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Nicaulé

Nicaulé. - C'est le nom que Josèphe donne à la reine de Saba, qui vint visiter Salomon (Antiq. l. VIII. c. II. p. 269), pour éprouver si sa sagesse était aussi grande qu'on le disait (, III Reg. X, 1, 2, et seq. ; et II Par. IX , 1, 2, etc. Josèphe veut que cette princesse ait été en même temps reine de l'Égypte et de l'Éthiopie. Il cite Hérodote , comme parlant de la reine Nicaulé. Mais Hérodote (l. II, c, x) parle seulement de Niconis, reine d'Égypte, et non pas de Nicaulé, et ne dit rien du tout de son prétendu voyage à Jérusalem. Nous rapporterons ici ce que la Bible ( III Reg. X, 1, 2. 3, etc., et I Par. IX, 1, 9, etc.)  dit de la reine de Saba, sans prétendre qu'elle se nommât Nicaulé, comme Josèphe l'a voulu. La réputation de Salomon s'étant répandue partout, la reine de Saba, ou, comme Jésus l'appelle dans les Évangiles (Matth. XII, 42. Luc. XI, 31), la reine du Midi, vint le visiter; c'est-à-dire, apparemment la reine de cette partie de l'Arabie Heureuse qui était habitée par les Sabéens, et où les femmes régnaient (Claudian. in Eturop. l. 1) :
Medis Ievibusque Sabaeis
Imperat hic sexus, reginarumque sub armis
Barbariae pars magna jacet.
Cette reine vint pour faire expérience de la sagesse de Salomon, par des énigmes, qui étaient alors le principal exercice des sages. Elle parut à Jérusalem avec une suite convenable à sa dignité. Elle y apporta une très grande quantité d'aromates, d'or et de pierres précieuses; et s'étant présentée devant Salomon, elle lui proposa tout ce qu'elle avait dans le coeur. Salomon la satisfit sur tout ce qu'elle lui dit. En voyant toute la sagesse de ce prince, la magnificence de sa maison, la somptuosité de sa table et de ses officiers, elle était tout hors d'elle-même, et avoua à Salomon que ce qu'elle voyait était encore beaucoup au-dessus de tout ce qu'on lui avait dit. Elle lui fit présent de six-vingts talents d'or, d'une quantité infinie de parfums et de pierres précieuses. Le roi, de son côté, donna à la reine de Saba tout ce qu'elle désira, sans compter les présents qu'il lui fit avec une magnificence royale; après quoi elle s'en retourna dans son royaume. Voilà ce que les livres des Rois et des Paralipomènes disent du voyage de la reine de Saba à Jérusalem.

Josèphe (Antiq.l. VIII, c. II, p. 269,  270, a, b) y ajoute quelques circonstances qu'il tenait peut-être de la tradition des Juifs. Il dit donc que Nicaulé, reine d'Égypte et d'Éthiopie, attirée par la renommée de la sagesse de Salomon, vint à Jérusalem avec un appareil proportionné à sa magnificence. Elle proposa au roi des questions très difficiles, qu'il lui résolut sur-le-champ avec une facilité merveilleuse. La somptuosité du palais nommé le Bois du Liban, le bel ordre la propreté et la magnificence avec lesquelles on servait la table du roi, la pompe et la majesté qui brillaient dans le temple, lorsqu'on y offrait les sacrifices, la ravirent en admiration. Il ajoute qu'elle lui fit présent de vingt talents d'or, au lieu de six-vingts, qui sont exprimés dans la Bible, et qu'elle lui donna la plante du baume, qui est si précieuse , et qui devint ensuite si célèbre dans la Judée.

Michel Glycas (Annal. p. 183) dit qu'un des moyens dont cette reine se servit pour éprouver la sagesse de Salomon fut de faire habiller et parer tout de la même sorte un nombre de jeunes enfants, tant filles que garçons, et de les présenter à Salomon, afin qu'il discernât à la seule vue les garçons des filles. Le roi leur dit de se laver le visage, et distingua les garçons des filles par la manière ferme et vigoureuse dont ils se frottaient le visage, pendant que les filles ne le faisaient que mollement et faiblement.

Les Éthiopiens croient que la reine de Saba était de leur pays, et qu'elle retourna chez eux enceinte d'un fils qu'elle avait eu de Salomon. Lorsque son fils fut en âge d'apprendre quelque chose, elle l'envoya à ce prince , afin qu'il le fit instruire, et qu'il l'instruisit lui-même comme son fils. Salomon en eut grand soin, lui donna d'excellents maîtres, et puis le renvoya à sa mère, à qui il succéda. Les rois d'Éthiopie (négus) se disaient descendus de Salomon par ce jeune prince, qu'ils nommaient Ménilehec ou Méilic (Ménelik); et ils comptaient vingt-quatre empereurs de cette famille, jusqu'à Basilides, qui régnait au milieu du XVIIe siècle. 

Les Arabes donnent le nom de Balkis (D'Herbelot, Bibl. Orient., p. 182) à la reine de Saba qui vint voir Salomon. Ils disent qu'elle était reine d'Arabie, de la postérité d'larab, fils de Cahthan, et qu'elle régnait dans la ville de Mareb (Marib), capitale de la province de Saba. Son père était Hadhad , fils de Scharhabil , vingtième roi du Yémen, ou Arabie Heureuse. Les histoires de ces peuples sont pleines de faits et de récits fabuleux touchant le voyage de cette princesse vers Salomon, et son mariage avec ce prince : comme aussi, touchant l'oiseau hudhud (huppe), que Salomon employait à faire ses voyages dans l'Arabie, et à en rapporter les réponses.

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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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