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Géographie physique de l'Asie
La géologie de l'Asie
On a remarqué depuis longtemps que les soulèvements du sol asiatique sont orientés selon trois directions fondamentales : du Nord au Sud parallèlement au méridien (Liban, Soulaïman-dagh, Ghâts occidentaux, monts de l'Indochine, Oural); de l'Est à l'Ouest (Kuen Lun, Tian-Chan, rebord septentrional du plateau d'Iran); de l'Ouest-Nord-Ouest à l'Est-Sud-Est (Himalaya, rebord Sud du plateau d'Iran, Caucase). Ces deux derniers axes appartiennent à la ceinture alpino-himalayenne, qui correspond à la ligne de soudure des deux anciens continents qui en se réunissant ont formé l'actuelle Eurasie..

Dans l'Himalaya le gneiss domine; on trouve aussi les autres terrains cristallins, mais le granit n'apparaît que rarement sur les cimes. Sur les pentes, on rencontre à partir du noyau central toutes les formations, paléozoïque, carbonifère, jurassique, crétacé; toutefois les terrains mésozoïques (la craie manque) et tertiaires primitifs (qui commencent par le calcaire à nummulites), n'occupent pas une grande largeur; ils sont recouverts par la zone du Teraï. Les chaînons du sub-Himalaya sont constitués par des terrains miocènes très riches en fossiles (éléphants, chevaux, hippopotames, livatherium, bramatherium, etc.); viennent ensuite les sols quaternaires et alluviaux de la plaine. Dans le Pendjab on trouve dans le terrain jurassique à ammonites une couche épaisse de gypse et de sel gemme reposant sur les terrains de transition. Près de Leh les couches éocènes ont été soulevées à 3500 m d'altitude. A l'Est les monts Khassi comprennent un noyau cristallin entouré de terrains jurassiques.

Dans le Grand massif central les monts Karakoram ont à peu près la même structure que l'Himalaya. Dans leTibet le calcaire jurassique à ammonites s'élève jusqu'à 6000 m, ce sont les terrains sédimentaires les plus haut soulevés que l'on connaisse; ils renferment les débris fossiles de rhinocéros, d'hippotherium, etc. Au Tibet encore, des sources thermales jaillissent à 5400 et 5700 m d'altitude.

Les monts Kouen-loun (Kunlun Chan) sont de formation très ancienne, bien antérieure à celle de l'Himalaya et du Karakoram; principalement constitués de gneiss syénitique, ils ne renferment nul dépôt sédimentaire postérieur au Trias. Le Pamir et l'Alaï sont des masses cristallines et granitiques revêtues d'argile; de même la racine des monts Kouen-loun et leurs contreforts orientaux; l'argile et les volcans de boue se trouvent jusqu'à une hauteur de 5000 m; dans les creux, on trouve des dépôts de sulfate de magnésie. Le Transalaï est dioritique. La série des arêtes parallèles du Tian-Chan et du Tarbagataï sont cristallines (granit et syénite); les terrains plus récents sa sont déposés entre les lignes de faîte plus anciennes. Au travers ont passé des porphyres, très abondants dans l'Alatau transilien. 

Les montagnes septentrionales du grand massif d'Asie centrale présentent une remarquable unité de structure. L'axe est composé de terrains cristallins (granit et syénite); des deux côtés sont des terrains paléozoïques, La formation géologique de l'Altaï rappelle de très près celle des montagnes de l'Europe centrale : la date des bassins houillers est la même que dans l'Amérique du Nord et l'Europe centrale. Autour du lac Baïkal, le contraste est frappant entre les monts de gneiss et de granit chauve, dentelés et escarpés, et les montagnes paléozoïques arrondies et boisées. 

Du Nord du Tibet, aux rives de l'Amour on ne connaît pas de dépôts sédimentaires antérieurs aux calcaires carbonifères; les formations cristallines dominent dans les montagnes; toutefois au Nord-Est du massif central, les coulées éruptives, trachytes, basaltes, ont une certaine importance; le bassin de la Solenga est couvert de porphyre. Les intervalles des montagnes sont recouverts de sols carbonifères et sablonneux. Les monts Sajansk et Jablonovyj sont essentiellement granitiques. Dans le revers oriental des hautes terres d'Asie centralel, les monts Khingan sont des arêtes de gneiss revêtues de laves, les monts In-chân se composent de granit, de gneiss et de porphyre. Le sol de la dépression intérieure du massif central est formé des débris des montagnes du pourtour, désagrégés et presque réduits en poussière, fragments de quartz, de carnéole, d'agate, etc., souvent amoncelés en dunes. Dans le désert de Gobi « les graviers rougeâtres, les cailloux quartzeux, d'agate, de carnéole, de calcédoine » alternent avec les dépôts salins et l'argile qui tapisse les fonds.

Les plaines de la Sibérie occidentale et du Turan étaient encore sous les eaux à la fin de l'époque tertiaire; ces deux plaines forment à elles deux non seulement la plaine la plus vaste du monde, mais aussi la surface la plus étendue des terrains quaternaires. La Sibérie orientale plus élevée est plus anciennement émergée. En revanche, les célèbres fossiles de la côte de l'océan Glacial Arctique paraissent y avoir été charriés par les fleuves. Entre l'Iéniséi  et la Léna s'étend un vaste plateau paléozoïque que la Léna contourne. A l'Est de la Léna, le bassin de l'Aldan est en partie calcaire, mais les terrains cristallins couvrent aussi une grande étendue; ils ressemblent beaucoup à ceux de la Scandinavie; les actions atmosphériques et fluviales n'ont pas encore façonné le sol; les lacs y sont très nombreux et les rivières sans lit bien creusé à pente régulière. 

Les monts Stanovoj sont granitiques : en s'approchant de la mer d'Okhostk, on traverse successivement des terrains paléozoïques, granitiques, porphyriques, trachytiques, pour arriver à un littoral granitique et volcanique. Dans les presqu'îles des Tchouktches ou de Béring et du Kamtchatka la masse principale est cristalline et granitique; des éruptions volcaniques l'ont soulevée au travers de hautes montagnes. La côte Est du Kamtchatka est formée de porphyre, la côte Ouest est crétacée; c'est la seule partie de la côte orientale d'Asie où l'on trouve des terrains mésozoïques.

Dans la Mandchourie, la chaîne principale, les monts Chan-âlin, sont calcaires et volcaniques; à l'Ouest la plaine souvent appelée Gobi oriental est formée de terre jaune. Les terrains primitifs et paléozoïques dominent dans la péninsule coréenne. On trouve dans la Chine septentrionale de vastes bassins houillers; ceux du Hu-nan (anthracite) auraient à eux seuls 53,000 km². La presqu'île de Chan-toung (Shandung) est formée de terrains primitifs.

Quant à la Chine, peu de régions offrent au géologue une aussi grande variété de formations géologiques. Cependant la Chine septentrionale est surtout caractérisée par la fameuse terre jaune (huang-tu), autrement dit par le loess. 

« A l'exception des pays de hautes montagnes et des plaines alluviales, presque tout le bassin du Hoang-ho en est recouvert. Les provinces de Pétchili, du Chan-si, du Kan-sou, une moitié du Chen-si, la partie septentrionale du Houan, de vastes étendues du Chan-toung, sont revêtues de ces dépôts au milieu desquels s'élèvent les sommets de montagnes, comme les îles au milieu de la mer. Ces terrains, comprenant un espace plus vaste que la France, s'étendent par lambeaux jusqu'au bord du Yang-tsé-kiang, et du côté de l'Ouest. ils vont s'appuyer aux plateaux tibétains. Dans ces contrées, tout est jaune, collines, routes et champs, les maisons bâties en terre, les ruisseaux et les torrents chargés d'alluvions; la végétation même se déguise sous un voile de poussière jaune, et le moindre vent soulève dans l'air des innées de fine argile. On sait que, d'après l'hypothèse de Richthofen, le hoang-tou, désigné par lui sous le nom allemand de loess, comme les formations analogues des bords du Danube et du Rhin, ne serait autre chose qu'un amas de poussière accumulée pendant des siècles par les vents du Nord; d'année en année, pendant le cours des âges, les couches d'argile s'accroissaient, mais non assez rapidement pour étouffer le végétation ou pour empêcher le développement de la vie animale; les débris de plantes, les coquillages terrestres, les restes d'animaux s'agglutinaient avec la nouvelle terre dans une masse compacte. Sur les plateaux entourés de rebords montagneux qui ne permettent pas l'écoulement des eaux, la « terre jaune » s'étend en une couche uniforme et d'épaisseur inconnue; mais partout où quelque brèche de l'enceinte a laissé s'accomplir le travail d'érosion, d'énormes ravins aux parois perpendiculaires s'ouvrent dans la masse argileuse. » (Reclus, Asie orientale).
Les routes y sont creusées à 10 et 30 m de profondeur « encaissées entre des parois verticales...; ces routes se prolongent pendant des centaines de kilomètres. comme des fosses à l'intérieur du sol ». L'épaisseur de la « terre jaune » atteint jusqu'à 600 m Quant aux terres déblayées et entraînées par les eaux, elles ne sont pas perdues : elles vont former cette vaste plaine d'alluvions qui s'étend des rives du Hai-He (ou Peiho = Fleuve blanc)  à celles du Yangzi (Fleuve Bleu), sur une largeur de 200 à 500 km et une longueur plus que double. Au milieu, le Shandung forme un bloc de terrains plus anciens, cristallins et métamorphiques dans la presqu'île, paléozoïques et carbonifères à la base. Les formations paléozoïques et carbonifères sont très étendues au Sud du Huang He (Fleuve Jaune) où se trouvent d'immenses bassins houillers.

La Chine méridionale est formée de bandes alternantes de terrains métamorphiques, paléozoïques et carbonifères, orientés du Sud-Ouest au Nord-Est parallèlement à la côte du Fujian. Ces régions doivent leur originalité orographique à leur structure géologique. La côte est granitique. Dans l'île de Taïwan, la chaîne centrale est formée de calcaire carbonifère; mais toute cette rangée d'îles est volcanique.

Nous avons déjà dit que le Kamtchatka était granitique et volcanique; la structure géologique du Japon est un peu plus compliquée. Les Kouriles sont tout à fait volcaniques. On considère l'île d'Hokkaïdo comme le point de rencontre de deux axes montagneux : le prolongement des Kouriles comprend des terrains éruptifs (trachytes, basaltes, laves); le prolongement de Sakhaline est surtout granitique et schisteux; au Sud-Est se sont déposés les sédiments. Dans Honshu, la grande île, le squelette se compose de roches cristallines, autour desquelles se sont amoncelés les terrains éruptifs; dans les intervalles, les dépôts sédimentaires, qui occupent à peu près la moitié de la surface. Shikok et Kyushu sont essentiellement; formés de schistes cristallins, au-dessus desquels se sont épanchés des trachytes, dominés par les volcans de l'âge moderne; autour, les dépôts sédimentaires. Dans les îles Ryukyu on trouve des terrains de date et de nature très diverses, granit, schistes, grès, calcaires, etc.

les terrains cristallins abondent dans la péninsule indochinoise et y forment les montagnes; au Nord le Yunnan renferme de vastes assises de grès rouge et une série de terrains éruptifs. Dans toute cette région, comme en Insulinde, les filons métalliques sont nombreux, et la décomposition du granit fournit des sables riches en pierres précieuses. Les plaines sont de formation tertiaire.

La plaine de l'Hindoustan (Nord de l'Inde) est de formation récente; le Pendjab même est un ancien golfe, et la partie inférieure du bassin du Gange est formée d'alluvions d'une grande épaisseur. Les montagnes qui la dominent des deux côtés ont la même origine; dans l'Assam comme dans les provinces du Nord-Ouest on trouve le grès tertiaire et le calcaire à nummulites.

Le Dekkan est un plateau de gneiss et de terrains paléozoïques qui fut une île. Au Nord ces couches anciennes ont été recouvertes sur 500,000 km². par des trapps basaltiques (plateau de Malva); leur désagrégation par les agents atmosphériques forme la latérite, argile ferrugineuse, d'une structure particulière; c'est dans ces terrains éruptifs que sont creusées les vallées de la Tapti et de la Narhada. Au-dessus s'élèvent les monts Satpura, d'origine éruptive. Dans le noyau montagneux des provinces centrales (au Nord du Dekkan), les roches métamorphiques sont restées à nu; le Bundelkund est granitique; près de   Puducherry (Pondichéry) on trouve la craie; presque toute les plaines du Dekkan sont formées de « terre noire » aussi fertile que celle de Russie. La désagrégation du gneiss fournit les sables diamantifères du centre de la presqu'île. Au Sud nous retrouvons les terrains cristallins, gneiss et porphyre dans les Nilghiri, granit dans l'extrémité méridionale, gneiss et granit à Sri Lanka (dont le nord est cependant d'origine corallienne).

Les montagnes de l'Asie antérieure sont considérées comme plus récentes que celles de la haute Asie. Dans le plateau de l'Iran le noyau de l'Hindou-Kouch est encore composé de roches cristallines, mais en descendant vers l'Afghanistan nous entrons dans les terrains paléozoïques puis mésozoïques; les assises crétacées, si rares jusqu'à présent, sont très étendues et dominent, avec les calcaires jurassiques et à nummulites. Le plateau proprement dit est calcaire et argileux. Au Nord les monts Elbourz (Alborz) sont constitués de terrains jurassiques et crétacés reposant sur des assises paléozoïques; au-dessus, le volcanique Damâvand. Le rebord occidental est formé de terrains cristallins surmontés de sommets de quartzite ou de calcaire. 

Le sol des plateaux d'Azerbaïdjan et d'Arménie est tertiaire; il est dominé par des montagnes cristallines et paléozoïques au Sud, mais surtout par des volcans qui ont couvert de tufs et de laves une grande partie du pays. Le Caucase, de structure très régulière, a des roches granitiques au centre : les schistes paléozoïques, les terrains jurassiques se succèdent sur ses pentes jusqu'aux sédiments tertiaires de la plaine. La craie s'élève à près de 4000 m dans le Daghestan. Au travers ont percé des terrains éruptifs, porphyres, trachytes (Kasbek); l'Elbourz est un ancien volcan; les sources thermales témoignent de l'activité géologique souterraine. 

L'Anatolie comprend essentiellement deux bandes calcaires au Nord et au Sud, sur des terrains volcaniques; vers le centre (Kiutaya) des terrains crétacés couvrent une certaine étendue; de même on trouve des terrains tertiaires dans les provinces du Sud, mais les roches éruptives dominent. Nulle part peut-être la proportion des roches éruptives n'est aussi forte par rapport aux terrains sédimentaires : trachytes et dolérites (sipyle, argée, etc.), syénites et granits abondent; les roches plus récentes (basaltes), etc., sont relativement rares. 

La plaine de la Mésopotamie (Irak) est formée de sols tertiaires et quaternaires au milieu desquels s'élèvent des masses calcaires ou des massifs basaltiques. 

La Syrie et la Palestine (Israël, Territoires Palestiniens) ne renferment ni terrains primitifs, ni aucun terrain sédimentaire antérieur à la craie. Le Liban est surtout formé de calcaire coralliaire, l'anti-Liban de terrains crétacés. Ceux-ci dominent aussi dans la Palestine orientale, associés aux basaltes : la Haouran et le Safa sont entièrement basaltiques : il faut citer les « terres brulées » du Harra. Le Sinaï est formé de granit, de syénite, de diorite, de porphyre, et, au Nord, de grès. 

Les montagnes côtières de l'Arabie sont d'origine primitive; mais, à côté des schistes cristallins, du gneiss et du granit, on trouve des terrains mésozoïques. Dans toute la presqu'lle les anciens foyers volcaniques sont nombreux. (GE).

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