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L'île Gough

 9° 56' W; 40°18' S
L'île Gough est une possession du Royaume-Uni, rattachée administrativement à Sainte-Hélène, et à deux cents milles au sud-sud-est du petit groupe insulaire de Tristan da Cunha, dont elle dépend.

C'est une île solitaire que les hydrographes modernes, peu soucieux des traditions du passé, ont appelée du nom du capitaine Charles Gough (prononcez Goff), commandant le navire anglais Richmond, qui la signala en 1713 comme nouvelle. Depuis ce moment, elle fut portée sur les cartes et routiers de mer comme une découverte récente; mais en y regardant de plus près, on soupçonna, puis l'on reconnut tout à fait, et il n'est plus douteux aujourd'hui pour personne, que Gough avait simplement revu une île dès longtemps indiquée par les anciens Flambeaux de mer. L'African pilot, par suite de quelque inadvertance dont nous ne savons nous rendre compte, appelle Diego Ramirez cette île ancienne, qui a été longtemps désignée, par le commun des hydrographes, sous le nom de Diego Alvarez; tandis que les géographies et les cartes du XVIe siècle s'accordent à l'appeler, avec plus de justesse, Gonçalo Alvares, du nom du pilote portugais auquel en est due la découverte. Il est facile de deviner comment l'inscription abrégée I. de g° Alvares a pu devenir I. Diego Alvares : rien n'est plus commun, dans la nomenclature hydrographique, que ces transformations de nom dues à de simples erreurs de lecture.
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Carte de l'île Gough.
Carte de l'île Gough.

Cette île a 15 ou 16 milles de circonférence, avec un diamètre de 5 à 6 milles. Trois petits îlots rocheux la bordent au nord, au nord-est, et à l'est; celui du nord-est est très remarquable par sa forme, qui ressemble tout à fait à une église avec son clocher, ce qui lui a fait donner le nom de Church-rock, ou roche de l'Eglise.

Ainsi que les îles de Tristan da Cunha, celle de Gough est haute, rocheuse, coupée de profondes ravines, où se précipitent en cascades des eaux abondantes, et ses flancs sont tapissés de mousse et de gazon, parsemés de touffes de phylique arborescente. Le point culminant a 900 mètres d'altitude; la côte, roide et escarpée, s'élève presque perpendiculairement de la mer. Entre l'îlot de l'est et la pointe sud-est de l'île principale, on voit une petite baie offrant, à un demi-mille de la côte, un mouillage de bonne tenue, par vingt brasses d'eau, sur un fond de sable; en dedans de ce même îlot, et sous l'abri de la pointe nord-est de la grande terre, se trouve un débarcadère commode, bien défendu contre la houle et les vents du nord; enfin, sur la côte septentrionale de la grande terre, et vers la pointe orientale de l'îlot adjacent, est encore une petite anse où l'on peut aborder.

Sans pouvoir déterminer avec toute la précision désirable la date de la première découverte de cette île, pn peut affirmer du moins qu'elle remonte au commencement du XVIe siècle; nous savons, en effet, avec certitude, que Gonçalo Alvares était déjà mort au mois de janvier 1525, quand le roi Jean III de Portugal lui donna un successeur dans la charge de pilote major de la navigation des parties de l'Inde et mer Océane, et cette charge n'avait dû être pour lui qu'une de ces honorables retraites dont on récompensait les vieux serviteurs, quand le moment du repos et des travaux sédentaires avait succédé au temps de la vie active et des courses lointaines.

Revue en 1713 par le capitaine Gough, et ultérieurement par nombre d'autres navigateurs, cette île est demeurée inhabitée, sauf le séjour temporaire de quelques Américains qui, à diverses reprises, y ont passé plusieurs mois à la chasse des phoques, notamment en 1800 et 1804. En janvier 1811, le capitaine Heywood, commandant la frégate anglaise Nereus, trouva établis, dans le petit débarcadère de l'est, quelques hommes provenant de l'équipage du navire américain Baltic, venu à Tristan da Cunha; ils avaient élevé des cabanes, apporté des ustensiles, et une provision de sel; mais après un séjour déjà long, ils n'avaient encore pris qu'un assez petit nombre de veaux marins, ces animaux ayant déserté ces parages devant la poursuite acharnée de leurs infatigables destructeurs, pour aller chercher des retraites plus éloignées et plus sûres. En revanche, nos Américains avaient fait une pêche très abondante de poissons délicieux, et trouvaient, d'ailleurs, une nourriture agréable et facile dans les oiseaux qu'ils prenaient en allumant des feux sur la montagne pendant la nuit. La frégate anglaise Semiramis étant allée visiter l'île en septembre 1813, n'y trouva plus d'habitants : les cabanes, les chaudières à huile, la provision de sel, gisaient dans un complet abandon; un petit cimetière, et quelques inscriptions funéraires, révélaient le sort de plusieurs des membres de la petite colonie américaine; le reste avait sans doute profité de la première occasion favorable pour quitter sans retour ce coin de terre, où leurs spéculations avaient été si tristement déçues.

Le 17 novembre 1829, le capitaine américain Benjamin Morrell, faisant un voyage autour du monde sur le schooner l'Antarctique, de New-York, jetait l'ancre au mouillage de Gough, qu'il quitta le lendemain; c'est, jusqu'au début du XXe siècle, la dernière relation qui ait donné des nouvelles de ce rocher désert.

Une base météorologique a été établie par la suite sur cette île par l'Afrique du Sud qui loue le site. (D'Avezac).

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