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Les
Cimbres (Cimbri en latin) étaient une tribu
germanique qui, à la fin du IIe
siècle av. J.-C., parcourut l'Europe
centrale
et occidentale et mit en sérieux péril la domination romaine .
Ces migrations, qui furent accomplies par les Cimbres associés avec
les Teutons, se prolongèrent pendant
une vingtaine d'années jusqu'à l'extermination des deux hordes
par Marius. Les historiens on beaucoup discuté
sur l'origine : on les a rapprochés des Cimmériens
du nord de la mer Noire. Mais on s'accorde aujourd'hui à en faire
des Germains, comme les Teutons.
Les auteurs anciens
sont à peu près d'accord pour les faire venir des bords de
la Baltique, Pline dit de la presqu'île danoise
(Chersonèse cimbrique )
: plus au Sud auraient habité les Teutons et les Ambrons, que les
Cimbres entraînèrent avec eux. Tacite
(Germania) rapporte qu'un petit groupe de Cimbres restèrent
dans leurs foyers; ils furent plus tard absorbés par les Danois
ou les Angles. Ils s'ébranlèrent, chassés de leur
pays soit par la famine, soit par une grande inondation, au dire de Strabon.
C'étaient des sauvages de civilisation peu avancée, mangeant
de la viande crue, aimant par-dessus tout la guerre et les orgies qui suivaient
la victoire. Ils se présentaient non comme une armée d'envahisseurs,
mais comme
«
un peuple entier, avec ses femmes et ses enfants, ses troupeaux et ses
chariots à couverture de cuir portant tout leur avoir, qui venait
au Midi chercher un ciel moins inclément, le butin à faire
sur de riches nations et des terres fertiles où le vaincu sèmerait
et moissonnerait pour eux. » (V. Duruy).
Les Cimbres se fortifiaient
au besoin dans une enceinte formée par leurs chars, où femmes
et enfants se trouvaient à l'abri, et que défendaient au
besoin leurs chiens de garde. Avec les Teutons et les Ambrons ils avaient
près de trois cent mille combattants: l'ensemble formait donc
une borde d'un million d'hommes. Lentement ils avancèrent vers le
Sud, cherchant et demandant des terres. Ils se heurtèrent aux Boïens,
des Celtes, qui, derrière lent, forêt
hercynienne, leur barrèrent la route. Ils contournèrent les
monts Sudètes, descendirent dans la vallée du Danube et arrivèrent
aux Alpes par le pays des Scordisques. Dans la vallée de la Drave,
ils trouvèrent les Taurisques alliés de Rome
gardiens des défilés des Alpes Carniques. Le consul romain,
Gnaeus
Papirius Carbo, accourut d'Aquilée
et somma les Cimbres d'évacuer le pays des Taurisques. Ils obéirent
et furent conduits par des guides romains à Noreia
en Carinthie .
Là, le consul les attaqua, pensant les vaincre par surprise. Il
essuya un sanglant échec (113 av.
J.-C.).
Les Cimbres et les
Teutons
se dirigèrent alors vers l'Ouest au cocur des Alpes et parvinrent
dans la Suisse
actuelle où d'autres tribus helvétiques, les Tigurins et
les Tougènes, se joignirent à eux. Ils laissèrent
au nord de la Gaule ,
chez des alliés qui auraient eu la même origine (ce qui a
contribué autrefois à accréditer l'hypothèse
qu'ils étaient des Celtes), leur
butin et un détachement de six mille hommes. Ceux-ci formèrent
le peuple, des Aduatiques que César retrouva
plus tard dans la région de Namur .
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Incursions
des Cimbres et des Teutons. - Les routes suivies par les Cimbres -
en trait discontinu, et par les Teutons, en trait plein - sont copiées
d'André Lefèvre,
Germains et Slaves. Orange rappelle
la rencontre des Cimbres et du consul Cépion, rentrant de Toulouse,
où il avait repris aux Gaulois les trésors emportés
de Delphes. Les Romains furent tous massacrés (an de Rome 648, 105
av. J.-C.).. |
La Gaule
centrale fut ensuite parcourue et ravagée, mais sur le Rhône
les hommes du Nord furent de nouveau en présence des Romains.
Ils leur demandèrent des terres, offrant de combattre à leur
service. Le consul Silanus refusa terres et service, passa le Rhône
et se fit battre (109).
Les vainqueurs réitéreront leur demande qu'une ambassade
porta à Rome. Ils furent dédaigneusement
éconduits. La guerre continua : en 107,
les Tigurins et les Tougènes livrèrent bataille, dans le
pays des Nitiobriges (Agenais), au consul Lucius Cassius Longinus; il fut
tué, et les débris de l'armée romaine ne furent sauvés
que par une capitulation. La ville de Toulouse,
capitale des Tectosages, se souleva. Elle fut reprise et pillée
l'année suivante par le proconsul Quintus Servilius Caepio (106).
La campagne de 105
parut décisive. En face des Cimbres, commandés par leur roi
Boiorich, apparurent sur le Rhône trois armées romaines commandées
par le consul Gnaeus Mallius Maximus, son légat, Marcus Aemilius
Scaurus, et Cépion. Scaurus fut d'abord défait et pris; conduit
dans la lente du roi, il le menaça de la puissance de Rome ;
cette bravade exaspéra le barbare qui le perça de son épée.
Mallius Maximus appela Cépion et ils se réunirent près
d'Orange, sur la rive droite du Rhône. Encore une fois les Cimbres
demandèrent la paix : elle fut refusée. La mésintelligence
des deux chefs romains amena un effroyable désastre (6 octobre 105).
L'armée de Cépion, puis celle de Mallius Maximus furent exterminées;
quatre-vingt mille légionnaires et quarante mille esclaves ou valets
d'armée périrent; on assurait que dix hommes seulement échappèrent,
dont Cépion et Sertorius. Avant la bataille, les Barbares
avaient voué aux dieux tout leur butin. Les prisonniers furent massacrés
jusqu'au dernier, pendus ou sacrifiés par les prêtresses vêtues
de blanc; dans une vaste chaudière, on recueillit leur sang peur
y lire l'avenir. Le butin, armes, bagages, or, chevaux, fut précipité
dans le Rhône. C'était un désastre égal à
celui de Cannes ;
nulle armée ne couvrait l'Italie .
Mais les Barbares
n'avaient pas de plan; ils se répandirent à travers la Gaule
et l'Espagne ,
dévastant le plat pays. Les Arvernes,
les Celtibères, les Cantabres leur
résistèrent obstinément et, après deux années
de guerillas meurtrières, ils repassèrent les Pyrénées,
revinrent au Nord jusque sur la Seine ou, dans le pays des Vellocasses,
près de Rouen,
Teutons
et Cimbres réunis se concertèrent. Arrêtés au
Nord par les peuples réunis de la Belgique ,
n'ayant pu se fixer en Gaule ni en Espagne, ils convinrent d'envahir l'Itaie.
Ils se divisèrent; Cimbres et Tigurins entrèrent par l'Helvétie
pour franchir les Alpes orientales; les Teutons, commandés par Teutobod,
les Ambrons et les Tougènes marchèrent vers la Méditerranée
par les vallées de la Saône et du Rhône. Marius
les y attendait avec ses légions qu'il avait mis trois années
à réorganiser et préparer à la lutte finale.
Le célèbre
général romain remporta la victoire. Près d'Aix-en-Provence ,
les Teutons furent exterminés (102);
leurs dépouilles furent brûlées en l'honneur des dieux
romains. Les Cimbres avaient passé par le Brenner et la vallée
de l'Adige, chassé le consul Quintus Lutatius Catulus de son camp
et s'étaient emparés de tout le pays au Nord du Pô
(102).
Ils y attendirent les Teutons. Ce fut Marius qui
vint avec cinquante mille hommes. Quand le roi des Cimbres, Boiorich, renouvela
sa demande de terres pour ses alliés et lui, le consul lui répondit
que les Teutons étaient pourvus. On convint du jour et du lieu de
la bataille, le 30 juillet 101,
à Verceil; cent quarante mille Cimbres périrent, soixante
mille furent pris. Leur camp de chariots fut défendu par les femmes
dont beaucoup se donnèrent la mort, puis par les chiens. Seule,
l'arrière-garde formée par les Tigurins échappa. Jusqu'à
la fin de leur histoire les Romains gardèrent
le souvenir de la « terreur cimbrique ». (A.-M.
B.). |
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