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Colombie
Republica de Colombia

4 00 N, 72 00 W
La Colombie est un Etat de l'Amérique du Sud, riverain de la mer des Caraïbes et de l'Océan Pacifique, et frontalier avec le Panama, le Venezuela, le Brésil, le Pérou et l'Equateur. D'une superficie de 1,138,910 km², la Colombie est peuplée de 45,6 millions d'habitants (2009). C'est une république; divisée administrativement en 32 départements (departamentos;  singulier  : departamento) et un district capital (distrito capital), Bogota. Outre la capitale, les grandes villes sont : Medellin, Cali, Bucaramanga, Cucuta, Barranquilla, Cartagena, Manizales, Ibagué, etc.

Les  32 départements de la Colombie

Amazonas
Antioquia
Arauca
Atlantico
Bolivar
Boyaca
Caldas
Caqueta
Casanare
Cauca
Cesar
Choco
Cordoba
Cundinamarca
Guainia
Guaviare
Huila
La Guajira
Magdalena
Meta
Narino
Norte de Santander
Putumayo
Quindio
Risaralda
San Andres y Providencia
Santander
Sucre
Tolima
Valle del Cauca
Vaupes
Vichada 

Les côtes de la Colombie. 
La Colombie possède un grand développement de côtes et l'avantage, unique dans l'Amérique du Sud, d'avoir jour à la fois sur les deux océans, l'océan Atlantique au Nord, l'océan Pacifique à l'Ouest. Ajoutons que ces côtes sont fort étendues et qu'il s'y rencontre d'excellents mouillages. Sous ce rapport, la Colombie a donc une situation des plus favorables. Le développement total de leur littoral est de plus de 3208 km (Mer des Caraïbes 1760 km, Océan Pacifique Nord 1448 km).

Côte de l'océan Atlantique. 
En partant à l'extrémité orientale du fond du golfe de Venezuela, après la baie de Paijana, l'anse de Calaboza, puis le cap Chichilico, qui marque, au milieu de la presqu'île de la Guagira, la limite entre la Colombie et le Venezuela, nous rencontrons successivement le long de cette grande presqu'île (formée par le golfe de Venezuela) le cap Falso, les pointes de Chimara, de Tarsa, la pointe Gallinas, la pointe Aguja, la baie de Honda avec le port du même nom, celle de Portete, le cap de la Vela, puis la côte s'incurve vers le Sud et court au Sud-Sud-Ouest; là se trouve le port de Riohacha sur l'estuaire du rio Calacala; après la pointe Gaira, la côte tourne au Sud pour former la Cienaga ou lagune de Santa-Marta où débouche le rio Magdalena, dont le bras occidental ou Boca de Ceniza sert de limite entre les Etats de Magdalena et de Bolivar. De là, la côte suit la direction Sud-Ouest formant la baie de Playa Damus, la pointe de la Galera, la baie de la Galera Zambia, jusqu'à la pointe de Cansas derrière laquelle s'ouvre la baie de Carthagène abritant le port du même nom. Puis la côte court vers le Sud, accidentée par l'île Bomba, la baie de Chico, les îles de Rosario, la baie ou lagune Barbacoas, jusqu'au grand golfe de Morrosquillo, terminé à l'Ouest par le cap Mestizos, au bout du delta du rio Sinu; viennent ensuite les pointes Brogueles et Arboletes, celle-ci à la limite des Etats de Bolivar et du Cauca. La côte continue encore de se diriger vers le Sud-Ouest jusqu'à la pointe Arenas et à celle de Garibana, qui marque l'entrée du beau golfe d'Uraba appelé aussi golfe Darien du Nord. Ce golfe mesure 85 km de profondeur sur 20 de large. C'est là que débouche l'Atrato. Le cap Tiburon peut marquer la limite occidentale du golfe d'Uraba, et marque aussi la frontière avec le Panama.

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Carte de la Colombie.
Carte de la Colombie. Source : The World Factbook.
(Cliquer sur l'image pour afficher une carte détaillée).

Côte de l'océan Pacifique.
Enumérons le long de la côte Pacifique de la Colombie, qui d'abord va droit au Sud à partir de la frontière panaméenne : la pointe Ardita, la pointe Marzo, la baie Octavia, la baie Aguacate, la baie Limones, la baie Cupica, la baie San-Francisco, le cap Solano, la baie Coqui, le cap Corrientes, la baie Cabita, l'estuaire du rio Bando, le delta du San-Juan avec la pointe Chirambira, enfin la golfe de Tortugas où s'ouvre la baie de la Buenaventura. A partir d'ici, la côte se dirige vers le Sud-Ouest jusqu'à la frontière de l'Equateur, sur le golfe d'Ancon. On remarque la pointe Coco abritant l'estuaire du San Juan de Micay, le delta du Patia, la baie de Tumaco, la pointe Manglares. Les embouchures du rio Tapaje (au Nord de laquelle se trouve l'île Gorgona, célèbre par le séjour de Pizarro qui y prépara la conquête du Pérou) et du rio Patia, la baie Enseñada de Tumaco, l'embouchure du Mira et, la baie  de Ancon de Sardinas, au fond de laquelle commence la frontière avec l'Equateur.

Orographie de la Colombie.
La Colombie, traversée dans toute sa longueur par la Cordillère des Andes, est un des pays les plus accidentés du monde; sa structure orographique détermine complètement les conditions physiques et politiques. On y distingue deux régions naturelles bien tranchées. A l'Ouest la région des Andes (bordée au Nord et au Nord-Ouest par deux plaines côtières); à l'Est, celle des Llanos. 

La région des Andes, vaste d'environ 400,000 km², forme une sorte de triangle ayant son sommet au Sud et s'élargissant dans la direction du Nord; on a aussi comparé cette forme à celle d'un éventail dont les diverses chaînes montagneuses des Andes seraient les branches qui viennent se réunir près du cerro de Pasto.

La région des Llanos, qui embrasse plus de 800,000 km² à l'Est de la précédente, forme une vaste plaine arrosée par les affluents de l'Amazone et de l'Orénoque.

La région des Andes.
Il a été parlé à l'article Andes de la partie de ces montagnes située sur le territoire colombien; nous compléterons ici cette description. Les Andes de Colombie ont une structure sensiblement différente de celle des autres fractions de ce système de montagnes. Tandis qu'au Sud, il se réduit à une chaîne, au centre, dans la Bolivie, le Pérou et l'Equateur, il est formé de deux hautes chaînes entre lesquelles s'étend un plateau très élevé, plus ou moins large et raviné par les eaux. Au Nord, ces eaux, trouvant un débouché dans la Mer des Caraïbes, ont de plus en plus creusé, au point de découper le massif des Andes en plusieurs chaînes longitudinales, n'encadrant plus que de petits plateaux et séparées par les profondes vallées du Cauca et du Magdalena. Celles-ci sont encadrées par trois alignements principaux auxquels on donne le nom de Cordillère occidentale, Cordillère centrale, Cordillère orientale. Cette trifurcation se fait dans l'intérieur de la Colombie. 

Au Sud, sur la frontière de l'Equateur, la configuration des Andes est encore la même que dans le centre du continent; la Cordillère de l'Est et celle de l'Ouest encadrent un plateau; en aucun autre point presque, elles ne sont aussi rapprochées, à tel point qu'on a donné à l'ensemble de ces hautes terres, plateau et montagnes, le nom de noeud de Pasto, nom inexact, d'ailleurs, car les deux Cordillères restent toujours distinctes. Le plateau a une altitude moyenne de 3000 m qui est, par exemple, celle des villes d'Ipiales et de Tuquerres; un peu plus bas, à 2638 m, se trouve, à l'origine d'une des vallées, celle de Pasto, qui a donné son nom à l'ensemble du système. Elle est dominée par le cerro de Pasto, pic volcanique, qui atteint 4624 m; à l'Est, se trouve un autre volcan, le Bordoncillo (3800 m). La Cordillère occidentale commence avec le pic de Chiles (4849 m), le volcan de Cumbal et le pic d'Azutral ou de Tuquerres; elle renferme plusieurs sommets de 5000 m; ses pentes s'abaissent rapidement vers l'océan Pacifique et aussi à mesure qu'on avance vers le Nord; elle est, en effet, coupée par la Patia, tributaire du Pacifique, qui recueille les eaux du plateau de Pasto; à ce point, le cerro de Sotomayor n'a plus que 2000 m. Au delà de cette entaille, la chaîne occidentale se relève un peu avec le Cacanegro (2780 m), elle n'atteint guère 3000 m que dans le massif de San Juan et le cerro de Munchique au point de partage des eaux entre le bassin de la Patia et celui du Cauca.

La Cordillère occidentale se prolonge ensuite entre la vallée du Cauca, qui la limite à l'Est et celles du San Juan, puis de l'Atrato, situées à l'Ouest. Sa crête a environ 2500 m de hauteur. Les Farallones de Cali culminent à 2800, la passe de San Antonio en a 1970. Plus au Nord, le massif de Tatama, sur la frontière des Etats de Cauca et d'Antioquia, parvient à 3000 m; celui de Caramanta à 3100. Sa crête, jusqu'alors orientée au Nord-Nord-Est, court droit au Nord. C'est la partie la plus haute de cette Cordillère, au Nord de la Patia; les Farallones de Citara ont 3300 m, le Frontino et le Paramillo approchent de 3400. L'altitude décroît ensuite à mesure qu'on s'approche de l'océan Atlantique; après le col de Guimari, elle tombe audessous de 2000 m; la Cordillère occidentale des Andes de Colombie expire entre le golfe d'Uraba à l'Ouest, la vallée de Sion à l'Est; elle se ramifie à son extrémité septentrionale, détachant entre le Sinu et le San Jorge la serrania de San Jeronimo; à l'Ouest du Sinu, la serrania de Arbibe, qui finit à la pointe d'Arboletes. Revenons maintenant au plateau de Pasto, pour retrouver le point d'attache de la Cordillère orientale qui sépare les bassins de la Patia et de l'Amazone. Son premier sommet est le Paramo ou Angasmayo (3000 m); au Nord du Bordonaillo, le cerro de las Animas culmine à 4242 m; l'lscanse, le Santo Domingo n'en ont que 3500. Mais le massif se relève jusqu'à 4400 m dans les cimes qui dominent les paramos (hauts plateaux froids) de les Humos et de las Papas. Autour de ces plateaux se distribuent trois bassins hydrographiques : au Sud-Ouest, celui de la Patia; au Sud-Est, celui du Caqueta ou Yupura, qui va à l'Amazone; au Nord, celui du Magdalena. Cette dernière rivière entaille profondément le massif des Andes; Neiva n'est qu'à 437 m d'altitude, le seuil de Hond qu'à 200.

Cette profonde vallée sépare la Cordillère centrale et la Cordillère orientale, qui se bifurquent au paramos de la Papas (= pommes de terre), ainsi nommé parce qu'on y trouva la pomme de terre à l'état sauvage. La Cordillère centrale ou Cordillère de la Nouvelle-Grenade, la plus haute des trois, se dirige du Sud-Sud-Ouest au Nord-Nord-Est. Elle renferme un grand nombre de pics qui dépassent 4 et même 5000 m. Nous citerons, près du noeud de la Papas, le paramo del Buey (4550 m), le volcan de Sotera (4580 m) à l'Ouest de l'axe de la chaîne, le paramo de Cocoruncos, dominé par le pic d'Aguablanca (4900 m), le volcan de Purace (4900 m). Le col de Guanacas, qui fait communiquer les vallées du Cauca et du Magdalena, a 3500 m. Au Nord, le volcan de Huila atteint 5700 m. Il est sans rival dans cette région; au Nord, le volcan de Barragan n'a que 4930 m. Puis vient le col de Quindiu, où passe la principale route entre les bassins du Cauca et du Magdalena (3480 m); il est dominé au Nord par le menado del Quindiu (5150 m), lui-même bien moins élevé que le volcan de Tolima (5584 m). 

Dans le voisinage, nous citerons encore le Ruiz (5300 m), la mesa de Herveo (5590 m) avec leurs vastes glaciers et leurs névés, les plus étendus de la Colombie dont ce massif glacé occupe le centre. Au Nord, la Cordillère centrale s'abaisse rapidement jusqu'à 3000 m environ. Son dernier massif important est celui de San Miguel où elle se divise en deux rameaux bientôt subdivisés par les rivières qui en descendent; ces montagnes couvrent presque tout l'Etat d'Antioquia et le Sud-Est de celui de Bolivar. Nous y signalerons l'Alto Pereira (3000 m) et le Pantanillo (2500 m).

La Cordillère orientale, qui se détache de la Cordillère centrale au paramo de las Papas, s'étend entre le bassin du Magdalena à l'Ouest, ceux de l'Amazone et de l'Orénoque à l'Est. Elle se ramifie au Nord comme les autres et davantage, embrassant les plateaux et les vallées les plus tempérés de la Colombie, ceux qui en forment la région la plus peuplée et politiquement la plus importante. L'arête centrale de cette Cordillère et d'abord orientée au Sud-Est entre le Magdalena et le Yupura, puis elle tourne à l'Est. Dans la première partie se trouve le pic de Cutangua (4600 m). A partir des monts de la Fragua (3000 m), la Cordillère se dirige vers le Nord-Est. Son arête est peu marquée, haute à peine de 2000 m, ne dominant que de 300 la haute vallée du Magdalena. Mais celle-ci se creuse rapidement et la montagne se relève. A la frontière de Cundinamarca le grand massif de Suma Paz s'élève aussi haut que le mont Blanc (4810 m). C'est le plus important de toute la Cordillère orientale, au point qu'on a proposé d'en désigner l'ensemble par ce nom. Elle conserve ensuite une altitude de 3000 à 3500 m entaillée à l'Ouest par les rivières qui descendent vers l'Amazone et l'Orénoque, fleuves entre lesquels s'avancent au-dessus des llanos des chaînons parfois encore mal connus. 

A l'Ouest, le Magdalena s'est écarté; entre le fond de sa vallée et la Cordillère s'étendent de hauts plateaux, anciens fonds de lacs vidés par la rupture de leurs barrages montagneux. Tels sont les plateaux de Fusagasuga et de Bogota. On sait que les Indiens Chibchas avaient conservé le souvenir de l'accident qui vida le lac de Bogota et attribuaient à leur héros divin Nemquetheba ou Bochica l'ouverture du défilé de Tequendama par où les eaux du Funga ou rio Bogota se précipitent. Au nord de la haute plaine de Bogota un massif de plus de 3100 m la sépare de la plaine de Tunja. Il est assez difficile de se reconnaître dans ce chaos de montagnes, à travers lesquelles serpentent le Sogamoso et le Suarez, affluents du Magdalena; raviné en tous sens par les cours d'eau tributaires de ce fleuve, le plateau ou massif oriental des Andes de Colombie renferme dans cette région des sommets aussi élevés que les plus hauts de la Cordillère centrale. De profonds ravins les divisent. 

Dominant la vallée du Suarez, nous trouvons une chaîne hérissée de pics de plus de 4300 m; à l'Est la Nevada de Chita ou Cocui en dépasse les 5000; encore plus à l'Est, la ligne de partage des eaux est moins en saillie; l'Almorzadero y a 4093 m, la Mesa Colorado 4120; après Pamplona, elle quitte le territoire colombien (paramo de Tama, 4000 m) et pénètre sur celui du Venezuela. Une autre chaîne, détachée de ce chaos de montagnes qui couvrent l'Etat de Santander, s'allonge au Nord entre la plaine du Magdalena et les petits bassins tributaires du lac de Maracaibo. A la sierra de Ocana elle n'a plus que 1360 m, plus au Nord on trouve des sommets de 2000 m; sur une longueur de 300 km elle forme la frontière entre la Colombie et le Venezuela, sous les noms de sierra Negra, de valle Dupar, de Perija. Elle disparaît dans la presqu'île de la Guajira.

On ne saurait, en effet, rattacher à ces montagnes la Nevada de Santa-Marta qui forme au bord de la mer un massif tout à fait isolé et nettement distingué des massifs des Andes. C'est une île montagneuse grande comme le quart de la Suisse, avec des pics bien plus hauts que ceux des Alpes. Elle est complètement entourée de plaines : au Nord le rivage de la mer, à l'Est et au Sud-Est la vallée du Rancheria, au Sud celle du rio Cesar, puis la plaine basse du Magdalena. On y trouve Pic Cristobal Colon (5775 m) et le Pic Simon Bolivar, de même altitude et qui sont les points culminants de la Colombie.

Nous n'aurions donné par cette description des grandes arêtes montagneuses qu'une idée imparfaite de l'orographie de la Colombie et des Andes septentrionales si nous n'insistions sur l'importance qu'y ont surtout à l'Est les hauts plateaux. Les plus remarquables sont ceux de Tuguerres, Pasto et Popayan au Sud; de Santa Rosa et d'Herveo à l'Ouest; de Funza ou Bogota, d'Ubaté, de Simijaca, de Chiquinquira, de Sogamoso, de Tunja, de Cocui, de Pamplona et de Jéridas à l'Est. Ces derniers sont souvent des bassins d'anciens lacs. Situés à une hauteur moyenne de 2500 m, ils représentent la partie tempérée de la Colombie.

La région des Llanos. 
La région des Llanos embrasse environ 800,000 km², c.-à-d. la majeure partie de la Colombie. Elle s'étend à l'Est des Andes sur le bassin de l'Orénoque au Nord et de ses grands affluents le Meta, le Guaviare; au Sud sur celui de l'Amazone (affluents du rio Negro, Yupura et Napo). La pente des Andes descend très rapidement jusqu'au niveau de la plaine. Celle-ci n'a guère que 400 à 80 m d'altitude au-dessus du niveau de la mer. Les Llanos proprement dits sont des savanes couvertes d'herbe dans la saison humide. Leur aspect varie d'une saison à l'autre. Après les pluies, les rivières se répandent à travers ses terrains sans pente et il s'y développe une végétation luxuriante que peu à peu la sécheresse dévore pour ne plus laisser qu'une steppe sablonneuse. Au voisinage des grandes rivières se développent les épaisses forêts tropicales qui se joignent au Sud à la grande forêt amazonienne. Les Llanos appartiennent plutôt au bassin de l'Orénoque. Les seuls accidents de terrain qui en rompent l'uniformité ont à peine quelques mètres de saillie : on appelle mesas les renflements du terrain, bancos les bancs de calcaire ou de grès qui s'élèvent de loin en loin. 

« Il y a, dit Humboldt, quelque chose d'imposant et de triste dans le spectacle uniforme de ces steppes. Tout y semble immobile : à peine quelquefois l'ombre d'un petit nuage qui parcourt le zénith et annonce l'approche de la saison des pluies se projette sur leur surface; dans les temps de sécheresse, ils prennent l'aspect d'un désert. L'herbe dont ils étaient couverts dans la saison des pluies se réduit en poudre; la terre se crevasse, les crocodiles et les grands serpents restent ensevelis dans la fange desséchée jusqu'à ce que les premières ondées du printemps les réveillent d'un long assoupissement. Ces phénomènes se présentent sur des espaces arides de 50 à 60 lieues carrées, partout où ces immenses plaines ne sont pas traversées par des rivières; car sur le bord des ruisseaux et des petites mares d'eau croupissante le voyageur rencontre de distance en distance, même dans les plus grandes sécheresses, des bouquets de mauritia, palmier dont les feuilles en éventail conservent une brillante verdure.-» 
Humboldt raconte aussi que les rivières ont une pente si faible qu'un vent même modéré, soufflant dans le sens opposé à leur courant, suffit pour faire rebrousser celui-ci et refouler l'eau des affluents vers l'amont. De là ces débordements qui couvrent d'une nappe d'eau la surface des savanes.

Géologie.
Il a déjà été parlé à l'article Andes de la structure géologique de ces montagnes. Presque partout la base est formée de roches cristallines, gneiss, granit; les terrains d'origine volcanique, syénite, protogyne, porphyre, serpentine, qui alternent avec les précédents, sont comme eux recouverts de roches métamorphiques, micaschistes et talcschistes dont les couches ont été très bouleversées. Les crêtes les plus hautes sont phonolitiques, basaltiques ou formées de terrains volcaniques récents. Une grande partie du sol de la Colombie est formée par le grès qui s'étend sur les bassins des fleuves andins (Atrato, Cauca, Magdalena) et les plateaux centraux du pays (Bogota). Les terrains calcaires ne sont pas très vastes, sauf dans la Cordillère occidentale. Au nord de la Cordillère centrale sont des schistes argileux et des marnes. Au Campo de Gigante, près de Bogota, on a trouvé les fossiles de grands pachydermes (Elephas primigenius, Mastodonte, Megatherium). 

Dans les Andes, on trouve beaucoup d'eaux thermales et des solfatares où volcans de boue. Les volcanitos de l'Etat de Bolivar sont les plus connus. 

Au centre d'une vaste plaine, voisine du village de Turbaco, s'élèvent dix-huit à vingt petits cônes, dont la hauteur n'est que de 7 à 8 m, ces cônes sont formés d'une argile grisâtre et, à leur sommet, se trouve une ouverture remplie d'eau. En approchant de ces petits cratères, on entend par intervalles un bruit sourd qui précède de 15 à 18 secondes le dégagement d'une grande quantité d'air que Humboldt a reconnu être de l'azote presque pur. La force avec laquelle il s'élève fait supposer qu'il est soumis à une grande pression. Ce phénomène, qui se répète environ deux fois par minute, est souvent accompagné d'une éjection boueuse. Cependant on assure que les cônes ne changent pas sensiblement de forme dans l'espace d'un grand nombre d'années. 

Les solfatares des Andes inondent parfois leurs environs jusqu'à plusieurs kilomètres d'une boue liquide et sulfureuse. Les torrents qui naissent auprès roulent beaucoup d'acide sulfurique. Les eau du rio Vinagre, qui descend du Purace, renferme, par exemple, de fortes quantités d'acide sulfurique et d'acide chlorhydrique.

Il y a beaucoup moins de volcans en Colombie que dans la république voisine de l'Equateur; sept sont en activité : le Chiles, le Cumbal, Tuquerres, le Purace, le Pasto, le Huila, le Tolima.

Hydrographie de la Colombie.
Les eaux de la Colombie se déversent dans l'océan Pacifique et dans l'océan Atlantique, mais la disposition des pentes les répartit entre trois versants, celui de l'Atlantique devant être subdivisé en versant de la mer des Caraïbes et versant proprement dit de l'Atlantique. 

Le bassin de l'océan Pacifique. 
Le bassin occidental ou de l'océan Pacifique, limité à l'Est par la Cordillère occidentale, est de beaucoup le moins étendu et le moins important. Le long de la côte se déversent successivement : le rio Baudo qui porte le nom de la sierra dont il parcourt la vallée centrale; le San Juan qui coule du Nord au Sud et est navigable pendant 230 km. Son bassin n'est séparé de celui de l'Atrato que par le seuil de San Pablo, haut de 140 m, qui relie la Cordillère occidentale et la sierra de Baudo. Le San Juan reçoit à gauche plusieurs affluents, parmi lesquels le Cucurupi et le Calima. Il roule beaucoup d'eau, relativement à l'étendue de son bassin et forme un petit delta. Viennent ensuite le San Juan de Micay, le Guapi, l'Iscuande, le Tapaje, le Patia qui draine le haut plateau de Pasto, reçoit à gauche le rio Mayo, le rio Telembe, arrose Patia, Tambo; il est navigable pendant 60 km. Un peu au Sud est le Mira, grossi du San Juan dont le bassin s'étend sur le territoire de la république de l'Equateur; le Mira est navigable pendant 40 km.

Le bassin de la mer des Caraïbes.
Le bassin de la mer des Caraïbes comprend les fleuves les plus importants de la Colombie, dont, à vrai dire, le bassin du rio Magdalena comprend toutes les parties essentielles.

L'Atrato coule du Sud au Nord entre la sierra de Baudo et la Cordillère occidentale. Il se jette dans le golfe d'Uraba, après un cours de 700 km; il est très sinueux car son bassin, bien que très étroit, ne mesure pas plus de 350 km du Nord au Sud, entre le golfe d'Uraba où débouche l'Atrato et le seuil où il prend sa source. Nous avons dit que ce seuil, qui le sépare du bassin de San Juan, n'a que 110 m d'altitude; aussi, avant la construction du Canal de Panama, avait--t-on songé à utiliser I'Atrato pour le canal reliant les océans Atlantique et Pacifique. Ce fleuve est navigable sur plus de 500 km. Les nuages s'engouffrant dans ce couloir de montagne, dont le fond est très bas, y déversent des quantités de pluies invraisemblables. Ce bassin de 35,716 km², grand comme le tiers de celui de la Seine, fournit à l'Atrato un débit moyen de 5246 m. c. par seconde, plus qu'aucun fleuve d'Europe. Ceci suppose que chaque mètre carré de sol envoie au fleuve 4 m. c. d'eau par année; si l'on tient compte de l'évaporation, on voit que nulle part, sauf dans quelques vallées de l'Inde et du Bangladesh, il ne tombe autant d'eau pluviale que dans le bassin de l'Atrato. Le fleuve arrose Quibdo, Bete, Tebada, Sucio, reçoit à gauche le rio Satagui, à droite le Sucio, et se jette dans le golfe d'Uraba, par quinze bouches dont aucune ne peut livrer passage aux grands navires; dans le même golfe débouchent le rio Bacuba, un peu plus au Nord le rio Caiman et le petit rio Gaba; dans la mer des Caraïbes, à l'Est de la pointe Crenas, le rio Mulatos ou Domaquiel et le rio San Juan. Puis nous trouvons le Sinu qui promène ses eaux à travers une plaine sans pente, donc très marécageuse et souvent inondée. Toute cette région arrosée par le Sinu et le Magdalena inférieur est sillonnée de canaux naturels (caños) qui relient les divers cours d'eau entre eux et aux lagunes du littoral découpant dans ces savanes mouillées un grand nombre d'îles.

La Magdalena, le grand fleuve de la Colombie naît aux confins des Etats de Huila et du Cauca, coule rapidement entre la Cordillère occidentale et la Cordillère orientale, dans une haute vallée. Au pas de Girardot, il côtoie de sa rive droite le bas du plateau de Bogota; à Honda, il devient navigable jusqu'à la mer. Desservant l'arrière-pays du port de Barranquilla, le fleuve arrose un certain nombre de ports fluviaux d'où partent, vers l'intérieur, des embranchements de voie ferrée qui atteignent les grandes villes : Bogota, Medellin, Cali. Dans la dernière partie de son cours, la magdalena  reçoit le Cauca, baigne Barranquilla et se perd en delta dans la Mer des Caraïbes, après un cours d'environ 1700 km. On trouvera davantage d'informations sur ce fleuve à la page Magdalena.

Le principal affluent du Magdalena, le Cauca, est presque aussi considérable que le fleuve lui-même et forme un bassin distinct. Il a 1350 km de long; mais il est enserré plus étroitement entre les Cordillères de l'Ouest et du centre, sa pente est plus rapide et son lit est à ce point obstrué par les rochers dans la partie supérieure et inférieure qu'il n'est navigable que dans la partie centrale, ce qui lui ôte de l'importance comme route d'accès. Il coule du Sud-Sud-Ouest. au Nord-Nord-Est depuis sa source au paramo de las Papas, passe près de Popayan, de Cali, de Cartago, baigne Nechi (160 m d'altitude) pour joint le Magdalena en aval de Magangue. Ses principaux affluents sont à droite, le Nechi grossi du Ponce; à gauche, le San Jorge. 

Après le Magdalenala mer des Caraïbes reçoit quelques petits fleuves côtiers, dont le Calacala qui apporte les eaux de la sierra de Santa Marta. 

La presqu'île de la Guajira est à peu près sans eau. Les tributaires du lac de Maracaïbo découlent de la sierra qui sert de frontière entre la Colombie et le Venezuela, et tout leur cours est venezuelien sauf pour le plus grand, le Zulia. Le Zulia, dont le cours supérieur seulement appartient à la Colombie, draine, avec son affluent de droite, le Catatumbo, la partie septentrionale de l'Etat de Santander. Il prend sa source au paramo de Cachiri, reçoit le Tachiri, qui passe près de San Jose de Cucuta. Il est navigable sur une longueur de 70 km en Colombie depuis le port des Cachas jusqu'à son confluent avec le Grita.

Le bassin de l'océan Atlantique. 
Le bassin de l'océan Atlantique proprement dit comprend les nombreuses rivières qui vont joindre l'Orénoque et l'Amazone. Ces rivières descendent de la Cordillère orientale et coulent à travers les Llanos de l'Ouest à l'Est. Les territoires rattachés aux Etats de Boyaca, de Cundinamarca et de Huila appartiennent à ces bassins. Les principales de ces rivières qui parcourent les Llanos sont, en allant du Nord au Sud, le rio Apure, l'Arauca, le Capanaparo, affluents directs de l'Orénoque; l'Arauca sert de limite avec le Venezuela et est navigable sur 700 km dont 280 appartiennent à la Colombie; le rio Meta avec tous ses affluents qui sont, d'aval en amont, Lipa, Grave, Casanare, Chire, Aricaporo, Paulo, Tocaria, Cusiana, Upia, affluents de gauche; Humadea, Manacacia, affluents de droite. Le rio Meta, long de 1100 km, est navigable sur presque toute sa longueur. Toutes ces rivières prennent leur source dans les Andes; les rios Meseta, Tomo, Tuparo, Vichada, Zama, Mataveni compris entre les grandes rivières Meta et Guaviare, naissent dans les llanos; le Guaviare, comme le Meta, coule entièrement en territoire colombien. Il est long de 1350 km dont environ 700 navigables. Il reçoit à gauche le Tagua, l'Ariari, l'Ovejas, le Mapiripan, le Supané, l'Agua Blanca; à droite l'Unille, et près de son confluent avec l'Orénoque le rio Bacon, grossi de l'Inirida et l'Atabapo grossi de l'Atacavi. Au Sud du Guaviare naît le rio Negro d'abord appelé Guainia, lequel serpente à travers la Colombie jusqu'à la frontière où il reçoit le Casiquiare qui lui vient de l'Orénoque; on sait que par cette bifurcation les bassins de l'Amazone et de l'Orénoque sont reliés l'un à l'autre. C'est La Condamine qui la découvrit en 1744. Le rio Negro tourne au Sud, rentre en Colombie et en sort définitivement après avoir reçu la grande rivière Vaupes, et repris la direction de l'Est. Parmi les affluents directs du rio Negro nous citerons à droite les rios Tamin, Iriaipana, Napiari, Memachi, Japeri, Guyaré, Isana; parmi ceux du Vaupes, à droite le Papuri et le Tiquié. 

Non moins important que le rio Negro, est le Caqueta ou Japura, long de 2800 km dont 1960 sont navigables. Il descend du plateau central des Andes de Colombie, ce paramo de las Papas où naissent aussi le Magdalena et le Cauca. Le rio Putumayo ou Iça (au Brésil), navigable sur presque toute la longueur de ses 1800 km, a un bassin bien moins large que les autres grands affluents de l'Amazone. Il marque la frontière de la Colombie avec l'Equateur et le Pérou

Lacs
Les grands lacs qui remplissaient autrefois les cuvettes intérieures des Andes ont disparu, vidés par les torrents qui en ont rongé les bords ; il n'en reste plus que de petits, ceux de San Felix, de la Mesa d'Herveo, du volcan de Tuquerres, de Tota, de Fuquene, etc. Parmi les lacs de plaines qui sont souvent, comme les lagunes voisines de la mer, appelés cienagas, nous citerons ceux du Desparramadero del Sarare et du Termino dans le bassin de l'Arauca (Etat de Boyaca) aux frontières du Venezuela; de Cocha aux sources du Putumayo et de l'Aguila dans le Cauca; de San-Lorenzo, Posa, Sardinita, Cienagua Blanca (20 km de long sur 10 de large); et, parmi les lacs marécageux de la plaine septentrionale, le lac du Dique, près de Carthagène. Nous avons déjà parlé des lagunes côtières.

Le climat de la Colombie.
Le climat de la Colombie est presque également influencé par la double considération de la latitude et de l'altitude. Située entièrement dans la zone tropicale, elle en a les jours à durée uniforme, la température presque invariable d'un bout de l'année à l'autre, les deux saisons sèche et pluviale. Renfermant des terrains étagés depuis le niveau de la mer jusqu'à plus de 5000 m, dans la région des neiges éternelles, elle a toutes les températures, depuis celle de la zone torride jusqu'à celle de la zone glaciale. On partage le sol d'après ces différences de niveau en trois zones : terres chaudes, terres tempérées, terres froides. 

Les terres chaudes embrassent le pays jusqu'à une altitude de 600 à 800 m; elles comprennent toutes les plaines côtières et les Llanos. La température dans les Llanos ne descend guère au-dessous de +25 °C et dépasse couramment + 35 °C. La moyenne est de +27 °C à +30 °C. La chaleur est moindre au voisinage des côtes; le long de l'Atlantique, la température moyenne atteint 27 °C. 

Les terres tempérées sont comprises entre 600 et 2000 ou même 3000 m; les plateaux des Andes en forment la plus grande partie. Sur ces plateaux règne un éternel printemps; la température moyenne varie suivant l'altitude ; elle est de +20 °C à 2000 m de haut, de +11 °C° à 3000 m; à Bogota (2740 m d'altitude) elle atteint +14 °C. L'égalité de la température d'un bout à l'autre de l'année rend le séjour de ces plateaux fort agréable. Le plateau d'Ibagué est célèbre à ce point de vue. 

Les terres froides, qu'on peut faire commencer à 2000 m, ne méritent vraiment ce nom qu'au-dessus de 3000 m, lorsque la température moyenne s'abaisse au-dessous de +4 °C; bientôt commencent les plateaux nus appelés paramos. Après 3500 m, les arbres disparaissent; les arbustes et les plantes alpestres vont jusqu'à 4100 m; au-dessus, quelques graminées. La limite des neiges persistantes (nevados) est entre 4700 et 4900 m : 4690 au Puracé, 4800 au Huila, 4850 au Meso de Herveo, 4900 au Cocui. C'est à mi-hauteur des montagnes, de 2200 à 2500 m, que les phénomènes électriques (foudre) sont le plus intenses, les orages le plus violents. 

En résumé, sauf dans la zone tempérée, la Colombie souffre autant de l'égalité de ses saisons, de l'absence de variété, que des températures extrêmes.

« Dans la zone froide, ce n'est pas l'intensité, mais la perpétuité du froid, la constante humidité d'un air brumeux, l'absence d'été qui ternit la vie humaine et paralyse la nature végétale. Dans la zone chaude, c'est la continuité plus encore que l'intensité de la chaleur jointe à une extrême humidité qui débilite l'homme et l'énerve, tandis que, par une ironie cruelle, la nature, exubérante de sève, multiplie la vie sous toutes les formes autour de lui. Seule, la zone tempérée jouit d'une température douce et bienfaisante, mais quelque peu monotone et atonique par son uniformité. » (De Rochas).
Ainsi que nous avons eu occasion de le dire et qu'il ressort de cette description, la Colombie est une des contrées du globe les mieux arrosées. A ce point de vue du régime pluvial, il faut distinguer la région andine et la région des Llanos; les caractères généraux du climat tropical sont beaucoup plus marqués dans la seconde. On sait que la zone tropicale n'a que deux saisons, la saison pluvieuse et la saison sèche. Les plaines orientales abritées par les Andes ont des saisons parfaitement tranchées. Humboldt les a décrites : 
« Rien n'égale la pureté de l'air dans les Llanos depuis décembre jusqu'en février, la brise de l'Est et de l'Est-Nord-Est y souffle avec violence. Vers la fin de février, l'atmosphère devient moins nette, la brise moins forte, moins régulière; elle est le plus souvent interrompue par des calmes plats. Des nuages s'accumulent vers le à la fin de mars la région australe de l'atmosphère est éclairée par de petites explosions électriques; la brise passe de temps en temps à l'Ouest et au Sud-Ouest. Vers la fin d'avril, le ciel se voile, la chaleur s'accroît progressivement; les pluies commencent, c'est la saison des orages; les rivières grossies ne tardent pas à déborder et à inonder les terres. » 
La région des Andes reçoit les eaux des nuages venus de la mer des Caraïbes, qui viennent s'engager dans ses vallées, amenés par les alizés. Le contraste entre les saisons est moins extrême que dans les Llanos; même dans la saison sèche, il pleut assez pour que la végétation persiste; même dans la saison humide, il peut y avoir plusieurs jours consécutifs sans pluie. On admet qu'il tombe 2,50 m d'eau sur le littoral atlantique, 1,107 m à Bogota, ce qui fait encore sur ce haut plateau une chute d'eau double de celle que reçoit la France. Dans le couloir de l'Atrato, surtout dans le Choco qui en constitue la partie inférieure, il s'engouffre une telle quantité de nuages que la pluie ne cesse jamais d'un bout à l'autre de l'année. Sur la bande littorale du Pacifique, où les vents frais du Nord-Est. n'arrivent pas, arrêtés par les Andes, l'atmosphère est 
« moite, lourde, immobile. Les couches d'air ne se renouvellent que lentement et maintiennent la contrée dans un bain constant de vapeur. » (Vivien de Saint-Martin).
Il va sans dire que la description générale que nous donnons du climat de la Colombie n'exclut pas une grande variété dans les climats locaux; la topographie accidentée du pays suffirait à la faire présumer.

La flore de la Colombie.
Les caractères généraux de la flore colombienne ont été décrits à l'article Amérique; il est cependant nécessaire de compléter ici cette description, précisément en raison des conditions spéciales du pays qui réunit tous les climats et, dans une certaine mesure, toutes les flores, depuis la végétation exubérante des forêts tropicales, jusqu'à celle des régions alpestre et glaciaire. Nous retrouvons donc, au point de vue de la géographie botanique, la division adoptée en terres chaudes, terres tempérées et terres froides échelonnées des rivages marins aux cimes des Andes. Depuis les bords de l'Océan jusqu'à un millier de mètres s'étend la zone des palmiers et des scitaminées; la végétation y est sans cesse en activité, le sol toujours vert; les espèces qui dominent sont les palmiers, les bananiers, les liliacées. Les plages sont couvertes de mangliers; les cactus abondent dans les terrains arides. Dans les forêts on trouve des arbres vénéneux, dont le mancenillier est le plus célèbre; mais aussi des plantes médicinales comme le Mikania guaco, antidote des morsures de serpent, le Copaifera, etc. Nous en reparlerons, ainsi que des bois précieux, des plantes alimentaires et des cultures, au paragraphe consacré à l'agriculture. 

Au-dessus de la zone des palmiers on trouve celle des fougères arborescentes qui commencent à 600 m d'altitudes mais ne s'élivent guère au-dessus de 1500 m, et des cinchonas, caractéristiques des terres tempérées de 1000 à 2800 m. On trouve encore un palmier, le palmier à cire (Ceroxylurn andicola) qui vit de 1700 à 2800 m. Outre les cinchonas, dont il sera reparlé plus loin, les terres tempérées nourrissent des liliacées, cypura, melastoma, les gigantesques passiflores, des fuchsia, des cucullaires, etc. Le sol est couvert, dans tous les endroits arrosés, d'un tapis de mousse; des bromeliacées, des mousses, des lichens, des algues pullulent sur les troncs des vieux arbres. Les orchidées sont très nombreuses dans les forêts, les arums et les oxalis dans les ravins. A partir de 1700 m on voit les Citronna, les Simplocos. Au-dessus de 2600 m commencent les terres froides; de 2600 à 3000 m. les chênes dominent; le principal est le Quercus granatensis de petite taille et couvert de mousses. 

Après 2700 m. il n'y a plus guère d'arbres dépassant 20 m de haut. Montant encore, on trouve les Polymnia, les Datura arborescents, les Wintera, les Escallonia. Sur les hauts plateaux, comme celui de Bogota, la flore est pauvre relativement et médiocrement développée; le palmier à cire s'y maintient et dans les jardins les fleurs d'Europe. Après 3500 m, il n'y a plus d'arbres, mais des arbrisseaux, des Berberis, des Duranta, des Bardanesia; ce sont les plantes des paramos. Déjà commencent les plantes alpines, les Stoehelina, les gentianes, le Lobelia nain, la Renoncule de Gusman, etc. Vers 4150 m les graminées seules persistent, formant sur les pentes un tapis jaunâtre que les habitants appellent pajonal. On cite parmi les principales espèces les Jarava, les Stipa, les Panicum, les Dactylis, etc. Vers 4600 in. il n'y a plus que des lichens et des mousses jusqu'à la limite des neiges éternelles.

La faune de la Colombie.
On retrouve dans la faune, bien qu'un peu moins marquées, les divisions des climats et des flores.

Dans les forêts vierges de la région des scitammées et des palmiers vivent des milliers de singes qui font retentir l'air de leurs cris : citons le Simia ursina, le Simia Beelzebuth, le Simia lagothrix, le Simia chiropotes, le Simia albifrons, le Simia variegata, le Simia sciurea, le Simia oedipus, le Simia lugens, le Simia melanocephala, le Cebus chiropus, le Cebus robustus, le Cebus cinerasceus, le Cenus sajous, le Callitrix incanescens, le Midas leoninus; les fourmiliers (Tamanoir, Myrmecophaga jubata et Tamandua, Myrmecophaga tetradactyla), une quantité de Rongeurs (Cauia capybara, Agouti, Sagoti, Paca, Sphiggureconi), le Paresseux, les grands félins, terreur des forêts tropicales, le Jaguar, le Tigre noir de l'Orénoque, le Cerf blanc, (Cervus mexicanus) qui leur sert de proie. La Chauve-souris vampire (Phyllostoma) s'attaque au bétail et même aux humains. 

Dans les rivières pullulent les Caïmans et les Crocodiles, sur le sable rampent les Salamandres, les Iguanes, les Geckos. Les Serpents sont nombreux : roulé autour des branches des arbres, le Boa constrictor; dans les buissons, les Serpents à venin, le Crotale ou Serpent à sonnettes, le Corail, le Traga venado, l'Equis ou Tara, etc. 
 

La faune ornithologique est des plus riches et variées : au bord des rivières et des marécages s'ébattent les aigrettes, les flamants, les hérons blancs, les spatules, les pélicans, les poules d'eau, les canards; dans les forêts, les perroquets, le papagayo, les perruches, les aras, le toucan, les oiseaux-mouches ou colibris, le superbe lecythis, le turpial, rossignol des terres chaudes, le regulus, une légion de passereaux. Au-dessus, planent les rapaces, aigles, faucous, vautours et le fameux condor (Vultur gryphus) qui s'enlève jusqu'à 6500 m, au-dessus des neiges éternelles et des plus hauts pics des Andes

Redescendus dans les terres chaudes, nous les trouvons infestées de moustiques. L'aestre dépose ses larves sur le bétail, la lucilie sous la peau du crâne des humains; ceux-ci sont attaqués aussi par la chique ou nigua (Pulex penetrans). Les insectes de toute espèce y sont très communs, guêpes cartonnières, blattes et iules de dimensions énormes, une sauterelle de 15 centimètres de long (Acridium dux), des fourmis et termites; parmi les arachnides, les scorpions et les mygales sont les plus redoutés. En revanche, les papillons ont des couleurs incomparables, Papilio sapphirus, Papilio spinelus, Morpho cypris, Phasma géant, Callydriade; l'Erebus strix est le plus grand des papillons nocturnes. 

Dans les terres tempérées et dès la région des fougères arborescentes, on est délivré des grands fauves et des grands reptiles, mais les chiques sont plus abondantes, les tapirs, les tatous, le chat sauvage (Felis pardalis) caractérisent cette faune. Dans le haut de la zone des Quinquinas vivent le grand cerf des Andes, le chat-tigre (Felis tigrina), l'ours brun. Dans les terres froides il n'y a plus ni serpents venimeux, ni chiques, mais beaucoup d'animaux importés d'Europe, le petit lion sans crinière ou puma, le petit ours à front blanc, des vivèrins. La vie animale cesse vers la limite des neiges persistantes; au-dessus de 4000 m il n'y a plus de poissons dans les lacs. (GE).

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