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Démosthène

Démosthène est un orateur et homme d'Etat athénien. Fils de Démosthène, du bourg de Paeania, et de Cléoboulé, fille de Gylon, des Kerameis, il appartenait à une riche famille d'Athènes. Son père possédait une fabrique d'armes, exploitée par des esclaves et qui lui rapportait de gros revenus. Si l'on veut se rendre compte du détail de sa fortune, il faut se reporter au premier plaidoyer Contre Aphobos (4 et suiv). La date exacte de la naissance de Démosthène est inconnue. Il faut, semble-t-il, la placer en 384 ou 383 av. J.-C. Il perdit son père à l'âge de sept ans et resta seul avec sa mère et une soeur plus jeune que lui. C'était, à cette époque, un enfant maigre et chétif, comme l'indique le surnom de Batalos qu'on lui donnait. Ni sa mère, dit Plutarque, ni ses professeurs ne le poussaient au travail, à cause de la délicatesse de sa santé (Dém., 4). Il montrait cependant une vive curiosité, et un jour que l'orateur Callistratos d'Aphidna, sous le coup d'une accusation capitale, devait lui-même présenter sa défense, il obtint de son pédagogue d'être conduit au tribunal pour entendre ce personnage, un des orateurs les plus éloquents de son temps (Plutarque, Dém., 5). Cette anecdote, probablement inventée à plaisir, s'accorde néanmoins avec le goût précoce du jeune Démosthène pour les occupations sérieuses et pour l'éloquence, qu'il semble avoir cultivés de bonne heure. 

Beaucoup de légendes circulaient dans l'Antiquité sur son éducation oratoire. D'après Hermippos, cité par Plutarque (Dém., 5), il avait appris en secret les Traités de rhétorique d'Isocrate et d'Alcidamas. Suidas lui donne pour maîtres Isée, Zoïlos d'Amphipolis, Polycratès, Alcidamas, Isocrate, Aesion, Théopompos de Chio, Euboulidès, enfin Platon. Un philosophe péripatéticien, cité par Denys d'Halicarnasse (Première lettre à Ammoeus, p. 719), prétendait même que Démosthène avait beaucoup profité de la Rhétorique d'Aristote, dont la rédaction est postérieure à 338 avant notre ère. Le Pseudo-Lucien ajoute à ses nombreux professeurs (El. de Dém., 12) Théophraste et Xénocrate. On lui pretait encore une grande admiration pour Thucydide, qu'il avait, disait-on, copié huit fois de sa main. De toutes ces fables, la seule chose à retenir est le fait des rapports de Démosthène avec Isée, dont il suivit les leçons et qui exerça sur lui une influence décisive. Le plus grand événement de sa vie est le procès qu'il intenta à ses tuteurs, qui avaient dilapidé sa fortune (364-3). Il réussit à se faire rendre une partie de ce qu'ils lui avaient pris.

Dix ans après, il prononçait le premier de ses discours politiques qui ait été conservé, le discours Contre la loi de Leptine (354). Auparavant, se placent les plaidoyers Pour la couronne triérarchique (vers 359), Contre Spoudias, Contre Galliclès, Contre Androtion (355). Il va sans dire qu'il ne faut pas ajouter foi aux récits qui nous font voir Démosthène imaginant toutes sortes de moyens pour vaincre sa timidité et la difficulté qu'il éprouvait à parler en public. Ses déclamations sur le rivage de la mer, avec des cailloux dans la bouche pour rompre sa langue aux articulations difficiles, le cabinet souterrain où il se serait enfermé pour travailler, la tête à demi-rasée, sont des contes qui ont pris naissance et ont été amplifiés dans les écoles. Ce qui paraît certain, c'est que ses débuts, comme orateur, furent pénibles. Il reçut les conseils de l'acteur Satyros, s'y conforma et s'en trouva bien. Il écrivait avant de parler. Ce ne fut jamais un improvisateur à la manière d'Eschine ou de Démade. Peut-être est-ce cette difficulté de parole qui le décida de bonne heure à faire le métier de logographe qu'il continua presque jusqu'à sa mort. Peut-être aussi fut-il conduit à composer pour d'autres des plaidoyers par la nécessité où il se trouva de refaire sa fortune. C'est, dans tous les cas, à cette forme particulière de son activité oratoire que nous devons la remarquable collection de plaidoyers civils qui nous est parvenue sous son nom. Mais ce n'était pas là le but où il tendait; ce qu'il visait, c'était la politique, la direction des affaires. 

Nature réfléchie, mûrie de bonne heure par l'adversité, il se sentait porté vers l'action par une ambition légitime, qu'entretenaient la haute idée qu'il avait de sa famille, de la bonne bourgeoisie à laquelle il appartenait, et le désir d'occuper dans la république la rang auquel il avait droit. Peu de mois après le discours Contre Leptine, qui marque les premiers pas de Démosthène dans la politique, il prononça devant le peuple le discours Sur les Symmories. Le bruit avait couru d'un armement du Grand Roi contre la Grèce. Les Athéniens songeaient à provoquer une résistance nationale. Démosthène leur donne des conseils pacifiques; il les engage, sans faire la guerre, à la préparer par une réorganisation des Symmories. Viennent ensuite, dans la série de ses discours, deux grands plaidoyers rédigés pour d'autres, mais qui touchent de très près aux affaires publiques, le plaidoyer Contre Timocrate (353-2) et le plaidoyer Contre Aristocrate (352). Entre les deux, nous trouvons un discours prononcé par Démosthène lui-même et relatif à la politique étrangère, le discours Pour les Mégalopolitains. Telle est ce qu'on peut appeler la première période de la vie publique de Démosthène. Aucune des grandes questions qui intéressent Athènes ne lui est étrangère; il compte déjà parmi les conseillers les plus écoutés du peuple.

La seconde période commence à la première Philippique (351). De très bonne heure, Démosthène aperçoit le danger qu'il y a pour les Athéniens à laisser croître la puissance macédonienne, et il est un des premiers à attirer de ce côté leur attention, Les Olynthiennes sont de 349-8, A la même époque appartiennent d'autres grands discours, les uns politiques, comme le discours Pour la liberté des Rhodiens (351-50), les autres judiciaires, comme la Midienne. Dans l'été de 348, Olynthie est prise. L'émotion qu'on en ressent à Athènes est considérable. De tout côté on envoie des ambassades pour tâcher de former une vaste coalition panhellénique. Ces démarches ont peu de succès. D'autre part, Philippe fait des avances aux Athéniens. On se résout à traiter, C'est la paix de 346, connue dans l'histoire sous le nom de Paix de Philocrate. Démosthène y joue un rôle. Il figure parmi les députés envoyés auprès de Philippe pour négocier. Il prend part à deux ambassades successives; dans l'intervalle de la seconde et de la troisième, Philippe occupe la Phocide. Les Athéniens, effrayés, veulent tout rompre. Démosthène les persuade de reprendre les négociations et prononce à cette occasion son discours Sur la Paix (345). La paix est définitivement conclue.

La troisième période de sa vie s'étend de la Paix de Philocrate à la bataille de Chéronée (338 av. J.-C.). Après la paix avec Philippe, le parti de la guerre relève la tête. La deuxième Philippique, prononcée en présence de députés macédoniens envoyés pour demander compte de certaines attaques dont le roi avait été l'objet à Athènes, contient des menaces à l'adresse d'Eschine, un des chefs du parti dévoué à la Macédoine (344-3). Hypéride accuse Philocrate, qui est condamné et s'exile volontairement (343). La même année, a lieu, entre Eschine et Démosthène, le procès de l'Ambassade, au sujet d'une des ambassades de 346. Eschine n'est absous qu'à la majorité de trente voix. Au dehors, la mauvaise foi de Philippe irrite les Grecs. Sparte, notamment, qu'il cherche à rabaisser au profit de la Messénie, lui devient tout à fait hostile. Démosthène, prompt à recueillir ces signes de mécontentement, en profite pour grossir la ligue contre Philippe et se fait charger successivement de missions dans le Péloponèse, à Byzantion, à Périnthe, en Eubée. Les Athéniens renversent la stèle sur laquelle était gravé le traité de 346. 
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Manuscrit Sigma de Démosthène.
Manuscrit Sigma de Démosthène
daté du Xe siècle.

C'est l'époque des discours de Démosthène Sur les affaires de la Chersonnèse (342), des troisième et quatrième Philippiques (341-40). Sur ces entrefaites, la guerre d'Amphissa met Athènes directement aux prises avec le roi de Macédoine. Les Amphissiens ont cultivé une partie de la plaine de Cirrha, territoire sacré, appartenant à Apollon. Les amphictions se réunissent à Delphes, puis aux Thermopyles, pour juger leur conduite. Philippe est chargé de punir les coupables (339). Il franchit les Thermopyles, pénètre en Phocide et prend Elatée. L'émoi des Athéniens est à son comble, à la nouvelle de cette marche rapide. Démosthène propose une grande mesure, l'alliance avec Thèbes, l'ancienne amie de Philippe. Les troupes réunies d'Athènes et de Thèbes marchent contre le roi, qui vient de prendre Amphissa; la rencontre a lieu dans la plaine de Chéronée, où Philippe remporte une éclatante victoire (août 338). Après cela, il ne restait plus qu'à traiter; c'est ce que firent les Athéniens, pour lesquels Philippe se montra aussi clément qu'il fut impitoyable pour leurs alliés.

La quatrième et dernière période de la vie de Démosthène va de la bataille de Chéronée jusqu'à la mort de l'orateur (322). Deux événements capitaux la remplissent le procès de la Couronne et l'affaire d'Harpale. On sait quel est l'objet du procès de la Couronne. Un ami de Démosthène, Ctésiphon, propose de lui décerner une couronne d'or en récompense du zèle et de l'activité avec lesquels il s'est acquitté de certaine charge publique. Eschine combat la proposition comme illégale (337-6). Le débat ne vient devant le tribunal qu'En 330. On en connaît le résultat : Démosthène a gain de cause et Eschine, condamné, quitte Athènes pour n'y jamais revenir. L'affaire d'Harpale est plus obscure. En 324, les Athéniens voient arriver au Pirée Harpale, trésorier d'Alexandre, avec d'énormes sommes et plusieurs milliers de mercenaires. Le rôle de Démosthène, dans cette circonstance, est mal connu : il propose de détenir Harpale sur l'Acropole avec ses trésors, jusqu'à ce qu'on puisse le remettre entre les mains d'un mandataire d'Alexandre. La proposition est adoptée; mais, peu de jours après, Harpale s'évade, et l'on ne trouve plus à l'Acropole que la moitié des sommes qu'il avait avec lui. De là, un procès intenté à Démosthène et aux autres orateurs chargés avec lui de veiller sur Harpale. Démosthène est condamné à payer une amende de cinquante talents. Etait-il coupable? S'était-il laissé corrompre? C'est ce que les érudits qui ont essayé de faire le jour sur cet événement n'ont pas réussi à déterminer. On sait les faits qui suivent. A la mort d'Alexandre, il se produit en Grèce un soulèvement général. Démosthène, qui est en exil, à Egine puis à Trézène, se multiplie et cherche de toutes parts des alliés aux Athéniens. On le rappelle. Bientôt, la guerre éclate entre Athènes et Antipater. LesAthéniens sont battus à Cranon. Antipater, comme prix de la victoire, demande qu'on lui livre différents orateurs, entre autres Démosthène et Hypéride. Démosthène, traqué, s'enfuit à Calauria, dans un temple de Poseidon. Découvert par les soldats d'Antipater qui, pour ne pas violer son asile, le pressent de sortir, il prend du poison et meurt (14 octobre 322). Les Athéniens lui rendirent justice; après sa mort, ils lui élevèrent une statue de bronze sur l'Agora et accordèrent à l'aîné de ses descendants la nourriture au Prytanée. 

D'après le Pseudo-Plutarque, il avait écrit soixante-cinq discours. Les manuscrits que nous possédons n'en contiennent que soixante. Il faut y ajouter l'Eroticos (LXI), cinquante-six exordes et six lettres. La critique s'est de bonne heure exercée sur cette collection, et déjà dans l'Antiquité certains plaidoyers étaient regardés comme apocryphes (l'Éroticos, les exordes et les lettres le sont certainement). Les modernes, comme il arrive, se sont montrés plus sévères que les anciens. A. Schaefer ne laisse à Démosthène que vingt-neuf discours sur les soixante qui nous sont parvenus sous son nom. Blass ne lui en laisse que vingt-cinq. Quoi qu'il en soit de ces divergences, si l'on veut juger Démosthène comme orateur, il faut distinguer entre ses discours politiques et ses discours judiciaires. Les seconds offrent une très grande variété. On ne saurait comparer des plaidoyers civils comme le plaidoyer Contre Conon, si remarquable qu'il soit, aux grands plaidoyers politiques comme les discours Sur la Couronne, Sur L'Ambassade mal conduite, Contre Leptine, Contre Aristocrate, etc. C'est particulièrement comme orateur politique que Démosthène a fait l'admiration des anciens et qu'il fait la nôtre. 

Ses qualités dans ce genre nous sont surtout révélées par les Philippiques, où il témoigne d'un admirable bon sens, d'une vivacité et d'une variété d'élocution vraiment extraordinaires, d'une connaissance profonde du caractère athénien, accessible aux grandes idées, naturellement généreux, mais insouciant, léger, sans suite dans l'effort. Les Philippiques sont pleines de patriotiques réprimandes qui prouvent combien Démosthène se fait une idée juste de son auditoire et des faiblesses contre lesquelles il avait à lutter. Les grands mouvements, d'ailleurs, sont rares dans son éloquence. Il n'a pas souvent recours à ces lieux communs où se complait la parole ample de Cicéron. Il y 'a pourtant, dans quelques-uns de ses discours, de magnifiques mouvements oratoires, et il est probable qu'il était plus vif et plus passionné dans l'action que ne nous le font supposer les textes, réunis par lui, de ses plaidoyers. Il excellait à conter rapidement et d'une façon saisissante, à placer en tête de ses discours de ces invocations pleines de majesté et de grandeur, comme celle qui ouvre le plaidoyer Sur la Couronne. Aux merveilleuses ressources de l'orateur politique s'alliaient chez lui les mérites plus modestes, mais non moins solides, de l'orateur judiciaire clarté dans l'exposition, argumentation serrée et précise, abondance de preuves parfois un peu excessives, etc. (P. Girard).
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Les discours de Démosthène
On a de Démosthène soixante et un discours judiciaires et politiques; ceux-ci forment son plus beau titre de gloire; on remarque surtout les Philippiques et les Olynthiennes, le Discours sur l'ambassade, Sur la Chersonèse et le Discours pour la couronne.

• Les Philippiques comprennent huit discours, prononcés à plusieurs années d'intervalle tous destinés à démasquer les projets de Philippe et à réveiller le patriotisme des Athéniens. Rien de plus pressant que ces immortelles harangues : on y sent frémir cette ardeur qu'inspirent les grandes causes. Tous les traits portent; tout est calculé pour arriver au but; jamais de vaine déclamation, mais un raisonnement serré, inattaquable, se poursuivant avec aisance et sûreté, et ne laissant à l'auditoire d'autre parti que celui de se rendre. Démosthène va plus loin; non content d'exciter ses concitoyens à la résistance, il dresse les plans de campagne, promet de pourvoir aux armées de terre et de mer, rend des décrets, etc. Ses démarches répondent à ses paroles; après avoir tonné à la tribune, il ne cesse de travailler contre Philippe, avec toute l'habileté d'un homme d'État.

• Dans les Olynthiennes, Démosthène expose aux Athéniens la nécessité de secourir Olynthe, une de leurs colonies, assiégée par Philippe. Comme l'affaire traînait en longueur, il revient trois fois à la charge, montrant que la prise de cette ville sera le signal de l'invasion de l'Attique.

• Le Discours pour la Couronne fut le plus beau triomphe de Démosthène. Après la défaite de Chéronée, les Athéniens, se croyant perdus, avaient enfin songé à se mettre en état de défense; or, les fonds publics étant épuisés, Démosthène avait généreusement consacré une partie de sa fortune à la réparation des forteresses et des murailles. Pleins de reconnaissance, ses concitoyens, sur l'avis de Ctésiphon, rendirent un décret par lequel ils lui décernaient une couronne d'or, qui serait proclamée sur le théâtre aux fêtes de Dionysos. Neuf ans plus tard, Eschine attaqua ce décret comme illégal; il osa même, dans son discours, affirmer que Démosthène, loin d'avoir rendu aucun service à l'État, était l'auteur de tous les maux qui pesaient sur Athènes.

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Discours pour la couronne (fragment)

« Je commence par demander aux dieux immortels qu'ils vous inspirent à mon égard, ô Athéniens! les mêmes dispositions où j'ai toujours été pour vous et pour l'État; qu'ils vous persuadent, ce qui est d'accord avec votre intérêt, votre équité, votre gloire, de ne pas prendre conseil de mon adversaire pour régler l'ordre de ma défense [...]. Eschine a déjà, dans cette cause, assez d'avantages sur moi ; oui, Athéniens, et deux surtout bien grands; d'abord nos risques ne sont pas égaux s'il ne gagne pas sa cause, il ne perd rien; et moi, si je perds votre bienveillance... Mais non, il ne sortira pas de ma bouche une parole sinistre au moment où je commence à vous parler. L'autre avantage qu'il a sur moi, c'est qu'il n'est que trop naturel d'écouter l'accusation et le blâme, et de n'entendre qu'avec peine ceux qui sont forcés à dire du bien d'eux-mêmes. Ainsi donc, Eschine a pour lui tout ce qui flatte la plupart des hommes; il m'a laissé ce qui leur déplaît et les blesse. Si, dans cette crainte, je me tais sur les actions de ma vie publique, je paraîtrai me justifier mal, je ne serai plus celui que vous avez jugé digne de récompense. Si je m'étends sur ce que j'ai fait pour le service de l'État, je serai dans la nécessité de parler souvent de moi-même. Je le ferai du moins avec toute la réserve dont je suis capable, et ce que je serai obligé de dire, ô Athéniens! imputez-le à celui qui m'a réduit à me défendre [...].

Quant à ce qui regarde la proclamation sur le théâtre, je ne vous citerai pas tant de citoyens qu'on y a vu couronner; je ne vous rappellerai pas que j'y ai été proclamé plus d'une fois. Mais es-tu si dénué de sens, Eschine, que tu ne comprennes pas que partout où un citoyen est couronné, la gloire est la même, et que c'est pour ceux qui le couronnent que la proclamation se fait sur le théâtre? C'est pour tous ceux qui l'entendent une exhortation à bien mériter de la patrie, et un sujet de louanges pour ceux qui distribuent ces récompenses, plus que pour ceux qui les reçoivent. Tel est l'esprit de la loi qui a été portée sur cet article. Lisez la loi :

« Si quelqu'une de nos villes municipales couronne un citoyen d'Athènes, la proclamation se fera dans la ville qui aura décerné la couronne; si c'est le peuple athénien ou le sénat qui la décerne, la proclamation pourra se faire sur le théâtre, aux fêtes de Dionysos [...]. »
Pour ce qui est de mon éloquence (puisqu'enfin Eschine s'est servi de ce mot), j'ai toujours vu que cette puissance de la parole dépendait en grande partie des dispositions de ceux qui écoutent, et que l'orateur paraît habile en proportion de la bienveillance que vous lui témoignez. Du moins, cette éloquence qu'il m'attribue a été utile à tous dans tous les temps et jamais nuisible à personne. Mais la tienne, de quoi sert-elle à la cité? Tu viens aujourd'hui nous parler du passé. Que dirait-on d'un médecin qui, appelé près d'un malade, n'aurait pu trouver un remède à son mal, n'aurait pu le garantir de la mort, et ensuite viendrait troubler ses funérailles et crier près de sa tombe qu'il vivrait encore si l'on avait suivi d'autres conseils? [...]. La république, Eschine, a entrepris et exécuté de grandes choses par mon ministère, mais elle n'a pas été ingrate. Quand il a fallu choisir, au moment de notre disgrâce, l'orateur qui devait rendre les derniers honneurs aux victimes de la patrie, ce n'est pas toi qu'on a choisi, malgré ta voix sonore et malgré tes brigues; ce n'est pas Démade, qui venait de nous obtenir la paix, ni Hegémon, ni enfin aucun de ceux de ton parti : c'est moi. On vous vit alors, Pytoclès et toi, vomir contre moi, avec autant de fureur que d'impudence, les mêmes invectives que tu viens de répéter, et ce fut une raison de plus pour les Athéniens de persister dans leur choix. Tu en sais la raison aussi bien que moi-même, je veux pourtant te la dire : c'est qu'ils connaissent également et tout mon amour pour la patrie, et tous les crimes que vous avez commis envers elle. » (Démosthène).


Pierre Carlier, Démosthène, Fayard, 2006.
Démosthène. - Général athénien remplaça Alcibiade dans le commandement de la flotte qui devait conquérir la Sicile (416 av. J.-C.) fut chargé avec Nicias de la conduite de cette expédition et attaqua Syracuse. Après de nombreux revers, il fut enfin complétement battu et se tua de désespoir: d'autres disent qu'il tomba entre les mains des Syracusains le firent périr cruellement (413).
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