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00 N, 150 00 W |
L'Alaska
est un Etat des Etat-Unis ,
connu avant 1867 sous le nom d'Amérique russe. II est borné au
Nord et au Nord-Ouest par l'océan Glacial
Arctique, à l'Ouest par le détroit et la mer
de Béring, au Sud-Ouest par l'océan
Pacifique, Ă l'Est par une ligne conventionnelle qui part de l'embouchure
du Simpson à la pointe Sud de l'île du Prince jusqu'au mont Saint-Elie
(St Elias) et court droit à l'océan Arctique en suivant le 141e
méridien longitude Est. Cette ligne sépare l'Alaska du Canada .
Cet Etat occupe ainsi l'angle Nord-Ouest de l'Amérique
du Nord. Superficie : 1,717,854
km² (plus de trois fois la surface de la France);
population : 699,000
habitants (2010). Capitale : Juneau (31,000
habitants). Plus grande ville : Anchorage
(290,000 habitants).
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Carte
de l'Alaska.
Description générale.
L'Alaska se compose
de trois parties : 1° le littoral du Pacifique
Nord jusqu'au mont Saint-Elie; 2° la presqu'île d'Alaska et les îles
Aléoutiennes; 3° l'extrémité occidentale du continent américain
au Nord du 60e degré de latitude Nord.
1° Le littoral
du Pacifique s'Ă©tend de l'embouchure du Simpson au Cross sound, Ă la
base du mont Saint-Elie. Il est profondément déchiqueté; des îles
nombreuses aux contours tourmentés, séparées par des canaux, bordent
une côte âpre, dentelée de fjords.
Le golfe
de Géorgie, par lequel commence ce dédale d'archipels est semé d'écueils
dangereux qu'on appelle les Soeurs. Au Nord, dans le pertuis désigné
sous le nom de Charlotte sound, les courants sont rapides, mais les fonds
sont à 100 brasses. Haida Gwaii ou îles
de la Reine-Charlotte, ainsi nommées en 1787, par Dixon ,
du nom de son navire, ont une forme triangulaire et sont rangées suivant
un axe du Sud-Est au Nord-Ouest. La partie Nord-Est est basse, d'accès
facile et verdoyante; le reste est plus ou moins montagneux
et très boisé. Au delà , il y a trois grandes vallées sous-marines qui
courent entre les grandes îles Alexandre
(8,593 km²), Koupreanov, Admiralty, Baranov et Tchitchakov (5,200 km²).
Les principaux détroits sont Dixon entrance, Sumner strait et Frederick
sound. Dans ce dernier pertuis, aux bords extrêmement irréguliers, il
y a une rade admirable dont les contours n'ont été relevés qu'en 1881
et qui a été appelée la baie de la Sécurité; les eaux y sont claires
et limpides, les fonds si excellents qu'on peut s'y risquer sans pilote;
le bois et le saumon s'y trouvent en abondance; la partie orientale présente
une montagne nommée le Pouce-du-Diable.
C'est dans l'île
Baranov que se trouve la ville de Sitka. Dominée par la montagne aiguë
de l'Edgecumbe, entourée de hauteurs coniques, pour la plupart boisées,
la baie de Sitka est la plus fréquentée de cette région; ce n'est pourtant
pas la meilleure station de la cĂ´te; des Ă©cueils et des bas-fonds assez
perfides y compliquent les dangers provenant de la force des courants
(bancs Keene, Zenobie, Vasilicoc, etc.) et de l'inégalité des marées.
Au Nord-Ouest de l'île Tchitchakov (Chichagov Island) se creuse un vaste
canal désigné sous le nom de Cross sound, tandis qu'au Nord-Est se trouve
le détroit Glacé (Icy strait). Les eaux de ces passages reçoivent les
nappes gelées qui descendent lentement des flancs des alpes Saint-Elie
(Saint Elias Mountains). L'archipel Tchitchakov contient une population
assez nombreuse d'Amérindiens appartenant à la nation T'luikit. Les îles
séparées par des canaux sont très boisées, giboyeuses, d'aspect rude.
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Le
glacier de Shakes, au Sud-Est de l'Alaska.
(Photo
: P. J. Heglund).
Les Alpes Saint-Elie
(Saint Elias Mountains) ont, au contraire, un aspect grandiose; elles commencent
par le glacier et le mont La PĂ©rouse qui dresse,
à près de 11,000 pieds, ses roches dénudées, aux profils aigus comme
une scie. Le mont Crillon (3879 m) au Nord-Ouest, ainsi baptisé par La
PĂ©rouse
en 1786, en l'honneur du ministre de la marine, est un cône régulier;
il se dresse au-dessus d'un glacier immense qui vient se perdre dans la
baie Lituya, tandis que sur le flanc Sud s'épanche une nappe de névés
qui aboutit Ă Icy point et dont la largeur atteint 15 km, et dont l'Ă©paisseur
dépasse plusieurs centaines de mètres. La Pérouse avait érigé en 1786,
à l'entrée de la baie Lituya, sur un îlot boisé, un cénotaphe de bois,
en mémoire de ses officiers et de 15 hommes qui se perdirent dans ce parage.
Le monument a disparu mais l'îlot a gardé le nom d'île du Cénotaphe.
Au Nord de la baie est le mont Fairweather (Cook, 1778). C'est une croupe
élevée, haute de 4663 m, qui domine la crête des alpes Saint-Elie et
est striée par des vallées profondes où se moulent d'épais glaciers.
Il projette dans la mer des Ă©perons formidables d'aspect par les forĂŞts
sombres qui les couvrent et dont la couleur noirâtre contraste avec le
blanc laiteux de la mer. Surpassé en altitude par le mont Logan (5951
m), un peu plus au Nord, le mont Saint-Elie (5489 m) termine cette superbe
rangée. Vu du large, il a l'apparence d'une pyramide dont le flanc Sud-Ouest
est profondément rongé par une sorte de cratère profond. Au pied. s'étend
une lisière de marécages et de tourbières sillonnés par quelques canaux,
tandis que le flanc septentrional est couvert de glaciers au nombre de
treize, dont quelques-uns se prolongent jusque dans la mer. Le Saint-Elie
est composé de syénite et de granit
dépourvu de mica et d'une couleur blanchâtre. Le littoral du Pacifique
se termine par une presqu'île de forme triangulaire, très découpée
dans sa partie méridionale ; elle est baignée au Nord par le Cook's inlet
que surveillait autrefois le fort KenaĂŻ.
2° Le littoral de
la presqu'île d'Alaska commence par un fjord très profond et très encaissé,
connu sous le nom de Cook's inlet (entrée de Cook) appelé aussi baie
de Kenaïev, fermé à l'Est par la presqu'île de ce nom. Cette baie,
sur laquelle se trouve la ville d'achorage, diluée au pied des monts Chugach,
est le débouché de plusieurs fleuves, dont la
large Susitna qui se forme dans la chaîne d'Alaska (Alaska Range), où
se trouvent quelques uns des plus hauts sommets de l'Etat, Ă commencer
par le Mont McKinley (6194 m), qui est aussi le point culminant de l'Amérique
du Nord. Le détroit d'Alaska sépare du continent l'île de
Kodiak,
La surface de cette île est très ondulée; les forêts n'existent que
dans la partie septentrionale. On y trouve la baie Chiniak et le port du
même nom. Le climat en est très humide; la
neige
y persiste de décembre à avril seulement. La mer n'est jamais prise par
les glaces, mais la navigation est parfois dangereuse Ă cause des bancs
d'icebergs. C'était autrefois quartier général
de la Compagnie russe, puis le rendez-vous des chasseurs d'outardes. A
l'intérieur sont de nombreux petits lacs avec des ruisseaux rapides ou
abondent les saumons. La péninsule et la chaîne des îles
Aléoutiennes qui la prolongent sont très riches en indentations,
criques et baies profondes, refuge des loups marins et d'un nombre incroyable
d'oiseaux de passage. Longue d'environ 800 km,
large à sa base de 80 à 100, elle va s'amincissant jusqu'au détroit
d'lsanotsky oĂą se termine par une pointe montagneuse, battue par une mer
souvent démontée, le continent américain. Les îles Aléoutiennes forment
un chapelet sur ligne courbe d'un élégant dessin dont la convexité est
tournée vers le Sud et qui va jusqu'au Kamtchatka,
sur une longueur de 2300 km.
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Le
mont McKinley (Denali). Il domine l'Alaska
et
tout le continent nord-americain du haut de ses 6195 m.
(Photo
: Lisa Grandbois).
3° La partie continentale
de l'Alaska développe son littoral sur l'Océan
Pacifique, sur la mer et le détroit de Béring et sur l'océan
Glacial Arctique. La baie de Bristol se trouve immédiatement au Nord
de la presqu'île de l'Alaska. Cette baie est bien nommée. Il existe en
effet une vague ressemblance entre cette cĂ´te et celle du Pays de Galles,
la presgu'île de l'Alaska s'avançant à peu près comme celle de Cornouailles.
Le cap du Prince-de-Galles est le point le plus occidental du continent
américain Il est, à 45 milles du cap Oriental, le dernier pilier de la
côte sibérienne au-delà du détroit de Béring lui est glacé pendant
neuf mois, et parcouru le este de l'année par des remous fort dangereux
et est souvent couvert de brouillards. La baie de Kotzebue est le premier
accident notable sur la côte de l'océan Arctique, ses rives sont basses,
aussi incertaines que la toundra de Sibérie;
les fonds extrêmes ne dépassent pas 10 brasses et la sonde s'enfonce
dans une vase épaisse; le cap Lisburne, le cap Glacé où s'arrêta Cook
à son dernier voyage devant une barrière de banquises, enfin, la pointe
Barrow, longue flèche basse et sablonneuse comme une nehrung de
la Baltique, est, de toutes les parties du
territoire, la plus voisine du pôle (67° 33' 31" lat. N). Cet immense
territoire est séparé du littoral par une chaîne de montagnes dont un
grand nombre sont des volcans. On a relevé jusqu'à 61 pics
volcaniques, dont une dizaine seulement en activité. Au-delà de 65°
lat. N., il n'existe plus de sommets élevés. Une autre chaîne qui est
la prolongation des Montagnes Rocheuses
suit la direction du Nord et s'arrête à peu près au 64° degré à l'Est
du Yukon. Au delà s'étend une plaine semée de
lacs,
faiblement ondulée, sauf sur les bords de l'Océan Arctique.
GĂ©ologie, hydrographie
et climat.
Le granit
et les roches primitives affleurent au Sud du mont Saint-Elie et sur la
côte du Pacifique; les rochers volcaniques dans les îles
Aléoutiennes où l'on a découvert des sources thermales. Dans l'archipel
du Renard, existe une grotte très remarquable
retrouvée en 1874, la température y est très élevée et les habitants
y déposaient autrefois les corps de leurs parents pour les dessécher.
Il existe aussi des sources chaudes sur le littoral de l'Est et près de
Sitka. L'archipel Alexandre est riche en
fossiles
de la période crétacée. L'étage tertiaire
existe Ă l'Est avec couches de charbon, de lignite
et d'ambre. L'or et l'argent y existent en petites
quantités, le cuivre paraît plus abondant, le
soufre
aussi.
-
Troupeau
de caribous dans la toundra, en Alaska.
RĂ©gion
de la rivière Porcupine; au fond, la chaîne de Brooks.
Hydrographie.
Les cours
d'eaux qui arrosent l'Alaska sont : sur la cĂ´te orientale : le Nasse
river, très poissonneux; le Sitknie, qui a 400 km de longueur, dont 40
sont navigables ; la Chilkat qui perd dans le Cross sound ses eaux chaudes
et fumantes, et la rivière de Cuivre. Dans la presqu'île et les archipels
il n'existe naturellement que de très courtes rivières, très torrentielles
et très rapides, mais les saumons y sont nombreux. Le grand fleuve de
la région continentale est le Yukon dont le cours dépasse en longueur
3000 km. NĂ© sur le territoire canadien, au milieu
des montagnes, il roule d'abord parmi des rochers,
traverse des lacs et suit la direction du Nord-Ouest jusqu'Ă fort Yukon.
A cet endroit il est, an moyen d'un affluent de droite, en communication
facile avec le Mackenzie. Il prend alors
la direction du Sud-Ouest jusqu'Ă son delta dont une des branches porte
le nom de Kouickpack que les Russes avaient Ă©tendu par erreur au fleuve
tout entier. Le bassin supérieur du Yukon est séparé par un simple portage
de celui de la Chilkat. On peut aussi nommer la Kouskokimé qui se jette
un peu au Sud du Yukon.
Climat.
Chacune des trois
grandes régions de l'Etat d'Alaska a un climat particulier. Néanmoins
on peut dire qu'à une époque très éloignée la température était
assez élevée, comme le démontrent les restes fossiles
d'éléphants, de buffles et de chevaux. A
cette période de chaleur tropicale a succédé la période glaciaire.
L'intensité du froid a considérablement diminué.
On désigne généralement,
au point de vue du climat et des productions, les trois grandes zones du
territoire sous le nom de district de Sitka, district aléoutien et district
du Yukon :
Dans le
premier règne une extrême humidité. Sitka est la ville du monde, en
dehors des tropiques, oĂą la hauteur des eaux de pluie
est la plus considérable (de 1.62 m à 2,44 m). Il pleut de 190 à 285
jours par an, sans compter les jours de brouillard. La température annuelle
moyenne est de + 6,67 °C, mais la moyenne d'hiver est proportionnellement
plus élevée que celle d'été. C'est à peine s'il se forme à Sitka
de la glace propre Ă la consommation; la moyenne de janvier, qui est le
mois le plus froid, est à fort peu près 0° C, tandis que celle d'août
arrive à peine à +13,2 °C, ce qui tient à l'abondance des pluies.
La région
aléoutienne (dont fait partie au point de vue climatologique la presqu'île
d'Alaska) jouit aussi d'un climat relativement doux. La plus basse température
observée dans l'île d'Unalaska est de -18°C, la plus élevée + 24°
C. Les neiges perpétuelles s'arrêtent sur les
hauteurs Ă la limite de 1,07 m. Le nombre de jours de pluie est de 150,
la précipitation 1, 05 m.
A l'Est des montagnes
sévit au contraire un climat continental. Les récits des voyageurs donnent
une effrayante idée des neiges, des fondrières, des affreuses solitudes
qu'on rencontre quand on s'est avancé à plus de 50 km seulement de la
côte : à Fort-Yukon (2000 km à l'intérieur), on a observé -57°C.
La température moyenne est de -8° C à 66°34' de latitude Nord.
Histoire.
L'histoire de l'Alaska
comprend trois périodes :
1°
Période de découvertes jusqu'en 1799.
Les Russes
ne soupçonnèrent que dans le second quart du XVIIIe
siècle l'existence d'une terre américaine située à proximité de la
Sibérie .
Catherine
commissionna Vitus Behring (BĂ©ring)
Ă deux reprises, en 1728 et en 1741, pour explorer le Nord-Est de l'Empire.
Dans le premier voyage il reconnut que l'on pouvait, de ce côté, contourner
l'Asie
par mer. Dans le second il débarqua sur le littoral américain dans la
baie qui porte son nom, en vue des neiges du mont Saint-Elie, pendant que
son compagnon Tchinikov découvrait le Cross round. Behring mourut au retour
dans l'île de son nom, mais le naturaliste Stellef, qui était avec lui,
fit connaître au public les résultats de l'expédition. Les pêcheurs
et les marchands de pelleterie s'élancèrent sur les traces des marins
et des savants. De proche en proche les îles
Aléoutiennes, Alaska et les autres archipels furent reconnus et envahis.
-
"Conseil
de clan", réunion de totems au sommet de la colline de Cape Fox (Ketchikan,
Alaska).
En 1778, Cook ,
cherchant le passage du Nord-Ouest par un chemin plus court vers l'Angleterre ,
débarqua dans Cook's inlet, puis fut arrêté par lés obstacles de l'Icy
cape. On sait qu'il fut tué peu après en Océanie .
La PĂ©rouse
(1786), Pribylov (1787), Portlock et Dixon
(id.), John Meares (1788), Billings
(1789), Malespina (1791), Etienne Marchand (1791), enfin, Vancouver ,
le plus célèbre de tous ceux qui explorèrent scientifiquement cette
région, ont contribué à établir la carte du littoral. Alexander Mackenzie ,
en 1793, terminait au mois de juillet son voyage de découvertes à travers
la grande plaine du Nord. Mais les chasseurs de fourrures et les aventuriers
qui se risquaient dans ces rudes contrées faisaient aux malheureux Aléoutiens
une guerre d'extermination et par leurs gaspillages compromirent Ă tel
point l'avenir du commerce russe que le gouvernement de Paul Ier
obligea les nombreuses compagnies libres qui s'Ă©taient constituĂ©es Ă
se fondre dans la Compagnie impériale russo-américaine, établie par
l'oukase du 8 juillet 1799. Cette date ouvre la deuxième période.
2°
Compagnie impériale, 1799 à 1862.
Le privilège dura
jusqu'en 1862; pendant ce long intervalle la Compagnie impériale russe
exerça avec une grande rigueur son droit de monopole. Une ligne de forts
surveillait la côte, de sévères règlements armaient les agents de la
compagnie contre les étrangers, sans toutefois protéger les Indiens dont
l'extermination continua. Après avoir fondé Sitka ou Nouvel-Arkhan et
en 1802, la compagnie tenta de s'Ă©tablir plus au Sud : Ă l'embouchure
de la Columbia (1807) et même près de la baie de San-Francisco (1812).
Les gouvernements de Grande-Bretagne
et des Etat-Unis
durent modérer ces appétits. L'oukase de 1821 annexa à l'empire russe
toute la côte depuis le détroit de la Reine-Charlotte, 51° lat. N. Les
Etats-Unis et l'Angleterre protestèrent si vigoureusement que la Russie
dut reculer. Par le traité du 17 avril 1824 avec les États-Unis, elle
s'engagea à ne pas dépasser le 54° 40' de lat. N. et par celui du 28
février 1825 à ne pas s'avancer à plus d10 milles marins de la côte.
Nous avons vu par l'étude du climat que la région de l'intérieur n'avait
que peu de valeur Ă cette Ă©poque : la Russie ne fit pas un grand sacrifice
en abandonnant ses prétentions. Depuis la signature de ces conventions,
les marins anglais, américains et russes ont continué les voyages de
découvertes. Citons le voyage du lieutenant Zagoskin (1842-1844), dans
le bassin du Yukon; celui de Mac-Murray qui construisit le fort Yukon au
confluent de la rivière de ce nom et de la Porcupine; enfin le fameux
voyage de Mac-Clure
en 1850, qui fit connaître d'une manière certaine l'existence du, passage
du Nord-Ouest.
-
Une
rue de Fort Yukon, Alaska.
3°
PĂ©riode de rattachement aux Etats-Unis.
En 1862, expirait
le privilège de la compagnie; le gouvernement russe refusa de le proroger.
Toutefois la compagnie, puissamment organisée, continua en fait d'exercer
le monopole de l'achat des fourrures, sous la surveillance de l'État.
C'est ce qui se passe Ă©galement sur l'ex-territoire de la baie d'Hudson.
En 1865-1867, l'intérieur du territoire d'Alaska fut parcouru par une
commission scientifique américaine, chargée d'étudier le tracé d'une
ligne télégraphique, entre l'Europe et l'Amérique
(voie sibérienne). Ce projet fut momentanément abandonné lorsqu'on eut
réussi à poser des câbles sous-marins à travers l'Atlantique;
mais le président de la commission, W. A. Dall, fit une étude complète
des ressources de la contrée et, à la suite de cette enquête, le gouvernement
américain entra en négociations avec la Russie pour l'achat du territoire.
Un traité fut signé le 30 mars 1867, par lequel, moyennant la somme de
7,200,000
dollars, la Russie cédait tous ses droits de souveraineté. La congrès
de Washington
ratifia cette acquisition le 20 juin et le 18 octobre de la même année
le général de brigade Lowel H. Rousseau en prit possession au nom des
Etats-Unis .
(GE).
Après la vente,
l'Alaska est gouverné par l'armée américaine, puis par le Département
du Trésor et enfin par la Marine. Il n'y avait pas de structure politique
claire, et peu d'Américains s'y installaient, en dehors de quelques aventuriers,
marchands, et pĂŞcheurs. La population autochrone, comprenant principalement
les Inuits et les Aléoutes, restait majoritaire. L'économie de la région
se basait essentiellement sur le commerce des fourrures, la pĂŞche, et,
dans une moindre mesure, l'exploitation minière, bien que cette dernière
ne prenne véritablement de l'importance que plus tard.
La découverte de
l'or dans le Yukon canadien en 1896 et dans diverses régions de l'Alaska,
dont Nome et Fairbanks, attira des milliers de prospecteurs. La Ruée vers
l'or du Klondike en particulier a marqué cette période, bien que la majorité
de l'or se trouvait au Canada, l'Alaska
servait de porte d'entrée pour les chercheurs d'or. Cela a stimulé le
développement économique de la région avec la création de villes comme
Skagway et Nome. L'essor de l'exploitation minière, couplé à l'intérêt
croissant des États-Unis pour l'exploitation des ressources naturelles
de l'Alaska, a renforcé l'intégration économique et politique de la
région.
En 1912, l'Alaska
devient un territoire organisé des États-Unis, ce qui lui donne une représentation
limitée au Congrès américain et un gouvernement local. Toutefois, son
développement reste lent, en grande partie en raison de son isolement
géographique et de ses conditions climatiques rigoureuses. L'économie
de la région repose alors sur la pêche, l'exploitation minière (notamment
l'or et le cuivre), et la fourrure.
Pendant la Seconde
Guerre mondiale, l'Alaska devient un enjeu stratégique majeur pour
les États-Unis en raison de sa proximité avec le Japon.
En 1942, les îles Aléoutiennes, une chaîne d'îles à l'ouest de l'Alaska,
sont envahies par les forces japonaises, marquant la seule occupation de
territoire américain par des troupes ennemies pendant la guerre. Les États-Unis
construisent des bases militaires en Alaska pour contrer l'invasion, stimulant
le développement des infrastructures, comme les routes et les aérodromes.
Cette période de militarisation a mis en lumière l'importance géostratégique
de l'Alaska, notamment pour la défense du continent nord-américain pendant
la Guerre froide qui suivra.
Après la guerre,
les infrastructures développées pendant le conflit ont facilité la colonisation
et le développement économique de l'Alaska. La Alaska Highway (Route
de l'Alaska), construite pendant la guerre pour relier l'Alaska au Canada
et au reste des États-Unis, joue un rôle crucial dans l'intégration
de la région. Le 7 juillet 1959,
l'Alaska devient le 49e État des États-Unis.
Cela met fin Ă son statut de territoire, donnant Ă ses habitants les
mêmes droits politiques que les autres Américains. À cette époque,
l'économie de l'Alaska est largement dominée par la pêche, l'exploitation
minière et le secteur militaire.
L'un des tournants
les plus importants de l'histoire de l'Alaska moderne survient avec la
découverte de vastes réserves de pétrole à Prudhoe Bay, sur la côte
nord de l'État, en 1968. Cette découverte mène à la construction du
pipeline Trans-Alaska (1974-1977), une infrastructure de près de 1300
kilomètres reliant Prudhoe Bay au port de Valdez, dans le sud de l'Alaska.
Le pétrole devient rapidement le principal moteur économique de l'Alaska,
et l'État commence à générer des revenus considérables grâce aux
taxes et aux redevances sur l'exploitation pétrolière. L'Alaska Permanent
Fund, créé en 1976, est un fonds souverain destiné à redistribuer une
partie des recettes pétrolières aux habitants de l'État sous forme de
dividendes annuels.
Un événement marquant
de cette période est le séisme du Vendredi Saint, survenu le 27 mars
1964, qui est le plus puissant jamais enregistré en Amérique du Nord
(magnitude de 9,2). Ce tremblement de terre dévastateur a détruit plusieurs
villes, dont Anchorage, et causé d'importants tsunamis. Il a eu un impact
durable sur les infrastructures et le développement urbain de l'Alaska.
Vient ensuite une autre catastrophe, la marée noire causée par l'échouage,
en 1989, du pétrolier Exxon Valdez sur un récif du Prince
William Sound (1600 km de côtes souillés par le pétrole).
À partir des années
1980 et jusqu'à aujourd'hui, l'Alaska est confrontée au réchauffement
climatique qui affecte particulièrement cette région arctique, entraînant
la fonte des glaciers et menaçant les habitats naturels. Parallèlement,
la question de la protection de l'environnement contre l'exploitation pétrolière,
notamment dans l'Arctic National Wildlife Refuge (ANWR), devient un enjeu
politique national. Les peuples autochtones de l'Alaska, bien qu'ayant
obtenu des compensations foncières et des droits territoriaux grâce Ă
l'Alaska Native Claims Settlement Act de 1971, continuent de lutter
pour la reconnaissance de leurs droits culturels et Ă©conomiques face aux
pressions extérieures.
L'Alaska, aujourd'hui,
reste largement dépendante de l'industrie pétrolière, bien que la pêche,
le tourisme et le secteur militaire soient également importants. L'État
continue de percevoir des revenus importants grâce à ses ressources naturelles,
tout en essayant de diversifier son économie pour faire face à la volatilité
des prix du pétrole.
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John
Muir, Voyages
en Alaska, Payot, 2009. - Cela
peut paraître incroyable, et pourtant le naturaliste écossais John Muir
(1839-1914), pionnier de la défense de l'environnement et père des parcs
nationaux américains, a bel et bien exploré l'Alaska sans armes ni équipement,
avec pour survivre du pain sec et du thé. II n'en a pas moins découvert
entre autres Glacier Bay et l'extraordinaire glacier qui porte aujourd'hui
son nom. Seules l'intéressaient, disait-il, l'écoute et la préservation
du " chant du monde ". De là le ton unique de ce livre d'aventures insensées
parmi les loups et les derniers Indiens libres du Wilderness. Un enchantement
pour tous ceux que fascinent les paysages du Grand Nord. (couv).
G.
et L. Salisbury, L'expédition
de la dernière chance, Albin Michel, 2004.
- 1925, Nome, Alaska : une épidémie de diphtérie se déclare.Le seul
vaccin disponible est Ă 1000 km, au-delĂ des glaces arctiques. Trois
"mushers" et leurs attelages se relaient pour rallier Nome. Un exploit
humain et animal inégalé. Née avec la Ruée vers l'or, Nome est une
ville située à l'extrême Nord de l'Alaska. Les conditions de vie y sont
extrĂŞmement rudes, sans compter les transport et les communications...
Aussi lorsqu'en janvier 1925, le docteur Calvin Welch diagnostique un nombre
de cas de diphtérie inquiétant, la situation est plus que critique. Très
vite, la population est mise en quarantaine, et les doses de sérum manquent.
Alertée, Washington ne voit qu'une solution : des milliers de doses de
sérum seront acheminées à Anchorage par train, où le plus grand relais
d'attelage jamais conçu est mis en place avec les trois meilleurs mushers
de l'époque et leurs chiens de traîneaux. Wild Bill Shannon se lance
le premier dans un rush de 12 heures par des températures presque fatales
Ă ses chiens et Ă lui-mĂŞme. Seppala prend le relais, choisissant lui
aussi au péril de sa vie de traverser les fragiles couches de glaces du
Norton Sound pour plus de rapidité. Et enfin Gunnar Kaasen, qui atteint
Nome dans les premiers jours de février et évite ainsi une catastrophe
sanitaire à l'Alaska. Mais Kaasen n'aurait pas réussi sans son exceptionnel
meneur d'attelage, le chien Balto, élevé au rang de héros national,
au point d'être honoré par une statue élevée en plein Central Park
(New York), bien loin de la terre de ses exploits. Document exceptionnel
sur une des dernières grandes épopées arctiques du XXe siècle, L'expédition
de la dernière chance est un récit passionnant et passionné d'une aventure
humaine où le courage, l'ingéniosité et l'acharnement des hommes n'a
rien à envier à la résistance et à la loyauté de leurs chiens. (couv.).
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Anchorage,
la principale ville d'Alaska.
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