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Holberg

Holberg (Ludvig). - Célèbre polygraphe dano-norvégien, né à Bergen le 3 décembre 1684, mort à Soroe le 28 janvier 1754. Le plus jeune des douze enfants d'un lieutenant-colonel dont la famille fut ruinée par l'incendie de Bergen en 1686, il fut d'abord enfant de troupe, puis instruit par charité et dut enseigner les langues et la musique pour ne pas mourir de faim en étudiant à l'université de Copenhague (1702-1703), en voyageant dans les Pays-Bas (1704-1705), dans les Iles britanniques (1706-1708) où il commença à Oxford son Introduction à l'Histoire des Etats européens (publiée en 1713), au Danemark (1708), enfin en Allemagne (1708-1709). Ayant obtenu une des bourses du collège de Borch, à Copenhague (1709-1714), il se voua aux études historiques, présenta à Frédéric IV un manuscrit sur Christian IV et Frédéric III et fut nommé professeur extraordinaire à l'université, avec une pension annuelle de cent écus pour son quatrième voyage à l'étranger (1714). Il partit à pied pour Paris, où il vécut dix-huit mois, puis pour l'Italie (1715) et ne rentra à Copenhague qu'en 1716. La dure expérience de la vie, de sérieuses études, les profondes observations qu'il avait faites partout, lui permirent d'occuper successivement une chaire de métaphysique (1717), puis d'éloquence latine (1720), enfin d'histoire (1730), et d'écrire avec compétence sur des sujets très variés : en danois, sur le Droit de la nature et des gens (1715; en allemand, Leipzig, 1748); en latin, sur les Historiens danois (1719) et sur les Mariages entre parents (1719). Ces deux derniers ouvrages, réimprimés dans Holbergiana de Hoeyberg (1755), le mirent aux prises avec A. Hojer, et ces vives polémiques révélèrent à l'érudit ses talents satiriques.

A l'âge de trente-cinq ans, il débuta dans la poésie, sous le pseudonyme de Hans Mikkelsen, par un de ses chefs-d'oeuvre, Peder Paars (Copenhague, 1719-1720), poème héroï-comique qui est demeuré classique, mais qui, au début, fut traité de pasquinade indigne d'un dignitaire de l'enseignement. Protégé par le bon sens de Frédéric IV contre les susceptibilités déplacées de H. Gram, de Hojer
et de Fr. Rostgaard, il continua par des railleries, moins sujettes à être prises pour des personnalités, dans ses Quatre Poésies comiques (1722; rééditées par F.-L. Liebenberg, dans L. Holbergs mindre poetiske Skrifter, 1866), et surtout dans ses Comédies de Hans Mikkelsen (1723-1725, 3 vol. contenant dix pièces; rééditées sous le titre de Théâtre danois, 1731, t. I-V, contenant vingt-cinq pièces; t. VI-VII, 1753-1754; nouvelle édition critiqua par Liebenberg, 1847-54, en 8 vol. ; par le même avec illustration de Hans Tegner, 1881-88, 3 vol. in-4; nouv. éd., 1891 et suiv.; le premier volume a été traduit en français par G. Fursinan; Copenhague, 1741). Il y a parmi ces trente-quatre pièces beaucoup de chefs-d'oeuvre, joués alternativement avec des comédies de Molière, dont Holberg fut le plus illustre disciple; malgré leur succès en Allemagne, en Hollande et en Angleterre, elles ne suffirent pas à faire vivre la scène danoise, à laquelle la cour et les grands personnages préféraient l'opéra allemand; les représentations cessèrent en 1727 et ne purent être reprises à cause de l'incendie de Copenhague en 1728, ni pendant le règne du piétiste' Christian VI (1730-1746). Par une ironie du sort, le plus grand poète comique du Nord scandinave et même germanique dut ses promotions non à ses belles oeuvres dramatiques, mais à ses leçons et conférences qui n'avaient rien de remarquable; il devint recteur de l'université (1735), puis questeur (1737-1751). Lorsque le théâtre national rouvrit ses portes en 1747, Holberg lui donna cinq nouvelles pièces, qui se ressentent des fatigues de l'âge, et il en écrivit une sixième (le Fiancé métamorphosé) qui ne fut jouée qu'en 1882.

A défaut de la comédie il cultiva d'autres genres et publia envers danois : Métamorphoses (1726), à l'inverse de celles d'Ovide, et Recueil de petits écrits poétiques (1746); en prose danoise : Description du Danemark et de la Norvège(1729), où il s'occupe plus des institutions et des moeurs que de la topographie; Histoire de l'Etat danois (1732-1735, 3 vol., réédité par Levin, 1856; en allemand par E.-C. Reichard, Flensborg, 1743-1744), important ouvrage d'ensemble (jusqu'à l'année 1670) qui mérite encore d'être lu, surtout pour les temps modernes ; Description de la ville de Bergen (1737; bien des fois rééditée; traduite en allemand, 1753); Histoire de l'Eglise jusqu'à la Réformation (1738-1740, 2 vol., rééditée par Liebenberg, 1867); Vies parallèles d'hommes illustres (1739, 2 vol.; rééditées par Liebenberg, 1864; en allemand, 1743), et de Dames illustres (1745, 2 vol.; rééditées par G. Rode, 1864; en allemand, 1746); Histoire des Juifs (1742, 2 vol.; en allemand, par A. Detharding, 1747); Pensées morales (1744, 2 vol.; rééditées par G. Rode, 1859; en allemand, 1745; en français, par Desroches, 1749); Histoire d'Hérodien, traduite (1746) et précédée de Conjectures sur les causes de la grandeur des Romains (en français, Leipzig, 1752); Epîtres historiques, métaphysiques, morales, philosophiques et plaisantes (1748-1754, 5 vol.; rééditées par Chr. Bruun, 1865-1875 ; en allemand, 1760); Fables morales (1751; en allemand, 1751); en latin : Fasciculi novorum dialogorum trans Albim (Cologne, 1728); Synopsis historiae universalis (Copenhague, 1733; trad. en danois, en allemand et en anglais); Compendium geographiae (1733); Opuscula latina, contenant les confessions de l'auteur (Leipzig, 1737; en danois, 1745; en allemand, 1745); Nicolai Klimii iter subteraneum (1741; réédité par C.-G. Elberling, 1866; en danois, par Baggesen, 1789, et par N.-V. Dorph, avec les excellentes remarques de Werlauff, 1841; en français, par Mauvillon, 1741, et dans Voyages imaginaires, Amsterdam, 1788) ; c'est une curieuse utopie; Oratio parentalis in obitum Friderici IV, 1730 (publiée en 1747). Il écrivit aussi quelques opuscules en français. 

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Dictionnaire biographique
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