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Irène

Irène. - Impératrice de Constantinople, née à Athènes vers 752, morte à Lesbos en 803. En 770, elle épousa Léon, fils aîné de l'empereur Constantin Copronyme, et monta sur le trône avec lui en 775. Favorable aux images, elle se mit à la tête du parti des iconodoules et réussit un instant à modérer l'iconoclasie. Mais, se montrant trop zélée et trop confiante dans le succès, elle introduisit des images dans le palais. L'empereur sévit contre les fidèles d'Irène et l'exila elle-même (780). Léon mourut quelque temps après et Irène se trouva régente de son fils Constantin VI, âgé de douze ans (septembre 780). De 780 à 790 elle gouverna avec lui. 

A l'intérieur elle prit nettement parti contre les iconoclastes, renonçant ainsi, pour la partie religieuse du moins, au grand ensemble de réformes inaugurées par Léon III (717-741). Elle éleva au patriarcat Tarasius et de concert avec lui se rapprocha du pape Adrien Ier. Elle convoqua un concile successivement à Constantinople et à Nicée (786-787), montra une grande énergie à l'égard des soldats, qui avaient troublé le concile à Constantinople. A Nicée, les évêques se prononcèrent pour les images. Irène n'était pas populaire; elle avait contre elle la foule et le parti monastique. On exploita habilement sa conduite tyrannique à l'égard de son fils et une conspiration s'ourdit, qui réussit grâce à l'élément militaire. Irène est dépouillée du pouvoir (790).

Deux ans après elle est pourtant rétablie par son fils, mais elle ne tarde pas à se brouiller avec lui, provoque une révolution et Constantin est renversé. Irène lui fait crever les yeux (797). Dès lors elle règne seule jusqu'en 802, avec le titre d'empereur. Elle est « grand Basileus et autocratôr des Romains ». En réalité ce sont deux eunuques, Staurakios et Aétius, qui détiennent le pouvoir, et leurs intrigues remplissent toute l'histoire de Constantinople. Le parti aristocratique se révolta enfin contre le gouvernement d'une femme et proclama empereur le grand logothète Nicéphore (802). Celui-ci exila Irène à Lesbos, où elle mourut dix mois après sa déposition. 

A l'extérieur le gouvernement d'Irène n'avait pas été sans gloire. Elle fut en relations avec l'Occident et rechercha pour son fils une fille de Charlemagne, Rothrude. Ce mariage n'aboutit pas. Charlemagne lui-même aurait pensé à épouser Irène; le pape travaillait à cette union quand Irène fut renversée. Ses guerres, heureuses contre les Slaves de la Hellade, le furent moins contre les Arabes. Après plusieurs défaites, l'Empire fut obligé de signer en 783 un traité désastreux avec Haroun er-Raschid. Il s'engageait à payer au calife un tribut annuel de 70,000 pièces d'or. Quant à Charlemagne, qu'elle avait d'abord amusé par des promesses, il battit ses troupes en Calabre en 788

Irène est une figure curieuse de femme ambitieuse et intelligente. L'Eglise grecque a oublié le crime de 797; elle n'a vu en elle que la restauratrice des images et en a fait une sainte (fête 15 août). (E. Beaulieu).

Irène. - Impératrice de Constantinople, femme d'Alexis Comnène, née vers 1066, morte après 1118. Petite-fille du césar Jean Ducas, par son fils aîné Andronic. Encore en bas âge, elle fut fiancée à Alexis Comnène. Son grand-père avait voulu cette union qui rapprochait deux puissantes familles. L'empereur Michel III s'opposa un instant à ce mariage, qui fut solennellement célébré en 1077. A l'avènement de son mari (1081), Irène fut couronnée. Elle n'avait alors que quinze ans. 

Douce et pieuse, elle joua sur le trône un rôle très effacé; l'empereur fut loin de lui être toujours fidèle et lui donna de nombreuses rivales. Pourtant, sur la fin de sa vie, reconnaissant les réelles et solides qualités d'Irène, il lui confia le gouvernement, quand la maladie l'eut terrassé (fin de 1118) Irène chercha à profiter de son pouvoir pour favoriser les voies au trône à son gendre Nicépore Bryenne, au détriment de son fils Jean. Mais ce dernier, grâce à l'appui de son frère Isaac et du patriarche, soulève les soldats et le peuple, envahit le palais et est proclamé empereur. Irène vit dès lors loin de la cour, se retire dans un monastère qu'elle avait fondé et compose elle-même une règle à l'usage des religieuses, que nous possédons.

Irène. - Impératrice de Constantinople, femme de Manuel Comnène (1143-1180). Irène est son nom grec; en réalité elle s'appelait Berthe. C'était la fille de Béranger, comte de Sulzbach, en Bavière, et la belle-soeur de l'empereur Conrad III. Son mariage cimentait l'alliance entre l'Allemagne et Constantinople, que Jean Comnène avait inaugurée en se liguant avec Lothaire contre Roger, roi de Sicile. Cette union d'un « Basileus » avec une étrangère à l'Orient, une barbare, est un signe des temps. L'Orient s'ouvre à l'Occident. 

La jeune Berthe fut conduite à Constantinople par l'évêque de Wurzbourg, Embricon. Le mariage fut célébré en janvier 1144. Berthe changea son nom en celui d'Irène, mais ce fut à peu près la seule concession qu'elle fit aux coutumes byzantines. Elle mena une vie régulière et calme de petite princesse allemande, haïssant les parures et le fard autant que les intrigues. Manuel lui conserva toujours beaucoup de respect, mais s'égara à d'autres amours.

Irène Lascaris. - Impératrice de Nicée, morte en 1241. Fille aînée de Théodore Lascaris, empereur de Nicée, elle épouse en premières noces Andronic Paléologue, puis, en secondes noces, Jean Vatatzès, qu'elle élève ainsi à l'Empire. Théodore choisit en effet son gendre Jean comme successeur en 1222. Irène eut sur son mari une influence des plus salutaires : elle réussit à réprimer ses instincts de débauche et le fit persévérer dans sa lutte contre les Latins de Constantinople. C'était une femme d'esprit cultivé, aimant les arts et les sciences.
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Dictionnaire biographique
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