volcans que dans les plaines alluviales; elle recouvre tout jusqu'aux pointes extrêmes. 

« Le navigateur qui côtoie le rivage de Java, écrit Temminck, a sous les yeux les palmiers aux cimes élevées qui bordent la côte dans presque toute son étendue; derrière ces parasols de verdure, le sol de la plaine monte par un plan doucement incliné jusqu'au pied de la chaîne de montagnes dont est couronné le centre de l'île. Ces campagnes sont parfaitement cultivées et embellies de jolis villages, où les maisons, construites en bambous et en rotang, sont entourées d'une haie et ombragées de bouquets d'arbres fruitiers étalant leur sombre verdure. Ces teintes présentent un agréable contraste avec la végétation vive et gaie des vastes champs de riz distribués en amphithéâtre sur le flanc des collines; de celles-ci s'échappent par intervalles des cours d'eau et des cascades, auxquels les terres doivent leur surprenante fécondité. »

Flore et Faune

Aucun pays du monde n'offre, sur une surface aussi restreinte, une plus grande exubérance de vie végétale ou animale.

La flore.
On peut, au point de vue de la végétation, distinguer des étages successifs correspondant à peu près aux quatre zones climatiques. La première, de 0 à 400 m d'altitude, est celle de la plaine côtière avec ses vastes champs de riz, de maïs, de canne à sucre, de cannelliers, les bananiers, le poivre et la vanille, les magnifiques fleurs qui l'émaillent; elle est caractérisée par les palmiers, le musa (pisans), les arums, les aramantacées, les euphorbiacées, les légumineuses. Au-dessus de 400 m commence la région des figuiers qui dominent dans les forêts primaires, les bambous, les orchidées y pullulent; les palmiers et les légumineuses sont de moins en moins nombreux à mesure qu'on s'élève. On peut signaler le kundang, figuier sauvage, dont le suc fournit une cire blanche; le manguier, dont les fruits nourrissent les populations locales.

En s'élevant un peu, on rencontre les rasamalas (Liquidambar Altingiana), aux troncs droits et blancs, de 45 m de haut, des acacias, des fougères arborescentes, des lianes; dans cette zone, on cultive le caféier et aussi l'arbre à thé

Dans la zone tempérée, on trouve, outre les plantes que nous venons d'énumérer, les mélastomacées, lorenthacées, nepenthes; au centre de l'île, les angring (Parasponia parviflora); à l'Est les forêts de tchemoros (Casuarina Junghuhniana) sont caractéristiques; les cultures du cinchona et du tabac réussissent bien de 500 à 1000 m; de même le maïs, les légumes et les arbres fruitiers d'Europe, le palmier areng. Ils cessent, ainsi que les figuiers, vers 1600 m; les rasamalas deviennent rares; ils sont remplacés par les chênes, les tecks (Tectona grandis), les lauriers, les érables, les châtaigniers, les sourens (Cedrela febrifuga), les agathisantes, arbres géants, au pied desquels se pressent des rhododendrons, des azalées, des rubiacées, des Calamus parmi lesquels le rotang; le sol est revêtu de mousses et de fougères; les orchidées sont encore nombreuses; sur les hauts plateaux sont quelques marais et des prairies. A partir de 2000 m la végétation s'appauvrit, la taille des arbres diminue progressivement jusqu'aux dimensions de simples buissons; les tecks se trouvent encore, ainsi que des fougères arborescentes, de 10 à 15 m de haut, quelques Conifères, des Rhododendrons, des Myrtes, des Sureaux, des Berbéris, des Acacias, des Chèvrefeuilles, des Rubiacées; la végétation se rapproche de celle de l'Europe; les fleurs de Renoncules, pensées, Pâquerettes, tapissent le sol; les plantes caractéristiques sont les Ericacées (Agapetes) et les Gnaphalium ligneux qui montent à plus de 3000 m; il est difficile de savoir si les plantes européennes (Plantago major, Souchus oleraceus, Artemisia vulgaris, Rumex crispus, Stellaria media, Solarium nigrum, etc.) ont été importées accidentellement par les Européens ou sont venues par l'Asie; dans cette zone supérieure ou froide, on cultive comme en Europe les oignons, les pommes de terre, etc.

La Faune.
La faune est très riche, comme la flore. Java possède une centaine de Mammifères, dont plusieurs lui sont particuliers et d'autres communs avec Sumatra et Bornéo; on compte six espèces de singes ; les plus abondants sont le loutoung (Semnopithecus maurus), le monyet (Cercopithecus cynomolgus) et le wauwau (Xylobates leuciscus). Les Chauves-souris sont extrêmement nombreuses dans les cavernes, et on utilise leurs excréments pour en tirer du nitrate. Il existe seize espèces de Rongeurs, surtout des Ecureuils, un Porc-épic (Acanthica javanica) et un Lièvre (Lepus nigricollis). Le Chien sauvage (Canis rutilans) vit dans les forêts du Sud; le Tigre royal, la Panthère, le Chat sauvage (Felis minuta) sont abondants, de même le Chat-tigre (Linsang gracilis). Les Sangliers et les Rhinocéros bicornes (Rhinoceros sundaicus) sont nombreux jusque sur les sommets où les sentiers qu'ils frayent sont souvent utilisés. L'île possède, surtout à l'Ouest, plusieurs espèces de Cerfs, un Boeuf sauvage (Bos sundaicus) et un Buffle. Citons encore un Galéopithèque, qui vole à l'aide d'une membrane tendue entre ses membres, et le Teladou (Mydans meliceps), intermédiaire entre le Blaireau et le Putois. Java n'a ni Tapirs ni Eléphants, abondants pourtant à Sumatra. Le Dromadaire, l'Âne, le Cheval n'existent qu'à l'état domestique; le Dromadaire, amené d'Arabie, a rapetissé; le Porc chinois, la Chèvre, le Boeuf européen prospèrent. 

Les Oiseaux sont très nombreux et très beaux; leur nombre décroît avec l'altitude; on n'en rencontre pas sur les sommets; en revanche, les oiseaux chanteurs ne se trouvent que dans la montagne. Il faut indiquer une quantité de Perroquets propres à l'île, le Cacatoès blanc à aigrette jaune, le Lori rouge, des Pies, des Buceros, des Alcedos, des Pigeons, la Fringilla oryzivora, qui se nourrit de riz; la Gracula religiosa, la Muscipa cantatrix, le Falco peregrinus, venu d'Europe; l'Aigle blanc, la célèbre Hirondelle salangang (Collocallia esculenta) dont les nids sont si appréciés en Chine; on les récolte trois fois par an dans les cavernes et les crevasses des falaises du rivage (surtout à Rangkop et Korang-Bolong) et dans celles des montagnes; indiquons encore deux espèces de Paons, plusieurs espèces de Coqs sauvages, dont le bankiva, ancêtre du Coq de basse-cour; le Casoar casqué (Casuarius galeatus). Les oiseaux de basse-cour d'Europe ont été acclimatés; on peut chasser dans les bois et marais les Faisans, les Grèbes, les Bécassines, les Canards, les Oies, les Cailles, etc. 

Les Reptiles sont extrêmement abondants : les Tortues, mais aussi les Crocodiles, les Lézards, les Grenouilles, les Dragons (Lézards volants), les Caméléons, Iguanes, Geckos et par-dessus tout les Serpents, dont un tiers des espèces sont venimeuses : le python améthyste (outar sawa), couleuvre de 10 m de long, et le Naja ou Serpent à lunettes sont particulièrement à craindre. 

On doit compter un millier d'espèces de Poissons; Insectes et Mollusques sont aussi en quantité et variété prodigieuse. (GE).

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