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Duquesne

Abraham Duquesne est un amiral français, né à Dieppe en 1610, mort à Paris le 2 février 1688. Il était fils d'Abraham Duquesne, marin et marchand, et de Marthe de Caux; les Duquesne étaient protestants et Marthe de Caux avait adopté la religion de son mari. Dès 1617, le jeune Abraham fut lieutenant de son père sur le Petit Saint-André qui servait d'éclaireur à la flotte française; son père, étant tombé malade, il en prit le commandement, et enleva d'assaut un navire hollandais, le Berger, qu'il ramena à Dieppe et qui lui fut adjugé par le Parlement. 
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Abraham Duquesne.
Abraham Duquesne (1610-1688).
(Musée de Versailles).

En 1635, il commanda le Neptune dans la Méditerranée et fit partie de l'armée navale qui, en 1636, opéra le recouvrement des îles de Lérins sur les Espagnols. On retrouve Duquesne devant Fontarabie en 1638, sur le Saint-Jean, puis en 1639 à la prise de Laredo, en Biscaye. Il y commanda le Maquedo, bâtiment espagnol pris à l'ennemi, sur lequel il fut blessé. En 1644, avec un petit flibot, il dégagea une barque française capturée par quatre galères espagnoles; la même année, sur les côtes de Catalogne, il fit subir de rudes échecs aux bâtiments espagnols. Il se distingua le 9 août 1643 devant Barcelone, puis le 3 septembre, sous le cap de Gata, où il fut blessé. 

En 1644, Abraham Duquesne ne se trouvant pas employé par son pays, sollicita du cardinal Mazarin la permission d'aller servir la Suède qui entrait en guerre avec le Danemark. Il fut admis dans la marine suédoise en qualité de capitaine de vaisseau; son plus jeune frère, qui l'accompagnait, reçut aussi un grade. A la suite des combats auxquels il prit part, Abraham Duquesne obtint le 14 septembre suivant le brevet d'amiral-major. 
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Abraham Duquesne.
Statue de Duquesne, à Dieppe.
© Photo : Serge Jodra, 2010.

Il se trouvait comme commandant du Regina à la bataille navale de Femeren (13 octobre 1644), qui fut une défaite pour la flotte danoise. Son frère Jacob, qui s'y était distingué aussi, fut nommé capitaine de vaisseau. La paix ayant été signée en 1645, Duquesne rentra en France. Il fut nommé chef d'escadre et, en 1647, retourna en Suède d'où il ramena des vaisseaux cédés par ce pays à la France. Pendant la Fronde, il commanda quelques vaisseaux du roi envoyés contre Bordeaux révolté. Vers 1650, Duquesne épousa Gabrielle de Bernières.

Duquesne était depuis 1667 lieutenant général des armées de mer, lorsque, en 1672, la guerre fut déclarée à la Hollande. Après une courte disgrâce, due à des difficultés qu'il eut avec le comte d'Estrées, disgrâce qui l'empêcha de servir sous cet amiral dans la Manche, il fut envoyé en janvier 1675 dans les mers, de Sicile sous les ordres du duc de Vivonne. II devait rencontrer là comme adversaire le célèbre amiral hollandais Ruyter. Le 14 janvier, un engagement eut lieu près de Stromboli, et la flotte hollandaise fut défaite. Le 17 août suivant, Duquesne montra également une vigueur remarquable à la prise d'Agosta. Au commencement de l'année suivante, les deux adversaires se retrouvèrent en présence. La rencontre eut lieu le 8 janvier 1676 vers l'île de Salina, au Nord de Lipari, non loin des îles Alicudi et Filicudi. La flotte hollandaise fut mise en déroute après une résistance opiniâtre. Duquesne fut blessé à la jambe par un éclat de bois; grâce à cette victoire, il put opérer sa jonction avec l'escadre du lieutenant-général d'Alméras. 
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Duquesne.
Duquesne (buste de bois, port de Brest).

Un peu plus tard, le duc de Vivonne, bloqué devant Messine, céda le commandement de l'armée navale à Duquesne. Celui-ci se retrouva le 22 avril en face des flottes espagnole et néerlandaise réunies devant Syracuse, entre Catane et Agosta. Ce fut un combat furieux d'où la flotte française sortit victorieuse. L'amiral Ruyter y fut atteint par un boulet et mourut peu après. Duquesne se porta ensuite vers la baie de Messine où un engagement eut lieu le 2 juin. Après ces opérations, il fut envoyé à Toulon par le duc de Vivonne pour chercher des troupes de renfort.

En 1681, Duquesne, ayant acheté de la marquise de Clérembault la baronnie du Bouchet, près d'Etampes, reçut, à cette occasion, une gratification du roi, et la terre du Bouchet fut érigée en marquisat, mais à la condition que ni Duquesne ni ses descendants n'y exerçassent le culte calviniste. Sa qualité de protestant l'empêcha de recevoir du roi tous les honneurs dont il était digne. 

En 1680 et 1684, Duquesne avait été envoyé dans la Méditerranée contre les corsaires de Tripoli; en 1682, il bombarda Alger. En 1683, il commanda une nouvelle expédition contre Alger, et, en 1684, il bombarda Gênes qui dut subir des conditions humiliantes. Ce fut cette année que finit la carrière active de Duquesne : il mourut en 1688 d'une attaque d'apoplexie. (Gustave Regelsperger).
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Bombardement d'Alger par Duquesne.
Bombardement d'Alger par la flotte de Duquesne.
Henri, marquis Duquesne, baron d'Aubonne, est un militaire et homme politique genevois, né en 1652, mort à Genève le 14 novembre 1722. Fils aîné du précédent, il entrait à quatorze ans comme enseigne dans la marine française. A vingt-trois ans, il était déjà capitaine de vaisseau et en cette qualité il se distingua contre les flottes espagnoles et hollandaises. Au combat de Catane, il prit un vaisseau à l'ennemi et fut grièvement blessé. En 1683 il se distingua au bombardement d'Alger.

Les persécutions contre ses coreligionnaires, les réformés, le décidèrent à quitter le royaume avec l'autorisation de Louis XIV. Il vint habiter le pays de Vaud et acheta, en 1685, la baronnie d'Aubonne. Après la révocation de l'édit de Nantes il voulut fonder dans l'île Bourbon (Réunion) une république de réfugiés sous la suzeraineté hollandaise. Dix vaisseaux furent équipés dans ce but. Tout était prêt lorsqu'il apprit que les vaisseaux français s'opposeraient au débarquement. Il renonça alors à son projet pour ne pas porter les armes contre son pays d'origine. 

Revenu à Aubonne, il offrit plus tard ses services aux Bernois contre le duc de Savoie et commanda même une flottille de guerre sur le lac Léman : c'est lui qui fit creuser le port de Morges. Ayant vendu Aubonne, il se retira à Genève dont il devint bourgeois le 6 mai 1704. Il s'y occupa d'écrits dogmatiques et du soulagement de ses coreligionnaires chassés de France. (E. K.).

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Dictionnaire biographique
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