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Les Nats

Les Nats sont une  classe d'êtres supérieurs à l'humain suivant la théogonie bouddhique des Birmans. Ils sont eux-mêmes partagés en six classes, qui habitent autant de cieux inférieurs au sommet du mont Mérou.

Le nat est un être doué d'un corps et d'une âme, dont la demeure est dans les six cieux inférieurs, que l'on nomme ordinairement les six contrées des nats. Leurs sens sont doués d'une perspicacité surhumaine. De là vient l'expression commune dans les écrits bouddhistes : avoir des yeux de nat, des oreilles de nat, pour signifier voir à une distance qui est au delà de la portée de la vue de l'humain, percevoir des sons qui ne peuvent frapper une oreille commune. On suppose généralement que le nat, embrasse d'un seul regard presque tous les êtres qui existent. 

Du corps du nat des rayons de lumière s'échappent et brillent d'un vif éclat. Ce corps, comme à demi spiritualisé, peut parcourir les airs et se transporter avec une vélocité extraordinaire d'un lieu dans un autre. On conçoit parfaitement qu'un corps si parfait ne peut servir de demeure qu'à une âme ou à une intelligence d'un ordre supérieur. Les nats qui habitent les trois premiers cieux inférieurs sont sujets à la concupiscence charnelle, et obéissent à son influence; ceux qui habitent la quatrième demeure sont satisfaits par un simple et chaste attouchement; ceux de la cinquième sont délectés par la simple vue, et enfin ceux qui habitent la dernière de ces six demeures sont heureux au suprême degré par le fait même de leur réunion.

Les sexes sont donc conservés dans la condition de nat. Les différentes demeures des nats renferment tous les plaisirs que l'on peut imaginer, et rien n'égale les belles et souvent licencieuses descriptions que l'on trouve souvent dans les livres bouddhistes touchant ces riants et délicieux séjours.

Aussi les Ponghis birmans sont fort libéraux, en promettant la nature des nats à ceux qui leur feront des offrandes en abondance. La durée de la vie, dans la première demeure des nats, est seulement de 9,000,000 d'années. Ce chiffre, multiplié par 4, donne la durée de la vie dans la seconde demeure; en multipliant par 4 le nombre d'années de la demeure inférieure, on obtient l'exact nombre de la durée de la vie dans la demeure qui est immédiatement au-dessus. D'où il suit que, dans la plus haute région des nats, la durée de la vie est de 9,216,000,000 d'années.

La vie des nats est donc, à proprement parler, une vie de plaisirs et d'amusements, un état où l'on reçoit les récompenses de certaines bonnes oeuvres que l'on a faites. Cependant, on assigne aux nats différents offices dans le monde. Ils sont si multipliés, qu'il suffit de dire que des nats sont supposés veiller sur la conservation de tous les êtres, à l'exception de l'humain, qui est privé de nat gardien. Du reste, maisons, villages, bourgs, villes, arbres, fontaines, tout a son nat tutélaire, préposé à sa garde.
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Singe du monastère du mont Popa, en Birmanie.
Le monastère du mont Popa. Cet volcan éteint de Birmanie est situé au sud de l'ancienne cité 
de Bagan. Il est réputé pour le culte qui y est rendu aux Nats. Le monastère, qui se trouve à son
sommet du volcan et abrite plusieurs singes. Source : The World Factbook.

On distingue les bons et les mauvais nats. Les premiers sont essentiellement bons de leur nature, et toujours ils font du bien. Mais ils ne peuvent accorder à ceux qui les invoquent que des avantages temporels, des richesses, des plaisirs, un rang distingué, etc. Les mauvais nats, au contraire, ennemis de l'humain, tendent sans cesse à lui nuire, soit en sa personne, soit en ses biens. L'origine des mauvais nats vient de ce qu'au temps où un être, arrivé à la condition de nat, ou bien auparavant, a commis quelques fautes dont l'influence pernicieuse domine le caractère et porte sans cesse à procurer à l'homme et aux autres êtres ce qui peut tourner à leur détriment. Ces mauvais nats n'habitent pas dans les demeures des nats, ils sont errants sur la terre, dans une assez pitoyable condition. Les Birmans craignent beaucoup ces nats persécuteurs, et leur font sans cesse des offrandes pour les apaiser. Ils font aussi beaucoup d'offrandes aux nats bons pour en obtenir différents avantages, et on peut dire qu'en somme, les Birmans sont beaucoup plus zélés dans le culte qu'ils rendent aux nats que dans celui qu'ils rendent aux dieux proprements dits.

Le nat, dans son état de nat, n'acquiert pas de mérites, ou au moins fort peu. Il n'est pas dans la voie. Il jouit du fruit de certaines bonnes oeuvres qu'il a pratiquées. Quand la somme des jouissances qui lui étaient assignées est épuisée, il meurt, ou plutôt il revient sur la terre. (A. Bertrand / Bigandet).

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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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