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Corfou
Corfou (en grec Kerkyra) est une île de la côte occidentale de Grèce, la plus septentrionale et la plus importante des sept grandes terres qui constituent, avec les petites îles voisines, l'archipel des îles Ioniennes. Avec ses 592 km² (614,6 km² en comptant les petites îles qui l'entourent), habitée par près de 110.000 habitants (en 2014), Corfou est la plus peuplée des îles Ioniennes et ne le cède en superficie qu'à la seule Céphalonie (35.800 habitants sur 781 km²). C'est aussi de toutes les îles ioniennes celle qui a joué dans l'histoire, et de loin, le plus plus grand rôle. 

De Corfou dépendent, au Sud, l'île de Paxo (15 km², ) et, au Nord-Ouest, les petites îles Othoniques. Celles-ci constituent, en quelque sorte, l'avant-garde de Corfou dans la direction du cap italien d'Otrante; ce sont : Fano ou Othoni, Mertera ou Erikousa, Mathraki, et le petit îlot de Diaklo.
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Carte de Corfou.
Carte de Corfou.

Cette terre insulaire, beaucoup plus longue (62 km) que large (30 km au maximum), se développe, surtout du Nord au Sud, dans les eaux balkaniques, au débouché de la mer Adriatique dans la mer Ionienne. Tandis, en effet, qu'elle est séparée de l'Italie par toute la largeur du canal d'Otrante (100 km entre le cap Drasti, sur la côte nord-occidentale de Corfou et le cap Santa Maria di Leuca), elle est toute proche de la côte de l'Albanie et de l'Epire grecque, dont elle est séparée par un chenal très étroit (de 2,5 km à 7 km seulement).

Corfou se compose de deux groupes montagneux, deux parties juxtaposées l'une à l'autre. La plus septentrionale est calcaire, massive et relativement assez élevée, puisque son sommet culminant, le Pantokrator ou San Salvatore, atteint 914 mètres au-dessus des eaux marines toutes proches. A cet hexagone irrégulier, orienté de l'Ouest-Sud-Ouest à l'Est-Nord-Est et relativement peu découpé, véritable masse de la sorte de marteau que constitue l'île entière, fait suite un manche recourbé, allongé du Nord-Nord-Ouest au Sud-Sud-Est; c'est un pays de basses collines tertiaires, dont les plus hautes sont dans la partie centrale (la principale des deux cimes du mont Hagi Deka ou Santi Deka, le mont Ithone des Anciens, n'a que 567 m). Composé  de conglomérats, de gypse, de grès sablonneux, il forme du côté de la mer des côtes abruptes. Il est large en moyenne de 7 kilomètres seulement et finit par s'infléchir franchement du Nord-Ouest au Sud-Est vers les rivages épirotes peu éloignés.

Grâce aux promontoires correspondants de la côte balkanique qui leur font face, est déterminé entre la partie massive de l'île et son extrémité méridionale un véritable bassin intérieur en forme de huit; cet épanouissement du canal de Corfou a pour bornes, au Nord les caps San Stefano et Scala, tout proches l'un de l'autre, au Sud les pointes Levkimo et Kalamas, cette dernière plus méridionale encore que le fleuve homonyme.

En naviguant dans les eaux marines qui isolent Corfou de la terre ferme, on n'est pas sans remarquer quelques différences entre les campagnes du nord et du sud de l'île. Bien que déjà gracieuses et très vertes, les premières sont cependant plus sévères; celles qui suivent, bordées de rivages mieux articulés, et parcourues par des eaux plus abondantes, sont couvertes d'une luxuriante végétation. Il ne faudrait pas en conclure à une humidité extrême, ni à la présence d'abondantes eaux stagnantes.

Quant au climat, il est partout excellent durant les mois du printemps (de la mi-mars à juin) et pendant six semaines de l'automne (octobre-début de novembre); par contre, les chaleurs sèches de l'été, les variations brusques de température et les pluies fréquentes de l'hiver rendent, exception faite pour quelques points privilégiés, le séjour de Corfou peu agréable pendant le reste de l'année.

La douceur temporaire et non pas constante du climat n'est pas le seul attrait de cette île; c'en est un autre que la beauté de ses paysages, où la vue de la mer se marie partout avec celle d'une campagne féconde. L'aspect de l'île a été décrit par Schliemann :

 « Nulle part de clôture ni de démarcation entre les propriétés; le tout présente l'aspect d'un vaste jardin d'oliviers, de cyprès et de vignes; les accidents de terrain sont si brusques et si multipliés qu'ils donnent partout au paysage un charme inexprimable. »
On compterait à Corfou près de 4 millions d'oliviers, que les habitants laissent traditionnellement pousser librement sans les tailler jamais et qui atteignent ici un développement et une beauté extraordinaires. Au feuillage pâle de l'arbre de Minerve se mêle parfois la teinte sombre de bouquets de cyprès; ailleurs, ce sont des baies de nopals et d'agaves, parfaitement acclimatés, et aussi parfois des palmiers, des magnolias, des paulownias, des papyrus, etc. 

Tels sont, avec un ciel d'un bleu méditerranéen, avec les montagnes plus ou moins hautes, mais toujours sauvages et désolées de la côte albanaise, les éléments des paysages de Corfou, dont le sous-sol recèle du soufre, du sel, de la houille (de qualité assez médiocre) et des carrières de marbre.

La population sédentaire de l'île est constituée par les Corfiotes, qui des Grecs. Mais, là peut-être plus encore qu'ailleurs dans l'archipel, la proximité de l'Italie, les relations commerciales, une longue domination vénitienne ont fait sentir leur influence; aussi les Corfiotes parlent-ils souvent la langue italienne aussi bien que la leur propre. Comme il est naturel dans une terre baignée de tous les côtés par la mer, nombreux y sont les pêcheurs, qui constituent parfois (ou ont constitué jusqu'à une époque récente) à eux seuls des villages entiers : celui de Benizze, par exemple. 

Toutefois, les Corfiotes se sont employé de longue date à mettre en valeur les vallées naturellement fertiles de leur île. Dans ces vallées, arrosées par de nombreux ruisseaux qui, pour la plupart, demeurent à sec pendant tout l'été (le principal est le Potamo, au nom significatif), mais où les sources sont nombreuses, ils cultivent le maïs, le blé, la vigne, l'olivier, l'oranger, le citronnier, le figuier, etc. Il n'y a pas de gros bétail, mais beaucoup de chèvres. A l'exception du tourisme, l'industrie est très peu développée et d'origine exclusivement agricole. Le commerce porte surtout sur l'huile d'olive et le vin.

La plupart des Corfiotes vivent dans des villages, le plus souvent d'aspect riant et prospère. La population, très dense, n'est réellement agglomérée qu'en un seul point : dans la ville même de Corfou ou Kerkyra. Cette ville est située sur la côte orientale de l'île homonyme, à l'extrémité méridionale du grand golfe, arrondi en amphithéâtre, que dessinent la partie massive dominée par le Pantokrator et sa solide emmanchure. Là, sur la petite péninsule séparant ce golfe de celui de Kastradès, se dresse la capitale de l'île de Corfou, avec ses faubourgs de Kasiradès, San-Rocco et Mandoukio et ses 27 000 habitants. 

C'est le chef-lieu du nome de Corfou; c'est, aussi un port assez actif et une villégiature fréquentée par de nombreux touristes.  Ils y jouissent des distractions de toute nature que présente la ville; et, en utilisant les bonnes routes établies jadis par les Français, au temps du premier Empire, ils excursionnent par toute l'île. Parmi les principaux buts de promenade, on cite l'Achilléion, la villa de l'empereur Guillaume Il, construite en 1890-1891 pour l'impératrice Elisabeth d'Autriche, non loin de Gastouri, achetée en 1907 par le Kaiser, et dont les jardins descendent jusqu'à la mer; mais partout se présentent d'admirables paysages, dont, bien mieux que le touriste installé an fond d'une voiture, jouit le promeneur cheminant à pied le long des petits sentiers qui sillonnent la campagne. (Henri Froidevaux / GE).

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