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Bornier

Henri, vicomte de Bornier est un écrivain français né à Lunel (Hérault) le 25 décembre 1825, mort le 28 janvier 1901. Après avoir terminé au séminaire de Versailles ses études, commencées à ceux de Montpellier et de Saint-Pons, il suivit à Paris les cours de la Faculté de droit, débuta par un volume de vers, les Premières feuilles (1845, in-18), et lut au comité du Théâtre-Français un drame en cinq actes et en vers, le Mariage de Luther, qui fut reçu à correction. Attaché comme surnuméraire à cette époque à la bibliothèque de l'Arsenal, il en est devenu l'un des conservateurs. Outre une comédie en un acte et en vers, le Monde renversé, jouée à Saint-Pétersbourg par Mme Arnould-Plessy, et un drame en vers non représenté, Dante et Béatrix (1853, in-18), Henri de Bornier a donné :
La Muse de Corneille (Odéon, 1854); le Quinze janvier ou la Muse de Molière (Théâtre-Français, 1860); Agamemnon, tragédie en cinq actes, librement imitée de Sénèque (Théâtre-Français, 1868); la Fille de Roland, drame en quatre actes (ibid, 1875), le plus grand succès de l'auteur et resté au répertoire après un nombre considérable de représentations; les Noces d'Attila, drame en quatre actes (Odéon, 1880), qui ne retrouva pas la même vogue, et Mahomet, reçu au Théâtre-Français (septembre 1888). 
Henri de Bornier a été trois fois couronné par l'Académie française (à laquelle il sera élu en 1893) pour ses poésies sur l'Isthme de Suez (1861) et la France dans l'Extrême Orient (1863), ainsi que pour l'Éloge (en prose) de Chateaubriand (1864). Il a également écrit plusieurs romans: le Fils de la terre (1864, in-18); la Lizardière (1883, in-18); le Jeu des vertus, roman d'un auteur dramatique (1885, in-18), et réuni en 1881 ses Poésies complètes (1850-1881). Sous le titre de Drame et Comédie, il a rédigé, de 1879 à 1887, la chronique théâtrale de la Nouvelle Revue. (M Tx.).
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La chanson des Épées

« GÉRALD (au milieu du théâtre, il chante).

La France, dans ce siècle, eut deux grandes épées,
Deux glaives, l'un royal et l'autre féodal,
Dont les lames d'un flot divin furent trempées
L'une a pour nom joyeuse, et l'autre Durandal.
Roland eut Durandal. Charlemagne a Joyeuse,
Soeurs jumelles de gloire, héroïnes d'acier,
En qui vivait du fer l'âme mystérieuse,
Que pour son oeuvre Dieu voulut s'associer. 

Toutes les deux dans les mêlées
Entraient, jetant leur rude éclair, 
Et les bannières étoilées 
Les suivaient en flottant dans l'air! 
Quand elles faisaient leur ouvrage, 
L'étranger frémissait de rage, 
Sarrazins, Saxons ou Danois,
Tourbe hurlante et carnassière, 
Tombait dans la rouge poussière 
De ces formidables tournois! 
Durandal a conquis l'Espagne; 
Joyeuse a dompté le Lombard 
Chacune à sa noble compagne 
Pouvait dire : Voici ma part! 
Toutes les deux ont par le monde 
Suivi, chassé le crime immonde, 
Vaincu les païens en tout lieu; 
Après mille et mille batailles, 
Aucune d'elles n'a d'entailles, 
Pas plus que le glaive de Dieu!

Hélas! La même fin ne leur est pas donnée.
Joyeuse est fière et libre après tant de combats,
Et, quand Roland périt dans la sombre journée,
Durandal des païens fut captive là-bas!
Elle est captive encore, et la France la pleure,
Mais le sort différent laisse l'honneur égal,
Et la France, attendant quelque chance meilleure,
Aime du même amour joyeuse et Durandal! »
 

(H. de Bornier, extrait de La fille de Roland).
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Dictionnaire biographique
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