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Noé

Noé, en hébreu : Nôah (personnage de la Bible, qui intervient dans la Genèse) est le fils de Lamech  et petit-fils de Mathusalem. Dans la mythologie hébraïque, il est compté parmi les dix patriarches antédiluviens, dont il clôt la série, quoiqu'il ait vécu encore trois siècles et demi après le Déluge. Lorsque Lamech lui donna le nom de Noé, il dit, en jouant sur ce mot, qui signifie repos : 
« Celui-ci nous soulagera dans nos labeurs et les travaux de nos mains sur cette terre que Dieu a maudite » (Gen., V, 29).
Il mérita par sa piété d'être, seul avec sa famille, sauvé du déluge universel. Yahveh (= Dieu) lui annonça ce désastre et lui commanda de bâtir une arche (arca), espèce de grand bateau en forme de coffre, qui pût lui servir de retraite pendant l'inondation, et de s'y enfermer avec sa, femme, ses 3 fils, Sem, Cham et Japhet, ses 3 brus, et plusieurs couples de chaque espèce d'animaux
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Venise : l'ivresse de Noé (palais des Doges).
L'ivresse de Noé. A droite Sem et Japhet.
Sculpture du palais des Doges, à Venise.

Dès que Noé eut accompli ces ordres, les eaux du ciel tombèrent pendant 40 jours et 40 nuits. Le 27e jour du 7e mois, l’arche s'arrêta en Arménie, sur le mont Ararat, et peu à peu les eaux s'écoulèrent, Dieu fit alors alliance avec Noé, et, comme gage de sa réconciliation avec les hommes, il fit paraître l'arc-en-ciel. Noé s'adonna à l'agriculture, planta la vigne et fit du vin avec le jus du raisin; mais, ne connaissant pas l'effet de cette liqueur, il s'enivra et s'endormit dans sa tente, le corps découvert; son fils Cham s'étant moqué de sa nudité il le maudit ainsi que son fils Chanaan. Ce patriarche mourut à l'âge de 950 ans. Ses trois fils se séparèrent : leurs descendants peuplèrent les trois parties du monde.

Corruption universelle; le déluge décrété; construction de l'arche 

Au temps de Noé une corruption inouïe régnait sur la terre. La descendance de Caïn et celle de Seth s'étaient rapprochées; les Fils de Dieu, c'est-à-dire les enfants de Seth, s'étaient unis en mariage aux filles des Caïnites : dès lors les deux cités, celle du démon et celle de Dieu, se trouvèrent confondues, selon la pensée de saint Augustin (De civit. Dei, XV, 20, n.1). Le fruit de ces unions fut une lignée d'hommes violents, impies, livrés aux plus brutales passions, et dont les désordres poussèrent enfin à bout la patience divine. Le texte biblique dit que le Yahveh, irrité contre tant de crimes, se repentit d'avoir fait l'homme et se décida à l'exterminer, en le noyant dans un déluge universel (Gen., VI, 17), et non seulement l'homme, mais tous les animaux, qui peuplaient la terre et les airs. (Gen., V, 2-7). Cependant, toujours miséricordieux, il ne voulut pas perdre l'humanité sans retour en l'anéantissant tout entière; au milieu de la corruption générale, il avait distingué et choisi un homme, qu'il préserva par sa grâce du déluge de l'iniquité avant de le sauver du déluge des eaux (Bossuet, Disc. sur l'histoire universelle, Paris, 1828). 

Celui qui devait être ainsi épargné et devenir en conséquence le germe d'un monde nouveau fut Noé « homme juste et parfait », dont la vertu était encore relevée par le contraste des vices de ses contemporains et qui marcha toujours « avec Dieu » (Gen., VI, 9). Cette dernière louange n'est donnée par la Bible qu'à un autre saint patriarche, Hénoch (Gen., V, 22). Yahveh fit connaître à Noé son dessein de châtier les coupables et lui ordonna de construire une arche dont il traça lui-même le plan et indiqua la matière et les dimensions; elle devait être, durant l'inondation, un lieu de refuge et de séjour pour lui, pour sa famille et pour les animaux qui seraient épargnés. 

Noé devait avoir à ce moment quatre cent quatre-vingts ans, si, comme l'on calculé les commentateurs de la Bible, Dieu lui donna l'ordre de construire l'arche au moment même où, en décrétant le châtiment, il déclarait qu'il accordait aux coupables un répit de cent vingt ans avant l'exécution de la sentence. Or, Noé avait six cents ans « lorsque les eaux du déluge inondèrent la terre » (Gen., VII, 6). Entre ces deux dates se place la naissance de ses trois fils Sem, Cham et Japhet; il avait cinq cents ans à la naissance de l'aîné, Sem (Gen., V, 31).

Cette communication divine fournit à Noé l'occasion de montrer cette foi louée par saint Paul (Heb., XI, 7), dans des termes qui rappellent l'éloge que l'Apôtre donne dans les versets suivants à celle d'Abraham. Plein de confiance «dans la révélation divine touchant des choses qu'il ne voyait pas encore », il se mit aussitôt à l'oeuvre et commença de construire l'arche. Devenu par la volonté de Dieu « le prédicateur de la justice », (Il Pet., II, 5), il fit connaître aux hommes la sentence portée contre eux; mais ils restèrent « incrédules » à ses paroles aussi bien qu'insensibles à l'autre sorte de prédication muette qu'il leur adressait en préparant sous leurs yeux l'instrument du salut de sa famille. Ces hommes, esclaves de leurs passions, rendirent « vaine l'attente de la patience divine tout le temps que dura la construction de, l'arche » (I Pet., III, 20, grec); ils continuèrent « à boire, à manger », à se livrer à leurs affaires et à leurs plaisirs (Matth., XXIV, 38; Luc, XVII, 26), et la foi de Noé, si vive et si constante, ne servit qu'à « condamner un monde » pervers et obstiné dans son incrédulité (Heb., XI, 7). Ses exhortations et l'exemple de sa constance ne furent pas cependant complètement inutiles : lorsque le châtiment vint donner raison à ses prédictions, beaucoup d'entre les coupables se repentirent et obtinrent leur pardon. Saint Pierre nous dit que l'âme sainte Jésus alla visiter leurs âmes aux limbes le jour de sa passion (I Pet., III, 20).

L'entrée dans l'Arche

Lorsque le terme fixé fut arrivé, Noé avait achevé son oeuvre. Dieu lui ordonna alors d'entrer dans l'arche avec sa femme, ses trois fils et leurs femmes, en tout huit personnes (I Pet., III, 20), et d'y faire entrer aussi les animaux, conformément aux prescriptions qu'il lui avait déjà données. D'après les v. 1 et 4 de Gen., VII, Noé reçut l'ordre d'entrer dans l'Arche sept jours avant le déluge, et selon les v. 10 et 11, il y entra le jour même ou les cataractes du ciel s'ouvrirent pour inonder la terre. Il y a là une contradiction apparente, mais il est aisé de concilier ces deux indications. Noé et sa famille entrèrent en effet dans l'Arche une semaine avant le déluge (Gen., VII, 1 et 4), mais non pour s'y enfermer définitivement, ce qu'ils ne firent que sept jours plus tard (Gen., VII, 10, 13), lorsque le vaisseau eut reçu tous ses habitants. Dans l'intervalle, Noé et les siens durent continuer à s'occuper des derniers préparatifs, compléter peut-être les approvisionnements pour lui et pour les animaux (Gen., VI, 21), et recevoir ces animaux à mesure qu'ils arrivaient, les introduire dans l'Arche et les installer à la place qui convenait à chacun.

Deux questions entre bien d'autres ont exercé ici la sagacité des anciens interprètes. Ils se sont demandé d'abord comment les animaux les plus féroces vinrent à Noé, sans aucun danger pour lui et sans lui causer la moindre crainte. La Bible ne dit rien sur ce point et les commentateurs en ont été réduits à des conjectures. Il en est de même pour l'autre question : Comment tous les animaux, appelés des pays les plus lointains et les plus divers, sont-ils venus seulement selon un nombre déterminé et sont-ils arrivés en même temps et au même endroit? Les uns ont invoqué l'intervention des anges; les autres ont recouru à un instinct analogue à celui qui pousse certaines espèces à émigrer vers d'autres climats... Dom Calmet a fait à ce sujet une  réflexion, que les théologiens chrétiens se sont empressés d'appliquer à tous les récits de la Bible, car elle exprime une règle essentielle de l'exégèse catholique

« Chacun, dit-il, peut abonder dans son sens sur la manière dont ceci s'exécuta; pourvu que la certitude du fait n'en souffre pas. » (Commentaire littéral sur la Genèse, VI, 20, Paris, 1707, p. 169).

Le Déluge. La bénédiction de Dieu et son alliance avec Noé

Lorsque tous les animaux furent réunis dans l'arche et au moment où les eaux du ciel allaient commençer de tomber, pour engloutir le monde condamné par la justice divine, Yahveh donna à Noé une marque de sa bonté. L'auteur du texte biblique l'exprime par ces simples paroles : 
« Et le Seigneur l'enferma par dehors » (hébreu : ferma derrière lui, ou pour lui). (Gen., VII, 16). 
Par là, il voulait affermir sa foi et lui inspirer une absolue confiance et un entier abandon à Dieu. Enfermé dans ce vaisseau sans voiles, sans gouvernail, sans aucun moyen de se diriger, il ignorait sur quelles terres il aborderait pour y déposer les germes d'un monde nouveau conservé dans l'Arche.

Yahveh, qui lui avait révélé si longtemps à l'avance l'époque du Déluge, lui en laissait maintenant ignorer la durée. Aussi voyons-nous le patriarche chercher à savoir où en était l'inondations lorsque l'arrêt de l'Arche sur les montagnes du pays de l'Ararat, dont les sommets étaient déjà émergés, lui fit comprendre que les eaux avaient dû baisser (Gen., VIII, 4, 5). Il fit sortir par une fenêtre d'abord un corbeau qui ne revint pas, puis une colombe qui, n'ayant pas trouvé d'endroit où se reposer, retourna vers lui. Huit jours après, la colombe, lâchée une seconde fois, rapporta dans son bec un petit rameau d'olivier avec ses feuilles vertes. Noé attendit encore sept jours pour tenter une nouvelle expérience et envoya une troisième fois la colombe, qui ne revint pas. Découvrant alors le toit de l'arche, il put s'assurer par lui-même que les eaux se retirant avaient laissé la terre à sec.

Cependant il ne débarqua pas encore; toujours soumis à l'action divine, il attendit que celui qui l'avait enfermé dans l'Arche vint lui ordonner d'en sortir. Quand il reçut cet ordre, une année entière s'était écoulée depuis son embarquement. Il rendit la liberté à tous les animaux, ne retenant auprès de lui que ceux qu'il voulait offrir à Dieu et aussi sans doute ceux qui devaient rester à son service ou lui être de quelque utilité (Gen., VIII, 6-9).

Dès que Noé eut mis les pieds sur la terre purifiée par les eaux du Déluge, sa première pensée fut de reconnaître, par un sacrifice solennel, le souverain domaine du Seigneur qui venait de donner une preuve si éclatante de sa puissance et de sa justice contre les méchants en même temps qu'un témoignage si touchant de bonté et de miséricorde envers son serviteur fidèle. Il érigea donc un autel et y offrit en holocauste des victimes prises dans toutes les espèces d'animaux purs, oiseaux ou quadrupèdes, qui avaient été conservés dans l'Arche (Gen., VIII, 20).

C'est la première fois que la Bible fait mention d'un autel. On peut faire la même observation sur la distinction entre les animaux purs et impurs; la façon dont s'exprime l'auteur du texte concerné ici indique bien qu'il s'agit d'une institution connue, et c'est pourquoi il en parle sans aucune explication (Gen., VII, 2; VIII, 20). 

Yahveh agréa ce sacrifice; sa puissance, qui venait de s'exercer avec une si terrible rigueur sur les pécheurs par le Déluge, se trouva complètement satisfaite par cet hommage du juste Noé. Dieu voulut même mettre à l'avance une barrière à sa colère en se dépouillant, en quelque sorte, pour l'avenir, d'une partie de ses droits contre l'homme coupable : il déclara que désormais, faisant une plus large part à la miséricorde, à cause de la faiblesse naturelle de l'homme, il ne maudirait plus la terre à cause de lui et ne bouleverserait plus, par une pareille catastrophe, le cours régulier des récoltes et des saisons (Gen., VIII, 21-22).

Il daigna sanctionner cette promesse en se liant par un pacte solennel avec Noé et ses fils, ainsi qu'avec les animaux sortis de l'Arche et tous les autres répandus sur la face de la terre. Il décréta qu'il resterait de cette alliance nouvelle un signe perpétuel capable par sa nature et son universalité d'être reconnu de tous : ce fut l'arc-en-ciel. Chaque fois qu'il viendrait étendre sur les nuages du ciel son orbe aux brillantes couleurs, Dieu se souviendrait de son alliance et de ses promesses, c'est-à-dire que les hommes y verraient le symbole et le mémorial de la parole que Dieu leur avait donnée de ne plus les châtier en noyant la terre dans un nouveau Déluge (Gen., IX, 8-17). 

A cette promesse et à ce pacte, dont l'objet, pour ainsi dire tout négatif, était l'exemption d'une peine à encourir, Dieu joignit une triple bénédiction qui assurait à l'homme des avantages positifs. Ces trois bénédictions, comme les commentateurs le font observer, sont le renouvellement et la confirmation de celles qui avaient été données à Adam.

Au moment de ce second commencement du monde, Dieu renouvelle à l'homme les prérogatives dont il l'avait investi aux premiers jours de son existence sur la terre. La première de ces bénédictions est la fécondité de l'homme et la propagation de l'espèce humaine (Gen., IX, 1). Par la seconde, l'homme est maintenu dans son empire sur les animaux, tel du moins qu'il lui est resté après le péché (Gen., IX, 2). La troisième enfin lui confère le droit de se nourrir de ce qui a vie sur terre, plantes et animaux (Gen., IX, 3). 

Les Pères de l'Eglise ont vu dans Noé une des principales figures de Jésus. Comme lui il a prêché d'abord la pénitence aux hommes; il a construit lui-même l'Arche, comme Jésus a fondé son Église; il a sauvé ceux qui sont entrés avec lui, tandis que tous les autres périssaient, de même que Jésus propose aux hommes, comme moyen nécessaire de salut, d'entrer dans l'Église et d'y demeurer. A ces grandes lignes générales on peut ajouter un trait particulier fourni par deux passages de la Bible, dans lesquels Noé nous apparaît comme le type du Messie médiateur et intercesseur :

« Au temps de la colère, dit l'Ecclésiastique, il fut fait réconciliation, et c'est pourquoi, lorsque arriva le Déluge, un reste fut laissé sur la terre » (Eccli., XLIV, 17-18).
Le mot grec antallagma, traduit ici par « réconciliation », s'entend dans le Nouveau Testament du prix donné comme équivalent d'une âme (Cf. Matth., XVI, 26; Marc, VIII, 37). Les commentateurs ont encore vu dans Noé une figure de Jésus médiateur par la puissance d'intercession que Ézéchiel lui attribue, bien que l'intercession que suppose le prophète soit représentée comme inefficace dans les circonstances où elle est censée se produire (Ezech., XIX, 16, 18, 20). 
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Kircher : la descendance de Noé.
La descendance de Noé.
Planche de l'Arcae Noe d'A. Kircher (XVIIe s.).

Dernière période de la vie de Noé

Noé vécut encore trois cent cinquante ans après le Déluge (Genèse, IX, 28). Dieu lui accorda cette longue vie pour lui donner le temps d'accomplir jusqu'au bout sa mission de sauveur, en la continuant sous une forme nouvelle. Sur la terre dépeuplée par le Déluge, l'humanité renaissante avait en lui son chef et son guide. De même qu'Adam, le premier père du genre humain, en avait été aussi l'instituteur, Noé devait être le père et l'instituteur de l'humanité renouvelée, avec cette différence toutefois qu'Adam avait eu tout à apprendre à ses enfants, tandis que Noé n'avait rien à enseigner aux siens. Sem, Cham et Japhet avaient eu sous leurs yeux, durant le siècle qui précéda le Déluge, le spectacle de la brillante civilisation inaugurée par les fils de Lamech le Caïnite (Gen., IV, 21-22). La construction seule de l'Arche, à laquelle ils avaient dû participer souss la direction de Noé, suppose des connaissances techniques très variées. Or, ces connaissances et d'autres qui caractérisent la civilisation antédiluvienne n'avaient pas péri dans le grand cataclysme. Noé et ses fils les avaient reçues comme un héritage à transmettre aux générations futures, sauf à en éliminer les éléments corrompus qu'elles renfermaient. 
« Avec le genre humain, dit Bossuet, Noé conserva les arts, tant ceux qui servaient de fondement à la vie humaine et que les hommes savaient dès leur origine, que ceux qu'ils avaient inventés depuis. » (Discours sur l'histoire universelle, Ire partie, 1re époque, Paris, 1828, t. XIV, p. 9).
Mais si Noé n'avait pas à instruire ses fils et ses petits-fils, il devait les diriger dans des voies nouvelles, toutes différentes de celles où l'humanité antédiluvienne s'était égarée. Les hommes, en s'appliquant à la culture des arts et des sciences, n'y avaient cherché qu'un moyen d'accroître leur bien-être et de multiplier leurs jouissances, et ce progrès matériel avait fait progresser en même temps la corruption des moeurs qui avait causé leur perte.

La mission de Noé, dont l'objet principal était de sauver des eaux les restes du genre humain, devait donc avoir pour complément de le préserver pour l'avenir du Déluge de corruption où le vieux monde avait sombré. De cette direction nouvelle, la Bible ne nous dit qu'un mot, mais il est significatif : 

« Noé fut un homme adonné à l'agriculture et il se mit à cultiver la terre. » (Gen., IX, 20).
Il ramena ainsi les hommes aux occupations qui furent celles des premiers jours du monde. Ses enfants avaient été témoins des excès et des désordres de la civilisation corruptrice qui venait de disparaître; il leur inculqua les éléments d'une civilisation toute différente en s'adonnant à l'agriculture; par son exemple, et aussi sans doute par ses conseils, il les établit dans un genre de vie plus approprié à leurs vrais besoins et plus capable d'assurer leur bonheur, parce qu'il leur offrait beaucoup moins d'occasions de pécher et leur laissait plus de liberté pour élever leur pensée vers leur créateur. 

Noé paraît avoir voulu s'appliquer à faire progresser l'agriculture en lui ouvrant une voie plus large par la culture de la vigne. « Il planta la vigne, » dit la Genèse, IX, 20. Ces paroles n'indiquent nullement que la vigne fût inconnue dans le pays habité par Noé avant le Déluge et qu'elle se soit présentée à sa vue comme un objet tout à fait nouveau. La suite du texte ferait plutôt croire qu'on n'usait alors du raisin que comme des autres fruits destinés à la table, ainsi que cela se pratique encore en certains pays où la vigne n'est pas cultivée en grand. Le patriarche voulut en extraire le vin, et il se laissa surprendre par cette liqueur dont il ne soupçonnait pas les effets. Il en but sans défiance en trop grande quantité et s'enivra (Gen., IX, 21).

Cet accident fut l'occasion d'une scène imposante dont le récit termine l'histoire de Noé. Dans son ivresse le vieux patriarche s'était étendu nu sur le sol de sa tente. Cham le vit dans cet état et s'empressa de sortir pour aller en aviser ses frères. Sem et Japhet se conduisirent dans cette circonstance avec respect vis-à-vis de leur père. Lorsque celui-ci, ayant repris ses sens, apprit ce qui s'était passé, il maudit Cham dans la personne de son fils Chanaan, et il bénit Sem et Japhet, en prononçant de haineuses paroles, qui sont le testament du patriarche :

« Maudit soit Chanaan, dit-il; il sera l'esclave des esclaves de ses frères. »
Et il dit aussi : 
« Béni soit le Seigneur Dieu de Sem; que Chanaan soit son esclave. Que Dieu dilate Japhet, qu'il habite dans les tentes de Sem et que Chanaan soit son esclave » (Gen., IX, 22-27). 

« Et tous les jours accomplis (de Noé) furent de neuf cent cinquante ans, et il mourut. » (Gen., XX, 29). 

(E. Palis).
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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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