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Claude Bernard

Claude Bernard est un physiologiste français, né à Saint-Julien (Rhône) le 12 juillet 1813, mort à Paris le 10 février 1878. Ses parents étaient de petits propriétaires campagnards. Le curé de Saint-Julien lui fit faire quelques études qu'il continua au collège de Villefranche et acheva à Lyon. On le destinait d'abord à être pharmacien et il commença son stage dans une officine du faubourg de Vaise. Mais sa pensée était ailleurs. La littérature l'attirait, il vint à Paris, muni d'une lettre de recommandation pour Saint-Marc Girardin, à qui il présenta un essai de tragédie; le spirituel professeur l'accueillit avec bienveillance et n'eut pas de peine à le convaincre qu'il devait chercher ailleurs sa voie.

Claude Bernard se tourna vers la médecine. Il s'appliqua surtout à l'anatomie, à la dissection, aux travaux d'amphithéâtre. En 1839, il devint interne : en cette qualité il fut attaché au service de Magendie à l'Hôtel-Dieu. Ce maître original et hardi, l'un des promoteurs de la méthode expérimentale, l'entraîna bientôt vers la physiologie et décida de sa vocation en le prenant pour préparateur de son cours de médecine au Collège de France (1841). C'est là d'abord, et plus tard dans un laboratoire particulier où il recevait quelques élèves, que CIaude Bernard s'initia à l'expérimentation. En mai 1843, il publiait un premier travail sur l'anatomie et la physiologie de la corde du tympan; en décembre 1843 il soutint sa thèse de doctorat en médecine sur le suc gastrique.

Ses travaux se multiplièrent rapidement et, en quelques années, ses découvertes l'avaient placé au premier rang parmi les physiologistes de la France et de l'Europe. Cependant il échoua, en 1844 au concours d'agrégation à la Faculté de médecine. En 1847, il supplée Magendie au Collège de France et il lui succède définitivement dans la chaire de médecine en 1855. Peu de temps auparavant, en 1854, il entrait à l'Académie des sciences, et il occupait à la Sorbonne la chaire de physiologie expérimentale, créée pour lui. En 1868, il abandonna la Sorbonne, où il fut remplacé par Paul Bert, pour le Muséum d'histoire naturelle où il professa la physiologie générale. Il avait été nommé membre de l'Académie francaise à la place de Flourens, en 1868, et sénateur de l'Empire, en 1869.

Claude Bernard a exercé une grande influence sur le mouvement de la physiologie en France par ses travaux et ses découvertes, par ses doctrines, par son enseignement au Collège de France et au Muséum, enfin par son action de président perpétuel de la Société de biologie. Ses élèves directs, ceux qui ont travaillé sous sa direction comme aides ou préparateurs, sont Paul Bert, Ranvier, Dastre, d'Arsonval, Gréhant, Morat, Picard et Armand Moreau. Mais, en réalité, son action s'est étendue indirectement sur tous les physiologistes français et il a véritablement représenté à un moment donné ce que l'on a appelé un peu improprement l'Ecole française
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Claude Bernard.
Claude Bernard (1813-1878).

Dans les dernières années de sa vie Claude Bernard était en possession d'une renommée universelle. Le prestige qui résultait de ses découvertes était soutenu par l'aspect de sa personne, sa haute stature et un air de dignité imposante. L'ascendant qu'il a exercé autour de lui s'explique, en dehors de son oeuvre propre, par cette rencontre rare d'un caractère simple, bienveillant et noble, avec un esprit profond et juste. A sa mort, la Chambre des députés, sur la proposition de Gambetta, lui vota des funérailles nationales. Un monument, dû au ciseau de Guillaume, et dont les frais ont été couverts avec empressement par les savants français et étrangers, lui a été élevé sur le terre-plein du Collège de France à Paris.

Oeuvres.
Les oeuvres de Claude Bernard sont : 

1° Cours du Collège de France : Leçons de Physiologie expérimentale appliquée à la médecine (1854- 1855, 2 vol.); Leçons sur les effets des substances toxiques et médicamenteuses (1857); Leçons sur la physiologie et la pathologie du système nerveux (1858); Leçons sur les propriétés physiologiques et les altérations pathologiques des liquides de l'organisme (1859) ; Leçons de pathologie expérimentale (1874); Leçons sur les anesthésiques et sur l'asphyxie (1874); Leçons sur la chaleur animale (1876); Leçons sur la diabète et la glycogénèse animale (1877). 

2° Cours de la Faculté des sciences : Leçons sur les propriétés des tissus vivants (1866). 

3° Cours du Muséum : Leçons sur les Phénomènes de la vie, communs aux animaux et aux végétaux (1878-1879); Physiologie générale (1872); Leçons de physiologie opératoire (1879). Et deux autres ouvrages : La Science expérimentale (1878, articles divers réunis en volume); , Introduction à l'étude de la médecine expérimentale '(texte en ligne) (1865).

Les cours de Claude Bernard au Muséum et au Collège de France, de 1872 à 1878, ont été publiés dans la Revue scientifique par Dastre.

Doctrine.
Outre l'importance des travaux proprement dits et des découvertes, l'oeuvre de Claude Bernard se recommande par sa dimension philosophique. Il a non seulement appliqué, mais posé expressément les règles et les principes de la méthode expérimentale. C'est ce qu'il a fait d'une façon magistrale dans l'Introduction à l'étude de la Médecine expérimentale, publiée en 1865, livre qui produisit une grande sensation et ouvrit à son auteur les portes de l'Académie française : c'est ce qu'il a fait plus souvent encore dans son enseignement, dans ses leçons d'ouverture, dans le courant de ses recherches et au milieu même de ses travaux de détail.

La méthode expérimentale, souveraine dans les sciences physico-chimiques, a rencontré des difficultés particulières à s'introduire dans les sciences biologiques. Au moment où Claude Bernard a commencé ses travaux, la lutte était vive dans le monde médical : on trouvait encore de nombreux partisans du vitalisme, de la spontanéité vitale, convaincus de l'inutilité et de l'impuissance de l'expérimentation. C'est contre ces opinions que Claude Bernard, imbu des principes qu'il avait puisés dans la fréquentation des physiciens et des chimistes, ses amis Biot, Berthelot, etc., formula le principe du Déterminisme comme fondement de la physiologie moderne.
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L'unité de la science

« On ne saurait fixer le nombre des sciences parce qu'elles sont le résultat du morcellement successif des connaissances humaines par notre esprit borné, en une foule de problèmes séparés. Néanmoins on a distingué deux ordres de sciences : les unes partant de l'esprit pour descendre dans les phénomènes de la nature, les autres partant de l'observation de la nature pour remonter à l'esprit. Leur point de départ est différent, mais le but est le même : la recherche et la découverte de la vérité. Ce sont les ténèbres de notre ignorance qui nous font supposer des limites entre ces deux ordres de sciences.

Dans l'étude des sciences, notre raison se débat entre le sentiment naturel qui nous emporte à la recherche des causes premières et l'expérience qui nous enchaîne à l'observation des causes secondes. Toutefois les luttes de ces systèmes exclusifs sont inutiles, car, dans le domaine de la vérité, chaque chose doit avoir nécessairement son rôle, sa place et sa mesure.

Notre premier sentiment a pu nous faire croire qu'il nous était possible de construire le monde a priori, et que la connaissance des phénomènes naturels, en quelque sorte infuse en nous, s'en dégageait par la seule force de l'esprit et du raisonnement. C'est ainsi qu'une école philosophique célèbre en Allemagne, au commencement de ce siècle, est arrivée à dire que la nature n'étant que le résultat de la pensée d'une intelligence créatrice, d'où nous émanons nous-mêmes, nous pouvions, sans le secours de l'expérience, et par notre propre activité intellectuelle, retrouver les pensées du Créateur. C'est là une illusion. Nous ne pourrions pas même concevoir ainsi les inventions humaines, et, s'il nous a été donné de connaître les lois de la nature, ce n'est qu'à la condition de les déduire par expérience de l'examen direct des phénomènes, et non des seules conceptions spéculatives de notre esprit.

La méthode expérimentale ne se préoccupe pas de la cause première des phénomènes qui échappent à ses procédés d'investigation; c'est pourquoi elle n'admet pas qu'aucun système scientifique vienne lui imposer à ce sujet son ignorance, et elle veut que chacun reste libre dans sa manière d'ignorer et de sentir. C'est donc seulement aux causes secondes qu'elle s'adresse, parce qu'elle peut parvenir à en découvrir et à en déterminer les lois, et celles-ci n'étant que les moyens d'action et de manifestation de la cause première, sont aussi immuables qu'elle, et constituent les lois inviolables de la nature et les bases inébranlables de la science.

Mais nos recherches n'ont point atteint les bornes de l'esprit humain; limitées par les connaissances actuelles, elles ont au-dessus d'elles l'immense région de l'inconnu qu'elles ne peuvent supprimer sans nuire à l'avancement même de la science.

Le connu et l'inconnu, tels sont les deux pôles scientifiques nécessaires. Le connu nous appartient et se dépose dans l'expérience des siècles. L'inconnu seul nous agite et nous tourmente, et c'est lui qui excite sans cesse nos aspirations à la recherche des vérités nouvelles dont notre sentiment a l'intuition certaine, mais dont notre raison, aidée de l'expérience, veut trouver la formule scientifique.

Ce serait donc une erreur de croire que le savant qui suit les préceptes de la méthode expérimentale doive repousser toute conception a priori et imposer silence à son sentiment pour ne plus consulter que les résultats bruts de l'expérience. Non, les lois physiologiques qui règlent les manifestations de l'intelligence humaine ne lui permettent pas de procéder autrement qu'en passant toujours et successivement par le sentiment, la raison et l'expérience; seulement, instruit par de longues déceptions, et convaincu de l'inutilité des efforts de l'esprit réduit à lui-même, il donne à l'expérience une influence prépondérante, et il cherche à se prémunir contre l'impatience de connaître qui nous pousse sans cesse vers l'erreur. Il marche avec calme et sans précipitation à la recherche de la vérité; c'est la raison ou le raisonnement qui lui sert toujours de guide, mais il l'arrête, le retient et le dompte à chaque pas par l'expérience; son sentiment obéit encore, même à son insu, au besoin inné qui nous fait irrésistiblement remonter à l'origine des choses, mais ses regards restent tournés vers la nature, parce que notre idée ne devient précise et lumineuse qu'en retournant du monde extérieur au foyer de la connaissance qui est en nous, de même que le rayon de lumière ne peut nous éclairer qu'en se réfléchissant sur les objets qui nous entourent.-»
 

(Cl. Bernard, extrait du Discours de réception à l'Académie française, Séance du 27 mai 1869).

Déterminisme.
Le déterminisme, dans la pensée de Claude Bernard, consistait dans ce principe, que chaque phénomène est invariablement déterminé par des conditions matérielles définies qui en sont les causes prochaines. Si l'on reproduit une fois exactement les conditions matérielles de sa première apparition, le phénomène suivra.

Dans les sciences physiques, ce principe est la base, l'évidence même. Dans les sciences biologiques, il était presque nouveau, car selon les anciennes écoles, la force vitale en faussait les applications. Selon elle, les manifestations vitales dépendaient non seulement des conditions physiques ambiantes, mais aussi de l'action d'un principe immatériel; la spontanéité de l'être vivant intervenait et dès lors, pour reproduire un phénomène, il ne suffisait pas d'en ramener les conditions matérielles. Claude Bernard a beaucoup contribué à écarter ces cruelles erreurs médicales et par suite à faire entrer les sciences biologiques dans le domaine expérimental.

Rôle de l'hypothèse.
En second lieu, CIaude Bernard a fixé, avec une grande vérité, le rôle de l'hypothèse dans les sciences biologiques. L'hypothèse n'est qu'un instrument de recherches. Le rôle des hypothèses et des opinions préconçues est d'exciter l'attention, de suggérer des vérifications et des expériences. Souveraine dans la science biologique ancienne, qui considérait la pensée méditative comme le véritable instrument d'investigation, et qui confondait inextricablement le fait et l'hypothèse, celle-ci, dans la science moderne remplit la fonction plus modeste d'instrument provisoire. Loin d'être inutile, comme le voulait Magendie, par une sorte de réaction exagérée contre les doctrines précédentes, elle devient l'auxiliaire du biologiste.

Méthode statistique.
En troisième lieu, et comme conséquence, Claude Bernard a beaucoup fait pour écarter de la biologie la méthode statistique. Selon lui, les observations statistiques n'ont rien à voir dans le domaine de la science sévère. Les conclusions de la science doivent être précises, constantes. La statistique, qui n'est que l'empirisme généralisé, est déplacée en biologie aussi bien que dans la physique. Les moyennes entre des résultats contraires, entre des affirmations opposées ne peuvent avoir ni valeur ni signification. Si les expériences aboutissent à des conclusions différentes, c'est que de l'une à l'autre il y a eu intervention de circonstances nouvelles qui ont changé le sens du phénomène. Ce sont ces circonstances qu'il faut déterminer. Il faut savoir se placer dans des situations identiques pour avoir des résultats comparables; et lorsque la situation varie, il faut savoir que l'élément de perturbation est aussi introduit.
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Claude Bernard.
Claude Bernard donnant une leçon de physiologie (d'après un tableau de Léon Lhermitte, 1889).

Critique expérimentale.
Ces doctrines permettent d'établir les règles de la critique expérimentale : distinguer les faits des hypothèses le plus souvent impliquées dans leur énoncé; chercher le déterminisme rigoureux du phénomène, c.-à-d. les conditions de sa production certaine; n'adopter une explication qu'après avoir tout fait pour la détruire et avoir constaté sa résistance aux tentatives de destruction; procéder rigoureusement par expériences comparatives.

Ce sont là des règles qui sont en quelque sorte l'expression du bon sens ou de la sagesse pratique. Elles ne rencontrent plus aujourd'hui aucune contradiction. Elles ont triomphé : après avoir été presque une nouveauté, elles sont devenues une banalité et l'on ne peut presque plus se représenter l'effort philosophique qui a été nécessaire pour les apercevoir d'abord clairement et les faire passer ensuite dans les esprits. Ces idées générales en entraînent une foule d'autres relativement au rôle de la physiologie, à la conception des phénomènes vitaux, etc. Nous n'insisterons plus ici que sur les deux pensées les plus générales de l'enseignement de Claude Bernard.

Médecine expérimentale.
On peut considérer que l'enseignement et la carrière scientifique de Claude Bernard comprennent deux parties l'une qui a eu pour théâtre le Collège de France, l'autre le Muséum. A l'enseignement du Collège de France se rattachent les principales découvertes qui ont illustré le nom du célèbre physiologiste, découvertes consignées dans la série de leçons publiées entre 1854 et 1878 sous le titre de Cours de médecine expérimentale.

L'idée qui se dégage de ce brillant enseignement, celle qui l'a inspiré et qui en forme le lien est une idée médicale. En suivant la voie physiologique, Claude Bernard avait la ferme conviction de travailler au perfectionnement de la médecine : le développement progressif de la physiologie était à ses yeux la condition rationnelle et méthodique du développement de la médecine. Chercher, par l'expérimentation l'explication, des phénomènes de la santé (physiologie normale), de la maladie (physiologie pathologique), et en déduire les moyens d'action (thérapeutique), c'était poser le problème physiologique; c'était poser également le problème médical. 

Cette prétention fut combattue comme utopique par l'école médicale contemporaine de CIaude Bernard, par l'école clinique. Elle est le centre vers lequel viennent converger tous les enseignements donnés par Claude Bernard au Collège de France. Il s'efforçait par là de fonder la médecine expérimentale. Ici encore on peut dire que les idées du célèbre physiologiste ont triomphé et qu'elles sont devenues une vérité presque banale pour la génération qui l'a suivi.

Physiologie générale. 
Dans la seconde partie de sa carrière physiologique, Claude Bernard s'est efforcé de fonder la physiologie générale. Ce fut son oeuvre à la Sorbonne et au Muséum d'histoire naturelle. C'est à la physiologie générale que se rattachent ses belles recherches relativement à la formation de la matière glycogène, au rôle du sucre, à la nutrition, aux anesthésiques. Le livre intitulé Leçons sur les phénomènes de la vie commune aux animaux et aux végétaux pose pour la première fois et développe le programme de cette science encore nouvelle des propriétés générales de la vie. Il établit l'unité et la communauté des phénomènes vitaux dans les deux règnes, par la considération successive de la formation des principes immédiats, des phénomènes intimes de la digestion et de la respiration. Il y a chez tous les êtres vivants unité physiologique comme il y a unité anatomique de structure. Chez tous on distingue deux types de phénomènes, types primitifs : les phénomènes fonctionnels ou de destruction d'une part, les phénomènes plastiques ou de synthèse organique d'autre part.

La vie ne se soutient que par l'enchaînement de ces deux ordres de phénomènes indissolublement unis, constamment associés et réciproquement causés. Cette affirmation constitue l'axiomede la physiologie générale. Cet axiome était méconnu par les doctrines régnantes. La théorie de la dualité vitale, qui attribuait les phénomènes de synthèse aux végétaux et la destruction fonctionnelle aux animaux, est fausse au point de vue physiologique.

Les premiers efforts de Claude Bernard ont tendu à la renverser et à lui substituer la doctrine de l'unité tant anatomique que physiologique. C'est la première partie de la physiologie générale. La seconde partie devait être consacrée à l'examen des phénomènes de destruction vitale, fermentations, combustions, considérés en eux-mêmes et dans leur rapport avec les formes fonctionnelles. La troisième partie comporte l'étude plus difficile des phénomènes de synthèse chimique et morphologique. Claude Bernard n'a pu que tracer ce plan et en réaliser la première partie : l'exécution complète en appartenait à l'avenir.

Cette oeuvre a exercé une grande influence, en France, tant au profit de la physiologie animale qu'au profit de la physiologie botanique.

Ajoutons que Claude Bernard était très inégal comme professeur. Sa parole avait à l'occasion une grande autorité et une réelle élévation; mais son enseignement n'était ni régulier, ni dogmatique. Ses Leçons étaient en quelque sorte le prolongement de ses séances de laboratoire : il expérimentait devant ses auditeurs et les associait ainsi au travail éminemment intéressant de sa propre recherche et de ses découvertes.
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Claude Bernard.
Statue de Claude Bernard, à l'entrée du Collège de France.
© Photo : Serge Jodra, 2010.

Travaux originaux. Découvertes. 
Il est difficile de retracer le détail de l'oeuvre physiologique de Claude Bernard. Elle embrasse pour ainsi dire tout le champ de la physiologie, et est marquée par quelque découverte importante dans presque chaque branche. Les deux travaux tout à fait hors de pair sont relatifs à la fonction glycogénique du foie et aux nerfs vasomoteurs. Là il a tout créé, et son oeuvre a posé des fondations solides. 

On signalera encore parmi les résultats du premier ordre : les recherches sur la sensibilité récurrente, sur les fonctions du pancréas, sur la chaleur animale, sur le curare. Non loin de ces travaux on peut encore placer ses recherches sur le nerf spinal, sur la corde du tympan, sur le ferment inversif du suc intestinal, sur l'oxyde de carbone; il faudrait ajouter à ceci une multitude d'observations originales, de faits nouveaux bien établis, ou de vues fécondes, telles, par exemple, que sa conception du sang comme milieu intérieur. Son génie apparaît là, formé de sagacité, pénétration et méthode parfaite.

Il est presque sans exemple que dans aucune science la part d'un seul homme ait été aussi considérable que celle de Claude Bernard en physiologie. Il faut être pénétré de cette exacte vérité pour comprendre que ses admirateurs aient pu dire de lui : 

"Claude Bernard n'est pas un simple physiologiste : il est la physiologie même." 
Si l'on réfléchit en outre que ce chercheur s'est élevé, en quelque sorte, du rang d'expérimentateur à celui de législateur de la méthode expérimentale - et qu'enfin, la bienveillante sérénité, l'élévation et la sincère passion de la vérité ont été les traits distinctifs de son caractère - on se fera alors une idée précise de la place qu'il a occupée dans l'affection et dans l'admiration des biologistes de son temps. (A. Dastre).
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