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Les
Yuan
Quand on apprit la
mort de Mangou, son jeune frère Koubilaï (Tche Youen en chinois
et Setchen Khaqan en mongol) était
le premier prince du sang, et devait en cette qualité présider
le kouriltaï d'élection, Il craignait qu'Arik-boga ne
cherchât à s'emparer du trône, aussi il s'empressa de
faire la paix avec l'empereur Song, et de revenir
en Tartarie .
Il fut élu le 4 juin 1260;
sans qu'Houlagou eut pu assister au kouriltaï.
De son côté, Arik-boga se proclama khaqan, mais après
des alternatives de succès et de revers, il fut forcé de
se soumettre en 1264;
il mourut, deux ans après, vraisemblablement empoisonné.
Koubilaï fut le premier souverain mongol qui se convertit au bouddhisme;
il institua la dignité de grand lama pour Pa-sse-pa (Phags-pa) qu'il
chargea d'inventer un nouvel alphabet pour les langues mongole
et chinoise. Adoptant entièrement les usages des Chinois, il fonda
un temple d'ancêtres consacré à Gengis
Khan et à ses descendants à qui il donna des surnoms
honorifiques chinois. Il nomma sa dynastie Yuan,
« principe », et fonda une
académie. Il transféra sa capitale de Karakoroum à
Pékin (Khanbalik).
Les conquêtes
de Koubilaï
Koubilaï songeait
à étendre les conquêtes
des Mongols plus encore que ne le comportait le testament politique
de Gengis Khan ( L'empire
gengiskhanide), et il voulut s'emparer du Japon.
Il échoua dans son projet, malgré le secours de 1000 vaisseaux
que lui fournit le roi de Corée.
En 1267,
il résolut de tourner toutes ses forces contre la Chine méridionale
dont la possession était le but suprême de l'ambition des
Mongols, comme elle fut toujours celui de tous les peuples qui vivent dans
les steppes ingrates et glacées de l'Asie centrale. L'empire des
Song fut envahi, mais les Chinois résistèrent
avec la dernière énergie. Le siège des deux villes
de Siang-yang et de Fan-tching dura depuis le mois d'octobre 1268
jusqu'en 1275;
et elles ne furent prises que grâce au jeu de mangonneaux (mandjanik)
énormes, construits sur les plans de Nicolo et Mateo Polo, oncles
du célèbre Marco Polo, et d'un ingénieur
musulman de Damas, nommé Abou-Bekr. La guerre continua pendant trois
ans, et les Mongols, commandés par les généraux Bayan,
Argan, Atchou et Alihaiya, conquirent toutes les provinces septentrionales
de l'empire Song. Après avoir traversé le Yan-tsé-kiang,
Bavan marcha sur Lin-Nyan, capitale de Leang-Tchou. L'impératrice
mère, épouvantée, offrit de déclarer que son
fils se considérerait comme le sujet du khaqan Koubilaï et
qu'il paierait un tribut énorme (janvier 1276).
Les Mongols occupèrent Lin-Ngan sans coup férir, et l'impératrice
dut signer une proclamation ordonnant à tous les officiers chinois
d'obéir aux Mongols. Quelques semaines après, le jeune empereur
Song et sa mère furent envoyés à Koubilaï qui
enleva à cette malheureuse famille ses titres souverains. Le Houkouang
et le Kiang-si furent bientôt soumis, et lorsque la ville de Fou-tcheou
se fut rendue, les Mongols furent les maîtres de presque tout le
pays qui s'étend depuis l'embouchure du Yang-tse-kiang jusqu'à
la frontière actuelle du Tonkin et du Yun-nan. Le dernier empereur,
Ti-ping, successeur de Toan-tsang, qui avait été proclamé
après la soumission de Tai-tsong, périt dans une bataille
navale livrée dans le golfe de Canton. La conquête de la Chine
était terminée.
Koubilaï fut
moins heureux dans la guerre qu'il entreprit contre le Japon, et l'expédition
de 1281
se termina par un désastre; mais les succès de ses armes
sur le continent compensaient largement cet échec; en 1283,
le royaume de Mien ou Birmanie fut conquis; une expédition contre
le Tonkin en 1285
fut presque aussi malheureuse que celle de 1281
contre le Japon; mais deux ans plus tard, le roi du pays dut se soumettre.
En 1287,
Koubilaï battit l'armée du prince Nayan, l'un des partisans
du prince Kaïdou, qui avait projeté de le détrôner.
En 1293,
il envoya une expédition contre Java, mais l'île ne fut jamais
complètement soumise. Il mourut dans sa capitale Taï-tou en
l'an 1294.
La succession
des règnes.
Timour Khaqan, surnommé
en chinois Tching-tsoung et en mongol Euldjaitou Khagan, fils de Tchinkim,
succéda à son grand-père Koubilaï. Il fut élu
dans un kouriltaï (grande assemblée) tenu à Chang-tou
en mai 1294.
Il eut à soutenir deux guerres, l'une qui fut assez rude, pour réduire
à l'obéissance les populations de l'Inde voisines de la Chine,
l'autre contre deux princes descendants d'Ogotaï, Doua et Kaïdou,
les ennemis mortels de Koubilaï. En 1301,
Kaïdou, qui était soutenu par 40 princes descendants d'Ogotaï
et de Djagataï, fut battu entre Karakoroum et le fleuve Tamir; il
mourut dans sa retraite. Ce fait est contesté par l'historien Vassaf,
qui affirme, au contraire, qu'il aurait remporté un avantage sérieux
sur les troupes de Timour Khaqan : Le fils aîné de Kaïdou,
Tchapar, lui succéda et se reconnut vassal de Timour; il fut détrôné
l'année suivante. Il fut le dernier souverain de la branche à
laquelle Gengis Klian avait légué le trône, et qui
fut dépouillée à l'époque de l'élection
de Mangou. Timour mourut en février 1307
et eut pour successeur Khaïchan, fils de Tarmabala, fils de Tchinkim,
fils de Koubilaï, son neveu; surnommé Von-tsoung en chinois
et Koulouk Khaqan en mongol.
L'impératrice
Boulougan; veuve de Timour, voulait élever au trône Ananda,
petit- fils de Koubilaï et vice-roi du Tangout ( L'histoire
du Tibet ).
Ce prince était un fervent musulman
et savait le Coran
par coeur; il est a présumer que, si les intrigues de Boulougan
avaient été couronnées de succès, la conversion
de la Chine à l'islam serait chose faite à cette époque.
Khaïchan, averti, revint en toute hâte à Karakoroum;
il fut élu à Chang-tou. Le prince Ananda et l'impératrice
Boulongan furent sacrifiés à sa sûreté. Il mourut
en 1311
et eut pour successeur Ayour-bali-batra, son frère, surnommé
en chinois Gin-tsoung, et en mongol Bouyantou Khaqan. Ce prince favorisa
les lettrés, fit la guerre à Yisoun-boga, souverain de l'olous
de Djagataï et mourut en 1320.
Son successeur fut son fils Choudi Bala, qui fut assassiné en 1323
à vingt et un ans, et dont le règne n'offre aucun événement
remarquable. Yissoun-Timour lui succéda. Il était fils de
Kamala, fils de Tchinkim, fils de Koubilaï. Ce prince inepte, qui
fut surnommé Thaï-ting en chinois, mourut en 1328
et eut pour successeur son fils, Assoukepa Radjapika, le Tien-choun des
Chinois. Il fut proclamé par l'impératrice mère à
l'âge de neuf ans. Au mois d'octobre suivant, Tob-Timour, surnommé
Wen-tsong en chinois, Djidjaghatou Khaqan par les Mongols, fils de Khaïchan,
monta sur le trône qu'il abandonna bientôt à son frère
aîné Kouchala. Au mois de novembre Assoukepa fut tué,
et Kouchala (Ming-tsong en chinois, Koutouktou Khaqan en mongol) fut proclamé
empereur à Karakoroum au mois de février 1329.
Il mourut quelques jours plus tard, sans doute empoisonné par Tob-Timour
qui monta de nouveau sur le trône. Ce prince, fervent bouddhiste ,
favorisa les lettrés et mourut à Chang-tou à l'âge
de vingt-neuf ans. L'impératrice fit reconnaître comme khaqan
le second fils de Kouchala, Ritchenpal, Ning-tsong en chinois, Ilédjébé
en mongol, et prit la régence. Il mourut au bout de quelques mois
et eut pour successeur Toughan-Timour, fils de Kouchala et de Papoucha,
nommé Chun-ti en chinois et Oukhagatou Khagan par les Mongols (avril
1333).
C'est avec ce prince que tomba en Chine la dynastie des Mongols.
Sale temps pour
les Yuan.
Les premières
révoltes éclatèrent en 1337
dans les provinces méridionales de l'empire, le Ho-nan et le Kouang-toung,
qui avaient été les dernières à se soumettre
sous le règne de Koubilaï. On vit les Chinois proclamer empereur
un prétendu descendant des Song, et un aventurier
voulut fonder une dynastie à laquelle il donna le nom de Tienwan
(1351).
Un autre prétendu empereur Song, fils du précédent,
parut en 1355;
en 1361,
un nommé Min-yutchin se déclara empereur. Enfin, en 1356,
surgit le fondateur de la dynastie des Ming à
qui était réservé de chasser les Mongols. Quand l'empereur
Toughan-Timour vit qu'il lui était impossible d'étouffer
les révoltés qui soulevaient son empire, il envoya prier
les princes de Tartarie
de venir à son secours. Plusieurs répondirent à son
appel, l'un d'eux était Alouhoeï-Timour, descendant à
la huitième génération d'Ogotaï, le fils de Gengis,
dont les enfants avaient été écartés du trône
qui leur revenait de plein droit. Il crut l'occasion propice pour renverser
Timour et s'emparer de sa couronne, mais il fut livré au prince
héritier Ayour-chiri-dara qui le fit mettre à mort (1361).
Après une
lutte désespérée, dans laquelle les généraux
mongols défendirent pied à pied l'empire de leur souverain.
Toughan-Timour, voyant que la cause des Mongols était à jamais
perdue en Chine, fit enlever du temple des ancêtres les tablettes
des empereurs Yuan et se retira avec l'héritier présomptif
à Chang-tou. Il mourut à Ing tchang-tou, juste à temps
pour ne pas tomber entre les mains victorieuses du fondateur de la dynastie
des Ming, fondée en 1368.
Les
Mongols après la chute de la dynastie Yuan
L'impossible revanche.
Après la
chute de l'empire mongol de Chine, Biliktu Khan et Koukou-Timour réunirent
en Mongolie une armée considérable dans le but de renverser
l'empereur Ming et de remettre les Yuan sur le trône.
L'empereur Ming envoya contre ces deux généraux trois armées
dont l'effectif total était de 400 000 hommes, mais elles furent
anéanties par les Mongols. Ces succès n'eurent pas de lendemain,
et les Mongols durent renoncer définitivement à l'espoir
de reconquérir la Chine. Biliktu Khan mourut en 1342
et eut pour successeur son frère, Oussakhal ou Tokouz-Timour. L'empereur
Ming se hâta de lui envoyer une ambassade pour lui exprimer les regrets
que lui causait la mort de son père et pour lui souhaiter un heureux
règne. Cela n'empêcha pas le khaqan mongol de tenter de reconquérir
la Chine; en 1380,
le général Hotochi, qui était campé à
Itsilailou, entra en Chine, mais il fut complètement défait
par les troupes des Ming. Le prince de Leang, qui gouvernait à cette
époque le Yun-nan, était tout dévoué aux Mongols,
aussi l'empereur de Chine envoya contre lui une armée sous le commandement
du général Fou-yeou-te pour le chasser et s'emparer de cette
province. La conquête du Yun-nan enleva aux Mongols le dernier lambeau
de leur empire en Chine. Ils ne furent pas plus heureux dans le Nord, et
Oussakhal fut complètement battu près du lac Bouyour par
les armées chinoises; cette défaite abattit la puissance
des Mongols orientaux et donna aux Mongols occidentaux, c.-à-d.
aux Kalmouks, l'hégémonie qui pendant si longtemps avait
appartenu aux premiers. Oussakhal fut assassiné, pendant qu'il s'enfuyait
à Karakoroum, par un de ses neveux ou petits-neveux, Encké
Sorigtou, qui prit le titre de khaqan (1389).
L'historien mongol Sanang Selzen prétend que ce personnage est le
fils d'Oussakhal, mais celle assertion paraît dénuée
de fondément; car des deux fils d'Oussakhal, l'un fut pris par les
Chinois et l'autre assassiné en même temps que son père.
Quoi qu'il en soit,
l'empereur Ming vit avec dépit l'avènement
d'Encké, car il espérait que la défaite d'Oussakhal
avait anéanti l'empire mongol; les Chinois continuèrent à
envoyer quelques armées en Mongolie, surtout pour empêcher
les Mongols de tenter un retour offensif. Encké mourut en 1392
et eut pour successeur son frère, Elbek Nigulessukshi Khan, qui
était né en 1361.
Ce prince fut déposé en 1399
et assassiné peu de temps après. Cette révolution
est extrêmement importante dans l'histoire des Mongols, car, à
partir de ce moment, le khan des Kéraïtes devint le chef des
Mongols, comme ses ancêtres l'étaient avant Gengis Khan, qui
leur avait enlevé cette hégémonie. Son fils Goun-Timour
Khan monta sur le trône en 1400
et mourut sans enfants deux ans plus tard.
Euldjai-Timour Khan,
son frère cadet, lui succéda après un interrègne
d'environ un an (1404);
cette même année, l'empereur de Chine lui envoya un sceau
et des présents. En 1409,
l'empereur de Chine envoya contre lui une armée qui pénétra
jusqu'au lac Baïkal, sur les bords du fleuve Onon, aux lieux mêmes
où Gengis s'était déclaré khaqan et infligea
à son armée une défaite complète. Euldjaï-Timour
fut assassiné en 1412
par Mahamou, khan des Oïrats. Il eut pour successeur son fils Delbek
Khan, qui ne fut qu'un instrument dans les mains de Mahamou. Sous le règne
de ce prince, l'empereur de Chine fit une expédition en Mongolie
et s'avança jusqu'aux bords de la rivière Toula, sans rencontrer
de résistance sérieuse. Delhek périt en 1415,
dans une bataille qu'il lui livra.
L'hégémonie
kalmouk.
A partir de ce moment,
les Mongols orientaux passent complètement sous le joug du clan
des Oïrats (Kalmouks), qui fut loin de leur être léger.
Toutefois, une partie des Mongols échappa à cette tyrannie
et fut gouvernée par Adaï Taidji, descendant d'Utsuken, nommé
par les Chinois Halutaï. Ce khan ne manquait pas d'audace, et à
plusieurs reprises il passa la Grande Muraille pour aller faire des pillages
en Chine; en 1422,
il pénétra jusque dans les environs de Hinho et tua le major
général Khy. Ce fait détermina l'empereur de Chine
à envahir la Mongolie, mais Adaï Taidji se retira précipitamment
derrière le lac Kouloun et pour tout butin l'armée chinoise
n'eut que les bagages du khan. Suivant de Mailla, Adaï, après
avoir pris le titre de khan, envahit la Chine et s'avança jusque
dans les environs de Suen-fou; l'empereur Ming marcha
immédiatement contre, lui; deux des membres de la famille impériale
mongole se soumirent à lui, et lui apprirent qu'Adaï avait
été battu par Toughan-Timour, khan des Oïrats, et qu'il
avait été abandonné à la suite de cette défaite
par beaucoup de ses sujets. Quoi qu'il en soit, en 1424-25,
Adaï infligea une grande défaite aux Chinois et leur ôta,
pour longtemps, l'envie de venir faire des expéditions en Mongolie.
Il eut pour successeur Adsaï Khan, qui ne jouit d'aucun pouvoir et
ne fut guère qu'un instrument entre les mains d'un chef oïrat,
nommé Toughan. Il eut trois fils, dont l'aîné Taissong
Khan, né en 1422,
lui succéda en 1439.
Ce chef ouïrat Toughan, qui avait joué un si grand rôle
sous le règne d'Adaï et d'Adsaï, mourut en 1444,
et son fils Yisoun lui succéda. Il fut en réalité
le souverain de toute la Mongolie, et ne laissa au khaqan que l'ombre du
pouvoir.
Ce prince essaya
de se soustraire au joug des Kalmouks, et dans cette intention, il se mit
en campagne avec ses deux frères Akbardji et Mandaghol; mais il
fut abandonné par Akbardji, qui se rangea du côté des
Oïrats. Taïssong fut assassiné en 1452,
par son beau-père Tsabdan. Le khan oïrat Yisoun mourut la même
année. La jeune veuve de Taïssong parvint à soustraire
son fils Mergous khan à ses ennemis, et cet enfant fut proclamé
khaqan des Mongols sons le nom d'Oukektou Khan; il fut assassiné
au bout d'un peu moins d'un an de règne, à l'âge de
huit ans, par Dogholang-Taidji. Il fut remplacé par Molon Khan,
qui fut assassiné en 1455,
à l'âge de dix-huit ans. Après la mort de ce khaqan,
il y eut un interrègne de près de neuf ans, mais cela ne
tirait pas à conséquence, puisque les Mongols étaient
soumis aux Ouïrats, et que leur vrai souverain était le khan
de cette tribu.
Mandaghol Khan,
grand-oncle de Molon et fils d'Adsaï, monta sur le trône en
1463;
il vengea Oukektou Khan en faisant périr son meurtrier Dogholan-Taidji;
il mourut en 1467,
et son neveu Bolkho Jinong lui succéda; il fut assassiné
au bout de trois ans.
Période
de répit.
Dayan Khan, son
fils, lui succéda; il fit en 1497
et au cours des années suivantes, une série d'incursions
heureuses dans les provinces du Nord de la Chine, et il pilla la contrée
de Kou-youen et de Nin-hia. Il mourut en 1543.
Le long règne de ce prince marque un temps d'arrêt dans l'irrémédiable
décadence de l'empire mongol, et il faut remonter jusqu'à
l'époque où les Yuan étaient les maîtres du
Céleste Empire pour trouver une période qu'on lui puisse
comparer. Malheureusement, les guerres civiles et l'anarchie qui avaient
ensanglanté le règne des khaqans précédents
avaient si complètement ébranlé et désorganisé
l'empire, que Dayan Khan ne disposa pas des moyens suffisants pour lui
rendre son ancienne splendeur et pour tenter de nouveau la conquête
de la Chine. Son petit-fils, Bodi Taidji Khan, lui succéda en 1544.
Il fut loin d'avoir l'autorité et la puissance de Dayan Khan, et
mourut en 1547,
laissant trois fils, dont l'aîné Daraissoun Taidji lui succéda
et prit le nom de Koudang Khan; il assura la paix à son empire et
mourut en 1557,
après un règne heureux de dix ans. Il eut pour successeur
son fils aîné, Touman Taidji Sassaktu Khan, né en 1539.
Il fut converti en 1576
au lamaïsme par le lama Ildouni Sanggidukdji Garma et il donna un
code de loi à six de ses toumens. Il mourut en 1592,
laissant le trône à son fils Setzen Khan qui était
né en 1555,
et qui mourut, après avoir gouverné ses peuples avec justice,
en 1603.
Son petit-fils, Lingdan Khutuktu Bagalhur Khan lui succéda
et fut un zélé promoteur du lamaïsme. Il fit traduire
le Kandjour tibétain en langue mongole, et fit élever des
temples et des statues au Bouddha Sâkyamouni .
Sous la coupe
de la dynastie mandchoue de Chine.
Ce prince tenta
de réunir toutes les tribus mongoles sous son autorité, mais
il s'y prit, d'une manière si peu adroite que le résultat
qu'il obtint fut tout le contraire de celui sur lequel il comptait, et
qu'elles préférèrent se soumettre aux Mandchous qui
commençaient alors à devenir tout-puissants dans le Nord
de l'Asie orientale. C'est ainsi que l'une des principales tribus mongoles,
celle des Khordjins, s'allia définitivement avec les Mandchous.
Lingdan marcha contre eux, mais il fut abandonné par les Naïmans,
les Aokhans, les Barins et les Tsarods pendant que les Wesoumoutchin et
les Abaghas allaient rejoindre les Khalkas; les Tchakars seuls restèrent
fidèles à Lingdan. En 1627,
les Ordos, Toumeds, Khordjins, Abaghas et les Khalkas formèrent
une ligue contre les Chakars et les battirent; Lingdan fut mis en fuite
par les Mandchous et mourut en 1634
dans la steppe de Chira talas.
Sa veuve, Choudaï
Taïgou, princesse mandchoue, alla trouver l'empereur mandchou avec
son fils Erké Khongkhor. Ce souverain lui donna sa fille Erkè
Kurné Kundjou en mariage et épousa la fille de Lingdan. Ce
prince fut le dernier khaqan mongol, son autorité fut absolument
nulle, et à partir de ce moment l'histoire de la nation mongole
se confond avec celle de la dynastie mandchoue.
Les Tchakhars, établis
au Nord-Ouest du pays des Ordos, qui formaient la tribu de la famille mongole,
furent incorporés aux Mandchous et formèrent une des huit
bannières de l'armée impériale mandchoue. Le reste
de la nation mongole fut divisé en 135 bannières. Une situation
qui perdura jusqu'au début du XXe
siècle.
Pour compléter
l'histoire des Mongols orientaux , il reste à dire quelques mots
des groupes des Ordos, des Toumeds et des Khalkas. Les premiers installés
dans le coude du Hoang-ho, guerroyèrent contre le Tibet
et la Chine ,
devinrent les apôtres du bouddhisme et fournirent même un Dalaï-Lama
au début du XVIIe
siècle. A l'Est des
Ordos, nous trouvons les Toumeds dont le plus célèbre khan
fut Altan (mort en 1584),
vainqueur des Chinois et des Tibétains, qui le convertirent au lamaïsme.
Les Toumeds s'allièrent aux Mandchous et les aidèrent à
conquérir la Chine.
Les Khalkas, qui
au XVIIe siècle avaient fait hommage
à la Russie, furent bientôt ramenés par les Mandchous;
l'empereur Kangxi les décida à se
soumettre et les protégea contre les Kalmouk (Oïrats). Depuis
l'assemblée de la plaine du Dolo-nor ou les chefs Khalkas se reconnurent
ses sujets, ils furent incorporés à l'empire chinois jusqu'en
1912,
date à laquelle ils se placèrent sous protectorat Russe,
puis Soviétique, avec la proclamation de la République populaire
de Mongolie en 1922.
(E. Blochet). |
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