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Gérard de Crémone

Gérard de Crémone est un traducteur né vers 1114, mort vers 1187. Il a été surnommé tantôt Carmonensis, et tantôt Cremonensis, selon qu'on l'a fait Espagnol ou Italien. Mais aujourd'hui les opinions des historiens ne sont plus partagées touchant l'origine de cet auteur; et les expressions de Fr. Pipini ne laissent aucun doute à cet égard. Ce chroniqueur nous apprend que Gérard naquit en Lombardie, sur le sol de Crémone.  Il ne faut pas, comme on l'a fait, le confondre avec Gérard de Sabbionetta, qui vivait un siècle plus tard. Le prince B. Boncompagni a le premier parfaitement distingué les deux Gérard et a donné la liste des travaux que l'on peut avec certitude attribuer à chacun d'eux [Della vita e delle opere di Gherardo Cremonese et di Gherardo de Sabbionetta, etc., Rome, 1851, in-4°]. 

Dès sa jeunesse Gérard de Crémone s'appliqua à la philosophie, et suivit le cours des études, selon que cela se pratiquait alors. Il paraît que l'astronomie eut pour lui beaucoup d'attraits; car, ayant eu connaissance de la Composition mathématique  (l'Almageste) de Ptolémée, sans doute d'après les citations des auteurs anciens, et cet ouvrage ne se trouvant point chez les Latins, il alla à Tolède, attiré par l'éclat que jetaient les sciences parmi les Maures d'Espagne. Là, il étudia l'arabe, et ayant rencontré dans cette langue beaucoup d'ouvrages importants, qui n'existaient pas parmi ses compatriotes, il s'occupa de les traduire, et remplit cette tâche avec une ardeur incomparable. 
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Gérard de Crémone : Théorie des planètes.
Page de la Théorie des planètes (Theoria planetarum)
de Gérard de Crémone.

On ne saurait déterminer le nombre des traductions dues à Gérard de Crémone : quelques-unes portent son nom; un plus grand nombre sans doute lui appartiennent, sans qu'on les lui attribue aujourd'hui; mais il s'exerça sur toutes les matières, et Pipini fait monter le nombre des livres qu'il traduisit soixante-seize, parmi lesquels il place l'Avicennae et Almagesti Ptolemai solemnis translatio. Ce passage est très important; car il prouve évidemment que la traduction latine de la Composition mathématique de Ptolémée, faite d'après une version arabe, et nommée depuis Almageste avec l'article arabe al, est due à Gérard de Crémone. Cette traduction (Venise, 1515, in-fol.) contient un grand nombre de mots arabes dont Gérard ignorait probablement les équivalents latins. Quant à l'Avicenne, il a seulement mis en latin son traité de médecine, connu sous le nom de Canons. La philosophie de cet écrivain arabe a eu un autre traducteur. 

On a beaucoup discuté le mérite des traductions de Gérard; et l'on doit avouer qu'en les comparant aux textes originaux, aujourd'hui que nous possédons, on les trouverait très imparfaits. D'ailleurs, la manière même dont on traduisait dans le XIIe et le XIIIe siècle, s'opposait à ce qu'il fût possible de rendre exactement le sens de l'auteur, et d'établir une parfaite synonymie entre les mots arabes et latins. On allait à Tolède : là on choisissait un juif, duquel on faisait apprendre les éléments de la langue arabe s'il ne la connaissait déjà; puis ordinairement on traduisait sous sa dictée; mais on n'étudiait pas avec méthode, et l'on n'acquérait jamais une connaissance approfondie de la langue. Ajoutons encore que le traducteur n'avait le plus souvent qu'une connaissance très superficielle de la matière scientifique sur laquelle Il s'exerçait. Roger Bacon avait étudié toutes ces traductions, et en démontre parfaitement les défauts. 

Gérard revint à Crémone, et y mourut en 1187, à l'âge de 73 ans. Il fut enterré dans le monastère de Sainte-Lucie, où l'on conservait encore se bibliothèque du temps de Fr. Pipini. Nous indiquerons ici les ouvrages manuscrits ou imprimés de Gérard de Crémone qui, outre l'Almageste, sont venus à notre connaissance : 1° Theoria planetarum; 2° Allaken de causis crepusculorum; 3° Geomantia astronomica, imprimée parmi les oeuvres de Cornelius Agrippa. Cet ouvrage a été traduit en français par de Salerne, sous ce titre : Géomantie astronomique, Paris, 1609 et 1684, in-12.4° Le Traité de médecine d'Avicenne, connu sous le titre de Canons. Cette traduction, faite de l'arabe, a été réimprimée plusieurs fois, et corrigée par Fortunatus Plempius, André de Alpago, etc. 5° Abrégé de le médecine de Rhazès, fait par Abuali ben David; 8° le Traité de médecine, du même Rhazès, intitulé Almansori; 7° Practica, sive breviarum medicam, de Serapion; 8° le livre d'Albengnefit, De virtute medicinarum et ciborum; 9° la Thérapentique de Serapion; 1° l'ouvrage d'lshac de Definitionibus; 11° Albucacis, methodus medendi libri 3; 14° l'Ars parva, de Galien; 13° Commentaires sur les pronostics d'Hippocrate, traduits de l'arabe, etc. Tous ces ouvrages ont été imprimés plusieurs fois. (J-s). 


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