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Elie de Beaumont
(J.-B. Léonce), géologue né à Caen
(Calvados), en 1798, mort en 1874; fut élève de l'École
polytechnique et de l'École des mines; ingénieur des mines
(1824), professeur à l'École des Mines (1829) et au Collège
de France (1832), membre et bientôt (1835) successeur d'Arago
comme secrétaire perpétuel de l'Académie
des sciences, enfin sénateur dès le rétablissement
du Sénat par la second Empire. Il a laissé d'importants travaux
sur la métallurgie et la géologie, parmi lesquels on distingue
Coup
d'œil sur les mines (1824), Voyages métallurgique en Angleterre
(1827),
de nombreux mémoires insérés dans les
Annales des
mines et dans les Mémoires de la Société géologique
de France.
C'est dans sa Notice sur les systèmes
des montagnes qu'il expose ses idées sur les soulèvements
des chaînes de montagnes, leur direction, leurs rapports entre eux
et la succession des formations sédimentaires : après avoir
ainsi posé les bases d'une théorie nouvelle de géologie
stratigraphique, il la défendit pendant les dernières années
de sa vie contre toutes les attaques dont elle fut l'objet. Enfin, avec
MM. Brochant de Milliers et Dufresnoy,
il prit une part considérable à l'établissement de
la Carte géologique de France, ouvrage monumental qui a plus
de sept mètres de largeur, et dont le premier fragment a paru à
l'Exposition universelle de 1855. Ses travaux se trouvent résumés
dans ses Leçons de géologie, 3 vol. in-8°, Paris,
1845 et années suivantes.
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Les
chaînes parallèles.
Les travaux de L. de
Buch ne furent pas étrangers à la théorie des
chaînes parallèles, à laquelle Elie de Beaumont a attaché
son nom. Cet illustre savant, qui dressa, de concert avec Dufresnoy, la
carte géologique de la France, est parvenu à établir
que des chaînes de montagnes, indépendantes les unes des autres,
ont été soulevées subitement à de certaines
époques et que toutes les chaînes contemporaines, ainsi soulevées,
ont conservé leur parallélisme, même dans les régions
les plus distantes. Nous ne saurions mieux faire que de citer ici l'auteur
lui-même.
"L'histoire
de la Terre, dit Elie de Beaumont, présente d'une part de longues
périodes de repos comparatif, pendant lesquelles le dépôt
de la matière
sédimentaire s'est opéré d'une manière aussi
régulière que continue; et de l'autre, des périodes
de très courte durée, pendant lesquelles ont eu lieu de violents
paroxysmes qui ont interrompu la continuité de cette action. Chacune
de ces époques de paroxysme ou de révolution dans l'état
de la surface de la Terre a déterminé la formation subite
d'un grand nombre de chaînes de montagnes. Toutes ces chaînes
soulevées par la même révolution ont une direction
uniforme, et sont parallèles les unes aux autres, à un petit
nombre de degrés près, lors même qu'elles se trouvent
dans des contrées très éloignées entre elles.
Quant aux chaînes, soulevées à des époques différentes,
elles ont, pour la plupart, des directions différentes. Chacune
de ces révolutions a toujours coïncidé avec un autre
phénomène, savoir la passage d'une formation sédimentaire
à une autre, caractérisée par une différence
considérable de ses types organiques. Outre que ces mouvements violents
de paroxysme ont eu lieu depuis les époques géologiques les
plus anciennes, ils peuvent encore se reproduire à l'avenir : de
sorte que l'état de repos dans lequel nous vivons actuellement sera
peut-être un jour interrompu par le soulèvement subit d'un
nouveau système de chaînes de montagnes parallèles.
On peut dire qu'une seule révolution a eu lieu dans les temps historiques.
Lorsque les Andes atteignirent leur hauteur actuelle : car cette chaîne,
qui probablement a été soulevée la dernière,
est la plus nettement tranchée de toutes celles qu'on observe aujourd'hui
à la surface du globe, et de celle qui présente les traits
les moins altérés. Comme l'émersion subite des grandes
masses de montagnes hors de l'océan doit occasionner une agitation
violente dans les eaux, ne se pourrait-il pas que le soulèvement
des Andes ait donné lieu à ce Déluge temporaire dont
les traditions d'un si grand nombre de peuples font mention? Enfin les
révolutions successives dont nous venons de parler ne peuvent être
rapportées à des forces volcaniques ordinaires; mais il est
probable qu'elles sont dues au refroidissemnt séculaire de l'intérieur
de notre planète. (Annales des sciences naturelles, année
1829.)"
La théorie de Elie de Beaumont repose
sur le fait général que voici. En examinant avec soin la
plupart des chaînes de montagnes et leurs environs, on voit les couches
les plus récentes s'étendre horizontalement jusqu'au pied
de ces chaînes, comme cela aurait pu avoir lieu si elles se fussent
déposées dans des mers ou dans des lacs dont ces montagnes
auraient en partie formé les rivages; tandis que les autres lits
sédimentaires, redressés et plus ou moins contournés
sur les flancs des montagnes, s'élèvent quelquefois jusqu'aux
cimes les plus hautes. Il existe donc dans chaque chaîne de montagnes
et dans leur voisinage immédiat deux classes de roches sédimentaires,
les strates anciennes ou inclinées et les couches récentes
ou horizontales. De là il est permis de déduire que le soulèvement
de la chaîne elle-même a dû s'effectuer entre l'époque
à laquelle se sont déposés les lits aujourd'hui inclinés
et celle où se sont formées les couches horizontales qu'on
observe à ses pieds. Les Pyrénées en offrent un exemple.
D'autre chaînes sont contemporaines de celles des Pyrénées,
quand les couches inclinées et les couches horizontales renferment
les mêmes types organiques.
Cette théorie ne manqua pas de critiques.
Un géologue anglais, Charles Lyell (né
le 14 novembre 1797, à Kinnordyl), auteur d'un ouvrage estimé
(Principles of Geology, Londres, 1840, 3 volumes in-8°), et
partisan zélé du métamorphisme (transformation graduelle
des roches) a fait observer, entre autres, que le mot contemporain ne doit
pas s'appliquer à un simple moment, mais à tout le temps
qui s'est écoulé entre l'accumulation des strates inclinées
et celle des couches horizontales. Ce serait, ajoute-t-il, une supposition
bien gratuite d'admettre que les couches inclinées qui s'appuient,
par exemple, sur les flancs des Pyrénées, soient précisément
les dernières qui aient été déposées
durant la période crétacée, ou que aussitôt
après leur redressement toutes ou presque toutes les espèces
animales et végétales qu'elles renferment aujourd'hui à
l'état fossile, aient été subitement détruites.
(Hoefer). |
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Beaumont
(Christophe de). - Archevêque de Paris,
né en 1703 au château
de La Roque, en Périgord, mort en 1751 , fut d'abord évêque
de Bayonne, puis archevêque de Vienne,
et fut élevé en 1746, malgré sa résistance,
sur le siège de Paris, qu'il occupa jusqu'à sa mort, en 1781.
Il fit bénir son épiscopat par son inépuisable charité,
soutint avec fermeté autorité de la bulle
Unigenitus,
combattit les Jansénistes
ainsi que les philosophes, et publia contre ces derniers plusieurs mandements,
dont un provoqua de la part de J. J. Rousseau
la célèbre Lettre à M. de Beaumont. Son courage
à résister aux volontés de la cour et aux prétentions
du parlement le fit plusieurs fois exiler. Il a laissé 4 volumes
d'Instructions. |
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