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Le
Mithra iranien
Dans les anciennes inscriptions perses ,
il fait partie, avec Ahura Mazda et Anahita, de la triade
des divinités protectrices des Achéménides. Un grand nombre de noms
théophores de l'époque achéménide (Cumont, Textes et Monuments relatifs
au culte de Mithra, p. 76, n° 1 et suiv.), quelques passages des historiens
grecs (Hérodote, 1, 131, etc.) attestent l'antiquité,
l'importance et la continuité de son culte. Il donnait au roi, prêtre
ou acteur, un privilège singulier (Ctésias
et Douris). La fête des Mithrakana, célébrée le 16e
jour (consacré à Mithra) du 7e mois,
mois de Mithra (17 Septembre - 17 octobre), donnait lieu à des cérémonies
pompeuses (Strabon, 11, 14, 530 c); elle continua
à être célébrée dans la Perse musulmane sous
le nom de Mihragân. Enfin, Mithra est un des dieux
de l'Avesta .
Tout un Yasht lui est consacré (Mihir, Y.10); mais il est relégué,
avec les autres divinités de la nature, parmi les esprits subordonnés,
les Yazalas.
Mithra est la lumière distincte du Soleil,
de la Lune et des étoiles;
lumière vivifiante, créatrice, bonne. Son nom Mihir signifie l'ami
- et de là dériverait le sens que l'on donne généralement aussi bien
au nom qu'Ã la fonction de Mithra : il serait le dieu de l'engagement
mutuel et, dans une acception plus large, celui de "l'accord entre les
parties du cosmos". C'est le côté moral de sa
nature qui a surtout été développé par les Zoroastriens ( Les
Religions de l'Iran).
« La lumière
qui voit tout est l'emblème de la vérité, et c'est surtout comme témoin
universel que Mithra est devenu l'incarnation céleste de la conscience
et de la vérité. [...]. Témoin des contrats, il observe qui les garde
et qui les viole, il châtie ceux qui mentent à Mithra (Mithrô-Druj)
» (Darmsteter, Zend Avesta, II, 141, 142).
L'on fait serment en son nom (Plutarque,
etc.). C'était encore un dieu guerrier et victorieux (invictus
dans les inscriptions latines). C'est par erreur que Hérodote
(1, 131) invente un Mithra femelle.
Propagation
du culte de Mithra
Si Mithra a souffert de la formation de
l'orthodoxie zoroastrienne, il a trouvé des adorateurs dans le monde sémitique,
grec et latin; il y éclipsa Ahura Mazda et les autres dieux avestiques.
Il s'est formé, à l'Ouest de l'Iran ,
une religion de Mithra qui n'est plus complètement iranienne. Les mages
entrèrent d'abord à la suite des conquérants perses dans les provinces
de l'Asie antérieure. Le culte de Mithra s'implanta dans la Mésopotamie
avec celui d'Anahita, et ils s'y naturalisèrent si bien que certains auteurs
leur ont attribué une origine assyrienne (Bérose,
Nonnos,
Hérodote,
etc.). Mithra avait un temple à Babylone,
et, à l'époque romaine, la Chaldée
était la terre sainte des Mithriastes (Lucien).
Les Achéménides introduisirent le culte de Mithra en Arménie
(Strabon, Dion Cassius,
etc.), en Cappadoce
(Strabon) et dans le Pont (Strabon). Les dynastes d'Asie Mineure, plus
ou moins Perses ou même Achéménides, les
Mithridates, se faisaient des titres de noblesse
de leurs dévotions iraniennes; Antiochus de Commagène
élevait une statue à Mithra-Helios-Hermès
(Inscr. de Nimrud-Dagh).
Enfin les pirates de Cilicie
comptaient des adorateurs de Mithra (Cumont, Roscher's Lexicon,
II, 3032). Les Mithrakana sont mentionnés dans une inscription d'Amorion
en Phrygie, mais c'est assez tard seulement que le culte de Mithra fut
pratiqué dans l'Ouest de l'Asie Mineure, en Syrie et en Égypte; il y
eut, sous l'Empire romain, des mithraeums à Sidon ,
à Alexandrie, à Memphis
(Cumont). Plutarque raconte (Pompée,
24), qu'au Ier siècle avant notre ère
les pirates ciliciens adoraient Mithra sur le mont Olympe;
mais, en somme, le monde hellénique l'ignora (sur la côte de la mer Egée,
une seule inscription au Pirée).
Que les pirates ciliciens, comme le veut
Plutarque, aient été auprès des Romains les apôtres de Mithra, on peut
en douter; mais quand, au Ier siècle de
notre ère, toute la Cilicie ,
la Cappadoce ,
la Commagène et la Petite-Arménie
furent devenues des provinces romaines, on commença à connaître les
mystères de Mithra en Occident (Stace,
Thébaïde ,
I, 717). Les plus anciennes dédicaces romaines à Mithra sont de la première
moitié du IIe siècle (époque de Trajan,
premières années d'Hadrien). Son culte fut
pratiqué d'abord et surtout dans l'armée, où il fut introduit par les
auxiliaires orientaux (Cohortes Commagenorum et Osrhoenorum). Le
plus grand nombre des monuments mithriaques latins se trouve dans les cantonnements
des légions, sur la frontière, depuis l'embouchure du Danube jusqu'Ã
celle du Rhin, en Mésie, en Dacie ,
où Trajan appela des colons ex toto orbe Romano, en Pannonie ,
particulièrement à Carnuntun, garnison de la 15e
légion Apollinaris, dans le Norique ,
en Germanie; - sur la côte de la Manche aux escales de la classis Britannica
(Gesoriacum), en Bretagne, dans les forts du vallum d'Hadrien et
dans les garnisons; - en Afrique, dans les campements de la 3e
légion jusqu'à la limite du désert. - Les vétérans rapportaient dans
les provinces du centre les cultes militaires.
D'autres missionnaires, plus nombreux,
furent les esclaves. Les conquêtes de Trajan
jetèrent sur les marchés des foules de mithriastes. Les monuments consacrés
à Mithra devinrent nombreux dans les ports de la Méditerranée. A Rome,
150 inscriptions et bas-reliefs rappellent le grand nombre des fidèles
et le succès de la propagande. Les esclaves des latifundia, les employés
non libres ou d'origine servile de l'administration provinciale ou impériale
portèrent le culte dans les campagnes.
Cette religion de petites gens s'enrichit
et s'anoblit avec les affranchis. Elle
compta parmi ses zélateurs des augustales, des décurions. Un citoyen,
dès le temps de Marc-Aurèle, lui consacra
un sanctuaire somptueux à Ostie. Enfin, la fantaisie d'un empereur la
naturalisa romaine. Commode se fit initier Ã
ses mystères et, à sa suite, des
legati augusti, des legati
legionis, des préfets, des tribuns, plus tard des perfectissimi
et des clarissimi. Au IIIe siècle,
la familia impériale célébrait les
mystères
publiquement et officiellement. Aurélius organisa le culte du Sol invictus.
Sous Dioclétien, Mithra était un des patrons
de l'empire. Il avait une littérature depuis l'époque des Antonins.
Un certain Pallas lui consacra un livre, un Euboulos écrivit une Peri
toû Mithra historian en polloisbibliois (Porphyre,
De
abst., 4, 16; cf. 2, 56; De antro nymph., 6). Le syncrétisme
philosophico-religieux de la fin du paganisme en fit un dieu suprême et
synthétique. Les derniers païens l'adorèrent. La noblesse romaine lui
resta longtemps fidèle après la conversion de Constantin
(Cumont, R. L., 3037).
Les
formes archaïques du culte de Mithra
Les plus anciens documents qui nous en
restent sont postérieurs aux conquêtes des Perses .
L'Avesta
est une édition sassanide d'un texte qui
n'est peut-être pas antérieur aux Arsacides.
Les mystères de Mithra ne nous sont connus
que par des documents gréco-latins dont les plus anciens datent du Ier
siècle de notre ère. Peut-être y avait-il une Bible mithriaste
ou, tout au moins,
mazdéenne, un Avesta
rudimentaire : Basile, Eznig l'Arménien, disent
formellement que les mages n'avaient pas de livres.
Pausanias
(v, 27, 5) a vu les mages de Hiérocésarée de Lydie lire dans un livre
des hymmes
barbares. Mais il n'y avait pas un ensemble canonique, exclusif de livres
sacrés. Si dans quelques cérémonies on
prononçait des incantations en langue sacrée, il y avait des hymmes mithriaques
en langue vulgaire (Firmicus Maternus, De
errore profanarum religionum, c. 4). L'écrit mithriaste dont s'est
inspiré l'auteur du traité d'Isis et d'Osiris
était d'origine cappadocienne. Jamais un livre sacré n'a empêché une
religion d'emprunter à ses voisines. Il est
naturel que dans la propagation et dans l'établissement du culte de Mithra
en Mésopotamie, en Asie Mineure, etc., la légende du dieu,
la liturgie et la théologie de ses prêtres
se soient modifiées et enrichies. Pour l'époque lointaine des empires
assyrien et achéménide, il est difficile d'en avoir la preuve. A l'époque
romaine, on voit le culte de Mithra se transformer en culte du Soleil,
se doubler d'une philosophie-stoïcienne
(Dion Chrysostome, Orat., XXXVI, 39 et suiv.).
Dans les monuments mithriastes, tout ce qui peut dire rapproché d'une
légende ou d'un type de divinité grecque (p. ex. Gigantomachie)
s'hellénise. De même en Asie Mineure, Mithra a revêtu le costume d'Attis.
J'essaierai de signaler en passant quelques légendes voisines de la sienne.
Les
mythes et leur figuration
La mythologie
de Mithra nous est connue surtout par les monuments figurés. Nous n'avons,
par suite, qu'une idée très insuffisante de la signification de certaines
scènes caractéristiques.
En voici les principaux thèmes :
1° Mithra
naît d'un rocher comme Agdistis (Paus., 7, 17, 9 et suiv.; Arnobius, Adv.
nat., 5, 5) ou comme Erichtonios (Saint
Jérôme, Adv. Jovinianum, I). D'après un mythe
rapporté par le Pseudo-Plutarque (De fluv., 23, 4), il féconde
lui aussi un rocher. Suivant des auteurs arméniens (Eznig, Elisée Vartabed),
il est né du commerce d'Ahura Mazda avec sa mère. Quelquefois la figure
d'un demi-fluvial rappelle que la scène se passe au bord d'un cours
d'eau.
2° Mithra coupe
des feuilles
et des fruits
à un arbre
indéterminé (bas-relief de Neuenheim; bas-relief d'Osterburken).
3° Mithra tire de
l'arc contre un rocher, et sa flèche fait jaillir de l'eau (bas-relief
de Klagenfurt; bas-relief de Neuenheim. ). Un personnage agenouillé semble
recueillir l'eau.
4° Il est debout,
armé d'un couteau, la main sur la tête d'un personnage agenouillé qu'il
semble menacer. Le plus souvent, l'objet que le dieu tient à la main a
une forme indéterminée. Ailleurs, Mithra semble poser sur la tête de
ce personnage une couronne de rayons. C'est une des scènes les plus fréquemment
représentées sur les monuments mithriaques. Elle représente peut-être
une consécration du Soleil par sacrifice figuré,
consécration ayant pour objet de donner au Soleil sa lumière. Le sens
de cette représentation, évidemment, n'était plus compris. Elle est
toujours accompagnée des scènes suivantes :
5° Le Soleil et
Mithra se tiennent debout se serrant la main.
6° Mithra et le
Soleil prennent ensemble le repas sacré. En général, l'un ou l'autre
de ces deux thèmes est choisi. Le dernier est le plus fréquent.
7° Mithra est debout
sur le char du Soleil, à côté de lui (Mithra = Phaetôn).
Dans quelques bas-reliefs, entre la consécration et le repas sacré, est
représenté un des épisodes de la chasse du taureau
:
8° Mithra chasse
le taureau, il le prend, le saisit par une corne,
monte sur son dos, le porte sur ses épaules, et enfin le sacrifie dans
la grotte sacrée. Ce dernier motif est le thème principal de l'iconologie
mithriaque. Le dieu, flanqué de deux dadophores qui forment avec lui le
triplasios mithras (Ps. Dionys Aréop., Epist. 7), un genou sur
le taureau, lui plante un couteau dans la gorge et tourne les yeux vers
un corbeau, messager du Soleil. Dans la tradition
perse ,
le taureau est la première créature d'Ahura Mazda; son sacrifice est
l'origine de la création ( Cosmogonie)
: de quelques parties de son corps naissent les plantes (sur un très grand
nombre de bas-reliefs, sa queue est terminée par un bouquet d'épis);
sa semence, purifiée par la Lune, donne la vie
aux animaux (Porphyre. De antro nymph.,
18).
Tandis que le scorpion, consacré à Ahriman,
essaye de contrarier l'effet du sacrifice et pique les testicules
du taureau, le chien
et le serpent, qui représentent la terre
fécondée, boivent le sang de la blessure. Relevons au passage, que scorpion ,
taureau ,
chien
et serpent
sont des constellations ,
et notons aussi la ressemblance du mythe de Mithra avec celui d'Aristée,
fils du Soleil. Dans Diodore
(IV, 82, 1), il offre un sacrifice pour éloigner la peste de Céos; dans
Virgile, il tue un taureau pour avoir des
abeilles .
(Pour une interprétation astronomique du mythe d'Aristée Robert
Triomphe, Le Lion, la Vierge et le Miel, Les Belles Lettres, 1989).
Mithra est un dieu créateur (Porphyre,
De
antro nymph., 24); il sera le rédempteur à la fin des temps, après
le sacrifice d'un nouveau taureau; il ressuscitera les morts; c'est déjÃ
lui qui les passe dans l'autre monde (Julien, Conviv.). Est-ce Ã
ce rôle de passeur, d'entremetteur, d'intermédiaire, de Logos
qu'il a dû son épithète de mésitès (Plutarque,
De
Isidle)?
Statue
de Mithra, au Vatican.
Je dois mentionner ici les autres dieux
du cycle mithriaque. C'est d'abord un dieu à tête de lion,
symbole du feu, Ã quatre ailes,
symbole des vents, autour duquel s'enroule un serpent,
symbole de la terre. Il porte deux clefs (claviger);
à ses pieds est souvent représenté le cratère, symbole de l'eau. La
foudre fait partie de ses nombreux attributs. Il représente le temps illimité
(Zrvan Akarana). Il est le père d'Ahura Mazda, Zeus
Oromasdès (inscr. 1), Zeus ou le Ciel (Hérodote,
1, 131), que l'on retrouve dans les inscriptions latines sous les noms
de caelus aeternus Jupiter ou Caelus. Il est représenté
quelquefois sur les monuments : il combat les Géants
comme le Zeus grec ou le Marduk babylonien.
On trouve quelquefois Ahriman,
Arimanius,
identifié avec Hadès ou Pluton
(bas-relief d'Osterburken). Son épouse, Drufas, est devenue Perséphone
ou
Hécate. On rencontre Poseidon
ou Oceanus (Apanm-Napat), Héraclès
ou Arès-Verethragna, qui dans le Mihir-Yasht
(18, 70) est représenté comme un sanglier marchant devant Mithra; Ana
hita-Diana (bas-relief d'Osterburken), identifiée
à la Magna Mater dont les mystères
sont liés à ceux de Mithra en Occident; Fortuna Tyche (Hvareno, la lumière,
ou Ashi-Vañuhi); Nike (Vanaiñti-Uparatât, nommée
dans l'Avesta
avec Verethragua); la triple Hécate (Firmicus Maternus,
De errore profan. relig., 4); Hephaistos
(Atar), etc.
Dans la grotte où Mithra sacrifie le taureau
jaillit une source. La source sacrée est l'un des objets du culte. Naturelle
ou artificielle, il doit y avoir dans le temple une fontaine; tout au moins,
un cratère la remplace (Porphyre, 1. l,18).
Ils représentent dans le culte l'élément humide. Souvent, à côté
du cratère, on remarque un lion et un serpent
: le lion symbolise le feu (Atar) et le serpent
la terre.
Soit sous l'influence chaldéenne, soit
par un processus naturel, le culte de Mithra était devenu sinon un culte
stellaire, du moins un culte dans lequel intervenait un certain symbolisme
astral. Les planètes
étaient représentées ou rappelées (7 autels ,
p. ex. Ã Sibiu )
dans les temples. Les 12 signes du Zodiaque
(monument de Heddernheim), les Dioscures,
les Saisons
(mon. de Heddernh.) font également partie de la suite de Mithra. Les mythes
étaient-ils devenus pour une partie des initiés des allégories astronomiques?
Mithra y aurait figuré le Soleil ,
le taureau, la lune ,
le sacrifice, l'éclipse ;
Cautes et Cautopates, les deux dadophores assistants de Mithra seraient
le soleil levant et le soleil couchant (l'un tient son flambeau levé,
l'autre baissé). La grotte où s'accomplit le sacrifice est l'image du
monde (Porphyre, De antro nymph., 5).
A cette théologie s'était peut-être superposée
une sorte d'astrologie, mais pas nécessairement à la façon chaldéenne.
Le
culte
Le culte de Mithra est un culte ésotérique,
ce sont les mystères de Mithra. Il y avait,
à l'époque romaine, sept degrés d'initiation. Les mystes des différentes
classes portaient respectivement les noms suivants (Saint-Jérôme, épit.
107, Ad Laetam) : Corax, Gryphus (ou Gryphius), Miles, Leo, Perses,
Heliodromus, Pater. Les trois premiers grades ne donnaient pas la participation
aux mystères; on y était admis à partir du grade de Leo; les patres
étaient les plus parfaits; ils guidaient les autres (pater leonum)
; le chef de la hiérarchie dans la communauté mithriaque portait le nom
de pater patrum ou pater patratus.
Les rites d'initiation nous sont mal connus.
Lucien,
dans le Ménippe (c. 6), décrit des purifications,
ablutions,
incantations nombreuses. Tertullien nous apprend
que l'on présentait au nouveau myste une couronne et une épée; l'interprétation
qu'il donne de ce rite est sujette à caution. On mentionne également
d'autres cérémonies à l'explication difficile
(Ps.-August., Quast. Vet. Test.). Peut-être l'ascétisme
des mithriastes a-t- il été trop vanté (Grég. Naz, Adv. Jul.,
1. 70, 89, In s. lumina, 5, etc.). La doctrine centrale des mystères,
comme dans les communautés orphiques et gnostiques,
devait être une théorie de l'affranchissement de l'âme
: l'âme de l'initié gravissait le klimax; eptapylos; (Celse,
dans Origène,
Contra Cels., VI, 21),
correspondant à l'échelle des planètes; elle échappait progressivement
à leur influence.
Les cérémonies du rituel mithriaque étaient
des sacramenta. Il y avait un baptême (Tertull., De praescr.
haeret., 40 ;De bapt., 5), des onctions purificatrices de miel (Porphyre,
De antro nymph., 40), une sorte de communion par le pain et l'eau
(Just. Mart, Apol., 1, 66); le vin était également bu rituellement
par les fidèles et avait, comme le Haoma perse, des effets miraculeux.
Quant au taurobole, il était, selon Cumont
(R. L., 3064), particulier au culte de la
Magna Mater;
on peut imaginer toutefois que ce taurobole rituel et le taurobole mythique
de Mithra ont une même origine.
La
représentation la plus commune de Mithra.
Pour les fêtes, on les ignore. On n'a
plus aucune trace des Mithrakana. La fête du Soleil renaissant, célébrée
le 25 décembre ( Noël),
était-elle spécialement mithriaste?
Le culte était célébré dans des grottes
naturelles ou artificielles (De antro nymph., 5), et l'on, faisait
remonter cet usage jusqu'Ã Zoroastre. Les
sanctuaires du dieu, en Occident, étaient des souterrains : l'on en connait
un certain nombre. Au-dessus du sol était une salle précédée d'un portique
et nommée apparatorium; un escalier
conduisait dans la crypte
divisée en trois parties : 1° la cella; 2°
deux podiade chaque côté, tout le long de la paroi; 3° l'adyton,
un peu plus élevé, portant sur le mur du fond une représentation du
sacrifice du taureau; deux autels étaient au
fond, devant l'image de Mithra; une petite fosse pour le sang, des récipients
pour l'eau lustrale complètent l'aménagement du sanctuaire. Tous sont
de dimensions très réduites; ils ne pouvaient pas contenir plus d'une
centaine de fidèles. D'ailleurs, une grande partie des adhérents n'y
pénétraient pas. Les femmes ne prenaient part qu'au culte de la Magna
Mater. L'Eglise mithriaque avait des prêtres, ordo sacerdotum,
distincts des patres. Il y avait des antistites et un summus
pontifex (Tertullien, De praescr. haere.,
40). Mais la présence des initiés, et en particulier des
patres,
était nécessaire à l'accomplissement des cérémonies
(Acta Bassae). Un certain nombre de fidèles, hommes et femmes,
faisaient voeu de chasteté (Tertullien, Habet et virgines, habet et
continentes).
Éxtérieurement, les communautés mithriaques
;étaient organisées en sodalicia funéraires
avec des dignitaires (magistri, decuriones,
defensores,
patroni,
decemprimi).
En somme, au IIIe siècle, l'Église mithriaque
ressemblait fort à l'Église chrétienne et
professait une sorte de monothéisme syncrétique assez semblable au christianisme.
Ils étaient l'oeuvre de la même société, des mêmes idées et des mêmes
besoins. Même ésotérisme, mêmes liens entre les mystes (fratres),
même morale (Julien, Conviv., p. 336 c),
mêmes prohibitions (abstinence, continence, etc.), rites et mythologie
analogues (déluge, Dio Chrys., 34, 47; le taureau
sur l'arche, etc.), théologie
et eschatologie similaires, mêmes espoirs, mêmes craintes. Mithra
ressemblait fort au Logos. Il avait une adoration
des bergers, une Cène ,
une Ascension (Mithra sur le char Soleil).
Son sacrifice créateur et rédempteur ressemblait par plus d'un point
à celui du Christ. Les analogies n'avaient pas
échappé aux chrétiens et aux mithriastes (Saint
Augustin, In Joh. ev. tract., 7, p. 1140); les Pères
les expliquaient par des contrefaçons diaboliques (Tertull., De corona,
15, etc.).
La perte de la Dacie
porta un coup au mithriacisme. Après avoir été persécuteur sous Galère
et sous Dioclétien (Acta S. Bassae),
il fut à son tour persécuté. Il refleurit sous Julien; le patriarche
d'Alexandrie, Georgius, qui avait violé
un spelaeum, fut mis à mort par la foule (Socr., Hist. eccl.,
3, 2). Dans la suite, les mithriastes tombèrent sous le coup des lois
sur la magie. On détruisit les spelaea;
la découverte d'un squelette dans le mithraeum de Saarburg prouve que
ce ne fut pas sans violences. Le manichéisme
fut l'héritier du mithriacisme.
Les
Monuments
Je ne consacrerai que quelques mots aux
monuments mithriaques. A part quelques monnaies de Bactriane
et les monuments du Nimrud-dagh , ils sont gréco-romains et d'une assez
basse époque, et leur valeur artistique est mince. On peut rapporter Ã
sept types les principaux monuments mithriaques :
1° Naissante
de Mithra ( plus haut);
2° Le taurobole;
3° Le taurobole,
flanqué de diverses scènes de la légende de Mithra (bas-relief de Mauls;
bas-relief d'Aquilée ;
bas-relief de Neuenheim, ; bas-relief d'Osterburken; bas-relief de Heddernheim;
bas-relief de Sarrebourg );
4° Mithra debout
sur le taureau;
5° Mithra et le
Soleil devant le corps du taureau (revers du bas-relief de Heddernheim);
6° Les dadophores;
7° Le dieu léontocéphale.
Cette dernière figure est une création de
la fantaisie orientale, les autres monuments sont d'inspiration hellénique.
Les monuments qui représentent le sacrifice du taureau dérivent de la
Nike, du temple de la Victoire
Aptère. Dans les scènes secondaires, tout ce qui ne se rapporte pas directement
à Mithra, à savoir : la Lune, le Soleil,
le char du Soleil, la Gigantomachie, est
hellénique. (Henri Hubert).
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En
bibliothèque - Le plus ancien ouvrage
qui traite de Mithra est celui de Philippus A Turre, Monumenla Veteria
Antii; Rome , 1700, pp. 150 et suiv. - Lajard,
Recherches
historiques et archéologiques sur le culte de Mithras. Paris, 1837.
Du même : Introduction au culte de Mithra, 1847. - Windischmann,
Mithra (Abh. D. M. G.), 1858 (sur le culte de Mihra en Iran ).
- Franz Cumont, Textes et monuments relatifs aux mystères de
Mithra; Bruxelles, 1896. - Du même : The mysteries of Mithra,
1910, réed. : Dover Publications, 1995.
En
librairie - Robert Turcan, Mithra
et le Mithriacisme, Les Belles Lettres, 1993; Collectif, Sous le
soleil de Mithra, Réunion des musées nationaux (beaux-livres), 2001;en
espagnol : Casado, El culto de Mithra en Hispania, universidad de
Granada. |
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