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Bérenger

Bérenger (Pierre) dit Bérenger de Poitiers, disciple et défenseur d'Abélard, auteur d'une Apologétique de son maître où les docteurs du concile de Sens, saint Bernard notamment, sont pris à partie avec une verve très irrespectueuse. Il s'expliqua plus tard, mais sans se rétracter, au sujet de cette oeuvre de jeunesse, en écrivant à l'évêque de Mende qu'il avait critiqué en saint Bernard, non le théologien, mais seulement l'écrivain et le philosophe. Cette Lettre et l'Apologétique, seuls écrits qu'on ait de Bérenger, sont publiés dans certaines éditions à la suite des oeuvres d'Abélard.
Bérenger dit Bérenger de Tours, théologien du XIe siècle, né en 999, mort en 1088, élève de Fulbert et adversaire de Lanfranc, esprit très libre pour son temps, indépendant jusqu'à l'hérésie. Il fut écolâtre du monastère de Saint-Martin de sa ville natale et séjourna aussi à Angers. Curieux, savant, versé dans les lettres profanes, habile dialecticien, il soutint, dans un écrit de Sancta Caena (édité par F. Vischer, Berlin, 1834, in-8 d'après un manuscrit trouvé par Lessing en 1770 dans la bibliothèque de Wölfenbüttel) que l'eucharistie n'est qu'un symbole. Cette opinion, empruntée d'ailleurs à Scot Erigène, fut réprouvée par plusieurs conciles, notamment par ceux de Rome (1050-1059), de Tours (1055), de Bordeaux (1080). Bérenger la rétracta chaque fois et y revint toujours. Si son hardi rationalisme avait été soutenu par une égale vigueur de caractère, ce croyant indocile eût été un hérésiarque.
Bérenger (Raymond), grand-maître de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem (Hospitaliers), né vers 1283, mort à Rhodes en 1373 ou en 1374. Il appartenait à une famille dauphinoise, que certaines généalogies rattachent, mais sans fondement, tantôt à la famille royale des Bérenger d'Italie, tantôt à la famille comtale des Bérenger de Catalogne, dans laquelle le prénom de Raymond était fréquent. On le trouve tout d'abord mentionné comme lieutenant du grand-maître Roger de Pins, auquel il succéda en 1365 dans le magistère. La valeur qu'il avait déployée contre les Musulmans lui avait acquis déjà une grande réputation tant en Orient qu'en Occident. Aussi, sa nomination fut-elle universellement approuvée. Le pape Urbain V lui écrivit aussitôt pour le féliciter. 

A peine investi de ses nouvelles fonctions, Bérenger forma avec le roi Pierre Ier de Chypre, contre le calife d'Égypte, Malek al Mansour Mohammed, une alliance secrète en vertu de laquelle les deux contractants s'entendirent pour attaquer Alexandrie. Ils équipèrent à frais communs une flotte de cent vaisseaux, portant quatorze cents chevaliers et dix mille fantassins, et, tandis que le roi de Chypre allait en personne mettre le siège devant la place, Raymond Bérenger resta à Rhodes pour défendre les possessions chrétiennes contre une prise des Turcs. Alexandrie fut pris d'assaut (le 3 octobre 1366), mais évacué presque aussitôt, à la nouvelle que le calife approchait avec des forces considérables. Peu de temps après, probablement sur la fin de l'année, Raymond Bérenger conduisit lui-même une expédition contre les villes de Tripoli et de Tortose en Syrie qui furent occupées, dévastées, puis abandonnées. En 1367, il partit pour l'Europe et se rendit à Avignon auprès du pape Urbain V qu'il accompagna pendant une partie de son voyage à Rome.  A la suite du meurtre du roi Pierre Ier (18 janvier 1369) le pape Grégoire Xl l'envoya en qualité de nonce en Chypre (1371), avec mission de veiller aux affaires du royaume et en particulier à la défense du nouveau roi, Pierre Il, fils du prince défunt, alors âgé de neuf ans. 

Les progrès des Turcs rendaient chaque jour plus précaire la situation des derniers établissements chrétiens en Orient. Rhodes était sans cesse menacé, aussi Bérenger envoya-t-il des représentants à une assemblée de princes et d'évêques qui devait se tenir à Thèbes, pour conférer des meilleurs moyens d'abaisser la puissance musulmane, (1373). Il s'occupa de plus de réformer les nombreux abus qui s'étaient introduits dans son ordre et qui avaient contribué à le faire déchoir de son ancienne splendeur. Sur sa demande, le pape ordonna la réunion d'un chapitre général à Avignon. Bérenger eût désiré y assister lui-même. Mais le souverain pontife auquel il demanda l'autorisation de venir en Europe lui répondit par ma refus, sous prétexte que son grand âge ne lui permettait pas d'affronter les fatigues d'un aussi long voyage, et que, d'ailleurs, sa présence à Rhodes était nécessaire, à cause des, dangers auxquels étaient continuellement exposés les chrétiens d'Orient. 

En apprenant ce refus, Bérenger crut que le pape lui avait retiré sa confiance. Il fit aussitôt partir un ambassadeur pour Avignon, afin de tirer l'affaire au clair et d'offrir sa démission en cas où ses soupçons seraient fondés. Mais le pape se défendit très vivement d'avoir voulu lui donner une marque de mécontentement et le pressa de garder ses fonctions. Le chapitre eut lieu (septembre - novembre 1373) sous la présidence de Jean Fernandez Heredia, prieur de Castille. Cette assemblée s'attacha surtout à aplanir les querelles toujours renaissantes entre les prieurés des diverses langues. Raymond Bérenger mourut vers cette époque, âgé de plus de quatre-vingt-dix ans. (Ch. Kohler).

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