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Bordeaux
sous la domination romaine.
On ne sait rien sur la fondation de la ville de Bordeaux. Strabon est le premier qui fasse mention de la cité de Burdigala, nom que l'on retrouve dans Ptolémée. Située sur la Garonne, qui séparait les populations ibères des pays celtiques, cette ville était habitée, au moment de la conquête romaine et de son apparition dans l'histoire, par les Bituriges Vivisci, qui paraissent avoir été, comme les Boïens et les Médulles, un peuple celtique qui, ayant émigré, était venu s'installer sur la rive gauche de la Garonne. Que Bordeaux ait été soumise aux Romains, lors de la victoire de Crassus, lieutenant de César, sur les Aquitains, ou sous le règne d'Auguste, la conquête paraît s'être effectuée sans violence : il est même permis de supposer que les Bituriges, peuple de navigateurs et de commerçants, se soumirent volontairement à César et qu'ils lui fournirent peut-être des navires pour l'expédition de Bretagne, comme les Pictons et les Sanctons. Ils jouissaient en effet de privilèges particuliers, et Strabon nous apprend qu'ils ne payaient pas le tribut avec les Aquitains. - Les Piliers de Tutelle. (Dessin de Hermann van der Hem). Les habitants de Bordeaux eurent la civitas de bonne heure et furent inscrits dans la tribu Quirina; ils eurent leur collège de magistrats, leur culte d'Auguste, comme le prouve une inscription trouvée jadis aux Piliers de tutelle et dédiée à Auguste et GENIO CIVITATIS BITVRIGVM VIVICORVM. Au lendemain de la conquête romaine, elle fut tout d'abord classée parmi les civitates liberae. Bordeaux resta fidèle aux Romains et ne prit part ni à l'insurrection de Vercingétorix, ni au soulèvement de l'Aquitaine, après le meurtre de Jules César (44 av. J.-C.). Lorsqu'en l'an 28 avant notre ère, Auguste réorganisa les provinces de la Gaule, Bordeaux fut classée parmi les quatorze cités de l'Aquitaine seconde, qui s'étendait de la Loire à la Garonne. Cette ville qui, avant la conquête romaine, paraît avoir été un centre de commerce assez important, puisque Strabon la nomme Emporium Burdigala, fut choisie comme résidence par les gouverneurs ou présidents des Aquitaines et prit un grand développement; Ptolémée l'appelle Aquitaniae urbs insignis. Parmi les gouverneurs d'Aquitaine qui habitèrent Bordeaux, on cite Agricola, beau-père de Tacite (74 à 76); Galba, qui devint empereur; Tétricus, qui fut élu empereur par les soldats et qui, suivant Eutrope, revêtit la pourpre impériale à Bordeaux, en 271; le jurisconsulte Salvius Julianus, etc. Vers le milieu du IIIe siècle, peut-être pendant un séjour de l'empereur Gallien à Bordeaux, la ville fut agrandie ou plutôt rebâtie entièrement sur le plan des cités latines. Les Romains l'embellirent alors de nombreux monuments et les arènes que Gallien fit construire en dehors de la ville, sont un des vestiges les mieux conservés de la domination romaine à Bordeaux. Entraînée dans la révolte de Tetricus, la ville lutta contre l'empereur Aurélien et fut reconquise, en 274, après la mort de l'usurpateur. Elle n'eut pas à souffrir de l'invasion des Bagaudes, mais dut cependant leur payer rançon; les Romains jugèrent alors prudent de fortifier la ville, qui sous Dioclétien, vers l'an 300, fut entourée de nouvelles murailles. Bordeaux devint à cette époque le centre littéraire de la Gaule; ses écoles comptèrent parmi les plus florissantes de l'Empire romain et produisirent une foule d'hommes remarquables, parmi lesquels on peut citer les grammairiens Leontius et Glabrio, les rhétoriciens Exupère et Minervius, Sedatus, Alcimus, le poète Clementinus Théon, l'orateur Delphidius, saint Paulin et surtout le poète Ausone, qui a célébré sa ville natale et en a laissé des descriptions qui permettent de se faire une idée de Bordeaux au IVe siècle. La
ville romaine.
Plan de Bordeaux en 260 ap. J.-C. L'introduction
du christianisme.
Bordeaux sous
les Wisigoths, les Mérovingiens et les Carolingiens.
La
période wisigothique.
La
période mérovingienne.
En 584, après l'assassinat de Chilpéric, Bordeaux fut occupée par le roi Gontran, à qui le pacte d'Andelot en assura la paisible possession; il fut seulement convenu qu'à la mort de Gontran, cette ville ferait retour à Brunehaut et à ses héritiers. Grégoire de Tours parle de trois basiliques qui existaient de son temps à Bordeaux; l'une était dédiée à saint Martin, une autre à saint Pierre, la troisième à saint Séverin, l'un des premiers évêques de Bordeaux. A partir du règne de Dagobert, Bordeaux suivit les destinées de l'Aquitaine; le VIIe et le VIIIe siècles sont une période de décadence pour la cité gallo-romaine, si florissante au IVe siècle. Elle resta dans la dépendance des ducs d'Aquitaine, mais ne paraît cependant pas avoir souffert de l'invasion des Vascons, qui n'atteignirent pas Bordeaux. En 729, les Sarrasins d'Abdérame, appelés par le duc Eudes, dans sa lutte contre les Francs de Charles Martel, prirent et saccagèrent Bordeaux, et le duc d'Aquitaine dut aller implorer le secours de son rival pour repousser ses trop dangereux alliés; il contribua à la victoire de Poitiers (732). La
période carolingienne.
Bordeaux sous
la domination anglaise.
Le
XIIIe Siècle.
Pour l'administration de la cité, le maire avait au-dessous de lui le clerc de ville, élu par la jurade et chargé particulièrement des finances. En 1242, Henri III reconnut aux Bordelais le privilège de n'être pas tenus au service militaire pour le roi en dehors de leur diocèse. Mais après la bataille de Taillebourg, à la suite des exactions de Simon de Montfort, comte de Leicester, les barons gascons formèrent une ligue, à laquelle se joignirent les Bordelais, qui menacèrent même de se donner au roi de Castille. La commune fut en outre divisée par les querelles des deux maisons rivales, les Colomb et les Solers, et le prince Edouard, chargé par son père de l'administration de la Guyenne, en profita pour réformer la charte bordelaise au profit de l'autorité royale. Les statuts de 1261 enlevaient à la jurade la nomination du maire, qui était choisi par le roi ainsi que le clerc de ville; les appels des sentences du maire venaient devant le sénéchal de Guyenne ou devant le prince. Les droits de justice étaient mieux définis et partagés entre le roi d'Angleterre et la commune. Un noble ne pouvait devenir bourgeois de Bordeaux sans l'autorisation du prince; enfin le roi se réservait de faire construire un château-fort dans la cité et d'en couvrir les frais au moyen d'une taxe perçue par le maire et les jurats. Enfin la coutume de Bordeaux devait être réformée et révisée, de manière à garantir aux bourgeois leurs libertés et privilèges, tout en assurant les droits du roi. Depuis l'occupation anglaise, Bordeaux s'était considérablement agrandie; en 1235, un hôtel de ville, la maison de Saint Eloi ou Saint Eliège, avait été construit sur l'emplacement occupé plus tard par le Grand-Marché. Une nouvelle ville s'était créée sur la rive droite du Peugue : c'étaient les quartiers du Cahernan, de Saint-Eloi et de la Rousselle. Une nouvelle enceinte, terminée en 1251, partait de la Porte-Basse, longeait les fossés des Tanneurs, se continuait jusqu'à la porte de la Rousselle et à la rue de la Rousselle, et rejoignait l'enceinte primitive à la porte du Chapeau-Rouge. Cette enceinte avait 3000 m de longueur et était percée de dix portes nouvelles, dont une seule subsiste, la porte Saint-James, construite en 1246 et où se trouvent l'horloge et les cloches de la ville. En dehors des murailles s'élevaient les riches abbayes de Saint-Seurin, dont le chapitre avait des droits de juridiction assez étendus, de Saint-Germain, occupant l'espace qui forme aujourd'hui la place Tourny, etc. L'histoire intérieure de Bordeaux au XIIIe siècle se résume dans les luttes de la jurade contre le doyen et le chapitre de Saint-Seurin, et plus tard contre le prévôt de l'Ombrière, et dans la rivalité des Colomb et des Solers pour la mairie. Le commerce de Bordeaux avait pris un grand développement; les vins que l'on exportait en Angleterre et en Espagne en étaient l'aliment principal; ceux des bourgeois de Bordeaux avaient libre circulation sur la Garonne et les rois d'Angleterre avaient accordé de nombreux privilèges aux Bordelais qui venaient faire du commerce en Angleterre. Edouard ler établit deux grandes foires de huit jours, qui sont l'origine des Foires de Bordeaux. En 1283, Bordeaux fut choisie comme lieu de rendez-vous pour le duel de Charles lerd'Anjou contre Pierre d'Aragon. A la suite des luttes des marins normands et bayonnais, Philippe le Bel prononça la saisie du duché de Guyenne et envoya le connétable Raoul de Clermont prendre possession de Bordeaux, qui resta quelques années au pouvoir des Français. En 1295, le roi de France, pour s'attacher les Bordelais, leur accorda une charte, la Philippine, qui confirmait leurs coutumes et privilèges, maintenait les droits de justice de la jurade et autorisait le maire à établir des droits d'entrée sur les blés, vins et autres marchandises. Mais à la suite d'une insurrection, Philippe le Bel révoqua ces privilèges, abolit la jurade et confia l'administration municipale au maire nommé par le roi. Le
XIVe siècle.
Dès 1327, la ville fut fortifiée de nouveau et ses murailles soigneusement entretenues; on diminua la largeur des quais en rapprochant les nouveaux murs de la rivière depuis la porte Sainte-Croix jusqu'à celle du Chapeau-Rouge. Edouard III maintint avec un soin jaloux les privilèges du maire et des jurats et leurs droits de justice sur les onze paroisses de la banlieue de Bordeaux : Bruges, Mérignac, Pessac, Eysines, Saint-Médard-en-Jalles, Sestas, Canejan, Bègles, Léognan, Villenave, Gradignan. Bordeaux, pendant tout le cours de la guerre, fut le quartier général des Anglais. Le Prince Noir en fit sa résidence et c'est à Bordeaux qu'il ramena le roi Jean après la défaite de Poitiers (1356). Une ordonnance de 1376 réforma l'administration de Bordeaux en réglant d'une manière plus précise les attributions des officiers et des corps municipaux. Les jurats qui gardaient, depuis le commencement du XIVe siècle, le droit d'élire le maire, sont réduits de vingt-quatre à douze et une des conditions de leur élection est de n'étre pas noble, mais d'avoir 1000 livres de revenus. Le clerc de ville a voix consultative au sein de la jurade, auprès de laquelle il remplit les fonctions de juge d'instruction et de greffier. Le procureur-syndic est chargé de l'administration financière de la cité. Le sous-maire est un des jurats remplaçant le maire absent. Le prévôt de la ville on prévôt des marchands, élu par le maire et les jurats, est chargé de la police du commerce et devient le gardien des marques et étalons des mesures. Le conseil des Trente et le conseil des Trois-Cents sont aussi élus par la jurade parmi les prud'hommes de la ville. Pendant le règne de Richard II, Bordeaux se voyant privée de l'appui des Anglais, à cause des discordes intérieures du royaume, forme, en 1379, une ligue offensive et défensive contre les Français avec les villes voisines de Guyenne qu'on appela ses filleules, Blave, Bourg, Libourne, Saint-Emilion, Saint-Macaire, Castillon, Cadillac et Rions. Cependant Richard II confirma les privilèges du maire et de la jurade en garantissant leur indépendance vis-à -vis du sénéchal de Gascogne (1385). Aussi lorsque Richard Il fut détrôné et emprisonné, les Bordelais menacèrent-ils de se donner à la France, si leur roi légitime n'était pas mis en liberté; mais, malgré l'assassinat de Richard, ils ne mirent pas leur menace à exécution et repoussèrent les offres de Charles VI, dans l'intérêt de leur commerce et de leurs privilèges. Sous les princes de la maison de Lancaster, Bordeaux a acquis la plus grande indépendance et est devenue, grâce à son commerce et à sa population, une des villes les plus importantes de la France. Le
XVe siècle.
« La suzeraineté de l'Angleterre semble s'être réduite à être le témoin et l'auxiliaire de son émancipation graduelle » (Brissaud).
Ancien fort du Hâ. (Dessin de Hermann van der Hem). Louis XI comprit que pour s'attacher les Bordelais, il fallait leur faire quelques concessions et il leur rendit une partie de leurs anciens privilèges; en 1462, il institua dans le palais de l'Ombrière un Parlement, dont le ressort s'étendait sur le Bordelais, le Bazadais, les Landes, l'Agenais, le Périgord, le Limousin et la Saintonge. Il rétablit l'Université et fonda, sous l'invocation de Notre-Dame, une confrérie de mariniers, à laquelle il fallait appartenir pour pouvoir naviguer; enfin, en 1474, il accorda des droits importants aux étrangers qui viendraient s'établir dans la ville. Charles VIII fit rédiger les Coutumes, réorganisa les corporations et maîtrises, dont il voulut être le chef, autorisa les nobles et les prêtres à faire le commerce, etc. Ce ne fut que sous le règne de François Ier que Bordeaux retrouva son ancienne splendeur. François Ier passa par Bordeaux en revenant de sa captivité de Madrid; Charles-Quint y fut reçu, en 1539, par les jurats qui lui présentèrent les clefs de la ville. A l'instigation du roi de France, les jurats de Bordeaux fondèrent, en 1534, le Collège de Guyenne, où enseignèrent Scaliger, Buchanan, Elie Vinet, auteur des Antiquités de Bordeaux, etc.; il était situé derrière la mairie de Saint-Eloi, à côté de l'église Saint-Paul. En 1548, l'établissement de la gabelle souleva à Bordeaux une insurrection formidable. Le lieutenant du roi, Moneins, fut massacré par la populace, ainsi que quelques commis de la gabelle. La révolte fut réprimée par le Parlement; les séditieux furent vaincus et plusieurs d'entre eux condamnés à mort. Tout était apaisé lorsque Henri II, qui était alors dans le Piémont, donna au connétable de Montmorency l'ordre de châtier Bordeaux. Bien que la ville n'opposât aucune résistance, le connétable entra par la brèche faite à coups de canon, imposa aux habitants une amende de 200,000 livres et les priva de tous leurs privilèges. L'hôtel de ville devait être rasé, les cloches transportées au château Trompette; les jurats furent condamnés, avec 120 bourgeois vêtus de deuil, à déterrer avec leurs ongles le corps de Moneins et à aller l'inhumer à Saint-André. Plus de 150 personnes furent exécutées et Montmorency souilla sa mémoire par de nombreux actes de barbarie. Enfin en 1550, Henri Il pardonna aux Bordelais, réinstalla le Parlement, remit à la ville une partie de l'amende et lui restitua quelques-uns de ses privilèges, entre autres celui d'élire six jurats et un maire. La Réforme fit de nombreux prosélytes à Bordeaux et dans les environs; elle fut combattue avec âpreté par le Parlement de Guyenne, où François Ier avait institué, en 1542, une chambre spéciale pour poursuivre les hérétiques. Bordeaux souffrit beaucoup des Guerres de religion, surtout durant les luttes de Duras et de Blaise de Montluc. Charles IX essaya de calmer les esprits en publiant des mesures de tolérance que le Parlement refusa d'enregistrer. La Saint-Barthélemy eut son contre-coup dans cette ville; le 3 octobre 1572, deux cent soixante-quatre calvinistes furent massacrés, avec l'autorisation du gouverneur Montferrand. La ville cependant prospérait; son commerce se développait; Charles IX confirmait les privilèges des foires de Bordeaux et autorisait la création d'une bourse des marchands (1563). Mais en 1585, la peste noire fit périr près de 14,000 personnes. Malgré les efforts des Ligueurs, Bordeaux resta constamment fidèle à Henri III, grâce à la sage administration et à l'énergie du maréchal Matignon. Le Parlement de Guyenne fut un des premiers à reconnaître Henri IV comme roi légitime. Pendant le règne de Louis XIII et la minorité de Louis XIV, les dissensions civiles désolèrent la Guyenne. L'histoire de Bordeaux est remplie par les luttes des ducs d'Epernon, du cardinal de Sourdis et de son frère l'archevêque Henri de Sourdis, avec le Parlement, par la tyrannie du second duc d'Epernon, la Fronde, l'opposition du Parlement contre la cour, la faction de l'Ormée, etc. Plusieurs émeutes éclatèrent : en 1635, à propos d'une taxe sur les cabarets; en 1649, contre le duc d'Epernon; en 1650, contre Mazarin, les Bordelais ayant pris parti pour Condé; ce n'est qu'en 1653 que la paix fut rétablie et que Bordeaux obtint, avec une amnistie, la confirmation de ses privilèges. La mairie de Bordeaux,
supprimée depuis
1619, fut rétablie; le Parlement ne fut réintégré
qu'en novembre 1654. A l'occasion de son mariage, Louis
XIV, passant par Bordeaux, donna aux jurats des lettres de noblesse
et confirma les privilèges des bourgeois. Le roi fit agrandir le château
Trompette et construire le quai des Enfants-Trouvés aux Chartrons; ces
travaux amenèrent la démolition de la porte Saint-Germain et des Piliers
de Tutelle. Les mesures prises par Colbert pour
développer le commerce contribuèrent à la prospérité de Bordeaux,
où le roi établit un entrepôt de tabacs, créa une chambre de commerce
et exonéra de tous droits les marchandises exportées aux colonies. Mais
en 1675, une émeute éclata au sujet d'un nouvel impôt, dit de la marque
d'étain et du papier timbré, établi pour la guerre de Hollande.
Les troupes royales qui revenaient d'Espagne
furent cantonnées à Bordeaux; les bourgeois désarmés, les impôts
rétablis et le Parlement transféré à Condom,
d'où il ne revint qu'en 1690, moyennant le paiement par la ville de 400,000
livres.
Bordeaux en 1669. (D'après une estampe de Berey). En 1704, le feu prit
au Parlement et consuma une partie des archives. En 1713, fut fondée l'Académie
des sciences et belles-lettres de Bordeaux, Ã qui Jean-Jacques Bel, conseiller
au Parlement, léguait vingt-cinq ans plus tard son hôtel et sa bibliothèque.
En 1691, les jurats avaient établi une Académie de peinture et de sculpture;
en 1692, une école de marine; en 1694, des collèges de lois et de médecine.
Le règne de Louis XV fut pour Bordeaux une période
de prospérité. Louis-Urbain Aubert, marquis de Tourny, intendant de Guyenne
de 1743 à 1758, en fit, en peu d'années, une des plus belles villes de
France. Il abattit les remparts, combla les fossés et traça une ligne
le cours ou boulevards autour de la ville; c'est ainsi que furent créés
les cours d'Aquitaine, d'Albret, de Tourny, du Jardin public, les places
des Capucins, Saint-Julien, Dauphine, qui ne fut achevée qu'en 1770. Il
créa tout un quartier sur les terrains vagues situés devant le château
Trompette, afin de relier le faubourg des Chartrons à la cité, construisit
les hôtels de la Douane et de la Bourse, sur les plans de l'architecte
Gabriel, la porte des Capucins, démolie en 1885,
les portes Dijaux, de Bourgogne, et eut le premier l'idée d'un Jardin
public. En 1756, un incendie ayant détruit le palais de l'Intendance,
Tourny le fit reconstruire; il dota Bordeaux de fontaines, d'écoles, perça
de nouvelles rues, reconstruisit la ligne des quais, etc. Le duc de Richelieu
continua les embellissements de son prédécesseur; on établit le quai
de Bacalan, la route qui conduisait au passage de Lormont, et Mgr de Rohan,
archevêque de Bordeaux, fit construire un nouveau palais archiépiscopal
sur l'emplacement de l'ancienne abbaye de Saint-André : c'est cet édifice
qui, en 1835, devint l'hôtel de ville de Bordeaux. En 1773, le roi céda
à la ville un emplacement sur l'esplanade du château Trompette, pour
la construction d'un théâtre
qui, élevé sur les plans de l'architecte Louis, était, avant la construction
du nouvel Opéra de Paris, le plus beau
théâtre de France (1780).
Louis-Urbain Aubert, marquis de Tourny. Intendant de Bordeaux de 1743 à 1758. A la fin du XVIIIe siècle, Bordeaux était une ville des plus florissantes; sa population atteignait 109,000 habitants et sa flotte marchande 300 navires, qui faisaient surtout le commerce des Antilles et de Saint-Domingue. Cette prospérité qui reposait donc en partie sur une économie esclavagiste, réposait également sur l'exportation tous les ans de 125,000 tonneaux de vin. Le Parlement de Guyenne, supprimé par Maupeou, avait été rétabli en 1775; il prit part à la lutte qui s'engagea au sujet des assemblées provinciales, sous le ministère de Brienne, et fut exilé à Libourne (1787). Il fut un des premiers à réclamer la convocation des Etats généraux, mais il fut supprimé en 1790 et le palais de l'Ombrière fermé. A la nouvelle de la prise de la Bastille, le peuple courut aux armes et s'empara du château Trompette. L'antique jurade fut remplacée parles 90 électeurs nommés pour élire les députés aux Etats généraux. En mars 1790, les citoyens élurent un maire, 20 officiers municipaux, un procureur de la commune et 42 notables. On connaît le rôle joué à l'Assemblée législative et à la Convention par la députation de Bordeaux, Vergniaud, Guadet, Grangeneuve, Gensonné, Ducos et Fonfrède, qui formèrent le centre du groupe des Girondins. Après les événements du 31 Juin et du 2 Mai et la proscription en masse des députés de la Gironde, Bordeaux s'insurgea contre la Convention, qui envoya quatre de ses membres, Chaudron-Rousseau, Beaudot, Ysabeau et Tallien, avec mission de terroriser la ville. Une commission militaire fut instituée dès 1793, et fut présidée par le fameux Lacombe, ancien maître d'école, qui installa la guillotine en permanence pendant huit mois sur la place Dauphine, mais qui fut exécuté lui-même après le 9 Thermidor. Sous le Directoire Bordeaux fut divisé en trois arrondissements municipaux, avec trois mairies : les Chartrons, Saint-André, les Fossés, et un bureau central à l'hôtel de ville. Sous le Consulat, la ville fut le centre d'une vaste conspiration royaliste qui avorta. Sous l'Empire, le
commerce de Bordeaux souffrit cruellement du blocus continental et de la
rivalité avec l'Angleterre.
Napoléon contribua
cependant à l'embellissement de Bordeaux, en faisant démolir le château
Trompette, qu'il abandonna à la ville et en ordonnant la construction
du pont de Bordeaux (1808),
qui ne fut achevé qu'en 1822. Bordeaux ouvrit ses portes aux Anglais en
1814, en même temps qu'au duc d'Angoulême. Pendant les Cent-Jours
la ville se soumit sans résistance au général Clausel, qui gouverna
la ville jusqu'au retour de Louis XVIII. La
Restauration
fut pour Bordeaux une époque de renaissance commerciale, littéraire et
artistique; mais son rôle politique est terminé à la fin du XVIIIe
siècle. En 1820, le fils posthume du duc de Berry, neveu de Louis XVIII,
reçut le titre de duc de Bordeaux et fut, jusqu'à sa mort, prétendant
au trône de France sous le nom d'Henri V. En 1818, après la disparition
du château Trompette, furent plantées les allées des Quinconces; en
1825, on construisit l'hôpital sur l'ancienne plate-forme Sainte-Eulalie;
en 1846; fut inauguré le palais da justice, construit en face de l'hôpital,
à la place du fort du Hâ.
Louis-Philippe
créa, en 1838, la Faculté des lettres et la Faculté des sciences de
Bordeaux, et la Société philomatique, fondée en 1808, inaugura, en 1839,
ses classes d'adultes. C'est à Bordeaux que le prince
Napoléon prononça, le 7 octobre 1852, ces paroles célèbres-:
« L'Empire, c'est la paix ! » que dix-huit années de règne ont
cruellement démenties. Le 9 décembre 1870, Bordeaux devint le siège
de la délégation du gouvernement de la défense nationale et fut, pendant
trois mois, la capitale de la France; c'est là que se réunit, le 12 février
1871, l'Assemblée nationale qui nomma, cinq jours après, Thiers président
de la République et vota, le 1er mars,
les préliminaires de la paix. (Léon Cadier).
Bordeaux depuis
1871.
Au début du XXe siècle, l'urbanisation avec la construction de nouveaux quartiers et de bâtiments publics, comme le Grand Théâtre et des boulevards. Bordeaux émerge comme un centre culturel avec des théâtres, des musées, et des activités artistiques florissantes. Pendant la Première Guerre mondiale, la ville joue un rôle stratégique en tant que centre logistique et militaire. Elle accueille également des réfugiés et des blessés. Les industries locales s'adaptent aux besoins de l'effort de guerre. Bordeaux poursuit sa modernisation après la guerre. La ville est impactée par la crise économique mondiale de 1929, mais elle parvient à maintenir un niveau de prospérité grâce à son commerce du vin. La période est aussi celle de turbulences politiques avec la montée du mouvement ouvrier et des tensions sociales. Lors de la Seconde Guerre Mondiale, Bordeaux est occupée par les forces allemandes en juin 1940. La ville est un centre logistique important pour l'armée allemande. Des réseaux de résistance, mais son confrontés à une répression sévère. Apès la guerre, l'économie de Bordeaux se diversifie avec le développement de nouvelles industries et services. Il y a aussi un expansion urbaine avec la construction de nouveaux quartiers et de grands ensembles. Les infrastructures de transport sont améliorées, notamment avec le développement de l'aéroport de Bordeaux-Mérignac. A partir des années 1970, le secteur technologique et aérospatial (avec des entreprises comme Dassault Aviation) prend de l'importance. L'université de Bordeaux est renforcée. La ville connaît un dynamisme culturel nouveau, avec des festivals, des événements artistiques, et une scène culturelle florissante. Le patrimoine architectural est mis en valeur. Au cours des dernières décennies, plusieurs projets de modernisation urbaine ont vu le jour, comme le réaménagement des quais de la Garonne et le développement du tramway. Des initiatives ont été lancées pour rendre la ville plus verte et durable, avec des projets écologiques et de développement durable. Bordeaux est devenue une destination touristique prisée, notamment grâce à son patrimoine viticole et son inscription au patrimoine mondial de l'Unesco en 2007. La diversification économique, avec un accent mis sur l'innovation et les technologies de pointe.
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