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L'École Italique

Ecole Italique. - On désigne, ou plutôt on désignait dans les anciennes histoires de la philosophie, sous le nom d'école italique, les Pythagoriciens et les Eléates. Cette classification était empruntée aux historiens anciens; elle se trouve dans Diogène Laërce. Si elle est autre chose qu'une division géographique, par conséquent superficielle, elle oppose les deux écoles indiquées à l'école ionienne. Tandis que celle-ci pour expliquer le monde ne s'élève pas au-dessus des apparences sensibles, l'école italique a recours au raisonnement, et invoque des principes plus abstraits, soit le nombre avec Pythagore, soit l'être-un avec les Eléates.

Cependant la critique moderne a rejeté cette classification. Il y a trop de différences entre l'école de Pythagore et celle d'Elée pour qu'on puisse les désigner du même nom. Si, comme on l'a fait quelquefois, on veut opposer sous le nom d'école italique une prétendue tradition philosophique dorienne à une tradition philosophique ionienne, on commet une erreur. Pythagore est d'origine ionienne, Empédocle, qu'on range alors parmi les Eléates (Ritter), s'il est né dans une colonie dorienne, parle la langue ionienne. Une confusion plus grave est celle que l'on a souvent commise en considérant l'école italique comme représentant l'idéalisme, tandis que l'école ionienne correspondrait au réalisme. Au vrai, les deux écoles sont également réalistes : toutes deux veulent expliquer le monde physique par des principes au fond matériels.

« Nous n'avons pas le droit, dit Ed. Zeller, de considérer les philosophes de l'école italique comme idéalistes. Sans doute, leur premier être, d'après nos idées, est de nature incorporelle, mais chez eux la distinction du spirituel et du corporel fait encore défaut. Ni le nombre pythagoricien, ni l'Un des Eléates ne sont des essences spirituelles, distinctes de l'essence sensible comme le seront les idées platoniciennes. Ces philosophes partent immédiatement des choses sensibles elles-mêmes quand ils soutiennent que l'essence véritable en est le nombre ou une substance unique, immuable. Le nombre et l'être sont la substance des corps eux-mêmes, la matière dont ils sont faits ; et pour cette raison même ils sont conçus comme des choses sensibles... Parménide définit l'être comme étant la substance qui remplit l'espace.» (La Philosophie des Grecs, trad. Boutroux, t. I, p. 475.)
L'historien supprime donc la dénomination d'école italique, et oppose à l'école ionienne le pythagorisme et l'éléatisme. (V. Brochard).
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Dictionnaire Idées et méthodes
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