.
-

Anastase

Anastase le Bibliothécaire, moine italien, bibliothécaire du Vatican; mort en 886. Il assistait en 869, comme envoyé de l'empereur Louis II, au huitième concile oecuménique de Constantinople, qui condamna Photius. Il traduisit du grec en latin les actes de ce concile ainsi que ceux du septième. Il est l'auteur d'une Histoire ecclésiastique comprise dans la collection Byzantine. On lui a longtemps attribué le Liber pontificalis, compilation des vies des papes, jusqu'à Nicolas Ier; mais il semble aujourd'hui démontré que la plus grande partie de cet ouvrage a été composée à une époque fort antérieure à Anastase. (F -H. V.).
Saint Anastase ler  est le 39e, pape, élu en 398, mort en 402, prit parti contra les adhérents d'Origène dans la controverse soulevée par ses doctrines, se distingua par sa rigueur contre les donatistes, défendit d'admettre des infirmes dans les ordres ecclésiastiques. Il réconcilia les Eglises de Rome et d'Antioche séparées depuis dix-sept ans. C'est à lui que remonte l'usage de se tenir debout pendant la lecture de l'évangile dans le culte public. ll reste de lui des lettres.
Anastase II est le 50e, pape, couronné le 24 novembre 496, mort le 16 novembre 498, félicita le roi Clovis de sa conversion. Dans la lutte contre les monophysites, il fut soupçonné d'entrer dans les vues de conciliation du patriarche de
Constantinople, Acacius. (G. B.).
Anastase III est le 123e, pape, sacré en septembre 911, mort en novembre 913. Il est le duexième pape qui ait été nommé sous le régime de la pornocratie. Il s'immisça dans l'organisation ecclésiastique de l'Allemagne en subor donnant l'archevêché de Cologne à celui de Brême.
Anastase IV est le 170e, pape, couronné le 12 juillet 1453, mort à Rome le 3 décembre 1154, fit restaurer le Panthéon; accorda des privilèges à l'ordre des chevaliers hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Il se distingua. par sa charité dans une grande famine et par ses égards envers Frédéric Barberousse, reconnaissant Wichmann comme évêque de Magdebourg, contrairement au refus de son prédécesseur. Il reste de lui des lettres et un ouvrage sur la Trinité. (G. B.).
Anastase est un antipape (855). Cardinal-prêtre du titre de Saint-Marcel, il avait été condamné par quatre synodes successifs; néanmoins, il brigua la papauté, en concurrence avec Benoît III. Celui-ci ayant été élu, malgré les préférences des empereurs Lothaire et Louis le Germanique, Anastase se fit introduire à Saint-Pierre par les envoyés impériaux et il y brisa les tables de sa condamnation. 

Le pape fut emprisonné; mais l'énergique intervention du peuple obtint sa délivrance et lui permit de s'installer Saint-Pierre. Anastase fut condamné uns dernière fois comme coupable du meurtre de la femme et de la fille d'Adrien II. (G. B.).

Anastase Ier est un empereur de Constantinople. il succéda, sur le trône, à l'empereur Zénon, mort en 491. Il n'avait aucun droit à l'empire; il était né à Dyrrachium d'une famille peu considérable. Son office le rangeait parmi les Silentiaires, c.-à-d. parmi ceux dont l'emploi était de faire régner le silence dans le palais. Cette charge n'avait rien de bien glorieux. Les officiers de ce genre étaient sous les ordres du grand chambellan et ne portaient même pas les armes. Il dut son élévation au trône à la volonté et à l'affection de l'impératrice Ariadne, veuve de Zénon et fille de l'empereur Léon. Elle l'épousa quarante jours après la mort de Zénon : il avait alors soixante ans. Il dut cet honneur à sa grande taille, à ses yeux gais et agréables, tirant sur le bleu, quoique l'un des deux fût de couleur différente, ce qui le fit appeler Dicore, c.-à-d. double prunelle. 

Le patriarche Euphème s'opposa à son couronnement; il savait qu'il était le fils d une manichéenne, qu'il ne recevait pas le concile de Chalcédoine et qu'il partageait les doctrines d'Eutychès. Anastase promit de conserver la foi catholique dans son intégrité et l'opposition du patriarche cessa. Il est bien difficile de dire quel fut son vrai caractère : Ies opinions et les témoignages des contemporains sont très opposés. On le représente tantôt comme un prince pieux, charitable, généreux dans ses aumônes; tantôt comme une personnalité faible, basse et avide d'argent; on le peint comme ayant assemblé des qualités fort opposées. Il est certain qu'il chassa les délateurs dé Constantinople, qu'il bannit des spectacles publics les combats d'hommes contre les bêtes, qu'il abolit la vénalité des charges. Une des mesures qui lui firent le plus d'honneur fut la suppression du chrysargyre. Cet impôt, qui remontait à Constantin, se levait tous les quatre ou cinq ans sur tous ceux qui exerçaient le commerce, même le plus petit. On l'imposait aux mendiants aux filles publiques. Cet impôt était odieux : on l'appelait l'or d'affliction. En le supprimant, Anastase s'attira les plus grandes louanges. 

La loi anastasienne. - On désigne sous ce nom une constitution de l'empereur Anastase, connue sous le nom de loi per diversas, aux termes de laquelle les cessionnaires de droits litigieux ne peuvent exiger du débiteur que ce qu'ils ont dû débourser pour le prix de la cession, plus les intérêts. On voulait ainsi décourager la cupidité des spéculateurs et mettre les débiteurs à l'abri de leurs vexations. Justinien a confirmé la décision de son prédécesseur et même aggravé sa rigueur dans une constitution habituellement appelée loi ab Anastasio. Le droit accordé par ces constitutions au débiteur fut admis dans l'ancien droit français sous le nom de retrait litigieux et pratiqué aussi bien dans les pays de coutume que dans ceux de droit écrit. Bien que contraire à la liberté des conventions, le droit de retrait litigieux a été maintenu dans le Code civil où il fait l'objet des dispositions des articles 1699-1701.
Son règne ne fut guère tranquille à l'intérieur. Des séditions éclatèrent à plusieurs reprises (491-497, 501-503) dans le Cirque. Les verts et les bleus s'y livrèrent de violents combats : trois mille habitants furent massacrés dans une de ces émeutes; Anastase faillit y perdre la vie. Il eut à supporter une révolte de la part de Longin, le frère de l'empereur Zénon (492). A l'extérieur, il eut à faire la guerre aux Isaures (493), aux Sarrasins (498-502) qui dévastaient la Palestine et la Syrie, aux Bulgares (498) que ravageaient la Thrace. En 502, Cabade, roi des Perses, ravagea la Mésopotamie et tenta de s'emparer d'Édesse. Cette guerre fut très longue et très pénible. En 512, les Hérules passèrent le Danube. Anastase commit la faute de les laisser s'établir sur les terres de l'empire, puis il envoya contre eux une armée et il en fit tuer un grand nombre. En 515, les Huns, passant les Portes Caspiennes, ravagèrent l'Arménie, la Cappadoce, la Galatie et le Pont. En 517, une inondation de Cappadoce, du Nord fondit sur l'Epire, la Thessalie, et s'avança jusqu'aux Thermopyles. En 514, Vitalien, fils de Patriciale, se portant comme le défenseur des catholiques persécutés, déclara la guerre à l'empereur; il marcha sur Constantinople avec soixante cinq mille hommes. Anastase eut de la peine à finir cette guerre : il la termina par une paix qui valut de grands avantages à Vitalien.

Anastase ne manquait pas des qualités qui font l'habile administrateur. Il travailla à rétablir dans Athènes les écoles de philosophie. Il entreprit et acheva des oeuvres Il fit construire la longue muraille qui, sur un espace de 80 km, allait du nord au midi, depuis l'une des deux mers qui environnent Constantinople jusqu'à l'autre; elle avait vingt pieds d'épaisseur et défendait la ville contre les courses des Barbares. Il agrandit la ville de Daras sur l'emplacement où Alexandre avait battu Darius; il l'appela Anastasiople. Il nettoya le port de Constantinople et y fit faire des môles il y fit rebâtir beaucoup d'églises. Il fit fortifier Théodoriople, en Arménie; mais refusa d'acheter les Portes Caspiennes sur l'offre qui lui en était faite par un certain Ambazac, Hun de nation, qui voulait les lui vendre. 

L'empire, sous son règne, conserva son prestige au dehors. Gondebaud, roi de Bourgogne, s'était considéré comme le fidèle sujet de l'empereur. Sigismond, son fils, lui députa un de ses officiers pour lui rendre ses devoirs et se déclarer sujet de l'empire. Les historiens disent qu'Anastase, ayant appris la grande victoire que Clovis avait remportée sur Alaric, il lui envoya le titre de consul, que Clovis en prit Ies ornements avec le diadème dans l'église de Saint-Martin de Tours, que, depuis ce temps-là, on l'appela consul et auguste. 

Anastase mourut en 518; on attribue sa mort soit à l'effroi qui le saisit au milieu d'un grand orage mêlé d'éclairs et de coups de tonnerre, soit à un coup de foudre; il n'y a rien de certain dans ces allégations. Il expira le 9 juillet 518; il avait quatre-vingt-huit ans; il avait régné vingt-sept ans et trois mois, moins deux ou trois jours. (Ch. Gidel).

Anastase II est un empereur de Constantinople (713-716). Le 4 juin 713, jour de la Pentecôte, Artémios, le premier secrétaire d'État, succéda àè l'empereur Philippicos qui venait d'être renversé du trône le 3 juin. Artémios reçut la couronne des mains du patriarche Jean et prit le nom d'Anastase II. C'était un homme de savoir, ayant une grande expérience des affaires. Il commença par punir les auteurs du complot qui avait renversé Philippicos, Georges et Théodore. Ils eurent les yeux crevés et furent transportés à Thessalonique. Anastase était attaché à la doctrine catholique, il avait juré de défendre l'ancienne croyance et de soutenir la foi du sixième concile qui avait condamné les monophysites et les monothélites. Il se mit en communion avec le pape Constantin. Il s'appliqua ensuite à placer à la tête des diverses administrations des hommes de mérite, et confia le commandement des troupes à Léon, qui s'était déjà distingué sous le règne de Justinien II. Les Arabes ne cessaient de menacer Constantinople. Ils faisaient de grands armements. Anastase prit des mesures pour leur résister. Il rassembla du blé dans les greniers de l'Etat, et enjoignit aux citoyens de se pourvoir de vivres pour trois ans; il répara les murs du côté de la mer, il les garnit de machines, il fit construire des barques et des vaisseaux de course. C'était un règne réparateur que celui d'Anastase. Il aurait pu relever les ruines de l'Empire. Mais, au bout de deux ans, on se dégoûta d'un prince si sage. 

Ayant appris que les Arabes construisaient une flotte menaçante, il résolut de détruire cet armement. Il réunit ses vaisseaux à Rhodes, ils devaient de là gagner les côtes de la Phénicie, et mettre le feu aux bois de construction entassés par les Arabes sur le rivage. Tout était prêt, on allait mettre à la voile. Des mutins refusent tout à coup d'obéir. Ils massacrent leur général, la flotte se disperse et les rebelles font voile vers Constantinople. Arrivés à Adramytte, ils rencontrent un homme du pays nommé Théodose, simple receveur des impôts, sans talent, sans expérience, ils lui offrent la couronne; Théodose refuse, il tente de s'échapper, on le ressaisit, on le fait empereur. Anastase quitte Constantinople et se retire à Nicée dans l'intention d'y rassembler des forces. Les rebelles attaquent Constantinople qui refuse de les suivre dans leur rébellion. Pendant six mois, les deux flottes restèrent en présence. Enfin, au mois de janvier 716, la flotte impériale s'étant retirée dans le port, celle de Théodose débarqua ses troupes et les soldats arrivèrent au mur des Blaquernes. Une porte leur est ouverte. Ils se jettent dans la ville, mettent le feu aux maisons, pillent les palais et les églises. Anastase est bientôt assiégé dans Nicée, il en sort, il est battu; il est obligé de rentrer encore dans la ville. Désespérant du succès, il traite avec les assiégeants, il demande la vie sauve, stipule pour le patriarche et ses amis qu'on les rétablira dans leurs biens et dans leurs dignités. Il prend l'habit monastique, se fait conduire à Théodose. Celui-ci ratifia les promesses faites à Anastase. On lui conféra la prêtrise, et il fut rélégué à Thessalonique. Il avait régné deux ans et demi. (Ch. Gidel).

Saint Anastase est un patriarche d'Antioche (de 561 à 599). Son oeuvre fut vraisemblablement une lutte incessante contre les monophysites qui, sous son pontificat, s'organisèrent en église distincte dans la Syrie et fondèrent même à Antioche un patriarchat oecuménique dont le premier titulaire fut Jacob, leur vaillant apôtre. Anastase dut s'attacher à dévoiler et à combattre leurs doctrines, sous toutes les formes qu'elles pouvaient prendre, même lorsque, déguisées, elles réussissaient à se faire tolérer par les représentants officiels de l'orthodoxie. Cette inflexibiIité dogmatique le fit exiler, en 570; mais il fut rétabli sur son siège épiscopal, par l'empereur Maurice. On pense  que c'est lui qui a écrit le livre contre les Acéphales, qu'on a attribué à Anastase le Sinaïte. Il est incontestablement l'auteur d'ouvrages composés contre les aphtartodocètes, qui enseignaient que le corps du Christ était incorruptible avant sa mort comme après sa résurrection, parce que la corruptibilité du corps est une conséquence du péché originel. Il reste de lui huit discours.
Saint Anastase le Sinaïte (vers 680) est un moine du Mont-Sinaï et écrivain religieux. On a imprimé sous son nom les ouvrages suivants : Guide du chemin contre les Acéphales, grec et latin; Ingolstadt, 1606, in-4; Questions et réponses, grec et latin; Ingolstadt, 1617, in-4; Anagogicae contemplationes in Hexaëmeron, en latin pour la plus grande partie; Londres, 1682, in-4; De hominis creatione a Deo ad imaginem et similitudinem suam; Paris, 1618. 

Le premier de ces livres nous semble appartenir à saint Anastase qui fut patriarche d'Antioche, de 561 à 599. En effet, les acéphales, contre lesquels ce livre est écrit, étaient des monophysites égyptiens, tellement intransigeants, qu'ils s'étaient séparés de leur patriarche Mongus, monophysite pourtant, aimant mieux être privés de chef ecclésiastique que d'accepter une formule de conciliation édictée en 482 par l'empereur Zénon. De là, leur nom Acéphales : sans chef, sans tête. Or, au temps d'Athanase le Sinaïte, deux siècles avaient passé sur ces faits. Non seulement le débat contre le monophysitisme avait dû perdre son ardeur, mais il avait perdu sa principale importance : l'Egypte et les contrées où les monophysites étaient cantonnés se trouvaient conquises, depuis cinquante ans, par les musulmans : les persécutions subies par les hétérodoxes avaient facilité cette conquête. (E.-H. V.).

Anastase (Romanenko-Bratanovsky), prélat et écrivain russe, né en 1761, mort en 1806. Il prêcha à la cour à l'âge de vingt-quatre ans et fut surnommé le Massillon russe; son oraison funèbre du général Betsky (1795) fut considérée comme le chef-d'oeuvre de l'éloquence nationale; il devint successivement évêque de Mohilev et archevêque d'Astrakhan. Il a laissé, outre ses discours (2e éd., Moscou, 1814), un traité en latin : Tractatus de concionum dispositionibus formandis, Moscou, 1806, et de nombreuses traductions du français. (L. L.).
Anastase, prélat tchèque, l'un des apôtres de la Hongrie (Xe siècle). Les Tchèques l'appellent aussi Kadla, et les Hongrois, Astricus. Il fut le maitre de saint Adalbert , l'accompagna à l'école de Magdebourg (972-981), puis en Hongrie et en Italie. Il devint, en 993, le premier abbé du monastère de Brevnov; deux ans après, par suite des guerres civiles qui désolèrent la Bohème, il s'enfuit en Hongrie; le roi Etienne le nomma évêque de Kalocsa, puis archevêque de Gran (Esztergom). Il aida puissamment ce prince à organiser la religion chrétienne en Hongrie. (L. L.).
.


Dictionnaire biographique
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z
[Aide][Recherche sur Internet]

© Serge Jodra, 2004 - 2016. - Reproduction interdite.