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La découverte 
et l'exploration de l'Océanie
L'Antiquité classique n'a pas connu l'Océanie. Ptolémée place à l'extrémité orientale du monde la Chersonèse d'Or, qui est sans doute l'île de Sumatra, et qu'il fait se recourber au Sud pour venir rejoindre l'Afrique. Quant à la ville de Thinae, qu'il place plus à l'Est, on ne sait avec quoi l'identifier. Les Arabes, et parmi eux le plus célèbre de leurs géographes, Edrisi, appellent Sumatra Soborma, et leur île Malai est sans doute la presqu'île de Malacca. Ils connaissent aussi les épices et les volcans de Java, Al-Jauah. 

A la fin du XIIIe siècle, le voyageur vénitien Marco Polo dit qu'au Sud du Japon s'étend la mer de Chine, où l'on ne compte pas moins de 7440 îles, pour la plupart habitées, et produisant des épices en abondance. En 1280, Marco Polo visita la grande Java (Bornéo ou Java) et la petite Java (Sumatra), où il mentionne le rhinocéros et la fabrication du sagou. 

L'époque des Grandes découvertes.
Mais l'Océanie proprement dite ne commença à être connue qu'au XVe siècle, au moment des grandes découvertes des Portugais et des Espagnols. En septembre 1543, Vasco Nuñez de Balboa, ayant traversé l'isthme de Darien, découvrit le Pacifique, qu'il appela Mer du Sud. Le 16 mars 1521, Magellan arriva aux Philippines après avoir contourné l'Amérique par le détroit qui porte son nom et découvert les îles Mariannes, qu'il appela Ladrones (= Iles des Voleurs). De l'Amérique aux Mariannes, Magellan ne rencontra que deux îles désertes, qu'il appela Desventuradas (= Malheureuses). Après sa mort, ses compagnons touchèrent sur plusieurs points de Bornéo, passèrent au Nord de Célèbes et abordèrent à Tidor, l'une des Moluques. La même année, les Moluques furent explorées plus complètement par Francisco Serrano. En 1525, les Portugais découvrirent Célèbes, où ils s'établirent en 1540. La Nouvelle-Guinée, découverte en 1526 par un envoyé du vice-roi de Goa, Jorge de Meneses, fut revue en 1528 par un parent de Cortès, Alvaro de Saavedra, dans un voyage du Mexique aux Moluques. En 1542, Lopez de Villalobos donna son nom au groupe des Philippines, en l'honneur du prince Philippe d'Espagne. Les îles Sandwich (Hawaii)  furent aperçues une première fois en 1555 par l'Espagnol Juan Gaetano. Dans un premier voyage, en 1568, Mendaña, guidé par le pilote Hernando Gallego, découvrit les îles Salomon, auxquelles il donna ce nom pour faire croire qu'il avait retrouvé le pays d'Ophir; la route fut d'ailleurs perdue après sa mort. 

Dans ce voyage, Mendaña avait aussi découvert Santa Cruz. Pendant un second, en 1595, il aborda au groupe Sud-Est des îles Marquises. C'est à cette époque, de 1577 à 1580, que se place l'extraordinaire croisière de l'Anglais Drake, il avait juré une haine implacable aux Espagnols et avec quatre petits vaisseaux, dont deux furent perdus en route, il fit un butin considérable dans le Pacifique oriental, descendit au Sud jusqu'à des îles glacées qu'on n'a pas identifiées, et, le premier, conçut le projet de chercher le passage du Pacifique à l'Atlantique par le Nord de l'Amérique. En 1606, Pedro Fernandez de Quiros et Torres découvrirent les Nouvelles-Hébrides et l'île Sagittaria, qui est peut-être Tahiti. Puis Torrès, séparé de son compagnon, franchit le détroit auquel on a depuis donné son nom. En 1642, le Hollandais Abel Tasman aborda dans l'île Nord de la Nouvelle-Zélande. Le 6 février 1643, il vit une partie du groupe oriental des Viti (Fidji), qu'il appela îles du prince Willems, et la même année il découvrit les Tonga. En 1656, Le Maire et Schouten découvrirent les îles de l'Amirauté, auxquelles les Allemands ont donné le nom d'archipel Bismarck en s'y installant. En 1684, Dampier fit pour la première fois une étude détaillée des Galapagos, que les Espagnols avaient déjà nommées Iles enchantées et qui figurent sur la carte d'Ortelius de 1570.

Le XVIIe siècle et le XVIIIe siècle.
Le groupe des Carolines (Micronésie) fut découvert à la suite d'un événement curieux : déjà en 1686 l'amiral espagnol Francisco Lazeano avait trouvé à l'Est des Philippines une île qu'il appela San Barnabé, puis Carolina, en l'honneur du roi d'Espagne Charles II. En 1696, des indigènes firent naufrage sur la côte des Philippines; on les recueillit et quand ils surent quelques mots d'espagnol, ils racontèrent qu'ils étaient originaires d'un groupe d'îles situé à l'Est, et dont on leur fit faire une carte approximative avec des cailloux. Les jésuites résolurent d'évangéliser les habitants de cet archipel, et des navires transportèrent aux Carolinos le P. Cantova avec quelques missionnaires. 

La première moitié du XVIIIe siècle, en raison de l'épuisement général des nations européennes, fut peu favorable aux découvertes dans l'Océanie. C'est à peine si l'on peut citer une première découverte des Samoa en 1722 par Roggeween, et en 1742 la croisière de l'amiral anglais Anson qui donna des renseignements sur les Mariannes. Mais à partir du dernier tiers du XVIIIe siècle, jusqu'au milieu du XIXe, les explorations reprennent; c'est la grande époque des découvertes océaniennes. En 1765, Byron explora les Mariannes et découvrit l'île qui porte son nom dans l'archipel Gilbert (Kiribati). En 1761, Samuel Wallis avait exploré l'archipel Bismarck; en 1766, accompagné de Carteret, il découvrit la Nouvelle-Zélande et retrouva Tahiti; dans son dernier voyage, en 1777, Wallis continua de fixer l'hydrographie des Mariannes. Dans son voyage de 1867-1868, Bougainville découvrit une seconde fois les Samoa, qu'il appela îles des Navigateurs; puis il toucha aux îles Salomon, de la Société, aux Nouvelles-Hébrides (Vanuatu) qu'il appela les Grandes Cyclades. En 1769, Surville fit quelques relevés des îles Salomon. En 1772, Crozet visita les Mariannes. C'est à ce moment que se placent les explorations de celui dont le nom domine toute la découverte des terres du Pacifique : James Cook

Dans un premier voyage, en 1769, Cook séjourna aux îles de la Société, pour l'observation du passage de Vénus sur le Soleil. Dans un second voyage, de 1772 à 1774, il découvrit ou explora la partie Sud-Est des îles Marquises, les îles Tonga, les petites îles de l'archipel de Cook, l'île des Tortues, du groupe des Fidji, la Nouvelle-Calédonie, l'ensemble des Nouvelles-Hébrides (Vanuatu), auxquelles il donna ce nom quoiqu'une partie d'entre elles eût été appelée, comme on l'a dit, Grandes Cyclades par Bougainville. Dans son troisième voyage (1777-1778), Cook retourna aux Tonga, découvrit les plus grandes îles de l'archipel qui porte son nom, et alla périr misérablement aux îles Hawaii.

En 1781, l'Espagnol Maurelle découvrit les îles septentrionales du groupe des Tonga et parcourut l'archipel Bismarck. En 1787-1788, La Pérouse toucha aux Samoa et à la Nouvelle-Calédonie, avant de mourir sur l'îlot de Vanikoro (au Vanuatu). En 1788, Marshall et Gilbert découvrirent la plus grande partie des îles qui forment les deux archipels qui portent leurs noms. En 1789, le capitaine de la Bounty, Bligh, abandonné par son équipage révolté sur un petit canot, découvrit au Nord des Nouvelles-Hébrides les îles de Banks, que n'avait pas vues Cook, et aborda aux îles Fidji. En 1791-1792, d'Entrecasteaux, envoyé à la recherche de La Pérouse, alla d'abord en Nouvelle-Calédonie, puis parcourut les archipels Salomon et Bismarck. C'est en 1791 également que le capitaine Etienne Marchand passa aux îles de la Société, puis aux îles Marquises où il découvrit Nooka-Hiva, et qu'il appela îles de la Révolution. De 1792 à 1795, Vancouver étudia l'hydrographie des îles Hawaii et des Galapagos. Ces dernières furent aussi explorées avec soin en 1794, par un élève de Cook, Colnett. En 1796, Fanning donna son nom aux îles qu'il découvrit et, en 1797, Wilson, après avoir touché aux Fidji, découvrit les Gambier, auxquelles il donna ce nom en l'honneur de l'amiral Gambier, le grand protecteur des missions protestantes anglaises dans le Pacifique. 

Le XIXe siècle.
Au XIXe siècle, il n'y a plus guère, à proprement parler, de terres nouvelles à découvrir. On ne peut guère citer, en 1819, que la découverte des îles Ellice (Tuvalu) par Peyster et celle des Tuamotu par Bellingshausen. Mais les voyages entrepris au point de vue hydrographique ou naturaliste sont nombreux. Ce sont : en 1804, le voyage de Krusenstern aux îles Marquises; en 1817 et 1824, ceux de Kotzebue aux Carolines (Micronésie), aux Samoa, aux Gilbert (Kiribati); en 1818, celui de Freycinet aux Mariannes; en 1819 et 1824; ceux de Duperrey aux îles Hawaii, aux Gilbert et aux Carolines. A partir de 1820, des missionnaires venus des Etats-Unis évangélisèrent les Polynésiens des îles Hawaii et fournirent des renseignements nombreux sur l'archipel. En 1823, un baleinier, Coffin, découvrit de nouveau les îles Bonin-Situa, autrefois connues des Japonais. En 1825-1826, Beechey, explora les Tuamotu et dressa la carte des Gambier. Dumont d'Urville dans son premier voyage, en 1827, recueillit une foule de renseignements sur l'histoire naturelle des Loyalty (îles Loyauté), des Tonga, des Fidji, des Carolines.

Dans un second voyage, en 1838, Dumont d'Urville explora de nouveau les Fidji, puis les Salomon et les Marquises. Lütke explora les Carolines en 1828, Stewart les Marquises en 1829, Bennett le même archipel en 1835. En 1836, les deux navires le Beagle et l'Adventure, sous le commandement de King, Stokes et Fitz-Roy, explorèrent en détail l'archipel des Galapagos (voyage de Darwin à bord du Beagle). De 1838 à 1841 se placent les voyages du navigateur qui après Cook, a le plus contribué à faire connaître l'Océanie, l'Américain Wilkes; il explora avec un soin remarquable les Samoa, les Tuamotu, Hawaii, les Tonga, les Tuvalu, les Fidji, les Gilbert (Kiribati). En 1838 et 1842, Du Petit-Thouars dressa la carte des Galapagos et prit, au nom de la France, possession des îles Marquises.

En 1860, la géographie des Fidji fut définitivement fixée par la commission nommée à l'occasion de la proposition de cession à l'Angleterre

Enfin il faut mentionner, dans la découverte de l'Océanie, le grand rôle géographique joué par les missionnaires anglais et américains, Gulick aux Carolines (Micronésie), Laur et West aux Tonga, et une foule d'autres qui ont fourni les seuls renseignements longtemps disponibles sur l'intérieur des Salomon et des Samoa

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, les expéditions dans le Pacifique ont eu surtout un but purement océanographique. (GE).



Nathaniel Philbrick, A la conquête du Pacifique, 1832-1842. - La grande expédition US des mers du Sud, Jean-Claude Lattès, 2005.
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De 1838 à 1842 six magnifiques voiliers, avec à leur bord des scientifiques, partent à la conquête du Pacifique pour planter le drapeau US sur de nouveaux territoires. La moisson sera exceptionnelle : 2 500 kilomètres de côtes de la région de l'Antarctique cartographiés, les volcans d'Hawaii explorés, des centaines d'îles découvertes et hydrographiées, des milliers d'échantillons récoltés, qui serviront de base à la célèbre collection du Smithsonian Institute. Et pourtant, cette entreprise, aussi importante que l'expédition de Lewis et Clarke, a disparu de la mémoire américaine. Le scandale reléguera dans l'oubli l'héroïsme de trois cent quarante-six marins. A son retour, le commandant Charles Wilkes fut accusé d'avoir fouetté ses hommes, massacré des villages, menti sur la découverte de l'Antarctique... S'appuyant sur de nouvelles sources, Nathaniel Philbrick reconstitue ce voyage intense et violent qui conduisit cette escadre au bout du monde et son commandant au bout de lui-même. Une page superbe de l'histoire américaine et de la conquête du monde. (couv.).

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