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La Révolution française
La Convention sous la Terreur
2 juin 1793 -  27 juillet 1794 (9 thermidor an II)
Aperçu Causes Constituante Législative Convention Directoire
A l'extérieur, c'est la période où la guerre devient le plus terrible; à l'intérieur, c'est l'époque de la Terreur proprement dite et de la prépondérance de Robespierre. Après la révolution du 2 juin, les maux de la France sont à leur comble. Plus de cinquante départements s'insurgent contre la Convention en faveur des girondins. Au Nord, les alliés s'emparent des places de Condé (12 juillet) et de Valenciennes (28 juillet). A l'Est, Mayence succombe (23 juillet). En même temps Lyon s'insurge. Toulon est livré aux Anglais (27 août). Les Espagnols envahissent la France et prennent le fort de Bellegarde (23 juin). L'insurrection de la Vendée devient formidable. Saumur tombe aux mains des royalistes (10 juin); Nantes leur échappe à grand-peine (29 juin). Les armées républicaines sont défaites presque partout, notamment à Coron et à Torfou (18-19 septembre). 

Les guerres.
La Convention déploie contre ces dangers une énergie surhumaine. La constitution dite de 1793 rallie les départements et abat l'insurrection girondine. Le comité de Salut public est renouvelé le 10 juillet 1793. Robespierre y entre le 27 juillet et Carnot le 14 août. Celui-ci change le système de guerre et, en concentrant des masses sur un point décisif, force la victoire, relève le moral, sauve la France. La victoire d'Hondschoote délivre Dunkerque (8 septembre); celle de Wattignies délivre Maubeuge (16 octobre). Les lignes de Wissembourg, perdues en octobre, sont reprises en décembre, et Hoche débloque Landau (26 décembre 1793). Lyon est repris (9 octobre), ainsi que Toulon (19 décembre). Aux Pyrénées, les Espagnols sont vaincus à Peyrestortes (17 septembre). La grande armée vendéenne, qui a franchi la Loire, est repoussée à Granville (13 novembre), puis écrasée au Mans (13 décembre) et à Savenay (23 décembre). 

L'année 1794 voit le triomphe de des armes françaises. Au nord, Pichegru bat Clerfayt à Mouscron (29 avril 1794). Le duc d'York est défait à Tourcoing (18 mai). Ypres et la Flandre occidentale tombent au pouvoir des Français. L'armée de Sambre-et-Meuse, commandée par Jourdan, gagne, après plusieurs échecs, la bataille de Fleurus sur le prince de Cobourg (18 juin). Pichegru et Jourdan marchent simultanément sur Bruxelles où ils entrent le 10 juillet. La Belgique est à à la France et les Français ont repris toutes les places françaises qu'ils avaient perdues. Sur les Alpes, Saorgio tombe au pouvoir des Français (28 avril). Dans les Pyrénées orientales, les Espagnols, battus au Boulou par Dugommier, sont refoulés sur leurs frontières, pendant que Moncey est victorieux sur les Pyrénées occidentales. En Vendée, l'île de Noirmoutier a été reprise (5 janvier 1794) et La Rochejaquelein a péri (4 mars). Les chefs survivants sont en pleine discorde. 

A la fin de cette seconde période de son histoire, au moment de la journée du 9 thermidor et de la chute de Robespierre, la Convention est donc sur tous les points victorieuse de ses ennemis du dehors et du dedans. 

La Terreur.
Voici maintenant, pour la même période, les principaux traits de l'histoire intérieure de cette Assemblée. Afin de pallier les suites du coup d'Etat populaire du 2 juin et de rallier les départements insurgés, la Convention se hâte de rédiger et de décréter (24 juin) une constitution démocratique, qui est connue dans l'histoire sous le nom de Constitution de 1793 et qui ne fut jamais mise en activité. Les échecs des armes françaises àmènent la chute du premier comité de Salut public, où Danton était prépondérant, et l'établissement da second comité, qui sera bientôt sous l'influence de Robespierre. Le 13 juillet, le conventionnel Marat est assassiné par Charlotte Corday : cet événement, coïncidant avec les périls extérieurs, décide la Convention aux mesures les plus extrêmes. Elle décrète (le 1er août) que Marie-Antoinette sera traduite au tribunal révolutionnaire. Le 12 août, un décret est porté pour l'arrestation des suspects. Le 23, tous les Français sont mis en réquisition permanente pour le service des armées. Le 3 septembre, il est décrété un emprunt forcé qui sera principalement supporté par les personnes riches. Le 5, il est établi une armée révolutionnaire. Le 17, nouvelle et rigoureuse loi contre les suspects et organisation du redoutable pouvoir des comités révolutionnaires. Le 28, émission de deux milliards d'assignats. Les 11 et 29, loi assujettissant au maximum les grains et les denrées de première nécessité. Enfin le 5 octobre, un décret fixa l'ère des Français (Calendrier républicain).

Les girondins sont impitoyablement frappés. Un décret du 28 juillet avait déclaré traîtres à la patrie Buzot, Barbaroux, Guadet, Pétion, Louvet et les autres députés qui s'étaient mêlés à l'insurrection départementale. Le 3 octobre, les députés détenus (et parmi eux le célèbre Vergniaud) furent décrétés d'accusation en même temps que la Convention ordonnait l'arrestation de soixante-quatorze de ses membres qui avaient protesté contre la révolution du 2 juin. Vingt et un de ces girondins, les plus illustres, furent guillotinés le 31 octobre. Une grande mesure fut prise pour fortifier le gouvernement : sur le rapport de Saint-Just, la Convention décréta que le gouvernement provisoire de la France serait révolutionnaire jusqu'à la paix et que le conseil exécutif provisoire, les ministres, les généraux, les corps constitués seraient placés sous la surveillance du comité de Salut public (19 vendémiaire an II - 10 octobre 1793). 

Ce gouvernement fut organisé par le décret du 14 frimaire an II (4 décembre), qui forme comme une véritable constitution provisoire. La Convention y déclarait qu'elle était « le centre unique de l'impulsion du gouvernement », que tous les corps constitués étaient «-sous l'inspection » du comité de Salut public, et que la police générale et intérieure appartenait au comité de Sûreté générale. La surveillance des lois et mesures militaires, des lois administratives, civiles et militaires était déléguée au conseil exécutif sous l'autorité du comité de Salut public. La surveillance de l'exécution des lois révolutionnaires dans les départements était attribuée aux districts, sous la même autorité. L'application des lois révolutionnaires était confiée aux municipalités et aux comités révolutionnaires, sous l'autorité des districts. A Paris, ces comités continueraient à correspondre directement avec le comité de Sûreté générale. Les procureurs-syndics des districts et les procureurs des communes étaient remplacés par des agents nationaux subordonnés aux comités de Salut public et de Sûreté générale. Les conseils généraux, les présidents et les procureurs généraux-syndics du département étaient supprimés. Les assemblées départementales, ainsi réduites à leur directoire, n'étaient plus chargées que de la répartition des contributions entre les districts, de l'établissement des manufactures, des grandes routes et des canaux publics, dela surveillance des domaines nationaux. L'épuration de toutes les autorités maintenues était ordonnée. Afin de rendre plus puissante encore l'action de ses comités, la Convention supprima bientôt le conseil exécutif provisoire et le remplaça par douze commissions (12 germinal an II - 1er avril 1794). C'est ainsi que la Convention organisa sa propre dictature et fonda le célèbre gouvernement révolutionnaire.

D'autres soucis la passionnaient aussi. En novembre 1793, la Commune de Paris, sous l'influence des hébertistes, établit le culte de la Raison, auquel la Convention adhéra un instant. Mais Robespierre parvint à perdre les organisateurs de ce culte. Hébert, Ronsin, Cloots et leurs amis furent traduits au tribunal révolutionnaire et guillotinés le 5 germinal an II. Ce fut bientôt le tour de Danton, de Camille Desmoulins et de leurs amis qui, perfidement livrés par Robespierre, furent exécutés onze jours après les hébertistes. Le 18 floréal, Robespierre fit reconnaître par la Convention l'existence de l'Être suprême et l'immortalité de l'âme, et le 20 prairial il présida une fête pompeuse en l'honneur de l'Être suprême. Le surlendemain, il arracha à la Convention une loi terrible, odieuse, qui transformait le tribunal révolutionnaire, l'autorisait à condamner à mort sur une simple preuve morale, supprimait les dépositions écrites, ôtait leurs défenseurs aux accusés et autorisait implicitement les comités de Salut public et de Sûreté générale à traduire les conventionnels eux-mêmes devant ce tribunal. Cet acte de tyrannie, se produisant alors que la victoire de Fleurus éloignait tout danger de la France et ôtait ainsi tout prétexte à la terreur, fut la véritable raison de la chute de Robespierre et de la journée du 9 thermidor.

L'oeuvre législative.
Du 2 juin 1793 au 27 juillet 1794; la Convention fit de nombreuses et importantes lois. Elle acheva la destruction de l'Ancien régime en supprimant sans indemnité toutes les redevances ci-devant seigneuriales et droits féodaux, même ceux conservés par le décret du 22 août 1792 (17 juillet 1793), les rentes foncières mélangées de féodalité (7 ventôse an II), toutes prestations établies par titres constitutifs de droits féodaux (30 pluviôse an II). Parmi les lois qui ont une portée économique et sociale, nous citerons celles qui sont relatives au partage des biens communaux (10 juin 1793), aux biens nationaux (25 juillet 1793, 10 et 16 frimaire an II), aux rentes viagères (23 floréal, 8 messidor an II), et surtout au droit de tester, aux successions et donations (26 octobre, 2 novembre 1793, 17 nivôse, 22 ventôse au II), et aux droits des enfants nés hors du mariage (12 brumaire an Il). En faveur des malheureux, elle décréta la formation d'un livre de la bienfaisance nationale (22 floréal an II). Elle avait rendu, le 13 octobre 1793, une loi sur la mendicité. Le 16 pluviôse an II, elle abolit l'esclavage dans les colonies et accorda aux Noirs les droits de citoyen. Des mesures financières furent également prises pour ce qui concerne l'émission du papier-monnaie. 

Elle ordonna, le 24 août 1793 « la formation d'un grandlivre pour inscrire et consolider la dette publique non viagère; la remise et annulation des anciens titres de créance, sous peine de déchéance; l'accélération de la liquidation; la suppression des rentes dues aux fabriques; la reconnaissance des dettes des communes, départements et districts, comme dettes nationales; la liquidation des annuités et des effets au porteur; le remboursement et l'inscription de la dette sur le grand-livre; le pavement annuel de la dette publique dans les districts; la faculté de convertir les assignats en une inscription sur le grandl-ivre, à raison de cinq pour cent du capital; l'admission de la dette consolidée en payement des domaines nationaux à vendre, et l'assujettissement de la dette consolidée au principal de la contribution foncière. » (Duvergier, VI, 112.) 
Dans un autre ordre d'idées, rappelons qu'après avoir adhéré un instant au culte de la Raison, la Convention proclama la liberté des cultes, le 18 frimaire an II. Elle organisa en principe l'instruction publique, surtout primaire, par les lois des 21 et 28 octobre 1793, 29 frimaire, 8 pluviôse et 16 pluviôse an II. Elle créa le Muséum  le 10 ,juin 1793 et supprima les académies le 8 août suivant. Elle établit une bibliothèque publique dans chaque district (8 pluviôse an II). Les 19 juillet et le 1er septembre 1793, elle régla les droits de propriété des auteurs. Le 1er août, elle établit en principe l'uniforme et le système général des poids et mesures. Le 5 octobre 1793 et le 26 pluviôse an II, elle fixa le type et le mode de fabrication des monnaies. On a vu que, le 5 octobre 1793, elle avait fixé l'ère des Français : le 24 octobre suivant et le 4 frimaire, elle établit et régla le calendrier républicain

Parmi la foule de décrets qu'elle rendit sur l'organisation militaire et maritime, signalons le décret du 12 août 1793 et du 19 nivôse an Il, sur l'amalgame et l'embrigadement, celui du 21 nivôse an Il sur l'organisation de la cavalerie, du 3 ventôse suivant sur les hôpitaux militaires, du 6 juin 1793 sur la retraite des militaires, du 3 pluviôse an II sur la justice militaire, du 16 nivôse an II sur la discipline dans la marine, du 2 thermidor suivant sur la solde des troupes. Les 27 nivôse et 27 pluviôse, elle avait fixé définitivement le type du drapeau français. 

Dans l'ordre judiciaire, citons le décret du 24 octobre 1793, qui déterminait une nouvelle forme pour l'instruction des affaires devant les tribunaux et supprimait les fonctions d'avoué, celui du 14 frimaire an Il qui créait le Bulletin des lois, celui du 14 prairial suivant qui ordonnait la formation d'un code complet des lois. Le 22 août 1793, la Convention avait commencé à discuter le projet de code civil présenté par Cambacérès au nom du comité de législation

En d'autres matières, citons aussi le décret du 4 germinal an Il relatif au commerce maritime et aux douanes, celui du 14 frimaire précédent sur le desséchement des étangs, celui du 7 messidor an II organisant les archives, enfin celui du 2 thermidor suivant ordonnant que tous les actes publics soient désormais, en tout cas et en tout lieu, rédigés en langue française. Le 24 juillet 1793, elle avait organisé la poste aux chevaux et la poste aux lettres en régie nationale.

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