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Les
premières populations de langue finnoise sont arrivées dans
la contrée qu'elles occupent aujourd'hui à une époque
qui remonte bien au delà de notre ère. Depuis le VIIe
siècle, déjà, jusqu'au début du XIVe
siècle, la Finlande
était l'enjeu d'une longue guerre entre les Suédois
et les Russes
de Novgorod, qui en entreprirent la conquête
et l'évangélisation. Un premier traité, en 1323, donna
à Novgorod une moitié de la Carélie,
attribuant à la Suède le reste du territoire. Oesterland
(pays de l'Est) ou Finland (pays des Finns), tels sont les noms que porta
désormais la contrée. Le système féodal en
fit un fief de la couronne de Suède, érigé en duché
(1284), plus tard en principauté autonome (1581). (La
Finlande au Moyen Âge)
Aux XIVe
et XVe siècles, époque de
l'Union de Calmar (La Scandinavie
médiévale),
la Finlande, le plus souvent fidèle à la Suède,
ne fut troublée que par la guerre sans cesse renaissante sur les
frontières mal définies de la Carélie
avec les Russes.
Au siècle suivant, elle vint lentement à la Réforme
: il y eut là des troubles sociaux (guerre des Maillotins, 1596-1597),
analogues à ceux que la Réforme déchaînait ailleurs.
Le traité de Stolbova (1617) enleva aux Russes, au profit de la
Finlande, le district carélien de Kexholm, sur le Ladoga.
Le pays se releva
de ses misères, grâce aux efforts du roi Charles
IX et du gouverneur général, le comte Der Brahe le Jeune
(1637-1640 et 1648-1654). Mais vinrent les guerres de Charles
XII, et la Finlande fut dès lors l'objet permanent des convoitises
de la Russie;
à deux reprises, elle devint la proie des soldats russes. Aux traités
de Nystadt (1721) et d'Åbo
(1743), elle perdit une partie des gouvernements de Viborg et de Kexholm,
puis un territoire situé à l'Est du Kymmene et au Nord de
Nyslott. Les campagnes de Gustave III, en 1788 et 1789, ne purent restituer
les provinces perdues à la Finlande, qui était restée
fidèle à la Suède,
malgré toutes les sollicitations d'Elisabeth et de Catherine
II (La Russie au XVIIIe
siècle).
Le traité de Varala (1790) confirma le statu quo. Mais, en
1808, la conquête définitive fut faite par Alexandre
Ier. Les dernières opérations
eurent lieu sur la glace, aux îles d'Åland
et à Umea, et la paix de Fredrikshamn (1809) donna aux Russes tout
le pays, plus la rive gauche de la Tornea.
En devenant grand-duc
de Finlande, le tsar Alexandre, par
l'Acte de confirmation de Borgo (1809), reconnut solennellement
les privilèges de la Principauté. La Finlande passa d'abord
par une période de prudent recueillement, dirigée par Calonius,
premier procurateur, et Rehbinder, qui fut son avocat auprès d'Alexandre
Ier. Rehbinder, inspirateur du Comité
finlandais, ne put empêcher l'esprit réactionnaire qui domina
en Russie,
après la mort de Speranski (1812), d'influer fâcheusement
sur l'administration de la Finlande : Alexandre cessa de convoquer le Landtag.
Cependant, d'importantes réformes s'accomplirent; Helsingfors devient
capitale du grand-duché (1819); la Finlande fut unifiée par
la suppression des principales distinctions administratives entre les provinces
russes depuis les traités de Nystad et Abo (Vieille Finlande) et
le reste du pays demeuré suédois jusqu'en 1809; les premières
revendications du parti fennomane manifestèrent la vitalité
de la population finnoise.
Le tsar Nicolas l
garantit (1825) la constitution finlandaise, mais ne convoqua pas le Landtag,
dissout le Comité finlandais de Pétersbourg (1826 ), introduit
en Finlande (1829) une censure rigoureuse. Cependant, la Finlande donne
alors le spectacle d'une magnifique expansion intellectuelle, avec des
poètes et écrivains comme Runeberg, Cygnaeus, Nervander,
Stenbäck, Topolius, des savants comme Castrén
et Lönnrot, le génial compilateur du Kalevala.
Dès 1840, sous l'impulsion de Snellman, des revendications sociales
et politiques sont jointes aux revendications linguistiques; le développement
de la vie politique prépare les réformes que réalisera
le libéralisme d'Alexandre II. Celui-ci rétablit le comité
finlandais de Saint-Petersbourg (1857), reconnut au Sénat le droit
de préparer les projets à soumettre au Landtag (1859), proclama
la périodicité (1863) du Iandtag; la Finlande inaugura un
système monétaire spécial (1863), procéda à
une vaste opération financière qui fit passer aux mains des
paysans une partie des biens de la noblesse de la Vieille Finlande (1867),
et organisa (1878) le service militaire universel. La collaboration des
diverses classes de la nation, le développement des établissements
scientifiques, et surtout de l'Université, demeurée à
demi suédoise, permirent de mener à bien de nombreuses réformes,
qui valurent à la Finlande la réputation de l'un des États
les mieux administrés de l'Europe.
Sous Alexandre II,
le parti fennomane progressa, obtint (1858) la création du premier
lycée complet de langue finlandaise, et, grâce à Snellman,
l'égalité de droits des langues suédoise et finlandaise
(1863). Après 1877, dirigé par Forsman (anobli sous le nom
de Yrjoe-Koskinen), ce parti domina la vie politique. Bien que le tsar
Alexandre III eût comme ses
prédécesseurs garanti (1881) les droits de la Finlande, la
presse russe
inaugura (1885) une violente campagne anti-finlandaise. Les principaux
défenseurs de la constitution, le sénateur L. Mechelin et
le procurateur de Weissenberg, durent se démettre de leurs fonctions;
le comité finlandais de Petersbourg fut dissout, des fonctionnaires
russes furent imposés.
Le début du
règne de Nicolas II, qui garantissait une fois de plus la constitution,
sembla marquer une accalmie. Un groupe de fennomanes (Jeunes-Finlandais)
en profita pour se séparer des éléments conservateurs
(Vieux-Finlandais) du parti, et se rapprocher du parti suédois,
qui, très libéral, conservait la majorité dans la
bourgeoisie et la noblesse. Bientôt, cependant, la politique de russification
s'affirma par des actes, surtout après la nomination du général
Bobrikof (1898) au poste de gouverneur : manifeste impérial du 3
-15 février 1899, qui supprimait le contrôle du Sénat
sur les affaires dites d'empire et provoqua une adresse de protestation
finlandaise, bientôt suivie d'une grande adresse européenne,
que le tsar refusa d'accueillir; ordonnances de juillet 1900, qui imposaient
le russe comme langue administrative et restreignaient le droit de réunion;
loi militaire de 1901, dont la résistance populaire rendit l'application
presque impossible, etc. Le Sénat désarmé ou asservi,
Bobrikof, soutenu par Kouropatkine et Plehve, exerça une odieuse
dictature; l'assassinat de Bobrikof par Eugène Schauman (juin 1904)
ne modifia pas la situation : la Finlande ne reprit l'exercice de ses droits
constitutionnels qu'à la fin de la guerre qui opposa la Russie
et le Japon,
en 1905. L'année suivante, l'assemblée fut élue au
suffrage universel. A cette occasion, pour la première fois dans
l'histoire, le droit de vote fut aussi accordé aux femmes.
La russification
de la Finlande reprit cependant dès 1907. Et il fallut attendre
1917 et la révolution d'octobre, en Russie,
pour que la Finlande soit en mesure de proclamer son indépendance
(6 décembre). Une indépendance dont les premiers temps furent
menacée par une guerre civile entre les Bolcheviks (les Rouges)
et le gouvernement conservateur (les Blancs), et d'abord de pure forme
puisque cela conduisit à l'occupation du pays par l'Armée
rouge jusqu'en 1920. A cette date, après que les Blancs soient sortis
vainqueurs, la Finlande s'était déjà dotée
d'une constitution républicaine (17 juillet 1919) et d'un président
de la république, Kaarlo Stahlberg. Un traité signé
à Tartu
le 14 octobre 1920 définit le tracé de la frontière
avec la Russie, qui céda en outre à la Finlande le territoire
de Petsamo.
La Finlande eut
alors une vie politique dominée par l'opposition du parti social-démocrate
de Vaïnö Tanner et du parti agrarien. A Stahlberg succédèrent
les présidents Mannerheim (l'ancien vainqueur des Rouges en 1919)
et Kallio. Ce dernier fit adopter en 1927une réforme agraire à
l'issue de laquelle la grande propriété agricole céda
la place à un système où les petits paysans devinrent
propriétaires de leurs terres. Après la victoire des conservateurs
aux élections de 1931, des lois anticommunistes furent votées.
Un pacte de non-agression fut cependant signé l'année suivante
avec l'URSS.
Lors du déclenchement de la Seconde guerre mondiale, la Finlande
se déclara neutre, mais cela n'empêcha pas l'URSS de l'attaquer
le 30 novembre 1939. La Finlande résista pendant tout l'hiver, mais
dût capituler. La puissance occupante plaça un communiste
à la tête du pays, Otto Willie Kuusinen, et se fit concéder
par lui environ 10% son territoire : par le Traité de Moscou,
signé le 12 mars 1940, la Finlande céda ainsi Viborg et l'isthme
de Carélie.
Après que les armées hitlériennes aient attaqué
l'URSS, en juin 1941, la Finlande, alors dirigée par le président
Risto Ryti, prit parti pour l'Allemagne
et tenta de reconquérir le territoire perdu, malgré les avertissements
du Royaume-Uni
et des États-Unis.
Une contre-offensive de l'Armée rouge, en 1944, réduisit
à néant ces efforts.
A la suite de l'armistice
signé en septembre, la Finlande, où les communistes occupaient
une position de force au Parlement, fut encore amputée d'une partie
de son territoire et fut contrainte à payer d'énormes réparations
à l'URSS.
Un traité de paix fut finalement signé entre les deux pays
en 1947, et l'année suivante, la Finlande, revendiqua de nouveau
sa neutralité, donnant ainsi de gages à une URSS redoutant
l'encerclement par les alliés des États-Unis
(cette mise sous tutelle de fait de la Finlande par l'URSS a été
appelée finlandisation). L'après guerre fut marquée
par de graves difficultés économiques. Ruinée par
le conflit, la Finlande plongea dans une spirale inflationniste. Les gouvernements
qui se succédèrent (social-démocrates dirigés
par Fagerholm en 1948, agrariens de Urho Kekkonen en 1951) centrèrent
toute leur politique sur leur effort pour au moins stabiliser l'économie,
à défaut de pouvoir espérer encore la redresser véritablement.
Le relèvement put commencer à partir de 1952, date à
laquelle les réparations à l'URSS furent entièrement
payées. La Finlande sortit de son isolement international en 1955
en entrant à l'ONU et, dans les années 1960, l'industrie
devint prédominante sur l'agriculture. En 1966, le social-démocrates
reprirent les rênes du gouvernement (cabinet Paasio); Kekkonen, élu
président en 1956 et réélu en 1962, restant à
la tête de l'État (jusqu'en 1986).
La pression de l'URSS
se relâchant peu à peu, la Finlande put signer en 1973 des
accords aussi bien, à l'Est, avec le Comecon, qu'à l'Ouest
avec la CEE (Communauté économique européenne). En
1989, la forme de tutelle que l'URSS exerçait sur la Finlande prit
fin en pratique sinon juridiquement, en même temps que les débouchés
commerciaux que représentaient jusqu'à lors pour la Finlande
les pays du bloc soviétique, désormais plongés dans
la crise. L'économie finlandaise s'en ressentit. La coalition de
centre-droit qui accéda au gouvernement en 1991 fut conduite à
prendre des mesures d'austérité, en même temps qu'elle
engageait le pays dans la voie de l'adhésion à l'Union européenne.
Les accords militaires avec l'ancienne URSS devenus caducs après
la disparition de cette dernière, ne furent pas renouvelés
avec la Russie,
lors de la signature de nouveaux accords en 1992. En janvier 1995, la Finlande
devint membre de l'Union européenne. La même année,
les social-démocrates, vainqueurs des élections formèrent
un gouvernement de coalition dirigé par Paavo Lipponen, qui se maintiendra
encore après les élections de 1999. En février 2000,
la Finlande élit pour la première fois une femme à
la présidence, Tarja Halonen. Elle a été réélue
en janvier 2006, quelques mois avant la ratification du traité constitutionnel
européen par le Parlement. Entre-temps, une autre femme aura aussi
été nommée brièvement premier ministre Anneli
Jaatteenmaki, dont le parti centriste avait dirigé pendant trois
mois un gouvernement de coalition avec les sociaux-démocrates en
mars 2003. Après un scandale, dont elle est d'ailleurs sortie blanchie,
Jaatteenmaki avait été remplacée par Matti
Vanhanen. |
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