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Héraclès
est une des personnalités fabuleuses les plus complexes et les plus
intéressantes de la mythologie grecque,
celle qui ayant défrayé le plus, en divers lieux, l'imagination
populaire, finit par résumer tout le mouvement des esprits divinisant
les forces de la nature physique pour les déterminer peu à
peu, les agrandir et les idéaliser en les ornant de tous les traits
que suggère l'observation-morale
et la spéculation-
philosophique.
Il n'y en a pas, même parmi les plus éminents, qui ait occupé
plus que lui la poésie et les arts plastiques : et quand le polythéisme
gréco-romain se répandit sur l'Occident, il n'y en a pas
qui se soit mieux prêté à une identification, toute
abusive qu'elle ait été, avec les divinités des peuples
celtiques (Ogmios) ou germaniques
(Thor). Les Romains l'ont adopté parmi les
personnages de leur propre littérature mythologique sous le nom
d'Hercule (Religion
romaine).
- Héraclès enfant étouffant les serpents. Musée du Capitole, Rome. Les armes de prédilection sont l'arc et la massue; Héraclès est, avec Eurytus, l'archer fameux de la primitive Antiquité. Dans les représentations plastiques des premiers temps de l'art, il manie à la fois l'arc et la massue. La difficulté de concilier les deux armes élimine peu à peu la première et les attributs caractéristiques du héros restent définitivement la massue avec la peau du lion; la tête de l'animal est d'abord ramenée en guise de coiffure sur le front, donnant au dieu un aspect thériomorphique; elle est ensuite drapée sur ses épaules ou sur le bras gauche comme une sorte de bouclier. Les Grecs ont
cru retrouver leur Héraclès dans tous les pays qu'ils ont
parcourus : ils l'ont vu sous les traits du Bel ou Baal
de Syrie, du Melqart de Tyr
(Religion
phénicienne), qu'ils associaient à la diffusion de leur
royauté commerciale par la navigation sur les mers méditerranéennes
jusqu'au détroit de Gadès, du Djom égyptien, du Rama
,hindou.
Ils le reconnaissait encore en Assyrie sous le nom de Sandes ou de
Sandon, chef d'une dynastie qui par Ninus règne
pendant cinq cents ans sur Sardes. Surtout, point de peuple grec qui n'ait
trouvé moyen de la mêler à l'histoire de ses origines
: ainsi les Argiens par Eurysthée,
les Thébains par Alcmène,
les Athéniens par Thésée,
les Étoliens par Achéloüs,
les Lydiens par Omphale,
etc. Il figurera plus tard dans la légende primitive de Rome
(Religion
romaine) avec Evandre; il fournit enfin
aux Romains un moyen de rattacher leurs croyances à celles des barbares
de l'extrême Occident et du Nord, vaincus par eux.
Le point de départ de sa geste mythologique est à chercher à Argos, dans l'idée très ancienne qui met aux prises Zeus et Héra, les divinités les plus éminentes de l'Olympe. Héraclès est un fils de Zeus, mais issu d'une femme mortelle, et pour cela odieux à l'épouse légitime; celle-ci, dès avant sa naissance, s'acharne contre lui et lui impose ensuite une série de combats et d'épreuves dont il triomphe par son courage, avec l'assistance des dieux amis de Zeus, c'est-à-dire d'Athéna et d'Hermès : Né à Thèbes ou à Tirynthe de Zeus et d'Alcmène, qui le mit au monde en même temps qu'Iphiclès, Héraclès fut privé par Héra de la puissance souveraine à laquelle il était destiné. Zeus, ne pouvant remédier à ce qui était accompli, se contenta d'obtenir de son épouse, que le fils d'Alcmène, après sa vie périlleuse, serait admis au nombre des dieux. A cette condition, il laissa la royauté à Eurysthée. Mais la rage d'Héra n'était pas apaisée, et elle envoya deux serpents auprès du berceau de l'enfant qui n'avait encore que huit mois. Héraclès se leva de son berceau, et tua les serpents en les étouffant chacun d'une main. Phérécyde dit que ce fut Amphitryon lui-même qui mit ces deux serpents dans le berceau de ses enfants pour savoir lequel des deux était le sien; qu'Iphiclès s'enfuit, et qu'Héraclès attendit les serpents : ce qui lui fit connaître qu'lphiclès était son fils. Dans ses Néméennes (Epinicies), Pindare fait apparaître Tirésias, qui, à la vue des serpents étouffés, prédit à Héraclès les travaux et la gloire qui l'attendent, et comment il sera admis dans l'Olympe, après sa mort. Héraclès
fut élevé à Thèbes. Diodore
rapporte qu'Alcmène, effrayée des menaces d'Héra,
l'ayant déposé dans un champ, il y fut recueilli par Athéna
et Héra, qui voulurent l'allaiter, et finirent par le rendre à
sa mère. Suivant Ératosthène,
Hermès porta le nouveau-né dans
l'Olympe, et le déposa sur le sein de la reine des dieux, qui, irritée,
à son réveil, arracha violemment l'en font de son giron :
le lait, en s'échappant, forma la Voie lactée.
Héra et l'origine de la Voie lactée, par Tintoret (1575). Héraclès est arraché par Zeus du sein d'Héra. Héraclès apprit d'Amphitryon à conduire un char; d'Autolycus ou d'Harpalycus, l'art de la lutte; Eurytus, d'autres disent le scythe Teutaros, lui enseigna à tirer de l'arc; Castor, à combattre armé de toutes pièces; Linus et Eumolpe, la musique et les sciences. Rhadamanthe, Chiron et Thestiade figurent aussi au nombre de ses précepteurs. Frappé par Linus, Ie jeune héros le tua d'un coup de lyre. Étant poursuivi, devant les tribunaux pour ce meurtre, Il se défendit en citant la loi de Rhadamanthe, qui absout celui qui en tue un autre en repoussant la force par la force. En conséquence de cette loi, il fut acquitté. Mais Amphitryon, craignant qu'il ne fit encore quelque chose de pareil, l'envoya vers ses troupeaux de boeufs Héraclès devint bientôt d'une grandeur et d'une force extraordinaires; Il avait quatre coudées de haut (environ 2,4 m), suivant Apollodore. Pindare le fait petit de taille, mais d'un courage indomptable. Le feu sortait de ses yeux; il ne manquait jamais son but, soit à l'arc, soit à la lance. N'ayant que dix-huit ans, et étant encore avec les troupeaux, Il tua le lion du mont Cithéron. Cet animal sortait de la montagne pour ravager les troupeaux d'Amphitryon et ceux de Thestius, roi des Thespiens, dont les cinquante filles eurent toutes des enfants du héros. Après avoir tué le lion, Héraclès se revêtit de sa peau, et se servit de sa tête en place de casque. Cette tradition n'est, du reste, qu'une copie de celle qui a rapport au lion de Némée. C'est ici le lieu, au début de la glorieuse carrière d'Héraclès, de parler de l'allégorie de Prodicus, qui n'appartient proprement pas à la mythologie, mais qui est si connue, qu'on ne saurait la passer sous silence : " Héraclès, étant devenu grand, sortit, dit Xénophon, en un lieu à l'écart, pour penser à quel genre de vie Il se donnerait : alors lui apparurent deux femmes de grande stature, dont l'une, fort belle, qui était la Vertu, avait un visage majestueux et plein de dignité, la pudeur dans les yeux, la modestie dans tous ses gestes, et la robe blanche; l'autre, qu'on appelle la Mollesse ou la Volupté, était dans un grand embonpoint, et d'une couleur plus relevée : ses regards libres et ses habits magnifiques la faisaient remarquer. Elle essaya d'attirer Héraclès à elle; mais il se décida à embrasser le parti de la Vertu. "Au retour de sa chasse, Héraclès rencontra les hérauts qu'Erginus envoyait à Thèbes recevoir le tribut; les mutila, leur coupa le nez et les oreilles, et, ayant attaché leurs mains à leur cou, leur dit que c'était le tribut qu'il donnerait à Erginus et aux Minyens. Erginus marcha contre Thèbes; Héraclès, ayant reçu une armure d'Athéna, tua son adversaire, mit les Myniens en fuite, et leur imposa un tribut double du premier. Amphitryon périt dans ce combat, qui valut au héros la main de Mégare, fille de Créon. Euripide dit cependant qu'il vivait encore longtemps après. Suivant Diodore,
Amphitryon avait voulu livrer Héraclès à Erginus;
mais le héros, exhortant la jeunesse thébaine à mourir
pour la cité, l'avait revêtue des armes consacrées
dans les temples, et, avec son aide, s'empara d'Orchomène.
Erginus ne fut pas tué dans le combat, dit Pausanias;
Il lit alliance avec son ennemi. Diodore rapporte encore qu'Héraclès
ayant intercepté le cours du Céphise,
au moyen d'énormes quartiers de rochers, fit ainsi refluer les eaux
dans les terres, et empêcha par là l'effet de la cavalerie
des Orchoméniens.
Les mythologues sont loin d'être d'accord sur cette période de la vie du héros, qui précède son service chez Eurysthée. Ils diffèrent sur l'époque et la cause de la folie d'Héraclès. Suivant Euripide, c'est à son retour des Enfers que le délire le saisit. Il tua Mégare et ses enfants, et allait égorger Amphitryon, si Athéna ne lui eût lancé une énorme pierre qui le renversa. On voyait cette pierre sous l'autel d'Apollon lsménien à Thèbes. Le scoliaste de Pindare s'accorde avec Euripide pour faire périr les enfants d'Héraclès sous les traits de son arc redoutable. Selon Diodore, Héra inspira la folie au fils d'Alcmène, comme il s'attristait de sa vie aventureuse, après avoir entendu la réponse de l'oracle. Ou bien, de mandant à Apollon comment il pourrait se purifier du meurtre de ses enfants, et n'en recevant pas de réponse, il vola le trépied sacré et ne le rendit que sur l'ordre de Zeus. C'est pour cela qu'Hermès le vendit à Omphale. Voy. plus loin. Les auteurs ne s'accordent pas davantage sur la cause de la subordination d'Héraclès à Eurysthée. La tradition homérique en donne pour raison le serment de Zeus et la ruse d'Héra; un autre mythe rapporte que, voulant expier le meurtre de ses enfants, il suivit l'ordre d'Apollon, et de même que le dieu avait accepté un rôle inférieur pour expier la mort de Python, se soumit à Eurysthée. Enfin, une troisième version dit que ce dernier rappela Héraclès auprès de lui, jaloux qu'il était de sa gloire; Zeus ordonna au héros d'obéir à son ennemi, et lui promit en récompense l'immortalité. Obéissant à l'ordre de l'oracle, Héraclès se rendit à Tirynthe pour y recevoir les ordres d'Eurysthée. La tradition la plus générale est qu'il exécuta douze travaux célèbres qui l'immortalisérent; mais ni Homère ni les anciens poètes grecs ne parlent de ce nombre déterminé, imaginé par les Alexandrins, par suite de l'identification de l'Héraclès grec avec l'Héraclès égyptien, qui, en sa qualité de dieu-soleil, passe par les douze signes du zodiaque. Une fois cette remarque faite, nous nous conformerons à l'usage habituel des mythologues, avertissant encore que l'ordre des douze travaux n'est pas le même chez tous, et que le temps du servage d'Héraclès est fixé tantôt à douze ans, tantôt à huit ans et un mois. Confiant dans sa force et dans son courage, Héraclès pouvait affronter le mauvais vouloir d'Eurysthée, et sortir triomphant de ses épreuves, grâce au secours que lui donnèrent les dieux; il reçut d'Hermès une épée, d'Apollon des flèches, d'Héphaistos une cuirasse d'or, d'Athéna un manteau, et il coupa lui-même une massue dans la forêt de Némée (Apollodore). On peut remarquer à ce sujet que les traditions présentent l'Héraclès combattant sous deux aspects. L'Héraclès essentiellement grec porte des armes toutes grecques, des jambières données par Héphaistos, une cuirasse d'or, présent d'Athéna, l'épée, le carquois, l'arc, les flèches, la lance : son bouclier est l'oeuvre d'Héphaistos. Il est d'une adresse remarquable à tirer de l'arc, et court les aventures sur un char que conduit lolas. L'un de ses chevaux s'appelle Arion (Hésiode, Homère). Une fois la période posthomérique arrivée, I'Héraclès naturalisé, c'est-à-dire égyptien de naissance, porte la massue et la peau de lion. Pisandre et Stésichore paraissent être les premiers, parmi les poètes grecs, qui l'aient représénté ainsi. Suivant Apollonius, cette massue, faite d'airain, était un don d'Héphaistos; selon d'autres, c'était un tronc d'olivier sauvage. Pausanias ajoute que le héros l'ayant un jour appuyée contre la colonne d'Hermès Polygios à Trézène, elle prit racine, et reverdit. Héraclès combattant une Amazone. Métope de Sélinonte. Musée de Palerme. Les Douze travaux.
Il nous suffira de
résumer dans le tableau ci-dessous les exploits célèbres
d'Héraclès, en renvoyant pour chacun d'eux à un article
spécial.
L'"odyssée"
d'Héraclès.
C'est sans doute à l'expédition qu'il faut rapporter la plupart des voyages d'Héraclès. Nous avons vu qu'en se rendant en Espagne il avait pénétré jusqu'à l'Océan, et là, il aurait exécuté un travail gigantesque, bien plus considérable que ses Douze travaux. Au dire de quelques-uns, les deux continents étaient autrefois fort éloignés l'un de l'autre; il résolut de les rapprocher, jusqu'à ne laisser entre eux qu'un étroit passage, qui ne permît plus aux monstres de l'Océan de pénétrer dans la Méditerranée. D'autres prétendent au contraire que les deux continents étaient réunis, qu'Héraclès coupa l'isthme, et fit communiquer les deux mers. Il avait déjà mis à fin des travaux du même genre; il avait, par le moyen d'un canal, mis à sec la délicieuse vallée de Tempé, qui antérieurement était tout inondée; dans la Béotie, au contraire, il avait créé un grand lac en détruisant les rivages de la rivière qui coulait auprès de la ville de Minye. Après avoir conquis l'Espagne, Héraclès en confia le gouvernement aux princes les plus vertueux, et passa dans la Celtique, parcourut toute cette contrée et y abolit plusieurs coutumes barbares, entre autres celle de faire mourir les étrangers. Comme il y avait dans son armée quantité de gens qui l'étaient venus trouver de leur plein gré, il bâtit une ville qu'il nomma Alésie ou Alexie, nom tiré des longues courses qu'il avait faites; ce serait aujourd'hui Alise (Alésia) en Bourgogne. Voulant ensuite passer en Italie, il prit le chemin des Alpes; de rudes et difficiles qu'étaient les routes de ce pays, il les rendit si douces et si aisées, qu'une armée pouvait y passer sans peine avec tout son bagage. Les habitants de ces montagnes avaient coutume de tailler en pièces et de voler toutes les troupes qui les traversaient. Héraclès dompta cette nation, en fit punir les chefs, et rétablit la sûreté des chemins. Ici notre héros traverse la Ligurie et arrive sur le mont Palatin. Il y avait alors en cet endroit une petite ville habitée par les aborigènes. Potitius et Pinarius, les plus considérables d'entre eux, le reçurent d'une mamère très généreuse et lui firent des présents magnifiques. Héraclès quitta ensuite les rives du Tibre et parcourut les côtes maritimes de l'Italie; il entra sur le territoire de Cumes, dans lequel on dit qu'il y avait des hommes très forts, mais très scélérats : on les nommait les Géants. Cette contrée s'appelait aussi Champs Phlégréens, à cause d'une montagne de ce pays-là qui jetait des flammes; c'est le mont Vésuve. Les Géants, sur la nouvelle qu'Héraclès était entré dans leur pays, s'assemblèrent et marchèrent contre lui en ordre de bataille. Le combat fut très rude; mais Héraclès remporta la victoire avec l'aide des dieux, tua plusieurs de ses ennemis, et rétablit la tranquillité dans la contrée. Il continua son chemin, et exécuta plusieurs travaux sur le lac Averne, qui était consacré à Proserpine / Perséphone. Les eaux de ce lac se déchargeaient autrefois dans la mer; Héraclès ferma le canal de communication, et pratiqua une route le long des côtes de la mer. Etant arrivé sur les confins du pays de Rhège et de la Locride, la fatigue d'une longue course le contraignit de se reposer; mais, incommodé par une grande quantité de cigales qui troublaient son repos, on dit qu'il pria les dieux de l'en délivrer; sa prière eut un plein suces, et jamais depuis les cigales ne reparurent dans ce pays. Il passa ensuite eu Sicile, et y vainquit à la lutte Eryx, fils d'Aphrodite et du roi Buta. Arrivé à Syracuse, il institua des fêtes et des assemblées solennelles en l'honneur de Proserpine / Perséphone. A Agyre, il consacra un bois à Iolas, son compagnon d'armes. Il fit ensuite à pied le tour de la mer Adriatique, et rentra dans le Péloponnèse par l'Epire. Les Parerga.
Les autres aventures.
Quelque temps après,
Eurytus, réclamant à Héraclès
des boeufs volés par Autolycus, ou des
juments, envoya auprès de lui son fils Iphitus, qui le trouva à
Pharès, comme il venait d'arracher Alceste
à la mort. Tous deux se mirent en route pour chercher les bestiaux
volés; mais le héros, saisi d'un accès de fureur,
précipita son compagnon du haut des murs de Tirynthe. Il erra ensuite
quelque temps sans trouver personne qui voulût le purifier; Déiphobe,
fils d'Hippolyte, lui rendit enfin ce service
à Amyclée.
Il n'en fut pas moins atta qué d'une maladie très grave,
en punition de son crime, et alla consulter l'oracle
de Delphes pour savoir comment il guérirait.
Héraclès combattant. (Temple d'Athéna à Egine). La pythie Xénoclée ayant refusé de lui répondre, il emporta le trépied, et se fit un oracle particulier. Apollon en vint alors aux mains avec lui; mais Zeus, lançant la foudre au milieu d'eux, les sépara. L'oracle se prononça enfin, et dit à Héraclès que sa maladie cesserait lorsqu'après avoir été vendu comme esclave, et avoir donné à Eurytus le produit de cette vente, en indémnité de son fils, il aurait servi trois ans entiers. D'après cet oracle, Hermès le vendit trois talents à Omphale, reine de Lydie. Sophocle dit que le héros fut vendu, non pas d'après un oracle, mais d'après l'oracle de Zeus, et que le temps de son esclavage ne dura qu'un an; quoi qu'il en soit, cette période de sa vie ne le dit pas inactif. C'est seulement par suite d'une confusion entre l'Héraclès grec et le Sandon lydien, qu'on représente le héros, amolli par les plaisirs de l'amour, filant la laine, et revêtu de la longue sandyx. Il eut d'une esclave d'Omphale, CIéolas, et de se maîtresse elle-même, Lamus ou Tyrrhenus ou Agelaus. Il est bon de remarquer que tout ceci ne repose que sur des tradi tions peu anciennes, rapportées par Apollodore et Apollonius. Ce fut pendant son esclavage qu'Héraclès prit et enchaîna les Cercopes. Sylée, à Aulis, forçait les passants à travailler à la terre; le héros déracina sa vigne, et le tua avec sa fille Xénodicé. D'autres font résider Sylée sur le Pétion en Thessalie, et disent que son frère Dicaeos donna sa fille en mariage au héros. La jeune épouse mourut bientôt, et le désespoir d'Héraclès fut tel, qu'il se serait jeté dans les flammes du bûcher, si les assistants ne l'avalent retenu. Ayant abordé à l'île Doliché, il y trouva le corps d'Icare, l'ensevelit, et donna le nom d'Icaria à l'île. Dédale, reconnaissant, lui érigea une statue à Pise; Héraclès, ayant passé durant la nuit auprès de cette statue, ne la reconnut pas, et lui jeta une pierre, croyant que c'était un corps animé. Les Itones dépouillaient les voyageurs; Héraclès les battit, et ruina leur ville. Un serpent dévastateur qu'il tua sur les bords du Sangaris le fit placer par Zeus, sous le nom de Serpentaire (Ophiuchus), au nombre des constellations. Lytierse, fils de Midas, qui massacrait ses hôtes, périt aussi sous les coups d'Héraclès, auquel son esclavage n'avait nullement enlevé ses instincts généreux. Suivant Apollodore, qui le nomme cependant parmi les Argonautes, Héraclès ne prit aucune part à l'expédition de Colchide. D'autres traditions recueillies par le scoliaste d'Apollonius lui font jouer un rôle important dans ce mythe mémorable. a. Héraclès bâtit le vaisseau Argo sur d'Ossa, et l'appela Argo, du nom d'Argos, fils de Jason, qu'il aimait.Son esclavage fini, et sa maladie ayant cessé, Héraclès entreprit une expédition contre Troie avec dix-huit vaisseaux à cinquante rames, ou six vaisseaux seulement, et une armée de héros qui le suivirent volontairement. Après avoir pris terre, il laissa la garde des vaisseaux à Oïclée, et marcha contre la ville. Laomédon, qui avait tenté une attaque contre la flotte, et tué Oiclée, qu'une autre tradition fait mourir à Mégalopolis, n'en dut pas moins se retirer dans Troie. Le siège ayant duré quelque temps, Télamon ouvrit une brèche dans le rempart, et s'élança le premier, ce qui lui occasionna un différent avec le héros. Diodore dit qu'il avait été envoyé en parlementaire avec Iphiclus auprès de Laomédon, et que jetés en prison ces deux héros se frayèrent un chemin hors de la ville à grands coups d'épée. Maître de la ville, Héraclès fit périr à coups de flèche le roi et ses fils, excepté Podarque, et donna Hésiode en mariage à Télamon. A son retour de cette expédition, II fut assailli parque violente tempête excitée par Héra, et voulut débarquer à Cos, dont les habitants l'assaillirent à coups de pierre. Il se vengea en s'emparant de l'île et en tuant Eurypyle, de la file duquel il eut Thessalus. Il fut blessé dans le combat; mais Zeus le guérit. Après avoir ravagé Cos, il alla, sur l'invitation d'Athéna, à Phlégra, et y combattit avec les dieux contre les géant. Aidé des Molionides, il dépouilla Augias de ses États. Au retour, il institua
les jeux olympiques, éleva un autel à Pélops,
et douze autels aux douze dieux. Son premier exploit tut ensuite la prise
de Pylos. Dans ce lieu, Périclymènes, Nélée
et ses fils, tombèrent sous ses coups. Il blesse même Hadès,
qui était venu au secours des Pyliens. De Pylos il marcha contre
Lacédémune, pour se venger du fils d'Hippocoon, et s'adjoignit
Céphée et ses vingt fils, qui périrent
tous en combattant. Ayant tué Hippocoon et ses enfants, Héraclès
prit la ville, et y ramena Tyndare, à
qui il rendit la couronne. Il passa ensuite par Tégée, où
il eut Télèphe d'Augé.
Puis il se rendit à Calydon, et y demanda
en mariage Déjanire, la fille de Oeneus,
qu'Achéloüs lui dispute en vain.
Son séjour en Trachine ne le laissa pas oisif; il s'empara du pays des Dryopes, protégea Aegimius, que les Lapithes avalent détrôné, et ayant rendu la couronne à ce prince, tua Laogoras, roi des Dryopes. et tous ses fils, pour les punirr d'avoir donné du secours aux Lapithes. A son passage à Itone, Il fut provoqué à un combat singulier par Cycnus, fils d'Arès et de Pélopie, et donna la mort à son audacieux rival, qui, suivant Stésichore, égorgeait les voyageur pour élever un temple à Arès avec leurs crânes. Héraclès se rendit ensuite à Orménium : Amyntor, qui en était roi, ayant voulu s'opposer à son passage, périt aussi Diodore rapporte qu'Amyntor fut tué par le héros pour lui avoir refusé sa fille Astydamie. Suivant Diodore et Apollodore, Héraclès revenu à Trachine, et voulant se venger d'Eurytus, rassembla une armée pour marcher contre Oechalie, que les uns placent en Eubée, et d'autres en Thessalie. Les Arcadiens, les Méliens de Trachine, et les Locriens Épiménidiens, l'assistèrent dans cette expédition; avec leur secours, il tua Eurytus, et ses fils Toxeus, Mollon et Pytius, et s'empara de leur ville. Après avoir donné la sépulture à Hippasus, fils de Céyx, à Argius et à Mélas, qui avaient péri en combattant, il mit la ville au pillage et emmena lole captive. La tradition rapportée par Sophocle (les Trachiniennes) diffère beaucoup de celle-ci : Héraclès est absent de Trachine depuis quinze mois, sans que Déjanire connaisse le lieu de son séjour. Le héros servait alors la reine Omphale, et part directement de la Lydie pour assiéger Oechalie, dont il se rend maître. Ayant abordé au cap Cénée en Eubée, Héraclès y éleva un autel à Zeus Cénéen. Voulant offrir un sacrifice, il envoya un héraut à Trachine lui chercher une robe de fête. Déjanire, apprenant de Lichas que Iole était captive, et redoutant L'influence de cette jeune fille sur son époux, frotta le vêtement avec le philtre qu'elle avait reçu de Nessus. Héraclès s'en étant revêtu offrit son sacrifice; mais lorsque la robe se fût échauffée, le venin de l'hydre pénétra la chair, et la fit tomber en pourriture. Héraclès, alors, ayant saisi Lichas par les pieds, le lança dans la mer; il voulut arracher la tunique qui tenait à son corps, et les chairs se détachèrent avec l'étoffe. Il se fit alors porter à Trachine. Déjanire se tua en apprenant ce qui s'était passé. Héraclès ordonna à Hyllus d'épouser Iole lorsqu'elle serait nubile. C'est sur le mont Oeta que se dénoue logiquement l'existence héroïque d'Héraclès et que s'accomplit son apothéose, c.-à-d. sa transformation en dieu olympique, que rappelle dans le ciel sa constellation (Hercule). Il y fit élever un bûcher, et ordonna d'y mettre le feu lorsqu'il y serait monté, obéissant ainsi à l'ordre de l'oracle auquel il s'était adressé dans ses souffrances. Personne ne voulait enflammer le bûcher; Paeas, qui était venu là pour chercher ses troupeaux, s'y décida, et reçut les fameuses flèches du héros pour récompense. D'autres disent que ce fut Morsimus de Trachine qui remplit cette triste fonction. Philoctète, son ami, reçut son arc et ses flèches et recueillit ses cendres. Tandis que le bûcher brûlait, le fleuve Dyras sortit de terre pour apporter quelque soulagement aux souffrances du héros, qui fut enveloppé d'un nuage, et transporté au ciel au milieu de grands éclats de tonnerre: ce furent Athéna ou Zeus lui-même qui l'introdusirent dans l'Olympe. Il y reçut l'immortalité, et s'y réconcilia avec Héra, qui lui donna en mariage Hébé, sa fille, dont il eut deux fils, Alexiarès et Anicétos. Une tradition rapportée par Eustathe, et suivant laquelle Héraclès, soumis à la loi de la mortalité, avant son apothéose, aurait été rappelé à la vie en flairant une caille présentée par Iolas, est purement tyrienne, et se rapporte à l'Héraclès que Cicéron fait fils de Jupiter et d'Astérie. Héraclès
dans les arts.
Héraclès et le taureau de Crète. Coupe grecque. Louvre. La sculpture du temps d'Alexandre le Grand a affectionné le type d'Héraclès au repos; elle l'a représenté tantôt assis, avec une expression mélancolique de lassitude, ou avec celle du courage satisfait de lui-même; tantôt debout, appuyé sur la massue, la peau du lion drapée sur le bras gauche. Le premier cas était celui de la célèbre statue de Lysippe, statue aux proportions colossales que Fabius Cunctator apporta de Tarente à Rome; ce dernier type a reçu une consécration presque populaire dans l'Hercule Farnèse et, avec une variante de grâce élégante, dans la statue de bronze dorée trouvée au théâtre de Pompée à Rome. Dans ces diverses oeuvres, la tête du dieu est ou barbue avec une expression de virilité forte et même sauvage, ou imberbe avec un air de résolution tranquille ou de méditative mélancolie : on peut citer comme le spécimen le plus curieux de ce dernier genre une tête en marbre du British Museum qui semble correspondre à l'idéal de Praxitèle. Par une épuration graduelle des idées que la légende et l'art ont mises dans la personnalité d'Héraclès, après avoir été surtout le modèle et le protecteur des athlètes et des combattants de tout ordre, il est devenu pour la foule le dieu qui détourne le mal sous toutes ses formes et pour les philosophes l'image parfaite de l'âme supérieure à toutes les épreuves, victorieuse par la vertu des assauts du destin. L'élément comique a place dans son histoire grâce à sa prodigieuse voracité, qui se lie au souvenir de ses séjours fameux chez Pholos, Cepheus, Ceyx, etc., et par sa sensualité, caractéristique dans les épisodes d'Omphale, des filles de Thespius. etc. On peut voir par l'Alceste d'Euripide comment la comédie attique et celle de Sicile ont exploité ce trait. (E. Jacobi, Th. Bernard / J. A. Hild). |
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