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Les Phéniciens
La Phénicie
Le nom de Phénicie a été donné par les écrivain grecs et latins à l'étroite région située entre les collines de la Palestine septentrionale et les montagnes du Liban de Syrie, à l'Est, et la Méditerranée à l'Ouest. Mais les Phénicien eux-mêmes appelaient leur pays K'na'an (Canaan), bas pays. Politiquement, sa frontière septentrionale était près d'Aradus (Arad), par 34°52' de latitude Nord., et sa frontière méridionale au Sud du mont Carmel, par 32° 30' à peu près; sa longueur était d'environ 300 kilomètres, et sa largeur de 16 à 20 kilomètres, y compris les pentes de montagne; 5000 km². Les principale villes, en allant du Nord au Sud, étaient : Aradus, Tripoli (Tarablus), Byblos (Jbaïl), Berytus (Beyrouth), Sidon (Saïda), et Tyr (Sour)

Les Phéniciens paraissent sur la côte de la Syrie dès les temps les plus reculés de l'histoire. Hérodote dit qu'ils venaient de la mer Erythrée. Acceptant cette donnée, Schrader supposa que les Phéniciens occupaient autrefois les côtes de l'Arabie et de la Perse, et que, trafiquant avec les principales villes de la Babylonie, ils suivirent les cours de l'Euphrate et du Tigre, et arrivèrent à la côte de la Méditerranée par la route ordinaire à travers Palmyre. Suivant Rawlinson et d'autres, les Canaanites et les Phéniciens étaient des peuples distincts, les premiers étant les occupants indigènes du pays, et les seconds des immigrants venus à une date relativement récente. 

Comme tous les anciens peuples navigateurs, les Phéniciens, dans les premiers temps de leur commerce, commettaient des pirateries et faisaient le trafic des esclaves. Mais bien que l'Europe eût à souffrir de leurs pirateries, il est certain qu'elle reçut d'eux les rudiments de sa civilisation, y compris l'alphabet, invention phénicienne. Les oeuvres d'art et les objets de luxe les plus raffinés que connurent les anciens Grecs venaient de Sidon. Les Phéniciens trafiquaient là où le commerce était profitable, et cachaient aux autres peuples la route qu'ils suivaient pour atteindre les contrées lointaines. Dans la mer Méditerranée, ils prirent possession de Chypre, de Rhodes, de Cythère, d'où la Grèce tira le culte d'Aphrodite, de Thasos, où ils avaient de précieuses mines d'or, et de la Samothrace à laquelle ils donnèrent un culte particulier. En Crète, ils établirent les colonies d'Itanus et de Lampe. Ils se saisirent de Malte et de tous les promontoires de Sicile, où ils fondèrent Eryx et Panorme (Palerme). Les côtes de Sardaigne furent semées de leurs établissements, et ils étaient en relations commerciales avec les villes de l'Etrurie. La Corse et les Baléares leur servaient de stations pour leur commerce avec l'Espagne, dont ils occupèrent la partie occidentale, y compris Tartessus (peut-être la Tarsis biblique) et Gadès (Gadira, Cadix). 

De bonne heure, ils visitèrent et peuplèrent les rivages de l'Afrique septentrionale, Longtemps avant de fonder Carthage. Ils y avaient les postes commerciaux de Leptis Magna, Cirta, Utique, Hippone, et d'autres. Sur la côte de l'Atlantique, une série de villes phéniciennes s'étendait jusqu'au Lixus. Leurs relations et leurs alliances avec les Libyens donna naissance à la culture libyo-phénicienne. On ne sait pas jusqu'où ils pénétrèrent dans l'intérieur de l'Afrique (La découverte de l'Afrique); mais on a parfois supposé qu'ils atteignirent Tombouctou et le Niger, et peut-être le lac Tchad. Le commerce avec Asie orientale se faisait surtout par caravanes. Par la mer Rouge, les Phéniciens avaient accès aux côtes orientales de l'Afrique et probablement de l'Asie orientale; et ils faisaient des expéditions à Ophir.

Les Phéniciens visitaient aussi la mer Noire et la mer d'Azov. On discute la question de savoir s'ils allaient par mer jusqu'aux Iles Britanniques et autres parties de l'Europe septenionale, ou s'ils se procuraient l'étain, l'ambre et les divers produits de ces régions par l'intermédiaire des stations commerciales l'intérieur du continent. Le commerce de la Phénicie paraît avoir atteint son apogée vers VIIIe siècle av. J.-C. Pour ses constructions navales, le Liban renfermait une réserve inépuisable de bois. Les Phéniciens furent les premiers qui appliquèrent pratiquement l'astronomie à la navigation. La plus fameuse de leurs industries était celle de la teinture de pourpre, qu'ils tiraient d'un coquillage. Tyr était particulièrement célèbre pour sa pourpre. Les artisans de Sidon se servaient du chalumeau, du tour et du burin; ils savaient fondre des miroirs de verre. Les opérations minières en Espagne, à Thasos et ailleurs étaient poussées dans des proportions étonnantes et par des méthodes très élaborées.

Chaque ville de Phénicie était gouvernée par un roi, et chacune, avec son territoire adjacent, constituait une souveraineté. A Tyr, et probablement aussi à Sidon et dans les autres grandes cités, existait, à côté du monarque, une aristocratie puissante. A Tyr, lorsque le trône était vacant, l'intérim de souverain était confié à des magistrats électifs appelés soffets, ou suffètes, c'est-à-dire juges. Une grande partie de la population de la Phénicie se composait d'esclaves amenés de toutes les parties de l'ancien monde. Les cités ne furent jamais réunies entre les mains d'un seul monarque, mais Sidon et Tyr exercèrent tour à tour une autorité dirigeante. La grande force des Phéniciens était leur flotte; lorsqu'ils étaient menacés sur terre, ils se servaient de troupes mercenaires.

Tyr et Sidon furent fondées, d'après Hérodote, vers 2700 ou 2800 av. J.-C.; mais nous n'avons aucune connaissance directe de leur l'histoire avant le Xe (des indications laissent cependant penser qu'elles existaient déjà au XVe siècle av. notre ère). La Bible enregistre l'amitié et l'alliance de Hiram, roi de Tyr et de Salomon, ainsi que les voyages de leurs flottes à Ophir. Vers 915 av. J.-C., un prêtre, Ethhaal, fonda une nouvelle dynastie à Tyr. Au milieu du IXe siècle environ, la Phénicie fut contrainte de reconnaître la suzeraineté de l'Assyrie. Elle regagna son indépendance, puis fut de nouveau conquise. Tyr seule résista avec succès à Sargon, et soutint un siège qui dura cinq ans; mais vers 700, elle fut prise par les Assyriens, et Sennachérib plaça sur le trône de Tyr une de ses créatures. La Phénicie resta en vasselage jusqu'à la destruction de la monarchie assyrienne, et à l'arrivée du pharaon Néchao, qu'elle reconnut pour suzerain (vers 606). La victoire de Nabuchodonosor sur Néchao fit passer les Phéniciens sous le joug de Babylone. Ils se révoltèrent peu après, mais ils furent de nouveau soumis, quoique Tyr supportât un siège de 13 ans. La chute de Babylone fut suivie de la soumission de la Phénicie à la Perse, sous le gouvernement de ses rois nationaux. Pendant toute la longue lutte avec la Grèce, la Phénicie fournit aux monarques perses les meilleures de leurs forces navales. Pendant le règne d'Artaxerxès Ochus, Sidon se révolta, et, après des efforts désespérés, elle fut livrée par son roi Tesmès aux Perses, en 350, et complètement détruite. Elle fut rebâtie, et lorsque Alexandre envahit l'empire perse, elle se soumit à lui sans difficulté; mais Tyr résista, fut prise par trahison et réduite en cendres. La Phénicie tomba ensuite sous la domination des Séleucides, et partagea le destin de la Syrie.

On a exposé ailleurs les conceptions religieuses et mythologiques des Phéniciens et on a donné dans une autre page des informations sur la langue phénicienne. (Tr.).

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