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Le mont Kailâsa (Kailash)

Le Kailâsa, Kailâsha ou Kailash, est le second des paradis hindou' dans l'ordre progressif; il est situé au-dessus du Swarga ou ciel, et est la demeure de Shiva, troisième personne de la trimourti indienne. Il est identifié au mont Kailash Parbat ou Ghang Rimpoche des Tibétains (6715 m), une haute montagne du Tibet, qui se rattache à la chaîne de l'Himalaya, où les Hindous supposent que Shiva et le dieu des richesses, Kouvéra, ont fixé leur séjour, et habitent chacun une ville où est leur palais; la cité de Kouvéra se nomme Alaka; celle de Shiva s'appelle Shivapoura. 

Pour être admis dans ce paradis, il faut avoir passé sa vie entière dans l'exercice des plus rudes pénitences, ou avoir souffert la mort en défendant la religion, la patrie ou toute autre cause supposée juste. Cependant, il ne paraît destiné qu'aux adorateurs particuliers de Shiva et de son lingam.  La mythologie hindoue représente le Kailasa sous l'aspect d'une montagne d'or. 

« Au sommet, dit Creuzer, est une plate-forme sur laquelle se trouve, une table carrée, enrichie, de neuf pierres précieuses; au milieu est le padma ou lotus, portant dans son sein le triangle, origine et source de toutes choses. De ce triangle sort le lingam, arbre de vie, qui avait primitivement trois écorces. L'écorce extérieure était Brahmâ; celle du milieu, Vishnou; la troisième et la plus tendre Shiva; et quand les trois dieux se furent séparés, il ne resta plus dans le triangle que la tige nue, désormais sous la garde de Shiva. 

Suivant une tradition, Shiva divisa plus tard ce phallus en douze lingams rayonnants de lumière, qui fixèrent sur eux les regards des dieux et des humains, et qui furent transplantés ensuite dans les diverses parties de l'Inde, où ils reçoivent les pieux hommages des Vashous préposés au gouvernement des huit régions du monde. ».

Dans Shivapoura, l'or et les pierres précieuses brillent de toutes parts; les fleurs de toutes les saisons y sont toujours épanouies, des fruits délicieux pendent aux arbres, de frais zéphyrs rafraîchissent l'air, que-des oiseaux divins font retentir de leurs doux ramages. Shiva s'y montre entouré de nymphes célestes qui le divertissent par leurs chants et par leurs danses, et d'une multitude de saints mounis de tous les temps, empressés à le servir, et qui partagent avec lui les faveurs de ses innombrables maîtresses. A ses côtés est Bhavani, Parvati ou Dourgâ, sa soeur et son épouse, la déesse du Yoni, organe féminin, qui porte dans son sein les germes de toutes choses, et enfante les êtres qu'elle a conçus de son divin époux.
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Le mont Kailash, au Tibet. (Photo : licence Creative Commons).

Mais, s'il faut en croire les Vàishnavas et les ennemis du culte de Shiva, ce paradis serait loin d'être aussi attrayant. D'après eux, la cour de Shiva ne se compose que d'une troupe de démons, qui ont pour chef Nandi; ils font horreur à voir, n'ont pas de vêtements pour cacher leur forme hideuse, sont dans un état d'ivresse perpétuelle; leurs querelles et leurs combats incessants sèment partout la terreur.

Le dieu lui-même ne boit que des liqueurs enivrantes, et, comme les êtres immondes qui composent sa cour, il est toujours ivre; aussi s'abandonne-t-il sans mesure et sans pudeur à tous les excès de la sensualité. Il est vêtu d'une peau de tigre, tout couvert de cendres, et a le corps entouré de serpents. Monté sur son boeuf, il se promène de temps en temps sur les montagnes voisines avec sa femme Parvati. Les démons qui composent leur suite y font entendre des cris perçants, ter minés par un son aigre qui peut s'exprimer par : kil, kil, et c'est de là que le Kailasa tire son nom...

Quelle que soit l'étymologie du mot Kailasa, prononcé aussi Keles, on en a rapproché  le grec koilo, concavité, et le latin coelus ou coelum , ciel. (A. Bertrand).

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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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